7 août 2009

UNE ROUE QUI NE PASSAIT PAS…

Histoire de caverne (Saison 2 – Épisode 4)

Johnny venait d'inventer la roue et transformer ses disques en une arme de guerre contre mes billes : la guerre de l'industrie contre la finance allait-elle avoir lieu ?

« Rappelle-moi, que dit ta dernière note de conjoncture, Jojo, lui demandai-je ?
- Une fois plus, ne m'appelle pas Jojo quand nous sommes dans un lieu public. Même pour toi, je suis le Devin ! »
Je jetais un coup d'œil autour de moi. Personne à cette heure-là à la taverne du lac. Il exagérait, Jojo.

« OK, MONSIEUR LE DEVIN, quelles sont vos dernières prévisions ?
- Rien de bien nouveau. Une légère tension sur le cours des billes, due à un accroissement tendanciel de la demande, en liaison avec les pluies de la semaine dernière et la reprise probable de l'offre en mammouth liée à la nouvelle saison de chasse. La routine, quoi. Ah si, une nouveauté.- Laquelle ?
- Le disque va avoir une nouvelle décote, me dit-il en éclatant de rire »
Je souris à la nouvelle, et surtout en pensant à la tête de Johnny. Il allait falloir que je passe une semaine de repos dans une des cavernes du lac, pour voir aussi la tête de Jacques. J'avais entendu dire que son affaire de nouvelles cavernes dans le Nord ne s'annonçait pas si facile. Peut-être une occasion de le retourner à mon profit.
A ce moment, un crissement infernal envahit tout mon horizon sonore et un objet bizarre apparut. Comment le décrire ? Je n'avais jamais vu quoique soit de tel.
Commençons par le haut. Là rien d'anormal, à part la quantité. Il s'agissait de plusieurs tables en pierre – j'en comptais au moins quatre –, surmontées d'un menhir.
Au milieu, commençait l'étrangeté. On aurait dit comme des arbres aplatis. Comme si des mammouths avaient joué à sauter sur des troncs jusqu'à en faire des galettes. C'était tout plat et formait comme un sol. Un sol, oui, mais en l'air et fait de bois. Incroyable !
Et dessous ? Comment dire ? Cela ressemblait à quatre disques de pierre reliés par des arbres, mais des disques énormes. Rien à voir avec les disques de Johnny. Ou alors si, mais des disques qui auraient mangé trop de soupe, grandi trop vite.
Et le tout roulait sans problème tiré par un mammouth, conduit par le fils d'Hector. Que faisait à la tête de cet équipage le fils de mon ami Hector ? Il fallait que j'aille lui demander.

Hector était aujourd'hui à la retraite et passait le plus clair de son temps au frais dans sa caverne, celle que je lui avais décoré (voir épisode 1). Je l'y trouvais.
« Oui, mon fils a un nouveau travail, me dit-il. Il est employé par Jacques pour acheminer les fournitures nécessaires à ses nouvelles cavernes au Nord.
- Mais je croyais qu'il n'avait pas les fonds nécessaires. Et puis, elles sont beaucoup trop loin ces cavernes.
- Pour les fonds, il n'a pas de problèmes. Il s'est associé avec Johnny qui roule sur le succès grâce à ces disques. Et ce n'est pas simplement une expression puisqu'il a transformé ses disques en roues !
- Des roues ? C'est quoi cette nouvelle invention ?
- De grands disques reliés par des tiges en bois et qui permettent de tout déplacer plus facilement. Tout le monde en veut maintenant. Johnny n'arrive même pas à en fabriquer assez. Il peut demander le prix qu'il veut, en billes… ou en disques. Mais il a une préférence bien sûr pour les disques…
- C'est ce que j'ai vu passer tout à l'heure conduit par ton fils.
- Oui, et cela permet de relier les nouvelles cavernes Nord facilement. Et toi, tes billes, cela se passe comment ? »
Je vis comme un sourire de commisération à sa bouche quand il disait cela.
« Bien, bien. Tout va bien. Cela… – j'allais dire « roule », mais j'ai retenu le mot à temps – marche comme sur des billettes ! Bon, ce n'est pas que je m'ennuie, mais il faut que j'y aille. »
Quelques minutes plus tard, j'étais chez Jojo.
« Mon cher Devin, nous avons un problème. Johnny est en train de révolutionner le monde des cavernes avec ses roues et son offre intégrée roue-disque. Il faut que tu sortes une note bien sentie lançant la suspicion là-dessus.
- Bob, tu es un ami, mais primo, je suis un Devin indépendant et on ne peut pas me dicter mes prévisions. Secundo, Johnny vient de m'offrir ce qu'il appelle une chaise roulante. Avec elle, je gagne en hauteur, dignité et efficacité. Alors… »
Décidément, j'avais un problème…

