11 juin 2009

LE TEMPS EST-IL UNE DIMENSION QU’IL FAUT FINIR DE DÉTRUIRE ?

Je veux tout, tout de suite
Depuis Einstein, nous avons appris que la séparation entre l'espace et le temps n'était pas si nette : L'un « communique » avec l'autre ; l'espace-temps se courbe ; plus je me rapproche de la vitesse de lumière, plus le temps ralentit ; pour un photon, le temps est arrêté (voir « A quoi pense un photon du big-bang qui voyage hors du temps ? ») …

Avec la théorie des cordes, tout est devenu encore plus compliqué : il y aurait 7 dimensions cachées (voir « Les sept dimensions cachées de notre univers ») ; au moment du big-bang, les 4 dimensions de notre univers – les 3 spatiales et la temporelle – se seraient déroulées ; rien ne dit que nos 4 dimensions ne soient pas enroulées avec un rayon de courbure immense…

Troublant et perturbant à penser au quotidien, non ?

Apparemment, aucun lien avec notre vie quotidienne et avec le management des entreprises.

Oui, bien sûr. Quoique…

Depuis la découverte de l'énergie et du moteur à explosion, l'espace physique s'est progressivement comme contracté. Il n'y a pas si longtemps, quitter son village était le début de l'exil, et on mourrait à une encablure de là où on était né. Tout voyage était une aventure ; changer de continent, une exception. Aujourd'hui les développements du transport aérien, des trains à grande vitesse et des infrastructures routières ont tout bouleversé. On ne parle plus en kilomètres mais en temps : Lyon n'est plus à 450 km de Paris, mais à deux heures (voir la carte ci-jointe). Tiens, on retrouve cette ambivalence entre espace et temps…

Depuis 20 ans, et surtout depuis 10 ans, les technologies de l'information sont venues dynamiter l'espace et supprimer les distances : les kilomètres n'existent plus ; je peux parler à mon « voisin numérique » sans même savoir où il est – d'ailleurs la première question posée au téléphone est maintenant : « Tu es où ? » –. L'espace physique s'est comme effondré sur lui-même, comme si nous n'occupions tous plus qu'un seul point, un seul lieu. Nous sommes tous synchrones. Inutile de demander à son correspondant : « Tu es quand ? », car tout se passe en direct. Avant, sur une lettre, il fallait spécifier la date à laquelle elle avait été écrite.

A cet effondrement de la distance, à cette synchronicité de la communication, répond en écho une demande de voir le temps s'accélérer : nous supportons de moins en moins d'attendre ; nous acceptons de moins en moins que ce qui est immédiatement accessible virtuellement ne le soit pas physiquement ; nous confondons agitation et mouvement réel.

Cette évolution, je la constate tous les jours dans les entreprises. Plus elles deviennent globales – c'est-à-dire plus l'espace physique s'effondre et tend à devenir un point –, plus elles ont un rapport « maladif » au temps: tout est urgent ; toute personne qui ne court pas et n'est pas débordée est suspecte (voir « Si agitation rimait avec efficacité, toutes les entreprises seraient performantes ») ; même en réunion, on doit lire ses mails et y répondre ; seul le présent et le court terme comptent…

C'est bien simple, alors que, jusqu'à ces dernières années, une grande partie de mon métier de consultant était de chercher à accélérer les processus et les changements, il est maintenant de chercher à les ralentir et à faire prendre conscience de l'inutilité de cette agitation (voir « Courir en rond sur un stade ne fait pas vraiment avancer un sujet ! ») !

Et ce n'est pas prêt de s'améliorer quand je vois se développer tous les produits financiers qui visent à tout anticiper et à contracter encore davantage l'espace-temps : du prêt simple aux produits d'arbitrage ; des bourses d'actions aux marchés de « futures »… Nous voulons tout, tout de suite.

Finalement le déroulement réel du temps se doit d'être tel qu'il a été prévu et vendu à de multiples reprises : sinon, c'est le crash !

La crise actuelle est un peu comme un trou noir de notre espace-temps économique, comme une déchirure par laquelle s'enfuient nos espérances.

Nous rêvons d'un temps construit à l'avance et qui ne serait que le déroulé de nos anticipations. Nous avons bien réussi à remodeler l'espace physique à coup d'autoroutes, d'aéroports et de fibre optique. Alors pourquoi pas le temps ?

