Le monde animal bouge,
collabore… et communique (3)
Il était immobile,
plaqué sur le plafond de la chambre à regarder, de façon obsessionnelle, ma
veine qui palpitait. Persuadé que je dormais, n’en pouvant plus d’attendre, il
se décida à plonger.
C’est ainsi que
commença un des mes plus violents combats nocturnes : la lutte infernale
et sans cesse renouvelée contre le moustique. Pendant de longues minutes, tout
vola dans la pièce : je lançai tour à tour mes baskets, une serviette de
bain qui passait par là, un pantalon, mes mains… et pour finir, un tee-shirt
qui, sans raison particulière, atteint, lui, son but. Le moustique finit ainsi,
venant accompagner les tâches gagnées dans la journée.
Épuisé par cette
lutte, je m’assis sur mon lit et me posai alors cette question simple : pourquoi
ce moustique voulait-il me piquer, et plus généralement, pourquoi les
moustiques veulent-ils piquer les humains ?
Est-ce pour nous
empêcher de dormir ? Pour assouvir une vengeance lointaine et oubliée, une
forme de vendetta ?
Ou est-ce le fruit
d’une analyse comparative scientifiquement menée, un test qui aurait démontré
aux moustiques que, dans la grande bataille de la survie, le sang humain était
la meilleure nourriture ?
Je rêvais d’une
assemblée de moustiques, un conseil supérieur de leur espèce, qui aurait
supervisé cette étude. Des milliers et des milliers de tests, une infinité de
peaux piquées, des myriades d’éprouvettes remplies des prélèvements, des
générations de moustiques mises à l’épreuve, un grand plan de formation pour
améliorer le piqué et la vitesse de succion… Tout cela pour aboutir
logiquement, rationnellement et efficacement à cette guerre des moustiques
contre le repos des humains.
Évidemment cela ne s’est pas passé comme cela.
Comment les moustiques en sont-ils donc arrivés à devenir ces vampires
nocturnes ? Comme toujours par hasard…
Tout avait effectivement commencé, il y a longtemps, très longtemps même
: le lointain ancêtre du moustique était un insecte qui, comme bon nombre
d’autres, avait développé un appendice effilé pour absorber un liquide, une
sorte de paille si vous voulez. Pratique pour survivre et boire rapidement.
Un jour, l’un d’eux est parti en promenade, et s’est posé sur la peau
d’un animal à sang chaud. Or cette peau, pour assurer la régulation de
température et les échanges avec l’extérieur, était poreuse. Notre moustique
préhistorique, perdant l’équilibre, a logé son appendice très effilé dans
l’orifice. Une fois à l’intérieur, il a trouvé un liquide riche et nourrissant
: du sang. Il a trouvé cela tellement bon qu’il en est devenu complètement
accro, et qu’il a fait partager l’aubaine à ses congénères.
Et voilà…
(à suivre)