(à suivre)


3 août 2009

DU DISQUE À LA ROUE, IL N’Y AVAIT QU’UN SAUT CRÉATIF À FAIRE

Histoire de caverne (Saison 2 – Épisode 3)

Johnny, inventeur depuis qu'il avait 5 ans, venait d'avoir une nouvelle idée géniale : les disques, cela roule ?


« Et puisque cela roule, cela peut nous aider à nous déplacer, continua Johnny. Ou à déplacer des choses. »
Il regarda Jacques et, face au vide de son incompréhension, continua :
« Par exemple, pour ton projet de ta caverne à deux jours de marche au Nord, tu vas avoir, au moins au début, à transporter pas mal de matériaux. Il va falloir tirer tout cela, cela ne va vraiment pas être facile. Dommage que cela ne puisse pas rouler, non ?
- Évidemment que si cela pouvait rouler ce serait plus simple. Pas besoin d'avoir fait l'école des cavernes pour le savoir ! Mais je ne vois pas bien comment faire rouler des tables en pierre !
- Des tables en pierre, non. Mais pourquoi ne pas les mettre sur quelque chose qui roule ? »
Il était devenu, fou !

« Quand j'étais petit, – mon père t'en a sûrement parlé –, j'ai eu l'idée de mettre des pierres en silex taillé au bout d'une pique en bois.
- Oui, je sais. Il n'arrête pas de raconter comment son fils a été un génie dès 5 ans.
- Je sens que cela t'énerve… Je continue. Pourquoi ne pas mettre un disque au bout d'une pique en bois. Ou plutôt deux, un à chaque bout. A mon avis, cela devrait rouler, et on doit pouvoir poser quelque chose dessus. »

Jacques commençait à comprendre son idée.

« Et si on prenait 2 piques au lieu d'une, poursuivit-il. On pourrait poser quelque chose en travers. Cela devrait être plus stable.
- On pourrait y mettre tes tables en pierre ou tout autre chose »
Brillant !
Quelques jours plus tard, l'atelier de disques muta. À côté de la production des disques monnaie – il n'était pas question de lâcher la proie pour l'ombre –, naissait un atelier complémentaire qui, dans le plus grand secret, commençait à produire des disques d'un plus grand diamètre et se livrait à des mises au point complexes.
Un mois plus tard, la roue naissait. Pourquoi l'avoir appelé roue ? Bonne question. Nul n'a jamais su pourquoi exactement.
Certains ont dit que c'était Jacques qui avait choisi le nom et que, comme il n'avait ni imagination, ni orthographe, il s'était inspiré de la couleur de cheveux de Johnny. D'autres pensent que, comme la roue avance aussi vite qu'un oiseau sans avoir des ailes, Johnny a fait un jeu de mot stupide : la roue roule sans l – sans aile quoi ! –, donc c'est une roue. Personnellement, je crois qu'ils avaient tous les deux beaucoup bu, beaucoup trop, et qu'ils ont inventé un mot qui ne voulait rien dire.
Toujours est-il que la roue était née. Et que la guerre entre l'industrie et la finance allait commencer…

(à suivre)





31 juil. 2009

JOHNNY, INVENTEUR À 5 ANS !

