21 sept. 2009
SÉPARATION ET RÉUNION, DÉSORDRE ET ORDRE SONT INDISSOCIABLES
Prenez un livre : Il est composé de phrases, elles-mêmes composées de mots, à leur tour composés de lettres. Emboîtement de poupées russes. Chacun de ces niveaux suit des règles qui lui sont propres : seules certaines successions de lettres donnent à des mots et des règles de composition s'appliquent ; toutes les suites de mots n'aboutissent pas à une phrase qui ait un sens et des règles de grammaire doivent être respectées ; la suite des phrases doit aboutir à une histoire, structurée ou non, qui correspond à la signification visée.
Si l'on observe le livre, Il y a des blancs, c'est-à-dire des espaces, qui ne portent en eux-mêmes aucun sens. Pourtant, si vous enlevez ces espaces, vous n'avez plus que des lettres dont n'émergent plus ni les mots, ni les phrases, ni le livre. Ces espaces qui séparent des lettres pour définir le début et la fin des mots créent un nouveau type de lien, un lien entre les mots ainsi définis : ces espaces séparent et réunissent.
De même la membrane qui limite une cellule est ce qui la définit et la circonscrit : sans cette membrane, pas de cellule. Mais cette membrane, c'est aussi ce par quoi la cellule échange avec le reste du monde, avec les autres cellules et avec ces éléments dont elle a besoin pour vivre. C'est aussi grâce à la membrane qu'elle va pouvoir s'unir avec d'autres cellules pour aller composer un groupe de cellules, et progressivement construire le niveau supérieur. A nouveau, la membrane sépare et réunit.
La nature est ainsi bâtie autour de séparations/réunions qui articulent et distinguent. Les deux propriétés sont inséparables et sont réalisées indistinctement : elles donnent vie aux « poupées russes ». Ce sont elles qui contribuent à la solidité de chaque niveau, de chaque « poupée » ; ce sont elles qui assurent les emboitements et les circulations nécessaires entre niveaux.
C'est cette articulation qui permet l'émergence des nouvelles propriétés au niveau supérieur. Finalement, le tout n'est donc pas la simple addition des fonctionnements des parties qui le composent. Il n'est même pas du tout cela : chaque niveau est composé de sous-éléments, mais il a aussi sa propre logique et des propriétés spécifiques émergent, propriétés qui n'existaient pas au niveau inférieur. Un mot n'est pas seulement une suite de lettres, il a un sens propre ; la phrase aussi par rapport aux mots et le livre par rapport aux phrases. On passe des propriétés physiques des atomes aux propriétés chimiques des molécules ; puis de celles-ci aux propriétés biologiques des cellules vivantes ; puis aux propriétés psychologiques du comportement animal et à l'esprit humain ; et enfin aux propriétés sociologiques des groupes humains.
Notamment les propriétés biologiques de la vie acquièrent une caractéristique clé. Au cœur de la vie, se trouvent l'ADN et les acides aminés : l'un, l'ADN, est un système stable, capable de se reproduire, portant en lui mémoire et hérédité ; les autres, les acides aminés, sont multiples, très instables, se dégradent et se recomposent sans cesse selon des impulsions venant de l'ADN. « Autrement dit, il y a deux logiques : l'une celle d'une protéine instable, qui vit en contact avec le milieu, qui permet l'instance phénoménale, et l'autre qui assure la reproduction. Ces deux principes ne sont pas seulement juxtaposés, ils sont nécessaires l'un à l'autre. » (Edgar Morin, Introduction à la pensée complexe, p.99).
Ordre et désordre sont donc indissociables : c'est la présence des deux qui apporte à la vie la capacité à s'adapter, indispensable à inventer par tâtonnements et ajustements successifs, et la continuité, nécessaire à la construction de l'identité et de l'expérience.
L'entreprise est elle aussi faite de poupées russes emboîtées ; pour vivre, elle a elle aussi besoin de dualité : une forme d'ADN qui va lui apporter stabilité et continuité, des réactifs élémentaires changeants et volatils capables de se composer et décomposer rapidement.
18 sept. 2009
MICROSOFT, IPOD, GOOGLE… DES SUCCÈS FACILES À PRÉVOIR DÈS LE DÉPART ?
