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9 janv. 2013

« NOS PME ONT BESOIN D’ÊTRE PAYÉES QUAND ELLES LIVRENT LEURS PRODUITS, ET NON PAS TROIS MOIS PLUS TARD »

Les PME ont besoin d’un geste de confiance
Le jeudi 27 décembre 2012 est paru dans le Figaro un article que j’ai cosigné avec Stéphane Cossé 1. Il est aussi paru dans les Echos le 31 décembre 2012. Le voici ci-dessous in extenso :
Depuis plus de trente ans, chaque gouvernement se fait le chantre de l’aide aux PME. Cette fois encore, il dit avoir mis en place un dispositif nouveau et performant, à travers notamment la création d’une banque publique d’investissement et le recours à un crédit d’impôts. Les 42milliards d’euros de prêts, garanties et interventions en capital de la BPI, couplés aux 20 milliards de crédits d’impôts ? Seront-ils la potion magique tant attendue ? À en croire la réaction du Medef et de bon nombre de commentateurs, on pourrait en avoir l’impression, et pourtant, malheureusement, les doutes subsistent.
Passons sur les difficultés auxquelles il faut s’attendre de la BPI, lourde machine peuplée de fonctionnaires et de banquiers, à évaluer la pertinence d’un plan de développement d’une PME. Concernant le crédit d’impôts, malgré les volontés d’accélérer le processus, sa mise en œuvre ne sera effective qu’en 2014. Le gouvernement promet qu’il ne demandera aux PME, en contrepartie de ce crédit, aucun engagement formel. Mais comment en être sûr avec un ministre du Redressement productif dont le discours est pour le moins empreint de dirigisme ? Les dirigeants de PME vont-ils se lancer dans des dépenses immédiates et certaines, dans un contexte d’annonces tantôt rassurantes tantôt interventionnistes, et sur la base d’un mécanisme perçu comme futur et aléatoire ? La confiance est la première condition de l’investissement. Or, force est de constater que, depuis trop longtemps, l’inconstance et l’incohérence du politique entraînent une défiance logique de la part des entreprises.
Il existe pourtant une mesure simple qui modifierait structurellement la donne : nos PME ont essentiellement besoin, comme cela est le cas en Allemagne, d’être payées quand elles livrent leurs produits, et non pas trois mois plus tard. Ce retard de paiement, qui peut aller parfois jusqu’à six mois, les empêche trop souvent de se développer. Les sommes en jeu sont considérables : le crédit inter-entreprises représente globalement 500 milliards d’euros par an.
Pour une PME en plein développement, attendre d’être payée par son client, le plus souvent une grande entreprise, c’est autant de besoin de financement supplémentaire à dégager pour financer sa croissance. Face à ce besoin, le dirigeant doit se retourner vers son banquier pour obtenir un crédit de trésorerie qui va lui coûter l’essentiel de sa marge bénéficiaire, freinant d’autant la croissance de ses fonds propres et le financement de ses investissements.
De surcroît, en maintes occasions, l’entrepreneur devra, pour obtenir ce crédit, mettre en garantie ses biens propres, témoignage de son engagement personnel. Rapidement si la croissance est au rendez-vous, ses biens personnels ne suffiront plus comme garantie, et aucun financement ne sera accordé.
Voilà bien un handicap structurel qui empêche l’émergence d’entreprises moyennes, celles qui font tant défaut à notre développement industriel, à nos exportations et nos innovations. Naturellement, les entreprises de distribution et les grandes entreprises recourant à la sous-traitance sont farouchement opposées à l’arrêt de ce décalage de paiement qui leur profite. De même, les banques veulent conserver ces crédits de trésorerie rentables.
Voilà un sujet où un arbitrage du gouvernement en faveur des PME serait le bienvenu : la grande distribution et les banques domestiques ne sont, pour leur part, pas soumises à la concurrence internationale et les emplois ne risquent pas d’être délocalisés. Quant aux banques, libérées du financement de la trésorerie des PME, elles pourraient alors mieux financer les grandes entreprises et la distribution.
Que faire en pratique ? La réponse est simple : il faut changer le droit commercial pour que, à l’instar de l’Allemagne (qui a en la matière un avantage compétitif), le transfert de propriété soit effectif au paiement, et non plus à la livraison. Tant que ce ne sera pas le cas, les PME resteront réticentes à se retourner contre un client, car elles savent qu’elles risquent de perdre des marchés à venir.
Alors, chiche ! Pour relancer la production en France, le gouvernement devrait prendre une telle mesure qui n’exige ni intervention de l’État ni soutien financier: le tissu des PME françaises immergées dans la compétition mondiale aurait enfin les moyens de financer par elles-mêmes leur croissance.

(1) Maître de conférences à Sciences Po et membre du comité d’orientation d’Europa Nova

3 févr. 2011

ARRÊTONS DE VOIR PARTOUT DES TIGRES

Article ParisTech Review (4)


ON NE PEUT PAS DIRIGER EFFICACEMENT SANS STABILITÉ PERSONNELLE

Voilà donc un des grands paradoxes du monde de l'incertitude : il faut réfléchir à partir du futur, et non pas à partir du présent. Le présent est trompeur, les évolutions chaotiques et les courants imprévisibles. Le présent, notre présent, n'était pas inéluctable : dans le passé, il n'était pas qu'un des futurs possibles, et non pas un futur certain. Il n'est devenu notre présent qu'à cause de l'ensemble des choix faits, et du bricolage advenu. Du coup, il nous apparaît aujourd'hui comme certain, et donc inéluctable. Mais si le jeu avait été différent, le présent ne serait pas le même.
Aussi si, pleins d'apriori tirés du passé, conditionnés par nos habitudes, nos savoirs et nos expériences, nous pensons le futur à partir du présent, nous allons construire des lignes Maginot adaptées à la guerre passée et non pas à celle qui va venir, condamner l'industrie horlogère européenne sans imaginer la Swatch ou améliorer le clavier des téléphones portables sans lancer l'iPhone.
La solution est ailleurs, dans l'imagination et la compréhension de ce qui attire les mouvements, dans ces mers qui seront notre futur.

Or, plus les dirigeants changeront souvent d'entreprises, et les actionnaires seront volatils, plus les uns comme les autres voudront se protéger par des prévisions et des chiffres : ne pouvant comprendre en profondeur ce qui fait l'entreprise et ses marchés, n'ayant pas un accès personnel à son histoire, il leur sera difficile d'imaginer le futur. Dirigeants comme actionnaires croiront se protéger dans des tableaux et des certitudes, alors qu'ils ne sont que des lignes Maginot mentales.
Quelles sont les entreprises qui arrivent à créer de la valeur dans la durée ? Ce sont précisément celles qui ont une stabilité à la fois de leur management et de leur structure d'actionnaires. Situation qui est singulièrement celles des groupes familiaux : ils savent mieux éviter les modes, faire des paris gagnants sur le futur, s'y tenir et naviguer au mieux au jour le jour.
Ainsi, l'incertitude suppose la stabilité du management : la vie est faite d'ordre et de désordre, de yin et de yang. Être stable pour pouvoir se diriger et diriger. Être fort pour aimer l'incertitude, s'appuyer sur elle pour se renforcer.