Histoire de caverne (Saison 2 – Épisode 2)

Jacques et Johnny, J&J, en avaient assez de la domination de mes billes. Johnny venait d'avoir une idée.
« Les disques, ce n'est pas simplement une monnaie concurrente des billes, dit Johnny. Voilà l'idée ! »
Jacques le regarda, interloqué. Mais qu'est-ce qu'il pouvait bien vouloir dire ? Toujours aussi incompréhensible ce Johnny !
Cela avait commencé alors qu'il n'avait que 5 ans. Jacques qui connaissait bien ses parents les avait entendus mille fois raconter la première invention de Johnny.
Ce soir-là, la famille était tranquillement réunie dans sa caverne, - une confortable 3 pièces avec 2 chambres et un living-room -. Le père de Johnny était tailleur de silex, la troisième génération de tailleur, et avait une clientèle bien installée, donc la famille vivait dans l'aisance. Johnny n'avait jamais manqué de rien. Assis dans un coin, il écoutait son père raconter l'histoire du chasseur de mammouth.
« A ce moment, il se dressa, face à l'énorme bête, et poussa un cri terrible. Le mammouth, loin d'être effrayé, continua d'avancer, imperturbable. Il en avait vu d'autres et avait déjà embroché une bonne centaine de chasseurs. Alors ce n'était pas ce petit minus, coléreux et hystérique qui allait lui faire peur. Avec son petit bout de pierre dans la main, il se prenait pour qui !

- Mais pourquoi il ne met pas la pierre au bout d'un morceau de bois, s'exclama Johnny.
- Quoi ? Qu'est ce que tu dis ?
- Eh bien, pourquoi il ne prend pas un long morceau de bois sur lequel il attacherait le silex taillé ? Comme cela il pourrait blesser le mammouth sans s'approcher de lui. »
Un silence se fit dans la caverne.
« Mais d'où tu sors cette idée, dit son père ?
- De nulle part ! C'est juste du bon sens, non ? Comme nos bras sont courts et vulnérables, mieux vaut les prolonger avec des morceaux de bois. C'est d'ailleurs ce que je fais quand je joue avec mes copains.
- Peut-être, mais là on n'est pas en train de jouer avec tes copains. C'est du sérieux : une chasse au mammouth. Alors, merci de ne pas m'interrompre avec tes idioties, et laisse-moi reprendre mon histoire. »
Furieux, Johnny sortit en courant de la caverne, laissant le reste de la famille écouter l'histoire.
Trente minutes plus tard, il était de retour avec une pique en bois à laquelle il avait attaché un silex taillé emprunté au stock de son père.
« Et cela, c'est n'importe quoi, hurla-t-il ? Tu ne crois pas que ton chasseur aurait eu plus de chance face au mammouth s'il était en possession de ça ! »
Son père le regarda sans un mot. La première lance était née. Elle fit la fortune de la famille car son père lança un atelier de fabrication de lances. La carrière de Johnny l'inventeur venait de commencer.
Il ne s'arrêta pas là.
A 10 ans, il inventa le lit de sable : vous prenez un lit normal, c'est-à-dire une pierre à peu près plane, sur laquelle vous répandez une couche de sable fin venant du bord du lac, et vous obtenez une merveille de confort.
A 15 ans, le feu sans fin : vous démarrez normalement un feu avec de la paille, du bois et des silex. Puis vous versez dessus la pâte noire et nauséabonde que l'on trouve à côté de la source de fumée brulante. Et cela durera tant que vous aurez de la pâte noire.
A 20 ans, la peinture murale : vous prenez une caverne normale, un morceau de bois tiré d'un feu – avec ou sans pâte noire, cela n'a pas d'importance – et avec la partie noire du bois, vous faites de drôles de trucs sur les murs.
C'est alors qu'il quitta la caverne familiale pour se lancer directement dans les affaires. Il disparut alors pendant 3 ans. Nul ne sût où il était allé, ni ce qu'il avait fait. Mais à son retour, il avait avec lui des sacs de graines à cuire. Et la recette pour en fabriquer. Une méthode apparemment absurde et pourtant efficace : il suffisait de mettre quelques graines dans le sol et plein de nuits plus tard – un nombre tellement grand que personne n'avait jamais pu les compter -, une grande herbe sortait de terre et le nombre de graines était multiplié. Un miracle, quoi !
Il fit un malheur avec ses graines. Il m'en vendit d'ailleurs, ce qui me donna l'idée de lancer mes pierres (voir les épisodes 1 à 3 de la saison 1). Ensuite, il lança ses disques. Il n'avait que 25 ans.
« Oui, les disques ce n'est pas seulement de la monnaie : cela roule, continua Johnny. »
Évidemment que cela roule puisque ce sont des disques, pensa Jacques…

