30 oct. 2013
C’EST LE RÉEL QUI FAIT LE POSSIBLE
29 oct. 2013
DIRIGER EN ACCEPTANT DE NE PAS TOUT COMPRENDRE
Pour le polytechnicien Robert Branche, les dirigeants doivent faire émerger les solutions collectives. Ce management de l'émergence est l'objet de son dernier livre Les Radeaux de feux.
Robert Branche explique le titre de son ouvrage les radeaux de feu lors d'une émission de radio
28 oct. 2013
POURQUOI TANT DE DÉSORDRE, IMPRÉVISIBILITÉ ET IRRÉVERSIBILITÉ ?
25 oct. 2013
DÉCALAGES
24 oct. 2013
LA BEAUTÉ MINÉRALE
23 oct. 2013
LES MATRIOCHKAS DU MANAGEMENT PAR ÉMERGENCE
(extrait des Radeaux de feu)
22 oct. 2013
LES TROIS QUESTIONS CENTRALES DU MANAGEMENT PAR ÉMERGENCE
21 oct. 2013
LES TROIS PILIERS DU MANAGEMENT PAR ÉMERGENCE
18 oct. 2013
INSOLITE
17 oct. 2013
L’ENTREPRISE N’EST PAS UN PRODUIT HORS-SOL, ELLE EST UN CONTRUIT DE L’HISTOIRE DU MONDE
16 oct. 2013
LE DÉSORDRE DE LA PENSÉE ACTUELLE
15 oct. 2013
LE RÉEL NOUS ÉCHAPPE, NOUS DÉPASSE ET SE RAPPELLE À NOUS BRUTALEMENT
14 oct. 2013
QUAND FRANCE-INTER REPARLE DES FOURMIS DE FEU ET DE LEURS RADEAUX
11 oct. 2013
SEULE LA MAGIE EST RÉELLE
Dans quelques instants, pris par la tourmente de ce qui s’est saisi de moi, je plongerai dans le Gange…
10 oct. 2013
LA MONTÉE EN PUISSANCE DES TSUNAMIS ÉCONOMIQUES
9 oct. 2013
NOUS SOMMES EN TRAIN DE MOURIR DE NOS PEURS
8 oct. 2013
IL Y A DES CHOIX QUI ENGAGENT POUR TOUTE LA VIE ET TOUT LE FUTUR...
« (Pour un corail), l'endroit où vous décidez de vous installer après avoir flotté dans l'eau en tant que larve, sera votre maison pour le reste de votre vie. En voilà une décision décisive pour la vie ! Est-ce que vous réalisez bien comme cela peut être ennuyeux ? Si mon voisin est un autre corail, j'aurai à le supporter comme voisin pour des années et des années... Et parce que je ne peux pas bouger, je devrai aussi endurer les poissons qui n'arrêtent pas de suçoter mes polypes. Et finalement, il y a une chose que la plupart des gens ne réalisent pas : puisque les coraux vivent des années, des décennies, potentiellement des siècles, voire davantage, nous avons à regarder le monde changer autour de nous. »
Ce beau texte n'est pas de moi, je l'ai seulement traduit. Il provient d'un endroit magique où j'ai passé une semaine cette été, le El Nido Resort à Miniloc, sur une petite île aux Philippines. Chaque matin, un texte était déposé dans ma chambre, toujours autour de la nature, de l'écologie et de la mer.
J'ai particulièrement aimé la poésie de celui-ci, d'autant plus qu'il venait en résonance avec un de mes thèmes favoris, l'absurdité de notre approche du temps. Quelle belle image que ce corail qui doit faire face, sa vie durant, avec les conséquences de son choix initial ! Une leçon d'anti-zapping en quelque sorte...
J'aime me rêver discutant avec eux. Longuement, je les ai regardés, mais impossible d'amorcer ne serait-ce que le début d'une communication. Je dois donc me contenter d'une discussion imaginaire...
Ce texte qui porte pour titre " En attendant que le monde change " se termine par un appel auprès de l'humanité pour plus de respect pour le monde dans lequel elle vit :
« Après des décennies à regarder le monde changer autour de moi, j'ai à la fois le plaisir et la peine de voir le meilleur et le pire de l'espèce humaine. Certains détruisent ma maison juste pour attraper un poisson, quand d'autres ont placé de nouveaux coraux dans de solides étoiles blanches pour qu'ils puissent y grandir... Je déteste l'admettre, mais ma survie dépendra de ce que les humains décideront de faire. Je peux juste espérer que je serai inclus dans le futur qu'ils prévoient pour eux-mêmes. »
Étrangement, j'ai l'impression que bon nombre d'entre nous pourraient prononcer cette dernière phrase : « Nous détestons d'avoir à l'admettre, mais notre survie dépendra de ce que nous déciderons de faire. Nous sommes beaucoup à espérer à être inclus dans le futur que nous prévoyons tous pour nous-mêmes... »
7 oct. 2013
LA RÉSILIENCE DES ENTREPRISES ET DES SOCIÉTÉS NAÎT DES DIFFÉRENCES
Résumons donc ce que nous avons appris du fonctionnement d'une ruche et de ce qui assure sa survie :
- C'est la diversité qui permet la réactivité et l'adaptabilité. Sans elle, pas de performance collective : l'esprit de la ruche n'acquiert de la puissance que si il naît d'abeilles dissemblables.