12 Août 1981, aux États-Unis.
Le tout-puissant IBM annonçait fièrement au monde entier le lancement de son nouveau petit ordinateur, le PC. Personne n'a fait attention à la petite société qui fournissait le système d'exploitation, un obscur Microsoft. Tous les yeux étaient rivés avec admiration sur la seule nouvelle importante : IBM et son PC. Le succès fit immédiat.
22 avril 1993, en Illinois, aux États-Unis.
Peu de monde avait fait attention à la naissance d'Internet. Né au départ pour les besoins de l'armée américaine, repris ensuite par les milieux universitaires et les laboratoires américains, Internet avait commencé à se développer dans le grand public grâce aux liens hypertexte et à quelques premiers navigateurs.
Il fallait vraiment avoir la fibre technologique bien accrochée pour s'en servir : les boites aux lettres email restaient désespérément vides ; regarder un site WEB supposait de s'armer de patience, tellement le chargement des pages était lent (« www = World Wide Waiting » comme on avait l'habitude de le dire) ; une fois téléchargée, la page WEB tant attendue était d'une tristesse affligeante. Cela ne me faisait rien, car on se sentait appartenir à une grande aventure.
Le 22 avril 1993, une équipe de chercheurs de l'université d'Illinois, dirigée par Marc Andreessen, dévoilait Mosaic, un nouveau navigateur. Dans la foulée, Marc Andreessen créait Netscape et lance Navigator.
Le déjà grand Microsoft ne s'intéressait pas alors à Internet, et donc a fortiori pas à la naissance de Netscape. Quelle importance cela aurait pu avoir pour le leader mondial des systèmes d'exploitation et des logiciels de traitement de texte ?
Deux ans plus tard, Microsoft devra se lancer dans une course effrénée, et utiliser au maximum de sa base installée, pour faire un come-back et imposer son navigateur Internet Explorer.
7 Septembre 1998, un garage à Menlo Park en Californie.
Larry Page et Sergey Brin, deux étudiants de Stanford, lançait dans un garage de Menlo Park Google Inc. Soutenus par Andy Bechtolsheim, un des fondateurs de Sun Microsystems, fort d'un pactole d'un million de dollars, ils allaient pouvoir donner une autre dimension à leur moteur de recherche inventé deux ans plus tôt.
Microsoft, de son côté, s'inquiétait de la montée en puissance potentielle du système d'exploitation Linux, ou du navigateur Mozilla, mais restait serein compte-tenu de la puissance de l'assemblage Windows-Explorer-Office. Pas de raison de s'inquiéter. Tout allait bien. Pourquoi se sentirait-il menacé par le développement d'un moteur de recherche ?
23 Octobre 2001, en Californie.
Apple lançait l'iPod. Le monde de la musique regardait sceptique ce drôle d'objet. Probablement un gadget. De leur côté, les spécialistes des téléphones mobiles ne sentaient pas concernés.
Aujourd'hui, là où vous trouvez.
Au fond d'un garage ou dans l'obscurité d'un bureau sont en train de naître de nouvelles ruptures. Mais où ?
Impossible de les repérer a priori, sauf à tomber dessus par hasard. Et encore, comment percevoir leur potentiel ?
17 sept. 2009
UN INDICATEUR UNIQUE DU BIEN-ÊTRE N’A PAS DE SENS
La commission sur la mesure de la performance économique et du progrès social vient de remettre son rapport à Nicolas Sarkozy. La presse s'en est fait largement l'écho, et a largement centré ses articles autour du besoin d'avoir « une nouvelle mesure des richesses ».
Ainsi le Monde écrit : « Idée-clé des travaux : mettre davantage l'accent sur la mesure du bien-être de la population plutôt que sur celle de la production économique. Ainsi, au produit intérieur brut (PIB), on préférera le produit national net (PNN), qui prend en compte les effets de la dépréciation du capital dans toutes ses dimensions : naturel, humain, etc. » (article du 14/9/09).
Certes, mais le rapport insiste aussi sur deux autres points, selon moi tout aussi fondamentaux : privilégier le point de vue des ménages (deuxième recommandation) et accorder plus d'importance à la répartition des revenus (quatrième recommandation) (voir les douze recommandations).
En effet nous raisonnons constamment sur des moyennes qui ne représentent le plus souvent que le résultat d'un calcul et masque la réalité des situations.
Quels sont les points communs entre des familles d'agriculteurs d'une région viticole comme le Languedoc, d'ouvriers de la Région Parisienne, d'enseignants d'une petite ville de province, de cadres dirigeants parisiens, de retraités avec une pension du niveau du SMIC à Lyon… Comment peut-on prétendre faire une moyenne entre tous ces cas ? Comment ne voit-on pas que chacune est impactée très différemment par l'évolution des prix, de la production ou des loisirs ?
