31 déc. 2013

LE DANGER N’EST PAS TOUJOURS LÀ OÙ ON L’ATTEND

Nouvel An en terres indiennes (1999)
Il y a quatorze ans, je décidai de changer de millénaire en terres indiennes. Une semaine entre Bombay et Goa.
Je sais ne pas être un VIP – et ne le prétends surtout pas ! –, mais comment résister à l’envie de vous montrer cette photo prise alors, et  qui est tellement en écho de ce voyage.
Loin de moi aussi de dire, ou vouloir signifier, que tout y est aussi beau que les reflets du soleil sur la mer de Goa. Ne vous trompez pas : derrière la beauté de ces images, la vie des pêcheurs n’y est pas douce…
Non, j’ai juste envie de clore l’année 2013 avec le rappel de ce souvenir.
Moment privilégié pour moi d’une première découverte rapide et superficielle d’un pays où je suis depuis revenu souvent. Prise de conscience physique de la réalité de ce Neuromonde qui est le nôtre.
Je me souviens aussi de tout ce qui me fut dit alors sur les risques à aller en Inde.
Or en cette fin d’année 1999, les trottoirs de Bombay furent beaucoup plus sûrs que ceux de Paris.
En effet, des vents de plus de 100 km/h ont balayé l’Europe du Nord les 26, 27 et 28 décembre 1999. Quelle ne fut ma surprise de retrouver les bois de Vincennes et Boulogne ravagés !

Dans le même temps, je marchais tranquillement dans ce pays jugé si dangereux…

24 déc. 2013

NOËL DANS LE FLOU DES APPARENCES ET DU SOUVENIR

Noël à Pékin (2004)
Neuf ans déjà. 
L’année 2004 se termine, et je suis perdu pour un Noël loin de mes terres d’origine.
Pékin est doublement nappé de blanc. L’opacité moite de la brume répond à la neige qui tapisse tout.
La Cité Interdite – qui ne l’est plus guère, tellement elle est un carrefour où les Chinois en mal de souvenirs rêvés déambulent sans cesse, et s’y télescopent -–, est figée. Depuis la colline sur laquelle je suis monté, je vois son immensité face à moi. Les frontières entre ciel et sol, entre constructions et nuages s’estompent.
Un peu plus tard, me voici face à la porte principale de cette Cité devenue ouverte. Vu de loin, le portrait de Mao sous lequel chacun doit passer n’est plus si massif. Est-ce qu’avec le recul de temps, la Chine finira par s’éloigner de son dernier empereur ? Les statues de Staline ont, elles, été depuis longtemps déboulonnées…
Noyées dans l’immensité de la place Tiananmen, les silhouettes se font dérisoires, miroir de la petitesse des individus pris dans la masse des foules chinoises. Chacun marche en ignorant son voisin, et ce qui l’entoure…
Fin de nuit dans un cabaret. Le froid et la nuit ont disparu pour faire place à la chaleur des lumières.
La neige extérieure s’est fait perruque, et les apparences restent masquées, incertaines et trompeuses.
Jeu des apparences et des dissemblances, contraste dans cette Chine qui retrouve ce qu'elle a toujours été.
La bouche se tend vers cette bière – une Tsingtao bien sûr ! –, mais n’est-ce pas pour peut-être nous tromper ? 
Quelle sera la suite de cette image « volée »…

