20 juin 2016

SUR LE DANGER DES MOYENNES

« Inégalités » de Anthony B. Atkinson (2)
« Comme nous l’a appris la crise récente, regarder uniquement les agrégats macroéconomiques ne suffit pas. Les différences économiques entre personnes sont de toute première importance. Le prix Nobel Robert Solow, du Massachusetts Institute of Technology (MIT), le dit clairement dans sa critique des modèles qui ont dominé la macroéconomie contemporaine : « L’hétérogénéité est l’essence d’une économie moderne. Dans la vie réelle, nous nous préoccupons des rapports entre dirigeants d’entreprise et actionnaires, entre banques et emprunteurs, entre travailleurs et employeurs, entre investisseurs en capital-risque et entrepreneurs […]. Pour nous, il va de soi que ces agents hétérogènes ont des objectifs différents et parfois contradictoires, des informations différentes, des capacités différentes de les traiter, des attentes différentes, des convictions différentes sur le mode de fonctionnement de l’économie. [Les] modèles excluent l’ensemble de ce paysage. » »
« La politique de la concurrence doit se préoccuper explicitement de la répartition. Elle doit comprendre que le bien-être du consommateur est un cumul d’intérêts individuels qui sont différents et qui ne peuvent être associés qu’en pondérant d’une façon ou d’une autre la situation des diverses catégories. »
« L’inégalité des résultats au sein de la génération actuelle est la source de l’avantage injuste reçu par la suivante. Si l’égalité des chances de demain est notre souci, l’inégalité des résultats d’aujourd’hui doit l’être aussi. »
(à suivre)

17 juin 2016

FUSION

Plus rien
S’asseoir et ne plus penser, 
S’abandonner,
Se dissoudre dans l’eau et le ciel.
Être là, juste là, lâcher prise.
Ce banc n’est jamais né, 
Moi non plus,
Nous nous attendions de tout temps,
Pour nous fondre à jamais.
(Photos prises au Québec au Domaine de Pine Grove en août 2014

15 juin 2016

VOYAGE AU PAYS DES INÉGALITÉS

« Inégalités » de Anthony B. Atkinson (1)
Un nouveau patchwork, cette fois sur le livre « Inégalités » de Anthony B. Atkinson, économiste anglais dont les travaux ont influencé Thomas Piketty (seuls les sous-titres sont de moi)
Sur les minimums
« Rawls structure les principes de justice en termes d’accès aux « biens premiers » – « tout ce qu’on suppose qu’un être rationnel désirera, quels que soient ses autres désirs »., il énumère de vastes catégories : « les droits, les libertés et les possibilités offertes, les revenus et la richesse. ». »
« Amartya Sen a fait valoir que cette perspective, si elle nous mène bien au-delà de l’utilitarisme, ne va pas assez loin : elle ne voit pas qu’il existe entre les personnes de « grosses variations d’aptitude à convertir les biens premiers en vie satisfaisante ». Sen propose donc de passer des biens premiers aux « capabilités » – de définir la justice sociale en termes de possibilités offertes aux gens compte tenu de leur « fonctionnement » concret. L’approche des capabilités diffère de celle de Rawls à deux égards. Elle se concentre sur ce que les biens peuvent apporter à chacun dans sa situation particulière, en notant, par exemple, qu’un handicapé doit dépenser davantage pour se rendre à son travail qu’une personne valide. »
« Mais, avec le temps, l’attention s’est déplacée vers une définition plus large de la pauvreté, fondée sur la capacité de participer à la vie de la société, et cette évolution s’est accompagnée d’un intérêt pour le concept de droits minimaux à des ressources, dont l’utilisation relève de la décision individuelle. »
(à suivre)

13 juin 2016

CHÔMAGE, ÉDUCATION, SEXE ET FAMILLE, DES RELATIONS COMPLEXES

Anatomie Sociale de la France (5)
C’est sur le chômage que l’analyse de Hervé Le Bras est la plus riche. 
Difficile de la résumer ici si ce n’est que de dire que sa photographie est très fine puisqu’après avoir analysé le lien avec l’âge et le niveau d’éducation, avoir intégré le sexe, il s’interroge sur le lien avec la situation familiale. Il termine avec une dernière analyse qui, au lieu de s’intéresser à la situation d’un individu, se pose la question suivante : dans combien de ménages, y a-t-il au moins un chômeur présent ? Vraie mesure de la précarité…
Voici ci-dessous sans commentaires les quelques graphes qui m’ont paru les plus pertinents. Je vous laisse les regarder, en tirer vous-mêmes les enseignements… et comprendre pourquoi il va vous falloir lire le livre !

