9 janv. 2009

ET SI LE DISCOURS ACTUEL SUR LA VALEUR « TRAVAIL » N’AVAIT PAS GRAND SENS…

J’ai vraiment du mal avec le discours dominant sur le travail.

Tout d’abord au risque de vous choquer, je ne vois pas pourquoi on érige la valeur « travail » comme un objectif en soi. Qui a décidé que le but de l’homme était de travailler ? Pourquoi glorifier le travail ? En quoi est-ce si important et valorisant de « travailler » ? Et si l’on n’adhère pas à ce discours dominant, on est catalogué de paresseux, ou pire de parasite… Drôle de monde, vision un peu simpliste non ?
J’ai comme l’impression que tout ceci nous vient de la vision bourgeoise issue du XIXème siècle… Le temps de lumières, c’est une autre planète…

Bien sûr, il faut travailler pour vivre et subsister, mais ce n’est pas un objectif dans ce cas, juste un moyen. Légèrement différent, non ?

Si vous pensez que je caricature, imaginez la situation suivante : vous vous trouvez à un dîner regroupant une digne assemblée de travailleurs – salariés ou entrepreneurs, comme vous voulez –. Chacun y va de son histoire, de sa dernière anecdote de travail, et se plaint bien sûr du rythme infernal de ses journées. A ce moment, l’un d’eux se tourne vers vous et vous demande : « Et toi ? ».
« Moi ? Je reviens de ma maison en Bretagne et je n’ai pas rendez-vous de prévus pour cette semaine. C’est bien, cela va me permettre de réfléchir… ».
Croyez-vous vraiment que vous allez être la star de la soirée ?

Autre exemple, cette fois réel. Souvenir venant du moment où je venais de passer les concours d’admission aux écoles d’ingénieurs et venait d’être admis. J’avais alors 20 ans. Chaque fois que je rencontrais alors un membre de ma famille, j’avais droit aux mêmes compliments : « C’est bien, tu vois, le travail paie. ». Or je n’avais pas tant travaillé que cela. Bizarrement les mathématiques et la physique ont toujours été quasiment « naturelles » pour moi. Un jour, fatigué par ce qui était devenu comme une rengaine, j’ai répondu : « Mais, non, je n’ai pas travaillé. Et c’est pour cela que je suis méritant. Réussir quand on a beaucoup travaillé, ce n’est pas une performance, c’est banal. » Goût de la provocation certes, mais pas seulement…

Ensuite – désolé, je n’en ai pas fini avec ce qui est pour moi une idée reçue –, venons-en au fameux « Travailler plus ».

Faisons d’abord un détour avec le début du XXème siècle et la naissance de l’automobile. A nouveau, je vous demande un effort d’imagination : nous sommes ensemble à la tête d’une entreprise qui fabrique des fiacres et avons donc à faire face à cette menace.
Pensez-vous que la bonne réponse sera de diminuer le coût de nos fiacres en abaissant le prix de fabrication et en comprimant toutes les dépenses non strictement indispensables ? Faudrait-il vraiment que nous décidions de « travailler plus » pour réussir ?

J’ai la furieuse impression que tout le discours actuel sur le « Travailler plus » est aussi inefficace.
Ayant eu l’occasion d’aller à de multiples occasions en Chine, ayant même participé à la création d’une activité à Pékin, j’ai vu travailler les chinois environ 10 à 12 heures par jour, 6 jours sur 7 et 50 semaines sur 52 – ceci étant plutôt un minimum… –.
Et on voudrait construire notre compétitivité sur le temps de travail ? Est-ce bien raisonnable ?

Comme les fabricants de fiacre, il ne s’agit pas de mieux fabriquer « nos fiacres », mais comprendre que nous changeons de monde, que ce sont « d’automobiles » qu’il s’agit.

Ne travaillons pas plus, travaillons autrement. Apprenons à redécouvrir que le travail n’est pas un but, mais une contrainte. Et cherchons comment tous ensemble « travailler mieux »…



7 janv. 2009

NOUS SOMMES TOUS DES CANNIBALES !