20 déc. 2013

RENCONTRES ET ENVOL

Singapour (2)
Des doigts me regardent immobiles. Pourquoi moi ? Pourquoi ici ?
Je croyais me trouver dans un jardin protégé, j’imaginais que la voute de verre qui nous enveloppe était là comme une gardienne.
Il n’en est rien. Au contraire. Elle est là pour eux, ces doigts végétaux qui sont sortis de terre pour se saisir de moi.
Je sais que je devrais m’écarter, qu’à trop les regarder, jamais je ne pourrai repartir. J’aurais dû comme Ulysse me faire attacher à un mât pour ne pas céder à leur chant, mais il est trop tard pour moi.
Je suis perdu. Jamais je ne sortirai de cette verrière immense. Jamais plus…
Casse-croûte au zoo de Singapour.
Ici on partage, on ne mange pas en solitaire.
On n’a beau être paresseux ou chauve-souris, on ne fait pas le difficile, et ce bouquet de légumes, on ne cherche pas à se l’approprier pour soi seul. C’est tellement plus amusant de manger à deux.
A moins que ce ne soit un couple. Pourquoi pas après tout ? Pourquoi ne pas les laisser libres de s’aimer ? Pourquoi interdire à un paresseux de tomber amoureux d’une chauve-souris ?
Doucement, discrètement, conscient de n’être qu’un intrus voyeur de passage, je me recule, m’esquive et les laisse à leur dialogue buccal et sensuel…
Toujours plus haut.
L’élastique fait son office brutalement. Ils sont télescopés dans le ciel. Ils montent verticalement.
Je sens mon ventre se nouer, la pression de la gravité est en moi aussi, et je m’envole aussi.
Mais je ne reste pas dans la nacelle, les courroies ont lâché, et bientôt la ville de Singapour n’est plus qu’un point.
Loin, loin, loin de là haut, je regarde là où je ne suis plus…

19 déc. 2013

PRIS DANS LES MAILLES DE NOS INTERDÉPENDANCES

Notre monde : le Neuromonde
Fin donc de notre périple depuis les temps immémoriaux du Big Bang. Nous voilà passés au travers des temps du minéral, du végétal, de l’animal et enfin de l’humain.
Avant d’en venir à l’entreprise et au management par émergence, il reste une étape importante : celle du Neuromonde, ce nouveau monde qui est en train d’émerger. Tel est l’objet de cette deuxième partie : comprendre ce qui y est nouveau et se transforme, et en quoi cela impacte et impactera les entreprises.
C'est avec cette étape que reprendra mon patchwork le 6 janvier. D'ici là mon blog prendra une pause pour les vacances de Noël avec seulement un message lors de chacun des réveillons...
Pour aujourd'hui voici donc juste une introduction au Neuromonde

Au printemps 2010, une nouvelle défraya la chronique et fit la une de tous les journaux : un volcan au nom quasiment imprononçable – du moins pour ceux qui n’étaient pas islandais –, l'Eyjafjöll était entré en éruption. Était-ce à cause du nombre de morts qu’il avait provoqué ? Non, rien de tel. Juste des coulées de lave dans une zone quasiment désertique. Était-ce parce que cette éruption présentait des caractéristiques exceptionnelles ? Non plus, juste une éruption volcanique banale dans son déroulement.
Simplement ensuite un enchaînement malheureux et lourd de conséquences : un peu de fonte des glaces, quelques gaz volcaniques, et beaucoup de cendres expédiées dans les cieux. Là, ces dernières, poussées par des vents malicieux, deviennent un nuage qui dérive vers l’Europe continentale et se met juste sur le chemin des vols aériens internationaux. Résultat : une congestion massive du transport aérien au cœur du commerce mondial. Nous avons frisé l’embolie économique à cause de ce caillot volcanique.
Cet accident est dans son déroulement un bel exemple de l’aspect devenu réticulaire de notre monde : nous sommes pris dans nos interdépendances collectives. Le moindre phénomène peut avoir des répercussions d’un bout à l’autre de la planète. Un peu comme si nous étions pris dans une immense toile d’araignée : une vibration sur l’une des parties de la toile se propage de partout.
Interdépendance, toile, connexions. Jamais le collectif n’avait atteint cette dimension. Cette propagation peut être physique comme dans le cas du nuage de cendres islandais, mais le plus souvent, elle est informationnelle. Alors, la transmission est instantanée, car elle s’effectue à la vitesse de la lumière.
À croire que la planète est dotée d’un réseau de neurones qui soudent tous les pays. Finalement, l’image qui me vient est celle d’un Neuromonde, c’est-à-dire d’un monde parcouru constamment par des impulsions se propageant sans cesse dans ce réseau.
À côté de celui-ci, les fourmilières ne représentent rien : quelle est la puissance de trois cents millions de fourmis occupant leur super-colonie à Hokkaido au Japon, face aux milliards d’hommes en train d’être connectés ?
Au cœur de l’explosion de ces réseaux, les entreprises. À la fois moteurs de cette évolution et portées par elles, elles sont en pleine mutation : nées au temps où le monde était partitionné, où, au-delà d’une certaine taille, les coûts de pilotage et de gestion administrative étaient supérieurs aux gains, elles deviennent globales, et sont parcourues par les courants du Neuromonde. D’une certaine façon, elles en constituent l’ossature.
Avec cette intrication entre Neuromonde et méga-entreprises, les mailles des émergences, des matriochkas et de l’accroissement de l’incertitude se tricotent de plus en plus vite, de plus en plus finement, et nos radeaux de feu deviennent d’immenses vaisseaux numériques …
(extrait des Radeaux de feu)