Finalement, Einstein et tous les théoriciens des cordes avaient encore plus raison qu'ils ne l'imaginaient : le temps est une dimension qu'il faut finir de détruire !

Mais est-ce le meilleur des mondes ?


10 juin 2009

SI AGITATION RIMAIT AVEC EFFICACITÉ, TOUTES LES ENTREPRISES SERAIENT PERFORMANTES

Apprendre à développer l'attention

Cette entreprise est une vraie ruche : partout, on sent une activité trépidante. Pas un bureau vide, pas une tête songeuse, personne ne traine devant la machine à café. Dès que l'on marche dans un couloir, on est bousculé par des gens qui courent en tous sens, les bras chargés de dossiers. Dès 8 heures le matin, l'effervescence commence et elle va durer jusqu'à 20 heures.

Et pourtant, elle n'est pas si performante que cela : Elle est moins réactive que ses concurrents, a une compréhension superficielle de sa performance, a des ratios financiers très moyens… Encore une entreprise qui confond activité avec performance, agitation avec progression…

Classique « maladie » que j'ai souvent rencontrée dans mes pérégrinations de consultant, mais qui a tendance à s'aggraver dans cette période de crise et de stress. La peur de mal faire et d'être distancé déclenchent des réflexes issus de nos « cerveaux reptiliens » : la crainte pour la survie n'est pas toujours bonne conseillère.

L'analogie avec le cerveau humain peut là encore être éclairante. Comme cette ruche, notre cerveau saute d'une pensée à l'autre, et s'épuise souvent dans une ébullition inefficace. Comme l'écrit Yongey Mingyour Rinpotché dans le Bonheur de la méditation :

« Au début, vous serez sans doute étonné par la quantité et la diversité des pensées qui traversent votre conscience avec autant de force que l'eau qui tombe d'une falaise à pic. Cette sensation n'est pas un signe d'échec. Au contraire, elle montre que vous avez commencé à reconnaître le nombre de pensées qui traversent normalement votre esprit sans même que vous vous en aperceviez… L'esprit est, par bien des aspects, comparable à l'océan. Sa « couleur » change de jour en jour, d'instant en instant, à mesure qu'il reflète les pensées, les émotions et tout ce qui passe dans son ciel, pour ainsi dire. Mais, à l'instar de l'océan, l'esprit en lui-même ne change jamais. Quelles que soient les pensées qui s'y reflètent, il est toujours pur et clairSi vous vous contentez d'observer ce qui se passe en vous, sans essayer d'arrêter quoi que ce soit, vous finirez par éprouver une sensation extraordinaire de détente et d'espace dans votre esprit : c'est votre esprit naturel, l'arrière-plan naturellement non troublé sur lequel vos pensées vont et viennent.»

Ainsi pour une entreprise, je crois que, de même, il faut d'abord faire prendre conscience de cette effervescence, mais sans jugement, sans a priori : apprendre ou réapprendre à se regarder individuellement et collectivement agir. Puis ensuite comme pour la méditation, chercher quel est l'arrière-plan stable sur lequel va et vient cette agitation permanente. A partir de là, on va pouvoir « se calmer » et trier un peu dans ce que l'on fait.

Et si jamais on a du mal à trouver un arrière-plan stable, alors on est face à un problème plus grave…

9 juin 2009

AU SECOURS ! L’AVENIR DE LA TERRE A PESÉ DANS LE RÉSULTAT DES ÉLECTIONS EUROPÉENNES

Vive les manipulateurs de génie

La discussion autour du film « Home » de Yann Arthus-Bertrand (cliquer pour voir le film) est pour le moins paradoxale … ou hypocrite : a-t-il pesé sur le résultat des élections européennes ? Et si oui, est-ce intentionnel ?

A la première question, en l'absence d'études ad-hoc, il est difficile de répondre de façon certaine. Mais il est probable, vu l'impact du film (audience de la diffusion sur France 2) et la qualité des images, que oui. Mais qui peut s'en plaindre ? Est-ce un problème si nous prenons conscience de notre responsabilité collective ? Le film « Home » ne propose pas de solutions manichéennes ni toutes faites. Il en appelle simplement à l'action. Son message final est « A nous d'écrire la suite de notre histoire… ensemble ».