Pourcentage de chômeurs de longue durée (plus d’un an) par âge seul et par niveau d’éducation seul (en haut) et selon les deux critères simultanément (en bas).

Taux de chômage des hommes et des femmes selon la catégorie sociale de l’homme et de la femme de chaque couple en 2011.

Pourcentage de ménages avec au moins un chômeur selon le type de ménage et la catégorie sociale de la personne de référence en 2011

10 juin 2016

PATÈRE MÉMORIELLE

Souvenirs
La chaleur omniprésente sature l’air.
Allongé nu sur le lit étroit, plus une couchette qu’un lit, je récupère de la longue marche faite au travers des temples, des rocs et des paysages.
Tout est encore intensément présent en moi. Les images, les bruits, les sensations, les odeurs. La vieille femme entraperçue tout à l’heure se penche toujours vers moi. Les rires des enfants résonnent en mes oreilles. La violence écrasante du soleil aveugle mes yeux.
Mais je sais que bientôt, tout ne sera plus qu’un compost mémoriel. Un magma informe d’où ne surgiront plus que quelques morceaux déformés.
Ce ne seront que des souvenirs accrochés à la patère de ma vie, à l’instar des pièces de vêtement que je regarde maintenant.
(Photo prise en Inde à Hampi en août 2012)

8 juin 2016

FÉCONDITÉ ET GRAND REMPLACEMENT

Anatomie Sociale de la France (4)
L’arrêt de l’immigration ne signifie pas l’arrêt de la mixité :
« En conservant le même apport migratoire à chaque génération, sur les 72 % d’enfants qui n’ont aucun parent immigré, seuls 41 % n’ont aucun grand-parent immigré, soit 58 %. (…) En remontant encore d’une génération, la réduction sera encore plus drastique puisque 14 % seulement des enfants dont les deux parents ne sont pas immigrés n’auront aucun arrière-grand-parent immigré. En grimpant d’un cran dans l’ascendance, ce sont donc 0,14 × 14 % =  2 % des enfants qui n’auront aucun arrière-arrière-grand-parent immigré. »
« Les calculs précédents ont été menés dans l’hypothèse d’une continuation de l’immigration à son rythme actuel. Pour enrayer la disparition du peuple d’origine française, les théoriciens du grand remplacement demandent un arrêt immédiat de l’immigration. (…) L’arrêt de l’immigration n’affecte donc guère le mélange de la population. La notion de « deux peuples », l’un immigré, l’autre non immigré n’a rigoureusement aucune signification dès que les unions mixtes sont fréquentes. Peut-on tracer une frontière telle qu’à partir d’un certain nombre d’ancêtres non immigrés, on soit considéré comme non immigré ? (…) La distribution du nombre d’ancêtres immigrés est sans rupture et largement étalée dès que l’on remonte à quatre ou cinq générations. Aucun critère ne permet de définir un seuil à partir duquel on cesserait d’être considéré comme un immigré. Il n’y a pas deux peuples mais un seul, mélange d’une quasi-infinité d’ascendances diverses. »
De plus la fécondité des immigrés converge vers la fécondité du pays :
« Arrivées de pays où le niveau de fécondité est élevé, les immigrées visent une descendance plus faible à mesure que leur niveau d’éducation s’élève. Le lien entre éducation et baisse de la fécondité a été constaté dans le monde entier et il a été mis en avant par les organisations mondiales s’occupant de population. Ce faisant la composition de la famille des immigrées rejoint celle des originaires du pays où elles se sont installées, ce qui est une indication (parmi d’autres) de leur intégration. 
On peut aussi faire référence à la théorie de Gary Becker selon lequel, avec l’investissement dans l’éducation, la qualité des enfants remplace leur quantité. Une fois la jonction opérée, au contraire, la fécondité s’élève avec le niveau d’éducation et le niveau d’activité féminine, autre régularité observée dans les pays de l’Union européenne où les plus fortes fécondités coïncident avec les plus fortes participations des femmes à l’emploi (pays nordiques, Royaume-Uni, France) et les plus faibles avec leurs plus faibles participations (Italie, Espagne, Grèce). Cette dernière relation semble en contradiction avec la théorie de Becker. Elle s’explique cependant assez facilement. Les femmes veulent à la fois construire une famille et accéder à l’emploi à égalité avec les hommes. »
Le lien durable est entre fécondité et géographie
« En France, pays longtemps inquiet du risque de dépopulation, une forte fécondité est connotée positivement, mais ce n’est pas le cas dans les pays voisins dont l’attitude est plus malthusienne au sens exact du terme et beckerienne (la qualité plutôt que la quantité). C’est aussi une explication possible de la fécondité française actuelle qui est la plus forte de l’Union européenne (avec l’Irlande). Inquiets devant la mondialisation, méfiants envers le monde extérieur qu’il s’agisse de l’Europe, de l’immigration ou des réfugiés, les Français ont tendance à se réfugier dans la vie familiale. 
Les deux niveaux géographiques utilisés ici conduisent à deux types d’explications différents. Au niveau des départements, et plus généralement des grandes régions qui constituent l’espace français, les variations de fécondité reflètent des comportements très anciens qui tiennent à des conceptions différentes de la vie familiale, de la succession et des rapports entre générations. Les niveaux de fécondité diffèrent aussi beaucoup dans chaque région selon que l’on habite en agglomération ou dans les zones rurales. Il s’agit là de comportements actuels. Les contraintes et les choix de logements y jouent le rôle principal. Une sélection s’opère. Ceux qui souhaitent une famille assez nombreuse, ce qui signifie dans le monde moderne deux ou trois enfants, rarement plus, ont tendance à s’établir assez loin du centre où ils trouvent des logements plus spacieux et moins chers. Considérer la fécondité globalement empêche de saisir les différences de comportement puisque ville et campagne, Ouest fécond et Sud-Ouest peu fécond se retrouvent mêlés. »
(à suivre)