18 déc. 2013

QUI EST LE « JE » QUI M’HABITE ?

L’individu humain : le futur anticipé (5)
Aussi comment puis-je dire « je » alors que bon nombre de mes actes échappe à ma volonté consciente ? Et comment puis-je avoir une sensation d’identité et de continuité, alors que tout se forme et se déforme sans cesse, que tout est bâti sur des sables mouvants ? Inutile d’imaginer me raccrocher à ma mémoire comme un quelconque absolu, puisqu’elle est faite de rocs et de sables mouvants.
Dire « je », c’est arriver à passer au travers de trois étapes : percevoir le temps présent, même si c’est au travers d’interprétations ; se souvenir, même si c’est à coups de déformations ; savoir que l’on s’en souvient, c’est-à-dire arriver à relier tous ces événements dans une trame temporelle et s’identifier à cette continuité élaborée.
Le défi est d’arriver à ce processus d’identification alors que nous ne percevons que la pointe de l’iceberg de nos processus mentaux : notre « soi », c’est-à-dire tout ce que le cerveau qui habite notre corps a conçu, trié et piloté, est beaucoup plus vaste que le « moi » que nous connaissons.  Aussi, où commence et finit notre identité ? Doit-elle s’arrêter au « je » conscient ? Ou, pouvons-nous être tenus pour responsables de tout ce que notre corps a fait, y compris en cachette de notre volonté effective ?
Francesco Varela va plus loin dans cette remise en perspective de la notion de « je », et le relie directement au « nous », en reliant l’identité individuelle et le collectif : « C'est ce que j'entends lorsque je parle d'un moi dénué de moi (nous pourrions aussi parler de moi virtuel) : une configuration globale et cohérente qui émerge grâce à de simples constituants locaux, qui semble avoir un centre alors qu'il n'y en a aucun, et qui est pourtant essentielle comme niveau d'interaction pour le comportement de l'ensemble. (…) D'un point de vue purement fonctionnaliste, on peut dire que « je » existe pour l’interaction avec autrui, pour créer la vie sociale. De ces articulations dérivent les propriétés émergentes de la vie sociale dont les « je » dépourvus de moi sont les constituants élémentaires. » (1)
(1) Francesco Varela, Quel savoir pour l’éthique, p.87 et 100
(extrait des Radeaux de feu)