Deuxième question maintenant : est-ce intentionnel ? J'aime bien la réponse de Yann Arthus-Bertrand, faite lundi matin sur Europe 1 : « Oui, bien sûr ! » Quelle drôle de question en effet ! Comment pourrait-on imaginer que l'on ait fait un tel film juste pour le plaisir des images. Ou, si je comprends l'idée, on aurait des gens qui pensent que notre planète est en danger et qui ne veulent pas que cela change. C'est cela la question ? Stupide…

Mais ce qui est derrière est plutôt la question de la manipulation : un complot collectif pour favoriser la liste Europe-Écologie ? Si jamais, c'est le cas, il faut absolument promouvoir celui ou ceux qui sont à l'origine de ce complot. En effet, la sortie de ce film est d'abord le fruit d'un travail de plusieurs années. Ensuite le choix de la date a été pris parce que c'était celle de la journée mondiale de l'environnement. Enfin les compositions des listes et l'élaboration des campagnes de chacun ne sont intervenues que dernièrement. Quel talent d'anticipation pour le manipulateur alors !

Allez, arrêtons ces débats stériles et essayons plutôt d'écrire ensemble la moins mauvaise suite à notre histoire collective…


8 juin 2009

NON, JE NE MARCHERAI JAMAIS : C’EST BEAUCOUP TROP DANGEREUX !

Ne rien faire est souvent dangereux… à terme 

Imaginez-vous un instant redevenu un bébé de 9 mois. Dans votre landau, vous êtes là confortablement allongé : pour vous la vie est belle. Vous pleurez et on vient s'occuper de vous. Vous avez faim et on vient vous donner à manger. Vous vous sentez un peu fatigué et vous dormez… Le rêve, quoi ! Parfois, on vous installe par terre. Vous maitrisez très bien le déplacement sur les fesses, même si vous ne voyez pas bien la nécessité de ce mouvement. Mais, bon, cela a l'air de faire tellement plaisir à votre entourage…

Vous voyez bien que l'on attend quelque chose de vous : vous mettre debout et marcher. Vous avez parfaitement réalisé que ceci était tout sauf une décision anodine. Aussi vous êtes-vous lancé dans une étude approfondie du sujet.

Voilà le résumé de vos conclusions :

1. Durant une phase initiale qui va durer de longues semaines, vous n'allez pas maîtriser votre équilibre et tomber sans arrêt. Or tomber fait mal. Vous le savez, car la seule fois où vous vous êtes risqué à quitter le sol, vous en avez encore un souvenir douloureux.

2. A l'issue de cette phase, vous allez avoir à affronter des interdits multiples venant de vos parents. A quoi cela sert-il de marcher si l'on ne peut pas en profiter pour, par exemple, reconfigurer toute l'installation informatique de Papa ou se lancer dans la confection personnelle d'un gâteau ?

3. Une fois épuisés tous les charmes des interdits domestiques, arrivera la sortie dans le monde extérieur : un monde hostile où il fait froid ou chaud, où traverser une rue est un challenge, où des écoles vous attendent…

Vraiment, votre choix est fait : vous allez rester dans ce landau, ne jamais marcher, et même abandonner ce début de déplacement sur les fesses. Heureux, face à ce boulevard de plaisirs sans fin, le ventre plein et la couche vide, vous sombrez dans les délices d'un sommeil réparateur…

Drôle de choix, non ?

Si vous êtes en train de me lire, c'est que vous n'avez pas fait ce choix-là.

Faisons attention dans nos vies d'adultes, tant dans les entreprises qu'à titre personnel, de ne pas nous tromper dans l'évaluation des risques et de « refuser à sortir du landau ». N'oublions pas les risques liés aux courants en place et ne surestimons pas ceux liés à la découverte du monde !

7 juin 2009

« ILS TENTENT D’ÉTOUFFER NOTRE ART… »


A l'ombre du show-business
Quand Charles Aznavour qui n'a plus rien à prouver, ni de promotion à rechercher, vient chanter sur une chanson de Kery James, on a droit à un vrai moment d'émotion et de reconnaissance.
Plutôt que de donner des leçons, si nous prenions le temps d'aller écouter vraiment ceux qui vivent dans les banlieues…

6 juin 2009

« FAIS-MOI MAL, JOHNNY »

Ne fais pas ce que je dis !