Le ski amène parfois de drôles de pensées… La neige défilait rapidement sous mes planches, quand, comme un éclair, je me suis ressenti cannibale !
Je vous rassure, je ne suis cannibale que dans un sens élargi : comme tout être vivant, mon alimentation n’est composée quasi uniquement que d’autres « êtres » vivants. Je venais de repenser à mes derniers repas et je voyais défiler un cimetière alternant viande, légumes, fruits… Autant de crimes à mon actif.
A part cela pas grand-chose : le fromage et les produits lactés, le sel, l’eau…
Bizarre sensation. Je ne sais pas pourquoi, mais je me sens « différent » depuis cette pensée. Naturellement je continue à manger, mais cette idée du vivant qui ne doit sa survie qu’à la destruction d’autres cellules vivantes m’avait jusqu’alors échappé.

Bien sûr parmi mes proches, certains sont végétariens, voire végétaliens ; mais, même eux, ils ne se nourrissent quasiment que de produits vivants : les légumes et les fruits. Impossible d’échapper à cette loi.
D’ailleurs les animaux eux-mêmes sont soit carnivores, soit herbivores, soit omnivores… et donc tous des criminels du vivant !
Restent les végétaux qui, eux au moins – je mets à part les plantes carnivores –, ne s’attaquent qu’à des produits inertes, venus de l’air et du sol, et les transforment en cellules vivantes. Ils sont le premier maillon de l’apparition de la vie, et le restent.

Voilà. Désolé, de ce billet sans lien direct avec le reste, mais j’avais besoin de partager mes crimes avec d’autres criminels. C’est chose faite.

6 janv. 2009

LA CONFRONTATION N’EST PAS « NATURELLE »

L’équipe vient de terminer son match et est victorieuse. Sans réfléchir, comme une masse indifférenciée, la foule du stade se lève et crie. Une vague de plaisir et de contentement saisit tous les spectateurs : à l’instar de ce que synthétise Daniel Goleman dans son dernier livre Social Intelligence, la foule est entrée en résonance. Propagée par les neurones miroir, la vague s’est diffusée d’elle-même.

Nos réflexes spontanés sont tribaux et ce besoin irrépressible d’agir comme les autres vient de loin : il est probablement issu de notre origine animale. Dans la jungle, être seul, être différent, c’est être vulnérable : la force vient d’abord du troupeau et du nombre. On n’affronte pas son alter ego, mais uniquement le rival, le membre d’une autre tribu ou d’une autre espèce, celui qui veut la même chose que nous ou pire qui en veut à notre vie. Même le lion chasse rarement seul ou l’éléphant s’éloigne peu de son groupe. En conséquence, notre cerveau a dû être construit pour nous pousser à être synchrones avec ceux de notre espèce.
Notre capacité d’imitation spontanée contribue aussi à l’apprentissage : c’est grâce à elle que nous pouvons apprendre en les reproduisant de nouveaux gestes et de nouveaux comportements.

Nous voilà « naturellement synchrones » : si nous ne sommes pas en compétition, si nous recherchons le même objectif, notre système émotionnel nous pousse à l’accord et non pas la confrontation. Vouloir se confronter est relié spontanément à vouloir s’opposer.
Aussi en entreprise, quand nous nous retrouvons dans une réunion, nous sommes portés naturellement à la recherche du consensus, et non pas à la confrontation : si on n’est pas d’accord, c’est que l’on s’oppose. Or sans confrontation préalable comme nous allons le voir, pas de consensus constructif : les réflexes issus du monde animal sont ainsi contre-productifs.

Précisons tout de suite la différence entre confrontation et conflit : si deux individus ou systèmes sont en conflit, c’est qu’ils sont en compétition pour la conquête de quelque chose d’unique, et que seul l’un des deux pourra avoir in fine ; s’il y a confrontation, c’est que les deux veulent ensemble atteindre un objectif commun, mais qu’ils divergent sur la façon d’y parvenir...