(à suivre)



27 juil. 2009

QUAND J&J JOUENT AVEC DES DISQUES…

Histoire de caverne (Saison 2 - Épisode 1)

Rappel (rapide !) de la saison 1 (cliquer pour la lire ou relire) : Pour permettre un meilleur développement de mes affaires, j'ai créé la première monnaie sous la forme de pierres. Rapidement, j'ai dû faire face à l'émergence d'une concurrence : Johnny et ses disques. Mes pierres sont alors devenues de billes de couleur et, pour asseoir ma suprématie, avec l'aide de mon ami Jojo le devin, nous avons lancé une agence de notation et de conjoncture. Aujourd'hui nous dominons le marché. Tout va bien…

« Cela ne peut plus durer, dit Jacques, tout en se resservant un verre.
- Oui, tu as raison, lui répondit Johnny. Je ne supporte plus de voir mes disques être dévalorisés sans cesse par le Devin et ses soi-disantes notes de conjoncture. Et en plus, il a maintenant le culot de me demander quelles sont mes prévisions de demande sur les disques. Comme si j'en avais la moindre idée ! Lui non plus d'ailleurs, mais comme il est le Devin, il peut dire ce qu'il veut, tout le monde le croît.
- Et comme Jojo sait que nous sommes amis, le voilà qui vient de prévoir la pluie pour mes nouvelles cavernes au Nord. »
Jacques continuait en effet ses projets d'extension. Il avait déjà tout un ensemble de cavernes avec vue sur le lac (voir notamment l'épisode 3 de la saison 1). Il venait d'avoir l'idée de se lancer dans une nouvelle aventure : créer tout un réseau de cavernes beaucoup plus au Nord à 2 jours de marche. C'était un endroit idéal : une colline avec des cavités naturelles, une vue magnifique sur une grande plaine giboyeuse, une rivière à côté.


Mais il était confronté à un double problème : le financement de son projet et la distance.
Pour le financement, il pouvait prendre appui sur ses cavernes existantes et le revenu qu'elles dégageaient. Mais cela ne suffisait pas : il devait emprunter de l'argent, et même pas mal. C'est pourquoi la prévision de pluie faite par Jojo – il continuait à l'appeler ainsi, car il l'avait connu à ses débuts, et il avait du mal avec son titre de Devin –, ne l'arrangeait vraiment pas. Il comptait aussi sur Johnny pour l'aider, mais cela supposait que ses disques se revalorisent. Et là à nouveau, il trouvait le Devin sur son chemin.
Pour la distance, il allait falloir tout porter sur une longue distance. Cela allait compliquer tous les travaux, au moins au début. Ensuite, il devrait pouvoir trouver sur place ce dont il avait besoin, et les ouvriers logeraient dans les premières cavernes. A leurs frais, bien sûr… Il faudrait aussi aménager le chemin pour aller à ces cavernes, sinon personne ne voudra s'y rendre.
Pas facile.
Machinalement, Johnny et Jacques – J&J comme on les appelait souvent – jouaient avec des disques sans s'en rendre compte. Dans un moment de colère, plusieurs leur échappèrent des mains.
Jacques pesta encore un peu plus contre lui. Si en plus, on en vient à casser le peu d'argent que l'on a, se dit-il à lui-même.
A l'inverse, l'œil de Johnny s'alluma tout en regardant les disques rebondir et se mettre à rouler sur le sol.
« Je crois que je viens d'avoir une idée. Et même une sacrée idée ! »
(à suivre)