Ce matin, une interview de Magalie Noël sur Europe 1 m'a rappelé son interprétation de la chanson de Boris Vian « Fais, moi mal, Johnny».



Comme dans cette chanson, nous avons tous tendance à demander des choses que nous ne sommes pas prêts à assumer si elles se réalisaient : nous nous élevons contre les 4x4, mais nous achetons de cafetières Nespresso ; nous tombons dans une transe émotionnelle collective pour la catastrophe aérienne du Rio-Paris, mais nous nous laissons mourir quotidiennement des enfants en Afrique.

Finalement nous restons largement le jouet de nos émotions instantanées.

Concernant la disparition du vol Rio-Paris, un journaliste disait ce matin : « Nous, les journalistes, on a l'habitude de prendre l'avion. On a été rattrapé par l'émotion. ». On ne peut pas mieux dire !

5 juin 2009

LE TGV NE CRÉE PAS UN FUTUR ÉCRIT À L’AVANCE

Les technologies sont souvent plus « neutres » qu'on ne le pense



Faisons ensemble un petit retour en arrière imaginaire. Nous sommes quelques semaines avant le lancement de la ligne TGV entre Paris et Lyon.
Ce jour-là, pour mieux comprendre les conséquences économiques de la mise en service de cette infrastructure majeure, deux réunions ont lieu, chacune regroupant un ensemble de responsables lyonnais.
Dans l'une, le premier intervenant, un homme respecté et connu de tous, s'exprime ainsi : « C'est clair, avec Paris bientôt à 2 heures de Lyon, nous devons nous faire aucune illusion : tout va être recentralisé à Paris. En effet, c'est déjà la tendance naturelle en France, alors vous pensez bien que cela va être encore pire : ils vont pouvoir faire l'aller-retour dans la demi-journée ! ». Du coup, suite à cette intervention, tout le groupe part sur cette hypothèse et conclut sur un affaiblissement de Lyon à cause du TGV.
Dans l'autre groupe, tout commence bien différemment. « Quelle chance pour nous que ce TGV, dit celui qui ouvre les débats. Avec Paris à 2 heures de Lyon, pourquoi continuer à habiter Paris ? Nous allons enfin pouvoir avoir facilement à Lyon des sièges nationaux. En effet, je ne fais que rencontrer des parisiens fatigués de leur ville, alors vous pensez bien qu'ils vont sauter sur cette opportunité : ils vont pouvoir faire l'aller-retour dans la demi-journée ! ». Du coup, tout le groupe, comme un seul homme, suit cette position et conclut à un renforcement de Lyon à cause du TGV.
Qui avait tort ? Qui avait raison ? Les deux…. Tout allait dépendre de ce que l'on faisait du TGV…
Je pense qu'il en est ainsi des technologies nouvelles : la plupart d'entre elles n'induisent pas nécessairement le sens de l'évolution future. Elles ouvrent de nouvelles opportunités, déforment la situation initiale, mais ne créent que rarement un futur prédéfini.

Je suis frappé à ce titre par les conséquences de la mise en œuvre des technologies de l'information dans les entreprises : dans certains cas, elles sont l'occasion du renforcement de la centralisation et du pouvoir du siège. Dans d'autres, elles permettent la mise en place d'une réelle décentralisation…

4 juin 2009

HASARD ET ÉMERGENCE, LE « YIN ET YANG » DE L’ÉVOLUTION


Peut-on prévoir ?

Le hasard est tout autour de nous : Soit parce que deux situations ne sont jamais vraiment identiques – nous ne savons pas lancer deux fois de suite les dés de la même façon –, soit parce que les interactions sont multiples et imprévisibles – il y a une infinité de « battements d'ailes de papillon » –, tous les systèmes complexes divergent. Le futur est aléatoire, et tout « arrive par hasard et pour rien ».