- Cette diversité pour être efficace ne peut pas venir de la variété des expériences et des accidents de la vie. Seule un patrimoine génétique varié permet à la colonie d'être performante : la ruche est mieux construite, plus d'ouvrières naissent au bon moment, les réserves sont plus importants, la température est mieux régulée.
Résultat : seules les colonies ayant un patrimoine génétique divers, c'est-à-dire dont la reine n'a pas été inséminée par un seul mâle ont une chance de survivre.
Il est évidemment hasardeux de sauter directement des abeilles à miel aux organisations humaines et à nos sociétés. Mais pourquoi ce qui est vrai pour elles, ne le serait pas pour nous ? L'espèce humaine n'est pas née par rupture, mais par évolution. Elle est elle-même un construit du monde, et il y a fort à parier que ce qui est vrai pour les abeilles l'est aussi pour nous.
Aussi quelle erreur quand des dirigeants croient que la performance de l'entreprise viendra de la consanguinité ? Certes il peut être rassurant de s'entourer de camarades issus de la même école, et avec lesquels on a de nombreux points communs. Mais, comme pour les abeilles à miel, ce n'est vraiment pas la meilleure solution pour construire une entreprise résiliente...
La France ou l'Europe ne seront pas fortes en se protégeant de la diversité, mais au contraire, en relevant le défi d'une construction collective qui s'appuie sur les différences.
Et pour être efficaces, ces différences ne doivent pas être acquises, mais innées : celui qui n'est pas né ici vient nous apporter la richesse de ce que nous ne sommes pas...
4 oct. 2013
UN DOUBLE-DECKER, DES JEANS ET DES SERPENTS...
Déjà je ne m'attendais pas à rencontrer un authentique bus anglais dans les rues de Bombay, mais encore moins à le voir être utilisé comme une arme terroriste. Dans un remake au ralenti de l'attaque des tours du World Trade Center, il vise manifestement la gare centrale.
Que faire ? Intervenir, oui mais comment ? Et personne n'a l'air de voir l'imminence de la catastrophe...
Est-ce une nouvelle publicité pour une marque de jean ? Levis a-t-il voulu changer de dimension, et trouve-t-il les laveries des spots précédents, trop étriquées ?
Mais je ne vois aucune caméra alentour. Aucun top model non plus.
Juste des indiens accroupis qui frottent sans relâche des piles de linge, sans cesse renouvelées...
L'imaginaire du cinéma transforme parfois les habitants des bidonvilles en vedette de jeux télévisés, magie d'un "Slumdog millionaire". Mais la réalité est plus sinistre, et le futur de ceux qui s'y trouvent est moins glamour.
Dans le noir presque absolu qui y règne, des câbles, tels des serpents venimeux, courent sur les murs. Aucun fakir n'est là pour les dresser. Le seul chant que l'on y entend, est celui de la démarche lourde des porteurs d'eau. Même les enfants semblent être absents.
Pourtant à quelques minutes de là, trônent la fameuse Indian Gate, et le Taj Mahal Palace...
(Les trois photos ont été prises à Bombay en juillet 2012)
3 oct. 2013
SANS DIVERSITÉ GÉNÉTIQUE, PAS DE SURVIE COLLECTIVE
Sans diversité, pas de performance globale... (3)
La diversité est donc un élément essentiel pour garantir la performance collective : sans elle, pas de flexibilité, pas d'adaptation rapide à un changement dans l'environnement. Dans le processus qui, à partir de plusieurs, donne naissance à un nouvel être, doté de l'esprit de la ruche, le fait que ces plusieurs soient différents est important.
Mais donc, faut-il que cette diversité soit innée, c'est-à-dire que les abeilles soient génétiquement diverses, ou suffit-il qu'elle soit acquise, suite aux différences entre les expériences individuelles vécues ?
Poursuivant son émission consacrée au rôle du renouvellement permanent de la diversité, Jean-Claude Ameisen relate les expériences qui se sont déroulées depuis les années 2000, et qui ont démontré que la différence génétique était essentielle.
L'expérience la plus frappante est celle menée par Heather Mattila et Thomas Seeley (1). Ils ont comparé l'évolution au moment critique de la naissance d'une nouvelle ruche : qu'advient-il si la colonie provient d'une reine ayant été inséminée par un seul mâle, versus une où elle a été inséminée par quinze mâles différents ?
La réponse est sans appel :
- Au bout de deux semaines, les colonies issus d'un patrimoine génétique plus divers ont construit un tiers de rayons de cire en plus, et les butineuses y ont collecté 40% de réserves supplémentaires,
- Au bout d'un mois, lorsque la floraison est maximum, le nombre des ouvrières des colonies génétiquement diverses est multiplié par trois, versus une augmentation de seulement 50% pour les autres,
- Fin août, une baisse de température provoque la disparition de la moitié des colonies génétiquement homogènes, alors que toutes les autres survivent.
- À la fin de l'hiver, toutes les colonies génétiquement homogènes ont disparu, alors qu'un quart des autres ont réussi à survivre et seront toujours en activité au printemps.
Ainsi l'évolution est sans pitié, et élimine ce qui est génétiquement homogène : c'est bien la diversité des gènes qui apporte la puissance à l'esprit de la ruche. Être confronté à des expériences diverses ne suffit pas : si l'on est initialement homogène, on ne sait pas en tirer parti... et l'on disparaît.
Et dire que d'aucuns dans nos sociétés ont peur de la diversité, et voudraient cloisonner le monde...
(à suivre)
(1) Genetic in Honey Bee Colonies Enhances Productivity and Fitness, Heather R. Mattila, Thomas D. Seeley, July 2007