24 juil. 2009

HISTOIRE DE BLOG

Du Neuromanagement au Lâcher-prise, 10 mois et près de 250 articles

Fin septembre dernier, j'ai commencé ce blog. Son objectif initial était de contribuer à faire connaître mon livre Neuromanagement.
Progressivement, il a évolué. Depuis ces dernières semaines, il m'a servi à commencer à mettre en forme mes nouvelles idées et à les tester. Cette "mise en débat" de ce qui va servir pour un prochain livre a été amplifiée par la reprise de bon nombre de mes articles sur d'autres sites, et singulièrement sur Agoravox.
Je me suis aussi "servi" de ce blog comme un moyen de faire passer mes amusements face à l'actualité et des situations.
J'ai volontairement évité les propos directement politiques, car ce n'est pas son objet.

Voilà arrivé le temps des vacances, et donc celui de faire une pause.
Je n'ai toutefois pas voulu que mon blog reste "muet" cet été.
Vous allez donc y trouver, au rythme de 2 épisodes par semaine - le lundi et le vendredi - la saison 2 de mon "histoire de caverne". J'espère que vous vous amuserez autant à la lire que moi à l'écrire.

Fin août, je reprendrai le fil de mes articles quotidiens. Mon nouveau livre sera alors en cours d'écriture, et il y aura naturellement un rebond entre les deux. Je ferai d'ailleurs évoluer alors le nom de mon blog.

D'ici là, je vais plonger à nouveau dans la jungle thaïlandaise et "perdre du temps" à regarder le Mékong se déployer paresseusement. J'espère que cette errance sans programme écrit à l'avance contribuera à aider à la maturation de mon livre, dont le thème central sera justement l'importance du lâcher-prise.
Bonnes vacances à tous !

23 juil. 2009

LES CHÊNES N'EN FONT QU'À LEUR TÊTE

Les truffes, c'est s'ils le veulent bien !

Pour clore, cette "chronique" sur mes relations avec les occupants locaux de ma maison en Provence, après les animaux, quelques lignes sur un végétal, le seigneur des lieux : le chêne truffier.
Lieu de mon conflit avec les sangliers, pères nourriciers de truffes, ils peuvent être blancs ou verts (les chênes verts sont à feuilles persistantes), grands ou petits (voir sur ce sujet, l'article : "Les chênes naissent égaux, mais cela ne dure pas").
J'aime ces arbres qui architecturent le terrain, mais, question truffes, vraiment la plupart ne font rien.
Paresse ? Incompétence ? Rébellion face à ce que l'on attend d'eux ?
Et si c'étaient les plus malins qui arrivaient à cacher si bien leurs truffes que ni les sangliers, ni les chiens ne les trouvaient... J'aime à m'imaginer des chênes complotant de la sorte.

Voilà, j'ai voulu terminer cette première année de mon blog par ces quelques billets d'humeur provençale. Une façon de glisser vers l'été et un peu de vacances.
A demain encore pour un dernier article qui vous introduira le "feuilleton de l'été" (mis en ligne au cours du mois d'août)....

22 juil. 2009

NON, JE NE SUIS PAS EN GUERRE CONTRE LE MONDE ANIMAL

Abeilles, fourmis et même crocodiles je vous aime !