IL N'Y A PAS D'ESPOIR SANS INCERTITUDE

Car il n'y a pas des tigres derrière tous les bruits, et cette incertitude qui nous entoure, n'est pas d'abord le témoignage de l'incomplétude de notre savoir, elle est le moteur de la vie et de la croissance du monde: c'est le flou qui permet à tous les sous-systèmes de s'ajuster. Pour encourager la vie, accroître les chances de survie et se rendre davantage résilient, il ne faut pas chercher à diminuer l'incertitude, mais au contraire à l'accroître. Lutter contre l'incertitude, c'est lutter contre la vie.
Si l'équipe de direction cherche à limiter l'incertitude, focalise son énergie sur la prévision, et s'organise par rapport à ce futur théorique, elle va contre la vie et fragilise son entreprise.
Si l'équipe de direction apprend à vivre avec l'incertitude et à s'en servir, centre ses efforts sur la compréhension en profondeur de la situation actuelle et des courants immédiats, et construit une stratégie résiliente originale, c'est-à-dire capable de s'adapter aux aléas et saisissant les nouvelles opportunités, elle va dans le sens de la vie, renforce son entreprise et créera durablement plus de valeur. C'est ce que je développe et explicite en détail dans mon livre, « Les mers de l'incertitude ».

Enfin, si on y réfléchit bien, est-ce une si mauvaise nouvelle que de voir l'incertitude se propager de plus en plus ? Imaginons à l'inverse que nous allions vers un monde de plus en plus certain. Quelle y serait la place laissée à l'intelligence, au professionnalisme et à la créativité ? Comment une entreprise pourrait-elle s'y différencier des autres, puisque tout le monde pourrait tout prévoir ? Imaginez une partie où les cartes de chacun seraient posées sur la table et visibles de tous. Comment jouer et quel en serait l'intérêt ?
Aussi, arrêtons de voir partout des tigres et, à l'inverse de Jean-Paul Sartre qui écrivait dans Le Diable et le Bon Dieu, « Je préfère le désespoir à l'incertitude », comprenons qu'il n'y a pas d'espoir sans incertitude !

2 févr. 2011

COMMENT ÉVALUER EN 1998 LA RENTABILITÉ À DIX ANS D’UN RÉSEAU 3G ?

Article ParisTech Review (3)

Pour illustrer mon propos, voici un exemple tiré de mon expérience personnelle : en 1999, j'ai mené une étude pour évaluer la rentabilité à dix ans de la création éventuelle d'un réseau de téléphonie mobile 3G.
A ce moment-là, très peu de données étaient disponibles :
  • Les performances réelles du 3G étaient incertaines, les téléphones à venir inconnus,
  • Internet n'était que peu développé et seuls, quelques services existaient,
  • Il était impossible de tester quoi que ce soit auprès de clients qui n'avaient aucune idée de ce dont on était en train de parler.
Comment faire ? Impossible de partir du présent : nous n'avions aucun référentiel, pas d'historique, pas d'année zéro. Rien. Le tableur était vide. Nous étions condamnés à prendre du recul pour repérer « où pouvaient être les bonnes mers », c'est-à-dire quels problèmes existants et durables pouvaient être résolus par ce nouveau réseau.

Pour le marché grand public, nous avons identifié qu'un téléphone connecté pouvait permettre de :
  • Communiquer : entrer en contact avec une ou plusieurs autres personnes, simplement pour échanger, que ce soit par la voix, du texte, des images ou de la vidéo. Ceci correspond à un besoin constant de l'humanité, celui de rester connecté avec les membres de sa tribu (un être isolé dans la jungle est menacé)
  • S'informer : enrichir une connaissance par l'acquisition d'informations. Ceci se relie à notre besoin de compréhension et à notre constante nécessité de nourrir nos interprétations (savoir plus pour survivre plus longtemps)
  • Acheter : réaliser une transaction pour acquérir un bien. Bien sûr, ceci peut nécessiter une recherche d'information, voire une communication, mais pas nécessairement. De même que symétriquement, souvent on s'informe ou on échange sans acheter. L'achat, c'est-à-dire l'appropriation d'un bien, est aussi un besoin durable, celui de la conquête. (manger pour vivre)
  • Jouer : se distraire, s'amuser, passer un moment. Nous avions inclus dans cette famille tout ce qui est musique et vidéo. C'est aussi une famille indépendante, même s'il peut y avoir des croisements (par exemple, pour le jeu en réseau, on va échanger). Inutile de rappeler le caractère essentiel du jeu dans le développement de l'humanité (le rire est le propre de l'homme)
Pour le marché entreprises, nous avons mené une réflexion du même type.

Ensuite, sur quoi allait-on regarder ? Quelle pourrait être la taille de l'écran ?
En faisant abstraction de toute technologie, nous sommes arrivés à la conclusion qu'il y avait trois types de situation : soit je suis en train de marcher, soit je suis assis mais ailleurs que chez moi (par exemple dans un train ou une chambre d'hôtel), soit je suis chez moi (à mon domicile ou à mon bureau). Si je suis en train de marcher, l'écran doit tenir dans ma main ; si je suis assis ailleurs, comme j'ai dû l'apporter, il faut qu'il tienne dans un cartable ; si je suis chez moi, il n'y a aucune contrainte de taille. Donc trois formats : la main, A4 (ou à peu près), illimité. Comme ces trois types de situation existeront toujours, le raisonnement restera valable quoi qu'il arrive.
Nous avons alors croisé taille d'écran et famille de besoin en nous posant la question suivante : que peut apporter de plus le 3G, c'est-à-dire une connexion Internet toujours active et avec un débit significatif ?

Je ne peux pas rendre publiques les réponses données, mais elles ont permis ensuite une quantification, en émettant des hypothèses sur l'évolution des dépenses par famille d'attentes. A aucun moment, nous n'étions partis de la situation actuelle. Ce qui nous avait préoccupés, c'était la pertinence et la solidité de la vision : nous avions cherché à imaginer le futur.
Nous sommes aujourd'hui dix ans plus tard et quand j'observe tous les services lancés, y compris ceux de l'iPhone, ils se reclassent bien dans ces quatre familles. Comme quoi, c'étaient bien des mers. A noter que, même si l'expression de ces mers est aujourd'hui simple et compréhensible par tous, leur mise en évidence en 1999 n'a été ni rapide ni facile : comme j'aime souvent à le dire, on ne peut pas penser vite à long terme !

1 févr. 2011

LES MERS ATTIRENT LE COURS DES FLEUVES

Article ParisTech Review (2)

LA SEINE SAIT-ELLE OÙ ELLE VA ?

Appuyé sur le rebord du pont Mirabeau, vous regardez couler la Seine et essayez de savoir où elle va. Impossible de trouver la bonne réponse ainsi. Alors, vous quittez le pont et commencez à suivre son cours. Comme, au hasard des méandres, elle tourne à droite, puis à gauche, vous allez rapidement jeter l'éponge en vous disant que la Seine n'en fait qu'à sa tête, qu'elle ne sait pas où elle va.
Or, en fait, elle le sait très bien : c'est un fleuve, et, comme tous les fleuves, elle est attirée par une mer ou un océan. Lequel ? Celui qui est déterminé par la logique des bassins versants. Donc où elle va, elle le sait. Comment exactement va-t-elle y aller ? Là, elle ne sait pas très bien, elle verra, elle s'adaptera. Elle avance et chemine, en tirant parti du terrain. Si jamais, le niveau d'eau monte, elle pourra même s'étaler plus largement et emprunter de nouvelles voies. Mais, ce qui ne changera pas, c'est que cette eau, c'est dans la mer qu'elle finira. Quels que soient les aléas du trajet, on peut d'ores et déjà prévoir où elle va aller ; ce que l'on ne sait pas, c'est le taux de perte par évaporation ou infiltration, le trajet précis et la durée.