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(EXTRAIT DU LIVRE NEUROMANAGEMENT)

4 janv. 2009

LES SEPT DIMENSIONS CACHÉES DE NOTRE UNIVERS

Imaginez-vous regardant au loin un fil qui se dessine à l’horizon. Pour vous, ce n’est simplement qu’un trait unidimensionnel. Or en fait, c’est un tuyau, mais, vu la distance, vous ne percevez pas son épaisseur, et donc son volume : sa surface enroulée sur elle-même « n’existe pas » pour vous.
Or sur ce tuyau, une fourmi est en train de se déplacer et tourne autour du tuyau le long de la circonférence. Pour vous, ce mouvement est impossible : comment pourrait-on tourner autour d’un fil, autour d’une dimension qui « n’existe pas »…
Voilà l’image que développe Brian Greene dans l’Univers élégant pour nous faire comprendre ce que veut dire une dimension enroulée.

Et selon les derniers développements de la théorie des cordes, notre univers comprendrait onze dimensions : les quatre que nous connaissons (trois spatiales, une temporelle) et sept enroulées ! Les minuscules cordes (taille de l’ordre de la longueur de Planck, soit environ 10 puissance -37 m) vibreraient non seulement dans nos quatre dimensions, mais aussi dans ces sept dimensions cachées : notre monde est rempli de microscopiques fourmis qui tournent dans tous les sens !
Finalement tous les mondes issus des contes de fées et de la science-fiction sont bien pauvres à côté de cette réalité là…

Et, rien ne dit qu’une dimension enroulée n’est pas temporelle : pensez alors à cette « fourmi » qui tourne sur son tuyau et, à chaque fin de tour, se retrouve au même instant que lors de son départ… Bien plus, comme ce serait une deuxième dimension temporelle qui vient en plus du temps « déployé » que nous connaissons, qu’elle est la vie de cette fourmi qui a deux temps différents et existants indépendamment…
Inimaginable…

Si, une ou plusieurs des dimensions enroulées venaient à se déployer, que se passerait-il ? Casse-tête théorique puisque, par construction, ce n’est pas le cas de notre univers, mais stimulant intellectuellement, non ?
Pour vous aider à « penser » cet univers, allons à l’inverse vers un univers avec seulement 2 dimensions, une spatiale, une temporelle. Soit deux « êtres » de cet univers qui se déplacent sur la ligne qui compose la totalité de la réalité physique de cet univers. S’ils arrivent à se rencontrer, ils se feront face pour l’éternité, car ils ne peuvent pas se doubler, rien n’existant à part cette ligne. Reste la possibilité de repartir en arrière… à moins bien sur qu’un autre « être » ne soit là aussi. Embouteillage éternel…
Alors, si une dimension de plus apparaissait chez nous…

Si vous voulez en savoir plus, je vous conseille de commencer par visionner les vidéos ci-dessous : c'est un documentaire en trois parties dans lequel Brian Greene présente sa vision de "l'Univers élégant".
Vous y découvrirez un monde imaginaire et poétique… et pourtant réel !

2 janv. 2009

NEUROBIOLOGIE ET ENTREPRISE

Une entreprise ne s’identifie bien sûr pas à un corps humain, et il ne pouvait pas être question de lui transposer purement et simplement la neurobiologie.
Mais étant une collectivité humaine dirigée par des hommes, ce n’est pas non plus un système théorique et mathématique : la clé de lecture de la neurobiologie m’est apparue donc comme étant probablement pertinente. Telle a été mon hypothèse de départ.

Tout de suite, deux différences majeures ont été intégrées dans mon travail :
- L’entreprise n’a pas de génome, et donc pas d’inné : elle est née de l’imagination et des actes d’un individu ou d’un groupe d’individus. Elle n’a donc pas naturellement de moteur émotionnel qui garantisse le maintien de ses réflexes de survie.
D’où une question à laquelle il allait falloir répondre : peut-on identifier un moteur émotionnel dans une entreprise et si oui, comment se constitue-t-il ?
- L’entreprise n’est pas un organisme simple et unifié : à la différence d’un individu, elle est multiple et composée de personnes, ensembles et sous-systèmes qui peuvent, chacun, avoir leur volonté propre. Cette complexité, qui est croissante en fonction de la taille de l’entreprise, doit être intégrée comme une donnée pour éviter toute approche exagérément simplificatrice.
D’où une seconde question initiale : peut-on utiliser la clé de la neurobiologie pour rendre compte de la complexité du système d’une grande entreprise ?