Au travers de mes deux derniers écrits, je ne voudrais pas vous avoir donné l'impression que je suis en lutte avec tout le monde animal. Non, à part ma haine contre un pivert obstiné et mes démêlés avec des sangliers fantomatiques, tout va bien !
Côté abeilles, nous avons un "gentleman agreement" qui fonctionne bien : je plante des lavandes et les entretiens, elles butinent... et j'achète du miel.
Côté guêpes, c'est plus compliqué, mais nous avons trouvé un modus vivendi : chacun vit sa vie, car nous n'avons pas grand chose à nous dire. Elles viennent boire l'eau de la piscine, et, tant qu'elles ne piquent pas, tout va bien. Quand elles prospèrent de trop, je fais procéder à un "léger" contrôle des naissances sur les toits où elles habitent.
Côté fourmis, là non plus, rien de particulier, on cohabite : je contribue à leur subsistance au travers de tout ce qui tombe par terre ; elles mènent une existence fébrile à laquelle je ne comprends pas grand chose. Cela amuse certains des enfants de passage, fait peur à d'autres : elles font partie du folklore local.
Enfin côté crocodiles, c'est l'entente cordiale. Eh oui, il y a des crocodiles en Drôme provençale ! Même des crocodiles nucléaires, la plus grande ferme d'Europe. Ces êtres apparemment placides, immergés dans des eaux chauffées grâce à la centrale de Pierrelatte, font le bonheur des enfants. Il est vrai qu'ils ne quittent pas leur enclos...
Restent plein d'autres animaux - taupes, frelons, araignées, ... - avec lesquels la cohabitation ne pose pas non plus de problèmes particuliers. J'espère que d'avoir choisi de m'arrêter plutôt sur d'autres, ne les vexera pas. Mais je suis confiant, je les connais.
Reste que, face au pivert, ils ne font rien pour m'aider...

21 juil. 2009

LA GUERRE DES TRUFFES A LIEU

Il n'y a pas d'entente possible quand on veut la même chose !

Je vous ai parlé hier de ma "haine" d'un pivert. J'ai aussi des problèmes avec des sangliers.
Mais à la différence du pivert, ils respectent eux l'intégrité de mon patrimoine immobilier - le pivert ferait bien d'en prendre de la graine ! - et notre conflit est localisé dans le terrain, et plus précisément, autour des chênes truffiers.
Pourquoi je parle de conflit et non pas de confrontation ? Parce qu'il n'y a pas de doute : nous voulons la même chose. Nous ne divergeons pas seulement sur la méthode - ils ont leur groin, nous avons un chien -, mais nous sommes en compétition pour la conquête de la même chose : les truffes ! Toutes les truffes qu'ils mangent, c'est autant que je n'aurai pas. Pas de compromis, ni d'entente possibles.
Pourquoi les sangliers aiment-ils les truffes ? Bonne question. Sont-ils amoureux du goût ? Ou alors la truffe a-t-elle une valeur énergétique idéale recommandée dans le cadre d'un régime alimentaire ? Ou une affaire de fétichisme liée à une histoire qui remonterait aux origines des sangliers et des truffes ? Je ne sais pas. Mais ce qui est sûr, c'est qu'ils aiment les truffes. Et moi aussi...
Dernière remarque sur ce conflit qui dure depuis plus de vingt ans. Je n'ai encore jamais pu voir un seul sanglier. D'autres les ont vus, moi pas. M'évitent-ils ? Se sentent-ils coupables ? Craintifs ? Ou est-ce juste, une fois de plus, la loi du hasard ? Ou ... ? Ce que je vois, c'est, au matin, les dégâts, le sol labouré...
Mais malgré tout, ces sangliers me sont plus "sympathiques" que le pivert : lui, il s'attaque à la maison, c'est pire. Je peux comprendre et, à la limite, accepter que des sangliers mangent des truffes, c'est dans leur nature.
Mais qu'un pivert transforme des volets en gruyère, non !

20 juil. 2009

JE HAIS UN PIVERT !