Ainsi, si vous voulez comprendre où va la Seine, ne regardez pas ce qu'elle fait, mais prenez le temps de comprendre « qui elle est » et « qu'est-ce qui l'attire » : comprenez que c'est un fleuve, analysez les bassins versants et vous trouverez la bonne mer. Ne regardez pas le cours des choses, ne regardez pas le présent, cela ne sert à rien, cela ne peut que jeter le trouble : la mer est un attracteur qui attire à lui l'eau qui tombera tout autour. Comme les attracteurs des mathématiques du chaos, peu importe l'incertitude en amont, tout converge vers elle : c'est un système structurellement stable, un point fixe.
Quand une équipe de direction construit une stratégie en partant du présent, et imagine qu'elle va pouvoir prévoir où vont les choses en observant ce qui s'est passé et se passe aujourd'hui, elle fait la même erreur que celui qui cherchait à deviner où allait la Seine depuis le pont Mirabeau. Si elle prévoit le futur à partir du présent et croit qu'elle peut encadrer le taux d'erreur via des hypothèses hautes et basses, elle se trompe, car, comme dans les mathématiques du chaos, rien ne permet d'affirmer que l'on peut borner l'incertitude.
Pour savoir où va la Seine, il faut oublier le présent, identifier les mers qui attirent le cours des choses. Où sont-elles ces mers ? Quelque part dans le futur des fleuves…
Pour construire une stratégie, il en est de même.

COMMENT TROUVER SA MER ?

D'abord, en comprenant ce qu'est une mer : une mer est un besoin fondamental et stable qui, quels que soient les aléas, va structurer le fonctionnement de notre société à long terme, orienter les évolutions, et attirer vers lui les courants. Cela peut être un des éléments constitutifs de notre écosystème social, comme la beauté, la communication, les loisirs, le déplacement, l'alimentation, la sexualité… Ou encore un des composants indispensables au fonctionnement des processus comme la gestion des gaz, les déchets, l'énergie…
Plus le rattachement sera direct, plus l'attraction sera forte et stable, plus la mer profonde et vaste.

Vous trouvez mon propos bien général, peu opérationnel et trop vague ?
C'est pourtant très exactement la réponse faite en juin 2009 par le PDG de Google (voir « Inside Google: Eric Schmidt, the man with all the answers ») : « Nous n'avons pas de plan à cinq ans, nous n'avons pas de plan à deux ans, nous n'avons pas de plan à un an. Nous avons une mission et une stratégie, et la mission est…, vous savez, d'organiser l'information du monde. Et la stratégie est de le faire à travers l'innovation. » Le choix fait par Google est bien une mer : quoiqu'il arrive, le besoin d'information existera toujours. L'innovation est, elle aussi, un moteur stable et durable : ce sont les technologies qui deviennent obsolètes, pas l'innovation.
De même lors du lancement de l'iPod en 2001, Steve Jobs dit : « Pourquoi la musique ? Nous aimons la musique et c'est toujours bon de faire quelque chose que l'on aime. Plus important, c'est une part de la vie de chacun. La musique a toujours été là et le sera toujours. Ce n'est pas un marché spéculatif ». On est bien loin des business plans détaillés truffés de chiffres, de prévisions et de tableurs excel !
Quand vous demandez à L'Oréal de définir sa stratégie, il va répondre la beauté de la femme, et plus récemment celle de l'homme. Il a précisé sa mer en ne s'intéressant pas à toute la beauté, mais à celle qui a trait à la peau, au cheveu et au parfum, mobilisant ainsi trois de nos cinq sens, la vue, le toucher et l'odorat. De même Nestlé avec la nutrition et la santé (mer aussi visée par Danone), Saint-Gobain avec l'habitat, ou Air Liquide avec la gestion des gaz.

Une fois une mer potentielle identifiée, reste à se poser une double question apparemment « simple » :
  • Quels sont les problèmes existants reliés à cette mer ?
  • En quoi l'entreprise est-elle capable, mieux qu'une autre, d'apporter une solution originale à ce ou ces problèmes ?
Pourquoi ces deux questions sont-elles essentielles ? Parce que ce sont elles qui vont permettre de savoir que cette mer potentielle est bien une mer accessible à cette entreprise. Si vous répondez non ne serait-ce qu'à l'une des deux questions, un conseil, oubliez vite cette mer et passez à la suivante !

31 janv. 2011

INCERTITUDE, PEUR ET PRÉVISION

Article ParisTech Review (1) 

ParisTech Review vient de publier un long article que j'ai rédigé à partir de mon livre, les Mers de l'incertitude : « Réfléchir à partir du futur pour se diriger dans l'incertitude ». Compte-tenu de sa longueur, je vais le publier en quatre fois tout au long de cette semaine.

Au cœur de la jungle, vous venez d'entendre un bruit dans les feuilles. Vous pensez que c'est un tigre et grimpez le plus vite possible au sommet de l'arbre voisin. De là, vous constatez que ce n'était que l'effet du vent : vous souriez de votre erreur et en êtes quitte pour une belle peur. Mais, si jamais, à l'inverse, vous aviez pris le bruit de la marche d'un tigre pour celui de l'effet du vent, vous n'existeriez plus ! Comme tous les survivants, vous êtes programmé pour voir des tigres derrière chaque mouvement de feuilles (voir Michael Shermer, The pattern behind self-deception).
Assis à votre bureau, vous êtes entouré par l'incertitude : quel que soit le journal que vous saisissez, la radio que vous écoutez, la télévision que vous regardez, ce ne sont que des prévisions démenties, des reprises qui n'arrivent pas, des catastrophes et des succès inattendus. Vous repensez aux impacts de la crise des subprimes, et à votre séjour imposé à Los Angeles à cause du nuage de cendres islandais. Pris de peur, certain qu'il y a un tigre derrière tout ce bruit, vous décidez de stopper tous les investissements et de déclencher un plan de survie.
Ah, si seulement, le monde était sécurisant comme celui des livres de cuisine, on connaitrait alors la liste des ingrédients à réunir et le mode opératoire pour obtenir à coup sûr un résultat connu à l'avance et conforme à la photographie affichée !
Dans Penser l'incertitude, Pierre Gonod, un proche d'Edgar Morin, a proposé une typologie de la prévision entre quatre catégories :
  • « Type 1. Prévision à contenu déterministe, et quasi-mécaniste. C'est le domaine de la certitude. Il s'agit de processus dont les lois de transformations ou de mouvements sont connues et quantifiables. (…)
  • Type 2. Prévision aléatoire, stochastique. Là aussi les lois de transformation sont connues ainsi que leurs équations conditionnelles. La connaissance des corrélations, des coefficients d'élasticité, permet de prédire les alternatives futures dans le temps avec leurs probabilités de réalisation. (…)
  • Type 3. Certitude qualitative et incertitude quantitative. L'orientation des processus est connue mais ne peut être assortie d'un jeu de probabilités de leur réalisation. (…)
  • Type 4. Incertitude qualitative et quantitative. Il est impossible de connaître les alternatives des futurs »
Si j'applique cette classification à la vie des entreprises, je constate un glissement :
  • Il n'y a quasiment plus de situations de type 1 : la présence des boucles de rétroaction et la densité des interactions rendent rares les cas où l'on peut prévoir de façon certaine ce qui va se passer. En fait, ces situations ne se rencontrent que dans le très court terme.
  • Le type 2 n'est plus que celui des prévisions à court terme, et singulièrement celui du budget : pendant longtemps, on a cru qu'à un horizon de trois à cinq ans, horizon classique pour la réflexion stratégique, on pouvait construire des scénarios d'évolution, les probabiliser et ainsi encadrer le futur. Il n'en est rien, au mieux on peut dessiner des possibles, mais on ne peut pas les probabiliser.
  • Le type 3 est maintenant le type dominant, celui qui commence dès que l'on est sorti de ce futur proche dans lequel on peut prévoir ce qui peut arriver : c'est le monde des possibles. Je peux avoir une idée de ce qui est susceptible de se produire, élaguer en définissant des zones impossibles, préciser des chemins, mais je ne peux pas savoir lequel sera suivi, ni même le probabiliser. Au mieux, je peux éventuellement dire qu'un chemin est plus facile, et donc par là davantage possible qu'un autre.
  • Le type 4 est celui du flou absolu : la réflexion n'a plus alors aucun point d'appui et rien ne peut même être pensé à l'avance. On ne peut que constater a posteriori ce qui s'est passé.
Faut-il alors renoncer à toute anticipation et se contenter de vivre au jour le jour comme on peut ? Faut-il s'abandonner aux forces instantanées pour en tirer parti ? Où va-t-on ? On verra bien, on ira là où on pourra.
Mais alors, faute de discours positifs, tout le monde va voir des tigres de partout ! Peut-on miser des milliards d'euros comme on joue au loto ? La stratégie doit-elle être jetée aux oubliettes du management moderne ?
Non, bien sûr, mais comment faire ?