Quelques exemples :
- La baisse rapide des coûts complets (en incluant l'amortissement du matériel) d'accès aux télécommunications et au multimédia représente un gain de pouvoir d'achat relatif pour les familles aisées et surtout si elles sont urbaines (les forfaits « tout en un » sont intéressants surtout en zone urbaine et moins en zone rurale et diffuse). Elle n'a pas d'impact positif pour une famille à revenus modestes. Pire, l'attractivité des nouvelles offres, a souvent conduit ces familles à accroître leurs dépenses en s'abonnant à de nouveaux services.
- L'évolution des coûts de carburants concerne fortement les familles pour lesquelles la voiture n'est pas une option, et surtout si elle représente une part importante des dépenses. Toute augmentation peut amener la famille à devoir arbitrer aux dépends d'autres postes, comme par exemple l'alimentation (on ne peut pas se passer de sa voiture pour aller travailler, mais on peut manger plus souvent des pâtes ou du riz…)
- Le poste immobilier pèse peu en milieu rural (héritage familial, moindre coût locatif) et les familles y sont donc peu sensibles à son évolution (sauf si la zone est touristique).
- L'existence ou non d'enfants dans la famille transforme fortement la structure de consommation et donc sa sensibilité aux évolutions : dépenses scolaires, produits spécifiques (couches, équipements enfant, …), taille de la voiture…
- …
Comment peut-on penser que faire la moyenne de tout cela ait un sens? Certes tout indicateur repose sur le rapprochement de situations disjointes et le calcul d'une moyenne. Mais ceci n'est possible que si les situations ne sont pas trop dissemblables, si elles évoluent selon les mêmes logiques. Si vous mélangez tomates, courgettes et aubergines, cela a un sens, et cela s’appelle une ratatouille ; si vous rajoutez un pneu, un stylo, une enveloppe et une paire de chaussures, cela n’a plus aucun sens ! C’est ce que nous faisons lorsque nous agglomérons des situations familiales aussi dissemblables : nous obtenons un indicateur qui ne veut rien dire.
Il serait donc urgent de ne plus regarder cette moyenne et de commencer par faire une typologie pertinente des familles françaises. Pour la construire, plusieurs variables devraient être croisées : lieu d'habitation, taille du foyer, niveau de revenu,…. Même en étant très simplificateur, on aboutirait probablement à plus d'une dizaine de situations.
16 sept. 2009
LA ROUE N’EST PAS NÉE PAR HASARD
Dans une caverne, Paulo, un adolescent s'ennuie. Il regarde son père et son grand frère d'un air bougon.
« Non, je n'irai pas à la chasse, dit-il. J'en ai plus qu'assez de marcher dans la forêt. Vraiment, papa, moi, ce n'est pas mon truc. Tu sais bien que je préfère rester à bricoler à la maison et à aider Maman.
- Bon, d'accord pour cette fois, lui répondit son père. De toute façon, nous n'avons pas besoin de grand-chose. »
Paulo sourit, soulagé. Il allait pouvoir continuer à travailler sur son projet secret. Il attendit patiemment que son père et son frère soient partis pour dire à sa mère :
« Ne me cherche pas. Je vais faire un tour. Tu n'as pas besoin de nouvelles herbes ?
- Non. Mais ne t'éloigne pas trop. »
Paulo sortit, marcha sur une centaine de mètres, souleva un buisson et découvrit l'entrée d'une petite caverne, son repère secret. A l'intérieur, tout un amoncellement de pierres, d'outils divers et de branches d'arbres. Il s'assit et commença immédiatement à saisir la pierre du dessus et à la regarder. Il la prit, posa sa tranche sur le sol, lui donna une petite impulsion. La pierre se mit à se déplacer comme d'elle-même, ce jusqu'à l'autre bout de la caverne.
« Je crois que j'y suis cette fois, pensa-t-il. »
Tout avait commencé, il y a bien longtemps. Lui-même, Paulo ne savait pas bien quand. Il savait simplement qu'il était très petit alors, probablement guère plus de 5 ans.
La famille était occupée dans la caverne, et lui jouait tout seul devant l'entrée. Il avait faim et n'avait envie de rien faire. Il regardait distraitement la forêt alentour, quand une pierre se détacha et vint rouler jusqu'au ses pieds.