17 déc. 2013

ON NE VOIT QUE CE QUE L’ON IMAGINE, JAMAIS CE QUI EST

L’individu humain : le futur anticipé (4)
Dixième commentaire sur l’entreprise : Force et danger de l’expertise
« Passant par la Chine, j’y trouve là un point d’écart, ou de recul, pour remettre en perspective la pensée qui est la nôtre, en Europe. Car, vous le savez, une des choses les plus difficiles à faire, dans la vie, est de prendre du recul dans son esprit. » (1)
Une entreprise est peuplée d’hommes et de femmes qui analysent les situations au prisme de leur expérience passée. L’entreprise, elle-même, en tant qu’entité collective, a aussi sédimenté des convictions et des croyances, toutes issues de ce qu’elle a vécu. Ces convictions et croyances se retrouvent à la fois dans la culture interne et dans les systèmes qui la structurent.
Plus les personnes qui la composent sont expérimentées et ont réussi dans le passé, plus le poids des métarègles historiques individuelles sera grand. Plus l’entreprise a une histoire longue et a rencontré le succès, plus les convictions et les croyances collectives seront fortes.
C’est l’existence de cet ensemble de métarègles individuelles et collectives qui permettent à l’entreprise d’avancer de plus en plus vite, à condition qu’elle ne change constamment ni de métier, ni de stratégie. C’est de la combinaison de la stabilité et de cet apprentissage que naît l’efficacité.
Mais attention : plus une entreprise a prospéré et est peuplée d’experts, plus elle risque de ne lire l’évolution du monde qu’au travers du prisme de son expérience et de son passé. Elle pousse le talent de l’inférence au maximum, et sait ou est persuadé de savoir.
Elle devient alors vulnérable aux recompositions du monde, et fragile par rapport aux ruptures qu’elle ne verra pas venir, ou pire, qu’elle niera. Forte de ses certitudes, elle refusera ce qui n’est pas en ligne avec sa vision.
La performance est donc dans le juste équilibre entre la stabilité qui permet le renfort des expertises, et le recul par rapport à elles pour savoir que l’on ne sait pas, et ne pas oublier que l’on ne voit que ce que l’on imagine, et jamais ce qui est.
(1) François Jullien, Conférence sur l'efficacité́, p.14
(extrait des Radeaux de feu)



16 déc. 2013

APPRENDRE À PARTIR DE RIEN… OU PRESQUE

L’individu humain : le futur anticipé (3)
Comment notre cerveau peut-il induire à partir de presque rien ?
Essentiellement parce qu’il ne se contente pas de tirer des conclusions à partir de ce qu’il observe, mais parce qu’il mobilise des règles apprises dans le passé : il est capable de les transférer et donc de progresser rapidement.
Un exemple simple : quelqu’un vient de tirer successivement deux boules blanches et une noire, et je dois deviner quel est l’objet suivant. Si je n’ai aucune autre information, il est impossible d’avoir une certitude : je sais que cet objet doit pouvoir être contenu dans la boîte, et dans la main où il s’y trouve, mais il est périlleux d’aller plus loin. Maintenant si, par expérience, j’ai appris que ces boîtes ne contiennent toujours que des objets identiques, alors aucun doute à avoir : le prochain objet est nécessairement une boule. Si en plus, je sais qu’il ne peut pas y avoir plus de deux couleurs, je sais qu’elle est blanche ou noire. En couplant la règle acquise par mon expérience avec les nouvelles informations, je suis capable de résoudre le problème.
Tel est le principe du méta-apprentissage : nous apprenons à apprendre, et, chaque progrès nous transforme et facilite l’acquisition future. Nous extrayons naturellement des régularités du monde.
Ce point est essentiel et très nouveau dans la théorie de la cognition : le cerveau de l’enfant n’a pas besoin d’avoir de capacités innées, tout semble pouvoir être acquis par l’expérience. La compréhension initiale serait nulle, elle émergerait progressivement. Il suffit pour cela d’avoir un cerveau capable de repérer des régularités et de calculer des probabilités, ce qui est le cas de nos systèmes neuronaux.
(extrait des Radeaux de feu)