Ce qui existe est simplement ce qui a émergé : Il n'y a pas de plan a priori et le développement naît des rencontres accidentelles – le moustique pique parce qu'un appendice prévu pour boire de l'eau a pénétré la peau par accident –. Entre deux solutions possibles, une solution s'est développée plutôt qu'une autre, simplement parce que c'est elle qui s'est développée : tout ce qui est possible peut exister, et ce n'est pas le meilleur qui gagne, mais juste celui qui a gagné…

En conséquence, il est illusoire de vouloir prévoir dans le détail. Il est par contre efficace d'apprendre à « lire » les situations pour identifier les émergences en cours

3 juin 2009

LA RÉPONSE À LA QUESTION : « QU’EST-CE QUI PENSE QUE CE PLAT A BON OU MAUVAIS GOÛT ? » N’EST PAS AUSSI SIMPLE QU’IL PARAÎT

Promenade issue de « Bonheur de la méditation », livre de Yongey Mingyour Rinpotché, grand maître tibétain

SUR L'ESPRIT ET L'IDENTITE :

« L'esprit est un événement en perpétuelle évolution, plutôt qu'une entité distincte. »

« Ce comportement « global » ou « réparti » peut être comparé à l'accord spontané d'un groupe de musiciens de jazz. Lorsque les musiciens de jazz improvisent, chacun joue peut-être une phrase musicale légèrement différente. Pourtant d'une manière ou d'une autre, ils parviennent à jouer ensemble de façon harmonieuse. »

« L'esprit est, par bien des aspects, comparable à l'océan. Sa « couleur » change de jour en jour, d'instant en instant, à mesure qu'il reflète les pensées, les émotions et tout ce qui passe dans son ciel, pour ainsi dire. Mais, à l'instar de l'océan, l'esprit en lui-même ne change jamais. Quelles que soient les pensées qui s'y reflètent, il est toujours pur et clair. »

« Si vous vous contentez d'observer ce qui se passe en vous, sans essayer d'arrêter quoi que ce soit, vous finirez par éprouver une sensation extraordinaire de détente et d'espace dans votre esprit : c'est votre esprit naturel, l'arrière-plan naturellement non troublé sur lequel vos pensées vont et viennent. »

« Ma main n'est pas mon moi, mais elle est à moi. Bien, mais elle est faite d'une paume et de doigts, elle a une face supérieure et une face inférieure, et chacun de ces éléments peut être décomposé en d'autres éléments comme les ongles, la peau, les os, etc. Lequel de ces éléments peut être appelé « ma main » ? »


ILLUSION OU REALITE ?

« La meilleure façon d'aborder cet aspect de la vacuité me semble de revenir à l'analogie de l'espace tel qu'il était conçu au temps de Bouddha, c'est-à-dire comme une ouverture immense qui n'est pas une chose en soi, mais plutôt un milieu infini, dans références, au sein duquel les galaxies, les étoiles, les planètes, les animaux, les êtres humains, les rivières, les arbres, bref tous les phénomènes surgissent et se meuvent. Sans espace, aucun des phénomènes ne se distinguerait d'un autre. Il n'y aurait pas de place pour eux. Il n'y aurait, en quelque sorte, aucun arrière-plan qui les rendrait visibles… Tout ce qui surgit de cette vacuité – les étoiles, les galaxies, les êtres, les tables, les lampes, les horloges, et même notre perception du temps et de l'espace – est l'expression relative d'un potentiel infini, une apparition momentanée au sein d'un espace et d'un temps sans limites. »

« La voiture du rêve était-elle réelle ?... Néanmoins tant que le rêve dure, vous la percevez comme tout à fait réelle… Tout ce que nous percevons n'est qu'une apparition jaillie du potentiel infini de la vacuité. »

« Tout ce qu'on perçoit est une reconstruction opérée de l'esprit. Autrement dit, il n'y a pas de différence entre ce qui est vu et l'esprit qui le voit. »


SUR LE TEMPS ET LA RESPONSABILITE

« La passé est comparable à une graine brûlée. Une fois réduite en cendres, la graine n'existe plus, ce n'est plus qu'un souvenir, une pensée qui traverse l'esprit. Autrement dit, le passé n'est rien d'autre qu'une idée… Le futur n'est donc, lui aussi, qu'une idée, une pensée… Le présent ? Mais comment le définir ?... On peut essayer de réduire l'expérience du présent à un instant de plus en plus court, mais le temps d'identifier ce dernier, il est déjà passé. »

« Quand nous nous rappelons l'époque où nous étions adolescent et où nous allions en classe, nous pensons naturellement que notre « moi » actuel est celui qui a étudié, grandi, quitté la maison familiale, trouvé du travail, et ainsi de suite. »