17 janv. 2011

QUAND DES DÉBATS EN CACHENT D’AUTRES

Faut-il lire de travers ?

Voilà les quatre débats que proposait hier Le Monde :
  • Haïti : l'aide internationale en question
  • Le FN, entre menace et normalisation
  • La dépendance, une réforme qui divise
  • Vers le dépassement des 35 heures
En lisant ces titres, je me suis demandé s'il n'y avait pas d'autres débats implicitement proposés :
  • Haïti, entre menace et normalisation : un point frappant concernant Haïti est notre capacité à ne plus réellement nous y intéresser. Tellement d'autres événements se sont produits depuis lors, tellement plus nouveaux, tellement plus intéressants qu'Haïti tombe dans les oubliettes de la banalisation. La catastrophe est-elle devenue trop « normale » ?
  • Le FN, l'aide internationale en question : dans tous les pays d'Europe, on constate une montée de l'extrême droite, montée nourrie par les craintes locales face à la mondialisation et à la perte relative du leadership local et européen. Arriverons-nous à proposer un nouveau projet politique positif prenant appui sur cette mondialisation ou allons-nous laisser les peurs l'emporter ? Dans quel sens jouera « l'aide internationale » ? Comme un nouveau projet commun ou comme l'internationale des extrémistes ?
  • La dépendance, vers le dépassement des 35 heures : quand je regarde la relation au travail, je vois souvent des situations de dépendance, de confusion entre quantité de temps passé et efficacité, entre précipitation et rapidité. Allons-nous garder encore longtemps cette approche quantitative du travail datant de la bonne Ford T noire ?
  • Une réforme qui divise (avec la photo de Manuel Valls) : en ce début de la campagne pour la candidature PS à l'élection présidentielle, Manuel Valls fait le choix d'ouvrir des débats qui divisent, et bien au-delà de la seule gauche. Lancer un débat, pourquoi pas, mais à condition que le débat en question est réellement lieu. Sinon, seul le souvenir de la division risque de rester…

9 déc. 2010

POURQUOI LUTTER CONTRE L’INCERTITUDE, C’EST LUTTER CONTRE LA VIE

Un nouvelle critique de mon livre

EPEE, société de conseil en intelligence stratégique, créée pour servir et accompagner le développement international des entreprises françaises et européennes, vient de mettre en ligne une critique de mon livre « les mers de l'incertitude » (voir l'article). La voilà in extenso.

« COMMENT DIRIGER AVEC L'INCERTITUDE

Prévisions démenties, informations contradictoires, statistiques battues en brèche, événements inattendus, retournements de situation, surprises « stratégiques », crises imprévues,… l'incertitude est omniprésente dans notre quotidien, privé ou professionnel. Dans la sphère de l'entreprise (où nombre d'entre nous passons plus de temps que dans nos familles), dirigeants et responsables doivent composer avec elle tout en assurant le maximum, possible, de sécurité et de sérénité au sein des équipes et dans leurs relations avec leur environnement.
Entre renforcement et emprise constante d'une discipline collective affirmée autour d'objectifs précis et chiffrés, que l'on espère fédérateurs et assurant la rentabilité à long terme « contre vents et marées », et politique de « l'abandon consenti aux aléas » dont il convient au contraire de tirer avantage en privilégiant la rentabilité à court terme, quel parti choisir ?
Pour Robert Branche, polytechnicien, ingénieur des Ponts et Chaussées, haut fonctionnaire (peu de temps !) puis responsable de la stratégie chez L'Oréal (1), et aujourd'hui consultant auprès des dirigeants de plusieurs grands groupes français, une troisième voie existe pourtant, qu'il explore dans cet ouvrage tout à fait original, aux titres et sous-titres intrigants et un brin provocateurs.
Fort d'une longue expérience du conseil stratégique, il développe ici l'idée selon laquelle « une entreprise, comme un fleuve, doit se fixer pour objectif une mer, qui sera son attracteur stable dans les aléas de l'incertitude ».
Mais quand on a écrit cela… il convient d'en dire plus et surtout de le démontrer faute à passer pour un doux rêveur, ce que n'est à l'évidence pas notre auteur ! Alors, après, dans une longue mais indispensable première partie, exposé pourquoi l'incertitude n'est pas provisoire mais bien structurelle, « pourquoi elle n'est pas le témoin de l'incomplétude de notre savoir, mais le moteur permanent de notre monde », et pourquoi « lutter contre elle, c'est lutter contre la vie même », Branche s'attache à répondre, avec une multitude d'exemples concrets tirés de la réalité de la vie de ses « clients », aux trois questions suivantes : quelle attitude doit avoir le dirigeant ? Comment doit-il se fixer un ou des objectifs ? Comment doit-il agir au quotidien ?
Ceci en évitant deux pièges symétriques : penser que l'on peut s'abstraire de l'incertitude : « mon entreprise est protégée ; elle maîtrise son futur et s'organise en conséquence ; elle sait mieux que les autres et le futur sera ce que j'ai prévu pour elle » et a contrario, renoncer à toute anticipation et confier son avenir à la chance : « puisque rien ne peut être prévu de façon fiable, seule l'action immédiate compte ; il est illusoire de penser le futur ». Autant de citations exactes entendues, ici reproduites par l'auteur…
… Qui recommande plutôt de tirer parti de l'incertitude, de « diriger en lâchant prise », en « abandonnant l'idée de prévoir et planifier au-delà de l'horizon immédiat », en refusant de « tout contrôler et tout piloter depuis le sommet (…), de se laisser emporter par les mouvements ambiants, de mieux maîtriser « son » temps, et d'accepter les intuitions ».
Sauf et seulement, consent-il, si l'entreprise est dans une situation d'urgence extrême, si sa survie à court terme est en jeu, si le dépôt de bilan menace…
Nous n'en dirons pas plus pour laisser à ceux que ce concept de management novateur intéresse découvrir par eux-mêmes pourquoi Robert Branche conseille à ses clients de « faire le vide », sans a priori, de ne plus être « malades du temps », tout en étant « intensément attentifs », de ne plus « tout prévoir sur tableur Excel » mais de « choisir à partir du futur et des « mers » accessibles pour choisir au présent », d'apprendre à « mettre du flou dans l'organisation », renforçant ainsi singulièrement la résilience de l'entreprise.
Et pour ceux que ce concept de « mer » intriguerait toujours, je leur conseille à mon tour la lecture (pour commencer…) des pages 108 et 109, qui ne devrait pas les laisser indifférents. »


(1) En fait j'ai été chef de groupe marketing, et non pas responsable de la stratégie

14 sept. 2009

UN DIMANCHE AVEC LEMONDE.FR

Reprise de mes lectures partielles et partiales : le monde.fr, dimanche 13 octobre à13h20

Au moment où Marie-Georges Buffet propose un immense débat d'idées, le PS est ouvert à tous vents
Voilà donc une affaire qui s'amorce bien : le PS, probablement prévenu de l'initiative fédératrice de la n°1 communiste, a déjà ouvert ses fenêtres pour faciliter le débat d'idées.