6 juin 2016

IMMIGRATION ET COUPLES MIXTES

Anatomie Sociale de la France (3)
Pour analyser l’intégration des immigrés, Hervé Le Bras prend l’angle des couples mixtes.
Voici d’abord ci-dessous le lien entre proportion des couples mixtes et niveau d’éducation : le constat est sans appel et le lien est direct et spectaculaire. Seuls les immigrés sans diplôme – et ce quelque soit leur âge – se marient entre eux très majoritairement.
Un peu plus loin, Hervé Le Bras analyse la relation entre la mixité des couples et la densité de la population immigrée. Il montre que, contrairement à une idée reçue, plus les immigrés sont nombreux dans un territoire donné, plus la mixité s’y développe :
« La préférence pour les unions mixtes est plus importante dans la plupart des zones où les immigrés sont les plus nombreux. Loin de mener à une séparation des populations, l’immigration en se développant favoriserait donc la mixité. Là où les immigrés sont nombreux, ils se mêlent à la population native dans la vie quotidienne et nouent des relations avec elle. C’est le contraire de l’appellation de ghetto ou de celle d’apartheid brandie par les partis de droite comme de gauche. Là où ils représentent une faible minorité, les immigrés tendraient à vivre, au contraire, en circuit fermé pour protéger leurs habitudes culturelles qu’ils sentent menacées par l’environnement différent dans lequel ils sont en général arrivés plus récemment que dans les zones traditionnelles d’immigration. »
« Si l’on se fie à la simple proportion d’unions endogames, on affirmera que l’intégration est plus facile quand les immigrés forment une faible proportion de la population. Si l’on se fie au calcul des préférences qui a été argumenté plus haut, c’est au contraire quand les immigrés sont en proportion non négligeable que les unions mixtes sont plus recherchées et que l’intégration réussit. »
(à suivre)

3 juin 2016

FIN DE VIE

Mort touristique

A quoi pensent-ils ?
Probablement à leur village qui, à quelques centaines de mètres de là, est en train d’être détruit : pour satisfaire la manne touristique et faire resurgir un passé révolu, toutes les maisons et toutes les échoppes sont en train de disparaître.
Bientôt du présent et du passé récent, il ne restera rien. Hampi ne sera plus qu’un musée où les fantômes auront remplacé les vivants.
Alors il ne leur restera plus qu’à s’allonger à même le sol, et comme le chien, à dormir pour rêver de leurs vies arrachées…
(Photos prises en Inde à Hampi en août 2012)