Il y a des limites à ne pas à franchir… même pour les piverts

J'aime la campagne, son calme, le rythme naturel de la vie, celui des arbres, des animaux… et bien sûr aussi des oiseaux. Ou plutôt, des oiseaux en général, car je fais actuellement un blocage mental sur un pivert.

Je m'explique.

Tout a débuté il y a 2 ans quand ce pivert a commencé à exercer ses talents de perforateur sur les volets de ma maison en Provence.

Au début, rien de très spectaculaire. Était-il encore un dilettante à l'époque, ou alors trop jeune, ou trop peu expérimenté.

Toujours est-il que ses trous étaient peu nombreux et qu'il ne s'attaquait pas aux volets de la maison principale, préférant les volets en pin de la maison secondaire.

Puis tout a dégénéré quand il est tombé « amoureux » des volets en bois exotique. Il a amélioré sa technique en étant capable de s'attaquer même aux portes du garage, tout en faisant des ronds presque parfaits.

Il est alors entré dans une attaque délibérée de tous les volets et portes de ma maison. A ce jour, bien peu y ont échappé… mais pour combien de temps ? Les photos ci-jointes vous donnent une idée de son œuvre et de son talent.

Je reconnais que ce pivert est un « être d'exception », une forme d'artiste à sa façon, mais, là, il exagère vraiment.

Un matin alors que j'étais seul dans la maison, j'ai été réveillé par des coups réguliers. Un toc toc inconnu et entêtant. J'ai mis quelques minutes à comprendre qu'il devait s'agir de lui – le pivert – en train de s'attaquer au volet de la fenêtre de ma chambre. Je me suis alors précipité dans la salle de bain attenante, me suis penché par la fenêtre et l'ai vu, consciencieusement au travail. Il a tourné la tête. Pendant une seconde, nous nous sommes regardés, puis il a, lâchement, pris la fuite. Ce jour-là, j'ai regretté de ne pas être chasseur et de ne pas avoir une carabine.

Faire le vide, évacuer la haine accumulée, savoir prendre la vie comme elle vient, c'est facile à dire… mais quand on est face à une telle obstination, une telle volonté de nuire… Car enfin, des arbres, il y en a partout tout autour. Alors pourquoi s'en prendre à mes volets ? Que lui ai-je fait ? A-t-il été martyrisé dans sa petite enfance ? Est-ce qu'il ne supporte pas les lieux clos et obscurs ? Ou ….

Veuillez m'excuser de vous avoir pris à témoin de ce combat personnel, mais ce blog est aussi pour moi un exutoire. Et peut-être que le pivert va sur internet et lit mon blog. Qui sait ? Ou alors un de ses amis ? Et peut-être prendra-t-il conscience qu'il a largement dépassé les limites de la bienséance.

Car, comme cet enfant victime des agissements de son poisson rouge (voir la vidéo), je dis au pivert : « Tu pousses le bouchon un peu trop loin, Maurice ! ».

17 juil. 2009

« LE CHANGEMENT SE SUFFIT À LUI-MÊME, IL EST L’ÉTOFFE MÊME DU MOI ET DU MONDE »

Patchwork tiré de « Leçon sur la perception du changement de Henri Bergson par Jacques Ricot »

Sur le mouvement et le changement…

« A vrai dire, il n'y a jamais d'immobilité véritable, si nous entendons par là une absence de mouvement. Le mouvement est la réalité même, et ce que nous appelons immobilité est un certain état de choses analogue à ce qui se produit quand deux trains marchent à la même vitesse, dans le même sens, sur deux voies parallèles : chacun des deux trains est alors immobile pour les voyageurs assis dans l'autre. »