13 déc. 2013

ENTRE TERRE ET CIEL

Singapour (1)
A Singapour, les tours ne se contentent pas de gratter le ciel, elles partent à son escalade. Elles ne se satisfont plus de leur nature terrestre, elles se veulent célestes.
Témoin, celle-ci qui s’est déformée pour se faire escalier. Juste deux marches pour l’instant, mais quelles marches ! Je parie que, quand je reviendrai, ce ne seront plus deux, mais toute une volée qui sera là.
Peut-être que son architecte est un magicien, et que les pierres sont capables, comme les haricots magiques du conte, de grandir et monter sans cesse.
Y a-t-il là-haut, caché derrière un nuage, un palais où se prélasse une poule aux œufs d’or ?...
Drôle d’effet miroir entre des enfants et des tours.
Minuscules sculptures vivantes jouant dans l’herbe, regroupés par deux, trois ou davantage, habillés du même uniforme, toujours en mouvement, ils ponctuent le premier plan.
Immenses sculptures mortes plantées dans le sol, regroupées par deux, trois ou davantage, habillés de verre ou de pierre, toujours immobiles, elles ponctuent l’arrière plan.
La distance qui les sépare déforme les proportions, et peu ou prou, les deux semblent de même taille.
J’imagine les tours qui, bientôt, vont s’arracher de leur fondation, pour venir se joindre aux enfants. Feront-ils alors des équipes mixtes, ou verrons-nous l’équipe des tours affronter celle des enfants ?
Conscient que mon attente risque d’être longue, je m’assieds confortablement dans un recoin de la pelouse, en veillant à ne pas m’assoupir…
Des arbres de verre et de métal montent en s’ouvrant vers le ciel. Des plantes grimpantes sont parties à leur assaut.
Presqu’à leur sommet, existe un chemin qui sillonne d’une arbre à un autre, dessinant un parcours dans la canopée artificielle.
Là, quelques fourmis humaines cheminent, mimant les mouvements de leurs simiesques ancêtres.
Eux n’ont pas besoin du subterfuge de la technologie et méprisent ces succédanés d’arbres. Ils aiment trop saisir une liane et se lancer dans le vide, pour prêter un quelconque intérêt à ce qui n’est qu’un ballade sans saveur et sans risque…

12 déc. 2013

LE MANAGEMENT EST UNE AFFAIRE DE JEUX DE MOTS

Vidéo « Les Radeaux de feu » (8)
Nous pensons au travers de nos langages. Aussi les mots ne sont-ils pas seulement un enjeu pour la communication.

11 déc. 2013

C’EST SÉRIEUX DE JOUER AVEC LES MOTS

L’individu humain : le futur anticipé (2)
Ainsi, les langages tissent-ils en nous et entre nous des fils sociaux, et relient des présents et passés multiples. Dans la continuité de la logique du monde, ils sont un vecteur puissant pour élaborer des nouvelles matriochkas sociales, souples et multiples.
C’est paradoxalement de ce tissage social que naît l’individu humain : à sa naissance, un enfant n’est qu’un individu potentiel, ce sont les relations qui le font devenir lui-même. Car « la relation précède l’individu, pas le contraire. Ce ne sont pas les individus qui créent la société, c’est la société qui crée les individus. » (1). A nouveau la puissance des propriétés collectives : rappelez-vous que ce sont elles qui créent les emboîtements.
Internet est lui aussi un grand jeu de mots planétaire. Essayez donc d’enlever les mots, il ne restera pas grand-chose de l’immense toile qui nous relie de plus en plus. Si les pages web sont de plus en plus animées, et les images omniprésentes, elles sont avant tout faites de mots. Mais nous sommes tellement habitués à leur présence, que nous n’y prêtons guère d’attention. Ainsi va notre monde, nous sommes souvent tellement focalisés sur le détail, sur l’inattendu, sur l’anormal, que nous en oublions ce qui fait notre quotidien : à force de l’avoir sans cesse sous les yeux, nous ne le voyons plus !
Pourtant sans les mots, rien ne serait. Bien peu d’internautes en sont conscients, bon nombre les maltraitent, la plupart les ignorent, et pourtant comment surfer sans être un écrivain à la manière d’un Monsieur Jourdain du XXIe siècle ? Avant de parler de 2.0, de la limite de l’essor des réseaux sociaux, ou de l’importance du "brick & mortar", n’oublions pas ces précieux auxiliaires et approfondissons la compréhension que nous en avons. L’enseignement des langues, notre langue maternelle comme les autres, est le socle du reste.
(…) Bref, les mots, c’est du sérieux, et on ne doit pas laisser aux seuls humoristes l’art de jouer avec, car « lire après tout, est une façon de vivre à l’intérieur des mots d’autrui. » (2)
(1) Donald W. Winnicott cité par Jeremy Rifkin, dans Une nouvelle conscience pour un monde en crise, p.64
(2)  Siri Hustvedt, La femme qui tremble, p.168
(extrait des Radeaux de feu)