Pour valider mon hypothèse, j’ai alors repris trois éléments clés issus des neurosciences : les interprétations, les émotions, les inconscients...

Voir aussi la vidéo "Pourquoi ce livre"

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(EXTRAIT DU LIVRE NEUROMANAGEMENT)

1 janv. 2009

BONNE ANNÉE !

Voilà quelques minutes que vient de se terminer l’année 2008.

Elle avait commencé dans un « calme » relatif : la bourse avait bien déjà commencé à chuter, les cours du pétrole à s’emballer, les taux d’intérêt aussi, le Président des États-Unis entamait sa dernière année, et le nôtre voyait s’effriter sa popularité, la Chine poursuivait sa course en avant.

Mais finalement tout n’allait pas si mal… Sauf bien sûr, pour les mal-aimés de la croissance, ceux qu’elle laissait sur la bas côté, mais c’était de leur faute, n’est-ce pas…

La grande affaire, ce n’était plus l’Irak ou l’Afghanistan où l’on mourrait « en silence », mais l’élection du nouveau Président des États-Unis et les Jeux Olympiques : allions-nous vers le premier Président noir ? Que faire à cause du Tibet : boycott ou non ?

Nous eûmes le premier, mais pas le second… et en prime la crise.

Panique à bord. Prise de conscience brutale de la fragilité de nos systèmes économiques. Matérialisation des égoïsmes des logiques financières. Tout le monde se sent vulnérable, menacé…

Derrière cette crise, c’est la transformation en profondeur de nos structures et des équilibres en place qui est le vrai moteur.

Nous avons longtemps parlé de la mondialisation et de la globalisation : la voilà qui arrive vraiment.

Nous entrons dans un monde où nous sommes tous connectés, reliés, un Neuromonde (voir « Neurocrise pour un Neuromonde »). Cette entrée sera longue et impliquera la remise en cause de bon nombre d’habitudes et de situations considérées comme acquises.

L’année 2009 qui commence ne verra pas la fin de cette transformation. Espérons qu’elle sera au moins celle d’une meilleure régulation financière.

Bonne année à tous !

30 déc. 2008

QUAND LA CONSCIENCE PERD LE NORD

Ce que manipule la conscience, ce n’est pas le réel, mais des représentations construites à partir du réel, de son expérience passée et des informations disponibles sur la situation actuelle. C’est cette interprétation qui servira de support à l’action.
Pour la conscience, le réel n’existe pas en tant que tel, seules comptent les interprétations.
Un esprit sain est un esprit qui est capable d’intégrer dynamiquement dans son processus interprétatif toute évolution du réel.

Plusieurs phénomènes peuvent amener à construire des interprétations erronées.

L’existence d’une activité inconsciente peut perturber le processus conscient.
Par exemple, si nous sommes soumis à une information subliminale, le traitement inconscient de cette information peut enclencher une réponse automatique, c’est-à-dire non consciente. Nous serons conscients de cette action, mais, ne sachant pas ce qui en est la cause, nous ne pourrons pas l’interpréter correctement. Nous allons alors construire a posteriori une interprétation qui sera nécessairement fausse.
Prenons l’expérience rapportée par Lionel Naccache dans Le Nouvel Inconscient et menée par un chercheur, Michaël Gazzaniga, sur un patient atteint de déconnexion interhémisphérique : dans cette maladie, l’hémisphère droit est incapable de communiquer avec l’hémisphère gauche.
L’expérience a été la suivante : à la gauche de l’écran situé devant le patient, est apparu pendant quelques dixièmes de seconde l’ordre verbal « Marchez ». Il s’est alors levé et déplacé : l’ordre lu par l’hémisphère droit venait d’être exécuté, mais, à cause de la maladie, l’hémisphère gauche, qui assure notamment la maîtrise du langage, n’était pas informé de l’existence de cet ordre et donc ne pouvait pas savoir pourquoi il s’était levé. Gazzaniga lui demanda alors : « Où allez-vous ? ».
Au lieu de lui dire qu’il ne savait pas pourquoi, le patient lui répondit du tac au tac : « Je vais à la maison chercher un jus de fruits. » : il venait d’élaborer une interprétation consciente qui lui permettait d’attribuer une signification à son comportement. Plutôt que de répondre : « Je suis en train de sortir de cette pièce mais je ne sais pas du tout pourquoi, comme c’est curieux tout de même ! », le patient avait construit immédiatement une interprétation de son comportement, mais sans se rendre compte que cette interprétation en était une.