« Mais de quel droit avons-nous confondu le mouvement et l'espace qu'il parcourt ?... L'objet n'est pas un point, il y passe… L'immobilité n'est qu'une illusion spéculative née des besoins de la vie usuelle… Et, d'un but atteint à un autre but atteint, d'un repos à un repos, notre activité se transporte par une série de bonds, pendant lesquels notre conscience se détourne le plus possible du mouvement s'accomplissant pour ne regarder que l'image anticipée du mouvement accompli … Notre intelligence pense toujours en vue de l'action et c'est pourquoi elle doit prendre des vues stables sur le mouvant… Et la distance infranchissable qui sépare l'immobilité de la mobilité est de même nature que celle qui différencie les lettres de l'alphabet de la signification d'un poème. »

Sur la vue et l'ouïe…

« Écoutons une mélodie en nous laissant bercer par elle : n'avons-nous pas la perception nette d'un mouvement qui n'est pas attaché à un mobile, d'un changement sans que rien qui change ? Ce changement se suffit, il est la chose même… Sans doute nous avons une tendance à la diviser et à nous représenter, au lieu de la continuité ininterrompue de la mélodie, la juxtaposition de notes distinctes (…) parce que notre perception auditive a pris l'habitude de s'imprégner d'images visuelles… Faisons abstraction de ces images spatiales : il reste le changement pur, se suffisant à lui-même, nullement divisé, nullement attaché à une « chose » qui change… La vue est le sens de l'espace, l'ouïe est le sens du temps… Ainsi la page d'un livre est-elle composée d'un arrangement de lettres et de mots que l'on peut parcourir plusieurs fois et sur lesquels ont peut revenir… Par l'oreille, nous vivons au rythme de l'écoulement temporel et le champ auditif est celui de l'enchaînement inéluctable de sons que nous ne pouvons aménager à notre guide, car la propriété essentielle du temps est l'irréversibilité.»

Sur le moi et l'identité…

« Mais nulle part la substantialité du changement n'est aussi visible, aussi palpable, que dans le domaine de la vie intérieure. Les difficultés et contradictions de tout genre auxquelles ont abouti les théories de la personnalité viennent de ce que l'on s'est représenté, d'une part, une série d'états psychologiques distincts, chacun invariable, qui produiraient les variations du moi par leur succession même, et d'autre part un moi, non moins invariable, qui leur servirait de support… Il y a simplement la mélodie continue de notre vie intérieure, - une mélodie qui se poursuit et se poursuivra, du commencement à la fin de notre existence consciente. Notre personnalité est cela même… : La personnalité est tout entière dans la continuité mouvante et indivisible de la vie intérieure. Et c'est dans cette continuité que réside la substance du moi. »

Sur la conscience, le passé et le présent…

« Notre conscience nous dit que, lorsque nous parlons du présent, c'est à un certain intervalle de durée que nous pensons. Quelle durée ? Impossible de la fixer exactement ; c'st quelque chose d'assez flottant… En un mot, notre présent tombe dans le passé quand nous cessons de lui attribuer un intérêt actuel… Le passé est très exactement ce que l'attention ne tient plus sous son regard. »

« Le passé se conserve de lui-même, automatiquement… Ces faits, avec beaucoup d'autres, concourent à prouver que le cerveau sert ici à choisir dans le passé, à le diminuer, à le simplifier, à l'utiliser, mais non pas à le conserver… Mais cette opération n'appartient pas à la conscience, c'est la nature qui a inventé ce mécanisme, le cerveau, chargé de filtrer le passé. Le cerveau élimine le passé inutile à l'action pour ne retenir que ce qui peut servir le moment présent. ».

Sur ce qui existe vraiment…

« Il suffit d'être convaincu une fois pour toutes que la réalité est changement, que le changement est indivisible, et que, dans un changement indivisible, le passé fait corps avec le présent. »

« L'idée de détermination nécessaire perd toute espèce de signification, puisque le passé y fait corps avec le présent et crée sans cesse avec lui – ne fut-ce que par le fait de s'y ajouter – quelque chose d'absolument nouveau… Dans une situation analogue à celle des deux trains (…), c'est un certain réglage de la mobilité sur la mobilité qui produit l'effet de l'immobilité. »