Pour preuve le « parlement du PS » (au fait, c'est quoi ce parlement ? Les députés socialistes ? Un palais bourbon bis et clandestin ? …) en appelle à une révolution, reprenant une terminologie qui va plaire aux oreilles des communistes.

Renault, toujours aussi opportuniste, a déjà adopté une communication en phase avec ces initiatives : c'est là-aussi les portes ouvertes. Est-ce à dire que les portes ouvertes de Renault sont celles qui se tiennent au PS ? Où est-ce la CGT très présente chez Renault qui les avertit de l'initiative de Marie-Georges Buffet ? Il faut que j'enquête un peu plus là-dessus…

Besson enterre des tests quand Estanguet est sacré champion du slalom

Tout d'abord, je ne comprends pas comment on peut prétendre décerner à Tony Estanguet le titre de champion du slalom. Il est vrai qu'il s'agit de canoë et qu'Éric Besson n'avait pas concouru. On aurait quand même pu remettre à cet artiste du slalom un prix exceptionnel pour sa performance, ces dernières années. Ou a minima, ne pas juxtaposer les deux informations. A moins qu'il ne s'agisse d'une perfidie du maquettiste du Monde, qui sait ?

Ceci écrit, donc Besson enterre des tests ADN. Pourquoi ? Quelques hypothèses :
- Pour qu'ils grandissent et se reproduisent : il pense que l'ADN est le nom d'une espèce végétale
- Par superstition : une cartomancienne rencontrée récemment lui aurait dit que cela porte bonheur.
- Par distraction : il était parti pour enterrer une vie de garçon et à force de faire des zigzags dans tous les sens, il ne sait plus bien ce qu'il fait.
- Pour rien : simplement il s'ennuie et cela passe le temps


Des sites misent sur le poker quand la fille de Berlusconi vante les qualités de son père

Il doit donc s'agir des qualités de Silvio Berlusconi comme joueur de poker. Je ne suis pas moi-même un spécialiste, mais je connais les bases de ce jeu. J'ai compris que bien maîtriser le bluff était important. Or je me demande si Silvio Berlusconi ne flambe pas un peu trop quand il se qualifie de « meilleur président du conseil ».

Je suppose que sa fille sait ce qu'elle dit, à moins que, comme dans les parties truquées, elle ne soit le complice qui assure les relances au bon moment.

Comme je vois que c'est en France que doivent se multiplier les sites de poker, Silvio Berlusconi va pouvoir nous faire profiter de son talent.



Clairvaux à la fois prison et prière

Voilà enfin une bonne nouvelle pour les prisons, et tous ceux qui, comme moi, ont honte des conditions dans lesquelles nous mettons les prisonniers : le gouvernement a trouvé un moyen de financer la remise en état des prisons. Il va faire appel aux ressources des religions, en commençant par la religion catholique.

L'idée d'associer prison et lieu de culte est en effet intelligente, innovante et moderne.

Intelligente, car elle va à la fois dans le sens du salut moral des prisonniers et de la relance de la pénétration du catholicisme qui en a bien besoin.

Innovante, car, vraiment, personne n'avait eu cette idée jusqu'à présent : enfin des responsables politiques qui ne reproduisent pas les erreurs du passé et savent trouver des idées neuves !

Moderne, car cette quête de sens est terriblement contemporaine : heureusement on ne se contente pas de moderniser douches et cellules, de multiplier les places, de fournir un accompagnement psychologique et thérapeutique. Non, on sait que c'est le sens de la vie qui compte, de cette 3ème vie. Dieu saura pourvoir au reste.

30 avr. 2009

QUAND LES GALÈRES S’ENCHAÎNENT, ON S’EN SORT COMMENT ?

Merci au Crédit Agricole de poser cette question d'actualité, mais que veut-il dire et à qui s'adresse-t-il ?

Nouvelle campagne de communication du Crédit Agricole : « Quand les galères s'enchaînent, on s'en sort comment ? »

Une première question : Quelles sont ces galères qui s'enchaînent ? Voilà en effet une phrase quelque peu paradoxale. Habituellement, c'est aux galères que l'on est enchaîné. Là, ce sont les galères qui s'enchaînent elles-mêmes.

Sont-elles toutes enchaînées au sein d'une « méga-galère », une galère enveloppe ? On ne sait pas. Aucune information sur ce sujet.

Ce paradoxe doit avoir pour but d'accroître les inquiétudes actuelles et renforcer l'impact de la campagne : si même les galères en sont à s'enchaîner, c'est que tout va de travers : dans un monde où les galères s'enchaînent, comment nous pauvres humains avons-nous une chance de nous en sortir ?

Maintenant posons-nous la question de « à qui s'adresse ce message ? ».

Aux clients du Crédit Agricole ?

Il est vrai qu'ils sont de plus en plus pris dans la tourmente de la crise. Pour bon nombre d'entre eux, la question du « comment on s'en sort » est cruciale. Témoin tous les remous dans les entreprises, les séquestrations des patrons et l'effervescence du monde politique.

Mais est-ce qu'une banque est là mieux placée pour une telle affirmation ? Bien sûr, les banques françaises ne sont pas à l'origine de la crise actuelle, mais certains pourraient, par un effet de raccourci, leur en vouloir et imaginer qu'ils ont contribué aux galères actuelles. Donc il y a un risque que cette campagne soit perçue comme une provocation.

Or, je n'ose imaginer qu'il y a derrière ce slogan un nouveau dérapage publicitaire, comme un retour de flamme de la Rolex Séguélienne… Non, nos publicitaires sont trop sérieux, les équipes marketing d'une banque comme le Crédit Agricole trop professionnelles.

Tout ceci a donc dû être pensé.

Et si la cible était le Crédit Agricole lui-même : le management, le personnel, les actionnaires.

Là, c'est beaucoup plus cohérent. La question est en effet complètement pertinente : Comment le Crédit Agricole peut-il s'en sortir quand les galères s'enchaînent ?

Tout le top management est actuellement centré sur la réponse à cette question. Tout le monde dans la banque « serre les fesses » en espérant passer au travers de la tempête. Les actionnaires eux prient…

Reste à savoir alors pourquoi cette campagne.

Est-ce un appel à la créativité des français, un concours à idées, une Star Academy du management bancaire ?

Si c'est le cas, nous le saurons bientôt, car nous allons avoir alors une deuxième phase indiquant les prix et les récompenses en cas de bonnes réponses.

Mais si l'objet était ailleurs ? Si cette campagne était une tentative de déstabilisation de ses concurrents.

Car enfin comment expliquer la juxtaposition de cette campagne avec l'annonce du départ de Daniel Bouton de la présidence de la Société Générale ?

Il suffit de regarder par exemple le Monde du 29 avril sur Internet. On trouve en haut la publicité du Crédit Agricole et en dessous le titre « Daniel Bouton un boulet pour la Société Générale » (voir la photo jointe).

Dès lors tout est logique : on a à la fois la question qui résume la problématique de la Société Générale – « elle enchaîne les galères » - et la solution – on s'en sort en se séparant du « boulet ».