1 juin 2016

UN INDIVIDU NE PEUT PAS ÊTRE COMPRIS INDÉPENDAMMENT DE SON ENVIRONNEMENT

Anatomie Sociale de la France (2)
Voici pour commencer comme Hervé le Bras introduit son propos :
« Une personne n’est pas successivement un ouvrier, un homme, un jeune, un titulaire du bac, un habitant d’une commune rurale. Elle est tout cela à la fois, et plus encore. Elle n’est pas non plus isolée et réduite à ses attributs individuels. Elle vit en général au sein d’une famille, elle habite un endroit précis où se nouent une grande part de ses contacts amicaux et sociaux. Son comportement dépend des attributs de son entourage proche autant sinon plus que des siens propres. 
Pour le saisir, il faut donc disposer d’une masse énorme d’informations où l’on pourra croiser les nombreuses caractéristiques individuelles et celles des proches, une sorte de big data social. Le recensement qui correspond assez bien à cette exigence sert de base aux développements de cet ouvrage. Grâce aux données individuelles et surtout grâce aux caractéristiques des ménages et à leur localisation, qu’il collecte, il permet de sonder en détail les conduites des Français. 
Pour cela trois sujets sont privilégiés : la composition des couples, l’immigration et le chômage. Ils sont croisés entre eux et avec d’autres critères, en particulier l’éducation, la catégorie sociale, la taille de la famille, et le lieu de résidence. L’image des Français qui en résulte est plus sophistiquée que celle véhiculée par les sondages et amplifiée par les médias. Elle prouve que les difficultés économiques et politiques de la France ne se déclinent pas selon celles, générales, que rencontrent les ouvriers, ou bien les jeunes, ou bien les femmes, ou bien les immigrés, mais au cas par cas. 
Pour prendre un exemple, selon celle plus particulière de la femme âgée de 25 à 30  ans, employée de profession, titulaire du brevet seulement, habitant sans conjoint dans le Languedoc rural. »
(à suivre)

30 mai 2016

QUAND UN DÉMOGRAPHE ME RÉCONCILIE AVEC LES MATHÉMATIQUES !

Anatomie Sociale de la France (1)
J’ai souvent écrit sur les dangers de la mathématisation du monde et de construire à partir d’un calcul une vision erronée du monde, « hors sol ». 
Le livre « Anatomie sociale de la France » que Hervé Le Bras vient de publier, en est une démonstration paradoxale : parce qu’il sait manier les statistiques intelligemment et ne pas se contenter de visions simplificatrices, parce qu’il utilise la puissance du Big Data et la richesse du recensement français de 2011, parce qu’il affine progressivement son analyse en zoomant à l’intérieur de la France et en croisant les critères, il déconstruit les moyennes mathématiques et les pseudo-certitudes pour élaborer une vision toujours mathématique, mais cette fois exacte parce que fine et ancrée dans le réelle.
Je conseille très vivement la lecture de ce livre à tous ceux qui veulent comprendre la situation de la France sur des données aussi majeures que l’immigration, la natalité et le chômage, et leurs liens avec la géographie, l’éducation et la situation familiale.
En voici donc un patchwork qui n’est vraiment qu’un apéritif pour vous donner envie d’une plongée complète !

(à suivre)

27 mai 2016

L’INCOMMENSURABLE MYSTÈRE HUMAIN

1+1 = 2 et alors ?
Ce dessin trouvé il y a longtemps sur internet, m’a toujours amusé.
Pas seulement à cause du mystère féminin qu’il évoque, mais plus largement pour l’inutilité des mathématiques et des équations, dès qu’il s’agit de comprendre la nature humaine !
Ainsi par exemple, si, avec des équations simples, on peut calculer facilement le coût de la trousse d’un élève, cela ne sert pas grand chose pour savoir ce qu’il va en faire, ni s’il aura une bonne note à son prochain devoir…

25 mai 2016

LA FRANCE EST VIVANTE !