« L'idée que l'observation d'un événement suffise à en influencer l'issue peut donner l'impression d'une responsabilité personnelle trop lourde à assumer. Il est beaucoup plus facile de penser que l'on subit son destin, en attribuant à une cause extérieure la responsabilité de ce que l'on éprouve… Il n'est certes pas facile de renoncer à l'habitude de se considérer comme une victime. Mais en assumant l'entière responsabilité de ce qui nous advient, nous pouvons nous ouvrir des possibilités que nous n'avions sans doute jamais imaginées. »


SUR LA COMPASSION :

« La compassion est le sentiment spontané d'être relié à tous les autres êtres. Ce que vous ressentez, je le ressens. Ce que je ressens, vous le ressentez. Il n'y a pas de différence entre nous. »

« Il se rendit alors compte que s'il utilisait juste assez de cuir pour se fabriquer une paire de chaussures, il pourrait marcher sans souffrir sur des centaines de kilomètres. Recouvrir la surface de ses pieds équivalait à couvrir la surface de la Terre, tout entière…. Si vous rendez votre esprit paisible et bienveillant, une même solution vous permettra de résoudre tous les problèmes de votre vie. »



2 juin 2009

APPRENONS QUE LE CHANGEMENT EST LA NORME ET ENSEIGNONS QUE L’INDIVIDU EST UNE RÉALITÉ À RESPECTER


I had a dream…

En caricaturant – mais est-ce vraiment une caricature ? –, dans les pays occidentaux, nous avons tendance à :

- Considérer que le changement n'est qu'un moment transitoire et douloureux. Nous sommes convaincus que la norme, c'est la continuité, la stabilité. Nous allons donc tout faire pour maintenir le plus longtemps possible ce qui existe, même si pour cela, il nous faut ériger des lignes Maginot pour endiguer ce changement que nous sentons vouloir naître. Nous sommes persuadés que l'individu est une réalité et que le monde tourne autour de nous.

- Chercher à prévoir le futur, puis ensuite construire un plan pour nous en rapprocher. Du coup, au cours de l'action, nous allons être moins attentifs à ce qui survient et qui n'est pas prévu. Centré sur notre propre plan d'action, nous ignorons ce qui n'entre pas dedans ; ce qui ne nous rapproche pas de notre objectif pensé a priori vient nous distraire. Le réel doit se conformer à ce que nous avions prévu.

En Asie, à l'inverse, – toujours en caricaturant – on a tendance à :

- Considérer que le changement est l'état normal, que la continuité est une illusion, que la vie est faite d'une succession sans fin de morts et de renaissances. On va chercher à dépasser les apparences et à voir le mouvement sous-jacent. La stabilité sera vécue comme un état fragile et comme le fruit de changements cachés. A l'extrême, l'individu n'a pas tant d'importance que cela, puisqu'il n'est lui-même que de passage, une des éléments du changement permanent.

- Se centrer sur les opportunités immédiates procurées par la situation actuelle. Finalement, il n'est pas très utile de passer du temps à prévoir là où l'on va aller ; le but du chemin sera simplement le résultat des actions entreprises. Centré sur l'observation fine des courants immédiats, on n'attache que peu d'importance sur l'endroit où l'on sera dans le futur.

Rêvons un instant : et si on arrivait à hybrider les deux approches ?

Apprenons en Occident que le changement est l'état normal (notre corps lui-même est constamment en train de se renouveler et notre sentiment d'exister repose sur cette transformation continue) et qu'il est illusoire de prévoir précisément là où l'on va aller (nous ne connaîtrons jamais suffisamment précisément la situation actuelle et toutes les interactions à venir pour prévoir au-delà du court terme).

Mais symétriquement soyons les promoteurs du respect de l'individu (un individu n'est pas qu'une composante « interchangeable » et fluctuante de la société globale, il est une richesse intrinsèque et irremplaçable) et de la définition d'un projet comme cible permettant de choisir parmi les opportunités immédiates (toutes les opportunités ne se valent pas et, s'il est illusoire de prévoir précisément, il est possible de « se penser au futur »).

Ce « rêve éveillé » s'applique aussi bien au management des entreprises qu'à celui de la société en général…