Certes c'est efficace, clair et cohérent. Mais quel manque d'élégance ! Le monde bancaire est vraiment devenu une jungle où tous les coups sont permis !

Soyons attentif à la lecture de la presse dans les jours à venir pour voir quelle pourrait être la réponse de la Société Générale.

Va-t-elle détourner son slogan actuel « On est là pour vous aider » en proposant ses services à ses concurrents, et au Crédit Agricole au
premier chef ?

15 avr. 2009

FIGARO CI, FIGARO LÀ : LA UNE DU 14 AVRIL !

En ce lendemain de week-end pascal, arrêt sur l'édition internet du Figaro

« La violence des bandes ne peut rester impunie » : Une précision initiale –probablement inutile, mais nécessaire à une bonne compréhension de cet article - : il s'agit des bandes organisés de délinquants qui sont visées. Ce qui m'interpelle n'est pas le fait que le Président ne veuille pas laisser impunie leur violence, mais c'est le choix de Christian Estrosi. Je sais que notre Président a un seul critère de choix : la compétence et l'adéquation entre la mission confiée et l'expérience de la personne choisie. Donc Christian Estrosi est un spécialiste des bandes et des banlieues. Or il est député-maire de Nice. Il y a donc dû y avoir ces temps derniers des développements de bandes organisées à Nice. Sont-ce des bandes qui ciblent des personnes âgées ? Ou alors ce seraient les personnes âgées qui se seraient mises en bandes ? Un remake contemporain des clubs de bridge version kung-fu ? Nous aurons probablement des précisions prochainement.

« Ces ministres qui veulent une promotion »
: Voilà un objectif louable et qui montre que l'on peut déjà être ministre et garder de l'ambition. Ceci suppose que l'on peut être promu, et que donc il y a une hiérarchie entre ministres. Je comprends bien que l'on a tout en haut les « grands ministères », on parle même de « superministère » dans l'article. Mais pour qu'un système de promotion fonctionne, il faut une hiérarchie beaucoup plus fine et précise. Elle doit donc exister. Pour le bon fonctionnement de notre démocratie et la clarté de nos institutions, ce classement devrait être rendu public. Ensuite, tout directeur des ressources humaines sait que les parcours professionnels ne s'improvisent pas : ils sont balisés et jalonnés d'évaluation et de formations complémentaires éventuelles. Vu la rigueur et le professionnalisme de notre président et de son staff élyséen, je ne doute pas que ceci existe. Donc merci aussi de nous expliquer comment on progresse au sein de la hiérarchie ministérielle, et aussi accessoirement de préciser qui est en charge de cette « gestion des cadres dirigeants » du gouvernement.

« Le Crédit Agricole attaque la Caisse d'épargne » : Bizarrement le sujet est présenté, là comme dans les autres média, comme un sujet purement technique, comme un acte de mauvaise volonté de la Caisse d'épargne. Et si c'était un réflexe de survie ? Et si la Caisse d'épargne n'avait simplement pas les moyens de perdre ces clients ? Pour ceux qui ont une « mémoire courte », je rappelle que la Caisse d'épargne a été fusionnée avec la Banque Populaire, que l'ensemble est dans une situation financière très critique notamment à cause de Natixis – et que vient d'être nommé à sa tête François Pérol, l'ex-secrétaire général de l'Élysée. La façon dont va évoluer ce dossier dans les jours à venir sera un signal de l'acceptation ou non en France des lois de la concurrence et du respect du droit…

« Séquestration des patrons : comment y faire face ? » : Voilà une vraie question : comment faire face à la montée de la violence qui se propage dans les relations sociales. Indicateur inquiétant des tensions croissantes. On s'attend à une approche de fonds et à une réflexion sur notre société. Et non ! Il s'agit en fait de l'émergence d'un nouveau marché : à défaut de savoir comment faire baisser la tension, apprenons à vivre avec et à la gérer. Des sociétés spécialisées proposent donc des formations ad-hoc. Génial ! Plus besoin d'éviter la montée des conflits, inutile de conserver une bonne qualité des relations sociales, vive l'affrontement et sachons nous battre avec classe et efficacité. J'espère que, dans ce kit de survie du patron séquestré, ces sociétés spécialisées ont bien prévu des stages commandos. Une occasion pour des anciens du GIGN de se trouver des jobs complémentaires.

« La droite tire à boulets rouges sur la gestion des villes roses » : Je ne pouvais pas laisser passer ce titre sans attirer l'attention de l'UMP sur l'absurdité d'une telle action. Comment ne pas voir que le tir de boulets rouges sur une couleur rose ne peut que renforcer le rose et le tirer vers le rouge. A moins que justement l'objectif ne soit de faire basculer les villes socialistes dans les bras de Besancenot et du parti communiste ? Attention toutefois aux dommages collatéraux : il est en effet bien connu que les couleurs ont tendance à éclabousser, voire à « baver ». Donc à trop tirer des boulets rouges, l'UMP pourrait rosir une bonne partie du paysage français…

« Les articles les + lus » : Intéressant ce classement qui donne une idée des préoccupations de lecteurs et de leur réaction à partir des titres proposés. Je sais que ce n'est l'esprit de ce top 5, mais je ne résiste pas au « plaisir » de la lecture transverse des 5 titres. D'abord, y-a-t-il un lien entre les pistes pour relancer l'emploi des jeunes et la promotion des ministres ? Est-ce que ce sont des jeunes ministres dont on parle et dont il s'agit de relancer l'emploi – ou l'employabilité pour reprendre cet affreux néologisme – ? Ou alors grâce à la promotion des ministres en place, on va dégager des places en bas de l'échelle ministérielle pour accepter des jeunes ? Ensuite de quoi parlent ces emails crapoteux qui agitent Westminster ? Est-ce un problème de promotion au sein du gouvernement britannique ? Ou un de ses membres serait-il impliqué dans l'enlèvement d'Élise ? Enfin, plus sérieusement, notons que, à part l'article sur l'emploi et les jeunes, les 4 autres articles traitent de sujets événementiels et spectaculaires…

31 mars 2009

ON PEUT AUSSI S’AMUSER EN LISANT LE POINT !

Poursuite de ma promenade aléatoire dans la presse française : arrêt du jour sur le Point du 30 mars

« François Fillon décrète la fin des comportements irresponsables » : Me voila rassuré. Notre Premier Ministre s'attèle à une tâche essentielle. Telle fut ma réaction immédiate. Puis rapidement, j'ai repensé à la réponse célèbre de de Gaulle qui, suite au cri de « Mort aux cons », avait répondu « Vaste programme ! ».

Il y a un peu de cela dans les propos de Fillon. Est-ce bien raisonnable de vouloir s'attaquer à la « fin des comportements irresponsables », surtout sans mettre aucune limite ou définition ?

Une question parmi d'autres : est-ce que les hommes politiques sont visés ? Si oui, comment compte-t-il définir l'irresponsabilité en politique ? Est-ce ne pas être aux responsabilités, c'est-à-dire dans l'opposition ? Je ne pense pas, car alors Fillon voudrait nous voir basculer dans un régime autoritaire, sans opposition. Non, cela doit être autre chose. Peut-être pense-t-il aux hommes politiques qui ont fait des promesses et ne les ont pas tenus ? Mais là c'est son propre parti qui va se trouver aussi visé, et même son président !

Décidément, vaste programme !


« Jean-François Copié » : Selon cette confidence – comme j'aime le concept des confidences dans la presse …–, les enfants de Sarkozy appelleraient Jean-François Copé, Jean-François Copié, car il emploierait la même stratégie vis-à-vis de leur père que celui-ci avec Chirac.