2017 : Le réveil citoyen – Avant-propos d’Alexandre Jardin (4)
« Ce pays n’a pas été imaginé par des caractères raisonnables, qui réfléchissaient dans des cadres. Filer à Londres en juin 1940 pour réinventer la France au bord de la Tamise, ce n’était pas raisonnable. Quand Charles de Gaulle a été condamné à mort en 1940, il n’a jamais parlé de lui, il a parlé de la France. Il faut se souvenir que ce sont toujours des décisions iconoclastes qui ont sorti le pays des situations dramatiques. Et c’est cela qui a tissé l’identité de ce pays : la capacité de certains à sortir du cadre lorsqu’il était inefficient. 
Mais Charles de Gaulle sans les trente mille Français libres, n’est jamais qu’un grand Monsieur devant un micro. Alors soyons conscients que l’absence d’un homme ou d’une femme providentiels à l’horizon crée une opportunité historique pour la société civile : elle doit se prendre en main, coordonner ses actions, agir en adulte.
C’est une chance inouïe qui nous oblige à la responsabilisation. Nous allons faire une vraie révolution française, très joyeuse et euphorisante. Par nature, un mouvement joyeux est inarrêtable. Nous allons créer un peuple providentiel. 
La France n’est pas morte, seules ses élites politico-administratives qui n’obtiennent plus de résultats le sont. Elle est vivante, audacieuse et joyeuse.
L’échec collectif n’est pas une option car il n’y a pas de pays de rechange. Nous allons gagner tous ensemble, avec nos élus locaux. 

Vive le réveil citoyen ! »

23 mai 2016

IL EST TEMPS D’AGIR

2017 : Le réveil citoyen – Avant-propos d’Alexandre Jardin (3)
« Aussi est-il temps, plus que temps, de confectionner des solutions opérationnelles, avec des gens qui font, des praticiens. De travailler à rétablir des minimums, ceux qui par leur absence sapent le contrat social. 
Par exemple, garantir sérieusement que 100 % des enfants sachent lire, écrire et compter en entrant au collège, ce qui est bien le minimum ! Cela suppose un mouvement gigantesque, certes, mais l’ambition est tellement légitime ! 
Comme le chantier destiné à produire non pas 80 % de gens qui ont le bac mais 100 % de jeunes gens capables d’exercer un métier, pour payer leur loyer et élever leurs enfants. 
Ou celui d’une justice qui réponde aux citoyens dans des délais raisonnables et garantis par la République. Sur les sujets majeurs, on ne peut continuer à vouloir «  améliorer la situation »  ou « inverser la courbe du chômage » ; à un moment, il faut se résoudre à régler les problèmes. Pour de vrai. Parce que c’est bien le minimum ! 
J’ai foi en l’intelligence des gens. Il n’y a pas de fracture qui ne soit pas déjà guérie par quelqu’un quelque part en France. Vous avez des tribunaux de grande instance qui ont des délais très courts, des zones où l’Éducation Nationale réussit « anormalement », d’autres où le travail effectué par les centres de formation d’apprentis est incroyablement efficace. D’autres encore où les services publics battent les difficultés à plate-couture. Le pays, dans toutes ses composantes, est donc capable.
Voilà mon combat, le combat pour les minimums. Ce n’est pas une promesse, puisque nous le faisons tous déjà. Je veux amplifier et faciliter ce qui a déjà commencé, ce qui marche. »
(à suivre)

20 mai 2016

LA RÉPONSE AU MYSTÈRE DES CHAUSSETTES QUI DISPARAISSENT

L’appétit des lave-linge
En avril 2011, j’avais écrit sur mon blog, un article sur la disparition des chaussettes (Pourquoi les chaussettes disparaissent-elles ?). Je sais que nous sommes tous confrontés à ce mystère.
Dernièrement, grâce à une vidéo glanée sur internet, j’ai enfin eu la réponse : les lave-linge ont une fâcheuse tendance à les manger !
Ci-dessous la preuve en image.