Si, pour une raison ou pour une autre, nous n’intégrons plus une modification du réel, nous allons construire de fausses interprétations.
Cela peut aller jusqu’à nous enfermer dans un monde fictif et inaccessible à autrui.
Prenons un autre cas rapporté par le neurologue Eduardo Bisiach et relaté par Gerald Edelman dans Biologie de la conscience.
Il s’agit d’un patient qui n’était plus conscient de sa moitié gauche. Lui montrant sa main gauche paralysée, il lui a demandé à qui elle appartenait. La réponse fut : « A vous »
Et quand il lui fut demandé comment il expliquait que l’examinateur puisse avoir trois mains, la réponse fut « simple » : « Étant donné que vous avez trois bras, il s’ensuit que vous avez trois mains. »

Ainsi face à une situation dont une partie des données lui manquait – la partie gauche de son corps n’existe pas –, il avait réorganisé ses connaissances et bâti une nouvelle interprétation qui, dans sa logique, était cohérente : puisque lui n’avait qu’une main, cette « nouvelle » main ne pouvait qu’appartenir à l’examinateur, et, comme une main sans bras n’existe pas, un troisième bras aussi.

Ainsi l’interprétation peut aller jusqu’à violer les contraintes du réel...
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(EXTRAIT DU LIVRE NEUROMANAGEMENT)

28 déc. 2008

COMMENT SAVOIR S’IL Y A UNE BOULE DERRIÈRE ?

Voici l’expérience suivante décrite par Michel Bitbol dans « Mécanique quantique, une introduction philosophique » : le tirage aléatoire d’une boule est observé au travers de 2 caméras spécialisées, l’une dans la mesure de la position (à gauche ou à droite), l’autre dans celle de la couleur (rouge ou blanche).
Le résultat se présente sous la forme de 2 listings, l’un composé d’une succession de positions (« gauche », « gauche », « droite », …), l’autre de couleurs (« verte », bleue », « bleue », …).

Si vous êtes à l’origine de l’expérience et de sa mise au point, vous n’avez pas de problème à réunifier les 2 listings et à « savoir » que, derrière ce dédoublement, il s’agit de « boule verte à gauche », « boule bleue à gauche », « boule bleue à droite »…
Maintenant, imaginez que vous n’avez aucune information à part les 2 listings. Vous allez devoir supposer une corrélation dont vous n’avez pas la preuve.

Comme l’écrit Michel Bitbol, « dire que c’est une boule dont une caméra spécialisée vient de détecter la position, et que cette boule possède en même temps une couleur, cela revient à présupposer que rien n'empêche en principe de conjoindre ou d'unifier les contextes, même si les conditions d'une telle conjonction ne sont pas remplies à l'heure actuelle et que rien n'indique comment elles pourraient l'être… ».

Dans la vie de tous les jours, c’est bien la situation dans laquelle nous nous trouvons. Le réel ne nous est pas accessible directement. Nous n’avons que des successions d’informations partielles.
A nous de détecter ce qui se cache derrière et les cas où il y a bien « des boules ».
Attention à ne pas les inventer…

26 déc. 2008

L’ENTREPRISE A DES « ÉMOTIONS » ELLE AUSSI

L’importance des émotions
Comme pour l’individu, l’objectif prioritaire d’une entreprise est bien sa survie :
- à court terme : la sécurité des installations physiques, la trésorerie immédiate, les ventes, la cohésion sociale…
- à moyen terme : la part de marché, les investissements, la marque, la dynamique sociale…
- à long terme : les compétences humaines, la croissance, la satisfaction des clients, les diversifications…
Le maintien de ces conditions de survie doit, comme pour l’individu, influer sur toutes les décisions de l’entreprise pour garantir sa survie : ce sont ses « émotions ».
Elles ont été définies au départ, lors de la création de l’entreprise, par l’équipe de direction initiale. Elles sont aussi le fruit de toute son histoire : au cours de sa vie, lorsqu’elle a eu à faire face à des situations mettant en jeu sa survie, elle a mémorisé ce qu’elle avait appris.

