Imaginez un paysan qui rencontre un financier et lui explique que la poule qu'il vient d'acheter va lui permettre dans quelques années de produire plusieurs milliers d'œufs. En effet, grâce à cette poule, il va pouvoir construire tout un élevage et, après quelques générations, se retrouver à la tête d'une vaste batterie de poules.
Sérieux et crédible, il présente un business plan détaillé : au départ, plus il va avoir de poules, plus il va falloir investir, donc le déficit initial est croissant ; puis un jour pas très bien défini, mais un jour qui va arriver, il se trouvera avec une montagne d'œufs qui vont faire de lui le leader incontestable du marché. Alors le profit sera largement supérieur à toutes les pertes cumulées.
A votre avis, va-t-il trouver un banquier qui va acheter aujourd'hui ces œufs hypothétiques ? Oui ? Non ? Sûrement non, naturellement...
Repensons à Internet. Là, le modèle financier s'est emballé, les anticipations ont tourné au maximum, et les projets d'achat d'une poule ont été valorisés sur la base de la valeur des milliers d'œufs futurs et hypothétiques. Dans certains cas extrêmes, on a même payé pour des projets où il n'y avait même pas encore de poule achetée, mais où on expliquait comment on allait trouver la première poule…
A votre avis, va-t-il trouver un banquier qui va acheter aujourd'hui ces œufs hypothétiques ? Oui ? Non ? Sûrement non, naturellement...
Repensons à Internet. Là, le modèle financier s'est emballé, les anticipations ont tourné au maximum, et les projets d'achat d'une poule ont été valorisés sur la base de la valeur des milliers d'œufs futurs et hypothétiques. Dans certains cas extrêmes, on a même payé pour des projets où il n'y avait même pas encore de poule achetée, mais où on expliquait comment on allait trouver la première poule…
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2 commentaires:
J'ai lu votre post sur l'express.fr et j'en partage l'ironie. Néanmoins, il me semble que deux solutions restent jouables.
La première consiste à faire pression via le Trésor sur la FED pour faire redescendre les taux au plus bas niveau rapidement. Ca calmera la douleur et ne soignera rien, mais cela peut donner le temps nécessaire à l'engagement d'une réforme plus profonde.
La seconde consiste à décider autoritairement d'un niveau de taux d'intérêt acceptable et à garantir le maintien dans les lieux de ceux qui accepteraient de payer le principal affecté du nouvel intérêt de l'emprunt. Bref transformer le taux variable en taux fixe tout en faisant payer aux banques le prix de leur légèreté à titre de sanction.(coût: le différentiel)
Ainsi la valeur des biens gagés retrouverait de la couleur, le marché immobilier ne serait plus asphyxié par un volume d'immeubles d'habitation à la vente hors norme et les bilans bancaires s'en trouveraient allègés.
Cette dernière solution nécessite une intervention publique du Trésor et de la puissance publique qui est contraire aux traditions américaines mais ces dernières viennent déjà d'en prendre un vieux coup et à l'époque du New Deal les américains n'ont guère eu cette pudeur.
Ainsi serait évité l'effet domino qui risque d'etre dévastateur.
Qu'en pensez-vous ?
pmarnot@numericable.fr
Merci de votre commentaire : je crois que l’ironie est souvent un moyen efficace de déclencher un nouveau regard.
Je comprend votre proposition relative à une nouvelle approche des taux en les déconnectant du taux initialement négocié.
Je crois que cela peut être effectivement une voie de solution pour permettre aux emprunteurs de pouvoir faire face au moins en partie à leurs engagements. C’est un des aspects du problème : comment rendre solvable les emprunteurs et ajuster les prélèvements à leur capacité réelle de remboursement. Un autre axe peut aussi d’être de modifier les durées.
Mais reste tout le sujet de la solvabilité du système bancaire lui-même. En effet, le système a déjà « vendu » un certain niveau de performance, anticipant les revenus futurs, le tout basé sur les conditions négociées initialement avec les emprunteurs. Tout remise en cause de ces conditions va se traduire par une baisse de ces revenus et peut mettre en péril la survie même de l’établissement financier (cf. Lehmann…). Donc il faut trouver comment « amortir » ce choc. Ce peut être les états – c’est ce que vous évoquez – ou un système d’assurance collective entre les banques : dans les 2 cas, il faut s’assurer que le niveau du problème ne va pas se propager en effet de dominos au sein de ceux qui viendraient couvrir le risque.
Et là on arrive pour moi au cœur du problème : personne ne sait aujourd’hui évaluer réellement la taille du trou à combler…
En effet, les modes de calcul sont extrêmement incertains et la seule chose de sûr est que le résultat d’un calcul est d’abord fonction des hypothèses faites…. Malheureusement mon histoire « ironique » de la vente des œufs est plus vraie qu’elle ne paraît…
Pour votre information, je suis conseil en stratégie et management auprès de dirigeants, et ai donc quelques éléments tangibles à l’appui de mes propos…
N’hésitez pas à m’écrire à nouveau, tout débat est salutaire dans les périodes troublées qui s’annoncent !
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