18 mai 2016

LE FOSSÉ ENTRE CEUX QUI AGISSENT ET CEUX ENTRAVENT NE PEUT PLUS DURER

2017 : Le réveil citoyen – Avant-propos d’Alexandre Jardin (2)
« Un fossé s’est creusé entre cette France qui fait et agit, et le monde politico-administratif qui cause et réglemente.
D’un côté, des faizeux opiniâtres qui ne mettent jamais genoux à terre, et ne renoncent pas à auto-entreprendre pour les autres. Des fêlés lumineux qui ne croient pas à la sotte fatalité, et qui, osant avec rage, font mentir ce qui semblait écrit. Ils nous disent que tout est possible en France.
De l’autre, des ministres qui enchaînent les déclarations, qui vous écoutent et vous font croire que quelque chose va avoir lieu alors que rien ne se passe, qui assènent des points de vue sur des anomalies au lieu de les régler. Un appareil technocratique qui entrave en inventant des dispositifs, des normes, plutôt que de susciter et soutenir des actions.
Ceci ne peut plus durer : on est au bout de quelque chose. Il faut engager une vraie révolution culturelle. Ma conviction profonde est que le moment de bascule arrive. 
D’abord, avec une dette publique de plus de deux mille milliards d’euros, il n’est pas vrai que le système peut perdurer comme avant. Il faudra bien engager des coupes drastiques en servant mieux la nation. Or peu chère, la révolution solidaire permet de contourner la contrainte financière, d’en faire une opportunité. 
Ensuite, la folie normative a atteint un tel degré que la totalité du corps social est désormais sous pression. 
Enfin, une fenêtre de tir historique s’ouvre avec l’explosion lugubre du Front National. Si les partis républicains sont assez fous pour ne pas remettre en cause leur logiciel (« Faites-nous confiance, on va le faire à votre place »), nous aurons Marine Le Pen : la dynamique est hélas du coté du pire. Ne pas le voir est une névrose, ne pas en tenir compte est une démence. »
(à suivre)

13 mai 2016

NO COMMENT

A quoi bon ?
Certaines photos se suffisent à elles-mêmes, non ? Celle-là, prise dans une rue du vieux Québec, en fait partie. 
A quoi bon ajouter quoi que ce soit ? Regardez, amusez vous, rêvez, complétez… ou zappez selon votre humeur ! J 


11 mai 2016

LA FRANCE RÉELLE QUI AGIT

2017 : Le réveil citoyen – Avant-propos d’Alexandre Jardin (1)
Mon livre "2017 : Le réveil citoyen" sort sous une nouvelle édition avec, en plus de la préface de Jean-Christophe Fromantin, un avant-propos d’Alexandre Jardin.
« Depuis plus de quinze ans au travers de l’association Lire et Écrire, et deux ans avec Bleu Blanc Zèbre, je suis au contact des hommes et femmes de joie qui agissent. La France les a toujours produits. Jadis on les trouva à Bir Hakeim, se battant loin du cadre français brisé, creusant au siècle d’avant le canal de Suez, de Panama, faisant surgir une tour Eiffel sur le Champ-de-Mars, défonçant les idées reçues en passant à l’acte. Partout et dans tous les domaines ! Industriels culottés, fondateurs de mutuelles, d’associations d’éducation populaire, membres du Conseil national de la Résistance, osant et osant toujours au nez et à la barbe des conservatismes, faisant la nique à l’inertie et à la fatalité. Résolus à contredire le destin.
Aujourd’hui ils pullulent sur le territoire et convergent, en remisant leurs différences. Parce que l’action d’intérêt général est leur vrai pays. Parce qu’ils savent, souvent avec désespoir, que le cadre français est réellement inopérant. Ils réforment eux-mêmes les services publics sans rien attendre des ministres, inventent des solutions pour loger les mal-logés en se fichant bien des lois, mettent en œuvre des pratiques pour guérir la nation de l’échec scolaire ou promouvoir l’auto-entreprise, créent des banques sans banques pour rebancariser les deux millions et demi de gens privés de compte, structurent des solutions performantes pour diviser par cinq la mortalité des petites entreprises, installent d'immenses réseaux d'épiceries solidaires afin de nourrir le peuple qui a faim en respectant sa dignité, mettent en place des mutuelles de proximité, des outils de micro-crédit, usinent l’économie circulaire de demain, etc. 
Entrepreneurs, militants associatifs, tous se prennent eux-mêmes comme point d’appui. Et croyez-moi, ils ne produisent pas des rapports, ils font. En acceptant de coopérer avec les maires, les vrais Faizeux de notre classe politique. Car les maires ont eux aussi une obligation de résultat. S’ils n’y parviennent pas, ça se voit. Donc ce sont aussi des gens d’action. »
(à suivre)