Trois différences importantes lors de la déclinaison des émotions dans l’entreprise :
- Il n’y a pas d’émotions innées au sens « génétique », c’est-à-dire non modifiables. Tout est acquis.
- L’entreprise est un système extrêmement complexe et multiple. Ses conditions de survie, et notamment à moyen et long terme, ne sont faciles ni à définir, ni à maintenir à jour.
- Leur déclinaison auprès de chaque membre de l’entreprise n’est pas naturelle et immédiate : il faut relier l’action individuelle à la survie de l’entreprise.

Les systèmes d’alerte sont des moteurs émotionnels.
Il existe dans l’entreprise des systèmes qui vont alerter la Direction Générale en cas de situation critique, c’est-à-dire un risque ou une opportunité par rapport aux objectifs de survie à court, moyen ou long termes : ces systèmes s’apparentent au moteur émotionnel de l’individu.
Ils sont mis en place au moment de la création de l’entreprise et soudent alors naturellement ses membres et son organisation. Ils doivent ensuite évoluer au cours de la vie de l’entreprise.
Ces systèmes ne sont pas génétiquement ancrés dans l’entreprise, ce qui veut dire qu’ils sont modifiables : alors qu’un individu ne peut pas se reprogrammer – s’il a la phobie du rouge, il peut juste apprendre à vivre avec –, l’entreprise peut modifier son moteur émotionnel. Mais plus l’histoire de l’entreprise sera longue et le moteur émotionnel actuel ancré dans les habitudes, plus il sera difficile de le faire évoluer...

Voir aussi la vidéo "Les Entreprises ont-elles aussi des émotions"

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(EXTRAIT DU LIVRE NEUROMANAGEMENT)

25 déc. 2008

LA CLÉ DU SUCCÈS DU CHRISTIANISME : UN JUDAÏSME LIGHT FAÇON MC DO ?

En ce jour qui célèbre la naissance du Christ (même si Noël est devenu largement une fête païenne, avec pour preuve son développement récent dans un pays non chrétien comme la Chine), et donc le lancement de la religion chrétienne, se poser la question de comment elle s’est développée m’a paru pertinent.

Le titre n’est pas une provocation, il m’est venu à partir de la série Apocalypse diffusée sur Arte. Cette série a cherché à répondre à la question suivante : « Comment et pourquoi l’attente imminente de la Fin des temps qui anime une petite secte juive de disciples de Jésus a-t-elle pu, en à peine plus de trois cents ans, aboutir à la religion officielle et unique de l’Empire romain, tournant capital de la civilisation occidentale ? »

Dans le dernier épisode, un des chercheurs historiens interviewés avance l’hypothèse suivante : une des raisons du succès du christianisme pourrait être de s’être présenté initialement comme un « judaïsme allégé », c’est-à-dire avec moins de contraintes – pas de shabbat, pas de règles alimentaires notamment – et plus de souplesse d’adaptation aux situations locales.

Il a pu ainsi « profiter » de l’affaiblissement des religions polythéistes et de l’attraction créée par le monothéisme judaïque, des infrastructures de l’empire romain qui ont facilité sa diffusion, de la décentralisation en s’adaptant aux régimes locaux.

Finalement, si l’on suit cette hypothèse en la caricaturant, le christianisme apparaît une « industrialisation » du judaïsme bien adapté au « marché local ». Un peu comme Mc Donald a su industrialiser le concept du burger et le propager dans le monde entier.

On est bien loin de la vision habituelle, telle qu’enseignée dans le catéchisme (j’ai été dans l’enseignement catholique jusqu’à la terminale et avais alors suivi un « training » intensif…).

Je ne sais pas si cette hypothèse est exacte, mais elle me semble ne pas pouvoir être balayée d’un revers de main.

Plus généralement cette série d’Arte a le mérite de resituer le développement du christianisme dans son contexte initial historique. Elle fait ainsi réémerger bon nombre d’informations et de questions passées dans notre inconscient collectif.