Tout d'abord bravo pour l'humour. Je ne dis pas que Nicolas Canteloup, Laurent Baffie ou le regretté Pierre Desproges risquent quoique ce soit. Mais quand même, je n'imaginais la famille Sarkozy se permettre des blagues sur un sujet pareil.

Ensuite, n'y a-t-il pas un autre message subliminal ? Dans la famille Sarkozy, la trahison est une valeur que l'on apprend dès l'enfance et que l'on a pris l'habitude de détecter et d'en comprendre toutes les subtilités et toutes les variantes. Belle précocité donc.


« Le chiffre de Jacques Marseille » : Où l'on apprend que 31 932 emplois (dont 21092 dabs l'industrie) ont été créés en 2008 par des entreprises étrangères, pour 541 projets d'investissements. J'aime la précision quasi mystique de ces chiffres, le sens de la précision à l'unité près. Le goût du vrai et de l'authentique.

Manque de chances, il y a un peu plus de 20 ans, je me trouvais alors à la Délégation à l'Aménagement du Territoire et à l'Action Régionale (la DATAR) et ai eu à fournir ces mêmes données aux « Jacques Marseille » d'alors. Je sais le côté « fantaisiste » des calculs (de quelle période parle-t-on ? Emplois nouveaux ou reconvertis ? Annoncés ? Réalisés ? …), sans parler des erreurs possibles d'addition (tous ces calculs sont faits au coin d'un bureau et j'ai moi-même le souvenir d'une des mes erreurs de calcul qui avait in fine permis de « créer » 100 emplois de plus !).

Monsieur Jacques Marseille ferait mieux de se méfier un peu plus des chiffres qu'il relaie…

Il est vrai qu'avec la crise, il n'est plus à une erreur près…


« Le thé brulant favorise les cancers de l'œsophage » : Comme la communication est souvent le résultat visible de la guerre des lobbies, je me demande si, derrière cet article, on ne trouverait pas les associations viticoles.

En effet, fatiguées de se voir attaquées de toutes parts – on ne parle plus du vin que comme une source de problèmes –, elles chercheraient à déplacer le tir en direction des anglais et de leur cher « tea time ». En effet, comment imaginer un tea time avec un thé tiède ! Donc subrepticement, c'est toute l'identité culturelle anglaise qui est prise à partie.

Bravo au vin français si il est l'origine de ce combat !

25 mars 2009

PAS FACILE NON PLUS DE LIRE LA UNE DU « GRAND QUOTIDIEN » DU SOIR

Un survol partiel et partial de la une internet du Monde le 24 mars

« Sarkozy fait le bilan de la relance et esquisse de nouvelles pistes » : Voilà un titre très prometteur. Mais au fait comment peut-il faire le bilan de la relance ? Elle est où la relance ? Je croyais que l'on était toujours en récession et que cela allait durer un temps incertain mais réel. Même que tout le monde – Premier ministre, ministre de l'économie, économistes, experts, chefs d'États étrangers, …- le dit et l'écrit. Et voilà que non, la relance est déjà là. Et non seulement, elle est là, mais depuis un bon moment, puisque Sarkozy peut en faire le bilan. Quel scoop ! Quel Président ! Quelle chance pour nous tous !

Et ce n'est pas fini. On a donc d'une part la relance dont on va nous faire le bilan, et en plus, Monsieur, Madame, nous avons pour vous des esquisses de nouvelles pistes. Analysons bien le propos. Premièrement, il y a déjà des pistes, sinon il ne nous parlerait pas de nouvelles. Ces pistes où sont-elles ? Je ne sais pas. Et des pistes de quoi, au fait ? Pas de la relance, puisqu'il sait parfaitement où elle est, il en fait le bilan. Il faudrait lire l'article pour avoir la réponse à cette double interrogation angoissante. Deuxièmement, une esquisse. Bon, là, c'est vague, Monsieur le Président. Déjà une nouvelle piste, ce n'est pas très clair, voire pas très engageant. Mais une esquisse de nouvelle piste, c'est trop flou. Surtout en face d'un vrai bilan de la croissance.

Arrêtons-nous un instant sur les petites lignes du début de l'article (désolé, la photo est petite pour vous, mais faites-moi confiance, je ne triche pas !) : il y est écrit « le chef de l'État a laissé la porte ouverte à de nouvelles mesures ». Est-ce que ce serait cette porte qui conduirait aux nouvelles pistes ? Est-ce que ces nouvelles mesures sont celles de ces nouvelles pistes ? En km ? En mètres ?

Décidément je ne comprendrai jamais rien au discours politique

« Le parachute doré du PDG de Valeo fait l'unanimité contre lui » : Sans m'arrêter sur le caractère paradoxal de l'expression « parachute doré » - car enfin, pourquoi voulez-vous dorer quelque chose qui a pour but de ralentir votre chute ? -, je pose une seule question : si tout le monde est contre ce parachute doré, comment l'a-t-il obtenu ? Cela m'échappe. Ce parachute a dû naître spontanément. Une nouvelle forme d'apparition…

« Le recyclage fragilisé par la crise » : Mais non, il n'y a pas de crise. Sarkozy, juste quelques lignes plus haut, fait le bilan de la relance. Qu'est ce que cette incohérence ? Où est la proverbiale intelligence du Monde et la clarté de sa ligne éditoriale ?

« Et aussi : A Austin, les acteurs du WEB imaginent l'Internet de demain » : Tiens maintenant Hollywood vient au secours du WEB. Bon, pas la peine de se fatiguer à lire cet article. Je me connecterai demain et j'aurai ainsi en direct la réponse…

« Et aussi : le PS songe à des primaires pour la présidentielle. » : Avec les primaires, c'est le succès assuré d'un socialiste. On retrouve là un concept bien mis au point dans le sport. Prenez par exemple le football. Une des intérêts essentiels du championnat de France est que vous êtes sûr d'avoir alors une équipe française qui va le gagner. Alors que, dès que la compétition est européenne, c'est beaucoup plus aléatoire, et pour tout dire improbable. Pour le PS, c'est pareil. Comme pour les prochaines présidentielles, ce n'est vraiment gagné, ils se sont peut-être dits qu'avec un primaire avant, il aurait au moins une victoire assurée…

« Et aussi : Début de consensus sur un encadrement accru de la finance » : Pour ceux qui, naïfs, croyaient que le système financier avait été mis sous contrôle, c'est la douche froide. Pour tous les autres, rien de bien nouveau. Quand on parle de début de consensus, c'est qu'en général, personne n'est d'accord…

« 21.06 : Le groupe Total mis en examen pour une pollution de la Loire » : Est-ce une dépêche sur les suites de la diminution d'emplois maladroitement annoncée par Total – quasiment naïvement – ? Non, je ne peux pas croire que les emplois supprimés sont jetés dans la Loire. Cela doit parler d'autre chose…

« 20.34 : Nicolas Sarkozy appelle à l'unité du pays face à la crise » : Cette fois, je suis carrément perdu. Juste à gauche, en grand, avec la photo à l'appui, il annonce que l'on est en pleine relance. Et là en petit, la crise est de retour. D'un seul coup, je comprends : la dépêche vient de l'agence Reuters. C'est encore un coup du grand capitalisme étranger qui vient saper la relance française. Mais vraiment le Monde devrait faire un peu plus attention. D'autant plus, que cette information est reprise en bas à droite avec une photo qui ressemble à l'autre : on ne recule devant rien pour jeter le trouble…