9 mai 2016

PROMOUVOIR À TOUS CRINS LA DÉFENSE DES DROITS DE LA PROPRIÉTÉ PRIVÉE SUR L’IMMATÉRIEL

Tous rentiers : Cinq idées reçues à combattre pour avoir une chance d’agir juste (5)
Le développement de nos économies contemporaines s’est largement construite grâce au développement des brevets, et donc de la privatisation de biens immatériels.
Philippe Askenazy met l’accent sur le danger de ceci dans des domaines comme la santé (surtout si les systèmes de soin sont éclatés et faibles face aux groupes pharmaceutiques), et surtout la connaissance : peut-on laisser des intérêts privés s’approprier ceci sans risque ?
Étrangement dans son livre, il ne parle pas de l’agriculture et des semences : comment ne pas non plus s’inquiéter de voir une entreprise comme Monsanto s’approprier ce qui était un bien commun ?
Supprimer tout droit de  propriété sur l’immatériel n’est pourtant pas la solution, car il est légitime et nécessaire de rémunérer et protéger des investissements faits. 
Trouver le bon équilibre avec la nécessité de protéger les libertés individuelles et de lutter contre l’émergence d’inégalités socialement insupportables, est certainement un de nos défis contemporains.

4 mai 2016

FAIRE CONFIANCE AUX VERTUS DU DÉVELOPPEMENT DE LA PROPRIÉTÉ IMMOBILIÈRE

Tous rentiers : Cinq idées reçues à combattre pour avoir une chance d’agir juste (4)
On a tendance à affirmer que l’accession à la propriété est vertueuse, ce pour plusieurs raisons : amortisseur à la crise, préparation à la retraite, meilleure socialisation, meilleur entretien des logements. Mais est-ce si sûr ? 
Ainsi que Philippe Askenazy le rappelle, la crise des subprimes aux USA a montré qu’au contraire, l’acquisition d’un logement pouvait être source de faillite financière.
C’est aussi un frein à la mobilité : si la situation de l’emploi local vient à se dégrader, les salariés propriétaires de leurs logements se retrouvent piégés, car non mobiles. Comment en effet revendre son bien immobilier, sans avoir à faire face à des pertes importantes, parfois incompatibles avec les prêts contractés ?
C’est d’ailleurs un des points que met en avant Christophe Guilluy dans son livre la France Périphérique : « Les problèmes financiers sont structurels (ayant du mal à s’acquitter du paiement des traites de leur maison, des nombreux déplacements, de l’obligation de posséder deux voitures) et l’endettement, voire le surendettement, répandu. Quand le chômage frappe, l’éloignement des zones les plus dynamiques rend difficile un retour à l’emploi. Le piège se referme sur « cette classe moyenne inférieure » caractéristique en réalité de ces nouvelles catégories populaires fragilisées. »
Enfin Philippe Askenazy met le doigt sur un autre risque, celui du lien avec le populisme : « La transformation dans les décennies suivantes des sociétés scandinaves en sociétés de propriétaires occupants ne semble pas avoir amélioré leur fonctionnement. Pis, elles n’ont pas échappé à la montée des partis populistes d’extrême droite depuis le début du siècle (les Vrais Finlandais, le Parti populaire danois, le Parti du progrès norvégien, les Démocrates suédois). De fait, les contradictions des électeurs propriétaires servent partout de terreau aux populismes, du Tea Party américain au mouvement Cinq Étoiles italien en passant par UKIP, le Front national ou Pegida. (…) Ils désignent un tiers comme le responsable de leurs difficultés : en premier lieu, les immigrés mais aussi les assistés souvent identifiés aux premiers. »
Notons enfin que l’Allemagne se singularise par rapport à tous les autres pays européens avec presque la moitié des ménages locataires, versus un tiers en France, et 30% dans la moyenne de l’Union européenne.[i]
(à suivre)