« Obama et le G20 : L'Amérique est prête à assumer son leadership » : Ouf ! Obama est bien le Président des États-Unis. A un moment, j'ai vraiment cru qu'il était sincèrement préoccupé de la situation mondiale et qu'il était prêt à parler sur un plan d'égalité. Il y a déjà assez de pagaille comme cela…


19 mars 2009

PAS TOUJOURS FACILE DE LIRE LA PRESSE ÉCONOMIQUE…

Une relecture partielle et partiale des Échos du 18 mars avec quelques commentaires

P.1 : « Parisot a quinze jours pour interdire les bonus aux dirigeants qui licencient » : A la lecture des quelques lignes qui suivent, je comprends que ceci fait partie des « propositions opérationnelles » sur les bonus des patrons demandées par les ministres de l'Économie et du Travail, relayant un oukase d'origine élyséenne. Je ne vais pas me prononcer sur le fonds de cette demande, mais j'aime assez son côté si « opérationnel ». En effet, comment la présidente du MEDEF peut-elle interdire quoique ce soit à des patrons indépendants ? Quels sont ses moyens d'actions ? Les exclure du MEDEF ? Leur dire que vraiment ce n'est pas bien et les emmener de force sur la place publique ? Admettons que je me trompe et qu'elle trouve un moyen d'agir. Comment alors sur le plan « opérationnel » procéder ? Les bonus étant liés normalement à l'exercice passé, ce devrait donc être des licenciements passés dont on parle. Ceux de l'année 2009 devraient interdire un bonus versé en 2010. Je ne sais pas pourquoi, mais j'ai comme l'impression que ce n'est pas ce que le gouvernement a en tête. Rendez-vous donc à fin mars pour voir ce qui se passe. Nous voilà face à une des règles de base d'un bon feuilleton : entretenir le suspense.

P.2 « Les syndicats pressent l'exécutif de forcer le patronat à protéger l'emploi » : Nous voilà donc face à un coup de billard compliqué et à bandes multiples. Si je comprends bien l'idée, tout d'abord les syndicats doivent agir sur le gouvernement (je suppose que c'est lui qui se cache derrière l'exécutif). Ceci doit être fait de telle sorte que ce dernier en vienne à son tour à agir sur le patronat et ce dans une direction bien précise. Enfin le patronat mis en mouvement par le gouvernement doit protéger l'emploi. Compliqué non ? Et comment réussir à garder la bonne trajectoire avec autant de rebonds ? Difficile même pour un professionnel du billard. Et là en plus les bandes ne sont pas inertes, mais vivantes… Pas gagné. J'ai dans l'idée que des moyens plus simples devraient exister. Mais il est vrai que je ne suis pas un professionnel…

P.5 « Lors de son discours à la tribune de l'Assemblée, Laurent Fabius, aussi à l'aise qu'à son habitude, a enfoncé le clou » : Ce texte est la légende d'une photo de Laurent Fabius qui s'exprimait sur le retour la France dans le commandement intégré de l'Otan. Sur la photo, il a le poing levé et s'apprête donc, selon la légende, à enfoncer clou que l'on ne voit pas, mais qui doit se trouver sur le pupitre que l'on imagine en dessous. Comme il va le faire à main nue, c'est courageux de sa part. S'il est à l'aise, c'est qu'il a sans doute l'habitude de procéder ainsi. J'ignorais ce talent « fakirien » de cet ancien premier ministre.

P.7 : « Malgré quelques signaux positifs sur le front de la construction, l'optimisme relatif de la Réserve fédérale tranche encore avec la prudence des économistes sur la sortie de la crise à la fin de l'année » : Procédons à une exégèse de cette phrase un peu hermétique à première lecture. Donc tout d'abord, il y a un front de la construction. De quoi s'agit-il ? Les constructions les plus visibles ? Les plus exposées, mais alors à quoi ? ou alors est-ce l'amorce d'une métaphore voulant doter la construction d'un corps complet ? Impossible à savoir. Donc il y a des signaux positifs sur ce front. Quels sont-ils ? La réponse est probablement dans le long article qui suit. Une forme de teaser, donc. Vient ensuite l'optimisme relatif. Voilà une prise de position courageuse. Avec une amorce pareille, on est sûr d'avoir raison quoiqu'il arrive ensuite, un engagement relatif quoi… Et alors arrive le choc : cet optimisme relatif tranche avec la prudence. Mais comment une expression aussi balancée et qui n'engage pas à grand-chose peut trancher avec quoique ce soit, et surtout une prudence ! J'arrête là, cet article n'est pas pour moi…

P.11 « Bien sûr, la haine des concurrents n'a jamais empêché Microsoft de prospérer… Google doit apprendre à cultiver son écosystème. C'est la clef des entreprises qui durent. » : Sans que je sache bien pourquoi, cet article sur Google et ses forces et faiblesses vient comme lancer un message aux politiques…

P.14 : « L'escalade des carottes fiscales » : J'aperçois alors une espèce végétale nouvelle – est-elle bio ? -, la carotte fiscale. C'est un légume extrêmement agressif et toujours tourné vers la compétition : le moindre obstacle est pour lui l'occasion d'une escalade. Alléché donc par ce titre prometteur, je me suis précipité sur la lecture de l'article. Déception, il ne faisait qu'analyser le nouvel avantage fiscal pour les résidences de service (voir plus loin)…

P.17 : « Le CAC 40 victime de prises de bénéfice » : C'est bizarre, j'avais cru comprendre que le CAC 40 était plus la victime des baisses récentes et de la crise financière. Mais, bon, cela doit être une affaire d'expert trop compliquée pour moi…

P.17 : « Les actionnaires individuels étrillent les patrons » : Selon le wiktionary, étriller quelqu'un veut dire « le battre, le maltraiter ». Ciel, donc nous allons vers une guerre civile lors des assemblées générales. Allons-nous voir les petits actionnaires rouer des coups les dirigeants ? En lisant l'article, j'ai été rassuré. J'y lis en effet que « Voilà qui devrait provoquer des froncements de sourcils parmi les équipes dirigeantes des sociétés cotées. » Ouf, donc visiblement rien de grave. Une sorte de petite jacquerie sans importance, donc ?

P.17 : « La FIA propose aux écuries de Formule 1 un plafonnement « optionnel » des budgets » : Voilà un concept nouveau, riche et porteur pour l'avenir. Je suggère qu'on le généralise immédiatement. Quelques suggestions : rendre toutes les peines de justice optionnelles, ce qui contribuerait à vider rapidement les prisons, réglant du coup à bon compte le problème de la surpopulation carcérale. Rendre le paiement de l'impôt optionnel, ce qui permettrait à Sarkozy de supprimer le bouclier fiscal, sans pénaliser quiconque.

P.25 : « Les députés pourraient renforcer les avantages fiscaux des résidences de service : … Pour compenser les effets pervers des récents textes législatifs, le Président de la Fédération des promoteurs et constructeurs, Jean-François Gabilla a négocié pied à pied des avantages fiscaux avec les députés et Bercy… Cette réduction s'accompagne de la récupération de la TVA et, grâce au régime des bénéfices industriels et commerciaux, de l'amortissement du bien hormis pour sa fraction ayant fait l'objet d'une réduction d'impôt… » : Bon, tout d'abord, tout ceci a l'air d'une telle simplicité que cela va contribuer à relancer l'emploi tant chez les contrôleurs des impôts que dans les cabinets comptables. Ensuite je vois avec plaisir que nous continuons à compliquer notre système fiscal, ce qui va permettre à la volonté affichée de tout simplifier d'avoir un nouveau terrain d'application. C'est bien de penser à préparer la simplification future. Et incidemment, ne serait-ce pas non plus une nouvelle niche fiscale ?