[i] Source Eurostat, données 2013

2 mai 2016

PENSER QUE LA DYNAMIQUE DE L’EMPLOI EST PORTÉE PAR LES INDÉPENDANTS ET LES PETITES ENTREPRISES

Tous rentiers : Cinq idées reçues à combattre pour avoir une chance d’agir juste (3)
Concernant l’emploi indépendant, à l’appui du livre, voici quelques données statistiques :
 Selon l’INSEE, la part de l’emploi non salarié progresse lentement depuis 2006, en passant de 8,9% de l’emploi total à 10,6% en 2014, mais reste inférieure à son niveau de 1989 qui était de 13,4%.
Derrière cette évolution globale, deux mouvements contraires :
- Depuis 1989, une baisse régulière de l’emploi non salarié dans l’agriculture qui, tout en y étant dominant, ne représente plus de 63,4 % en 2014 contre 82,4 % en 1989. Ceci correspond à la montée en puissance d’une « agriculture industrielle ».
- Depuis 2004, une croissance dans la construction : la part de l’emploi non salarié est passée de 15,1 à 19,9 % en 2014. C’est à rapprocher des attaques régulières dans cette profession contre le statut du travailleur indépendant.
- Par contre dans les secteurs de l’industrie et du tertiaire, les évolutions sont certes positives, mais très lentes, avec un passage depuis 2004 de 3,2 à 4,4 % pour l’industrie, et de 7,3 à 9 % pour le tertiaire.
Selon le Bureau International du travail, il y a une forte baisse de l’emploi non salarié de 1982 à 2004 où il passe de 17,9 à 10,8 %, puis remonte à 11,5 % en 2014. Des données donc différentes, mais des évolutions synchrones. 
Concernant l’ancienneté dans les entreprises, on ne constate pas une progression de la tranche des salariés ayant moins d’un an d’ancienneté, mais au contraire, une baisse puisqu’ils sont passés de 17 % des salariés en 2000 à moins de 13 % en 2014. 
Bref, tout sauf un raz de marée des travailleurs indépendants… au moins pour l’instant.
Qu’en est-il de la création d’emploi ? A nouveau, quelques données statistiques, fruit d’une recherche personnelle :
Une note publiée par l’INSEE en 2010[i] constate que la part des salariés travaillant dans des entreprises de plus de 1000 personnes est passée de 27 à 33 % entre 1985 et 2006, alors que celle étant dans des entreprises de moins de 20 personnes stagnait autour de 30 %. La part des entreprises ayant une taille comprise entre 20 et 1000, elle, baisse, et ce dans chacune des tranches à l’intérieur de cet ensemble. D’où le titre de cette note : « Depuis trente ans, les grandes entreprises concentrent de plus en plus d’emploi »
Une analyse par secteur, dans cette même note, montrent des vitesses différentes : dans les services et le commerce, la part des grandes entreprises progresse très fortement (augmentation d’environ 15 points de leur poids dans l’emploi), alors que dans l’industrie, on n’a qu’un très faible gain.
Les statistiques les plus récentes de l’INSEE portent sur les années de 2009 à 2012, et procèdent selon un regroupement différent : 
- Dans les micro-entreprises (moins de 10 salariés), croissance de l’emploi entre 2009 et 2010 de 7%, et depuis, baisse de 1% par an,
- Dans les PME (de 10 à 250 salariés) et les grandes entreprises (plus de 5000 salariés), croissance d’environ 1% par an (1,3 pour les PME et 0,7 pour les grandes),
- Dans les entreprises de taille intermédiaire (de 250 à 5000 salariés), croissance de 2% par an
Si l’on rapproche ceci de l’étude de 2010 (il n’y aucune raison de penser qu’une rupture s’est produite entre les deux), le segment en croissance serait donc d’abord celui des entreprises de 1000 à 5000 personnes, et le plus fragile celui des plus petites, l’emploi au sein de celles de plus de 5000 restant quasiment stable.
Pourquoi donc affirme-t-on constamment que ce sont les petites entreprises qui créent de l’emploi ? Parce que l’on ne regarde que les créations brutes en ignorant les destructions d’emplois : le tissu de petites entreprises est en mouvement constant, et il s’y crée sensiblement autant d’emplois qu’il s’en détruit. Ou autre façon de  formuler : l’emploi y est fragile et très incertain. Rien que de très normal finalement.
Plus inquiétante est le peu de dynamisme des entreprises de taille moyenne, c’est à dire celles ayant un effectif de quelques centaines de personnes : c’est un indicateur de la vulnérabilité globale du tissu industriel français. Témoignage de la difficulté des petites entreprises à grandir, ce qui entrave le renouvellement.
Quant aux grandes entreprises, elles résistent globalement… peut-être justement au préjudice des entreprises moyennes.
(à suivre)

[i] Depuis trente ans, les grandes entreprises concentrent de plus en plus d’emploiINSEE PREMIERE, N°1289, AVRIL 2010