« C'est drôle, cette pierre qui roule, pensa-t-il. Elle est venue toute seule vers moi. »
Il aperçut un peu plus loin ses voisins : ils étaient de retour de la chasse et tirait péniblement sur le sol leur butin.
« La pierre se déplace plus facilement qu'eux, continua-t-il. Dommage que leur butin ne roule pas comme elle. Ce serait moins fatigant. »
Il eut alors comme un éclair dans la tête. Une vision lui était apparue : celle du butin roulant sur des pierres.
Il lui avait fallu de longues années pour mettre en œuvre cette vision : trouver un endroit tranquille pour faire ses expériences ; choisir les bonnes pierres ni trop dures – sinon elles étaient impossibles à tailler -, ni trop tendres – sinon elles se brisaient tout de suite - ; comprendre qu'il fallait réunir les deux pierres par une branche ; avoir l'idée de faire un trou au milieu des pierres pour y ficher la branche ; choisir le bon bois…
Cette fois, il était au bout du chemin. Il le sentait : cela allait marcher. Il s'apprêtait de sortir son invention au grand jour.
Au cours de ces longues années, il avait eu le temps de comprendre la portée de ce qu'il avait inventé.
Il voyait comment cela allait simplifier tous les déplacements. Il allait falloir aménager la forêt pour créer des zones où les pierres pourraient rouler. Ce serait du travail, cela prendrait des années, mais ils les voyaient ces pistes avec les pierres qui roulaient dessus.
Il savait aussi que bientôt, on pourrait enfin avoir plus de nourriture. Au lieu de se contenter des modestes récoltes de champs voisins, on allait avoir de grand champ : avec ces pierres, quelques animaux bien choisis, on pourrait travailler de grandes surfaces.
Dans ses rêves les plus fous, il avait même vu de ses pierres qui tournaient dans l'eau. Plus besoin de travailler, la force de l'eau allait faire les efforts pour nous. Il se voyait allongé paresseusement dans l'herbe, à regarder la pierre tourner.
Demain, ce serait le grand jour. Il allait montrer à tous, et bien sûr d'abord à son père, ses pierres.
Restait une question en suspend. Comment appeler ces pierres magiques. Il n'en avait pas la moindre idée, mais ce n'était pas l'essentiel…
15 sept. 2009
LES REPAS D'AFFAIRES FINANCENT-ILS LA BAISSE DE LA TVA DANS LA RESTAURATION ?
La baisse présente de la TVA dans les cafés-restaurants s'est traduite par une répercussion partielle, et le plus souvent très partielle, sur le prix public. L'essentiel a servi à améliorer la rentabilité de ces établissements, et, selon ce qui est dit, développer l'embauche. Impossible de vérifier ce dernier point, mais dont acte.
Tout le débat récent a porté sur l'insuffisance de cette répercussion. On a passé sous silence un effet induit, beaucoup plus massif, celui de l'accroissement du coût pour les entreprises.
En effet, les entreprises pouvant se faire rembourser la TVA payé (à condition qu'au moins une personne étrangère à l'entreprise soit invitée), la baisse de la TVA se traduit de fait par un renchérissement de plus de 10% des dépenses de restaurant, hors boisson.
Je m'explique. Prenez le cas d'une addition de 50 € TTC pour 2 personnes, à l'occasion d'un déjeuner de travail. Précédemment, il ne coûtait en fait pour l'entreprise que 41,81 €, l'entreprise se faisant rembourser les 8,20 € de TVA payée. Aujourd'hui, en admettant que, sur les 50 €, il y ait eu 12 € de vin, et que le restaurateur ait procédé à une baisse de 2% (c'est la baisse moyenne que j'ai pu constater dans le meilleur des cas), le prix est toujours de 12 € pour le vin, et 37,24 € pour la nourriture, soit un total de 49,24 €.
Sur ces 49,24 €, le montant de TVA est de 1,97 € sur la boisson et de 1,94 €, soit un total de 3,91 €. Le nouveau coût est donc 45,33 €, soit une augmentation de 3,53 € ou + 8% !
Ainsi les notes de frais vont augmenter de plus de 5% et probablement autour de 7, voire 8%. Ceci représente une somme non négligeable pour toute entreprise ayant un nombre important de commerciaux. Or je n'ai vu personne en parler et je ne suis pas sûr que les entreprises soient conscientes de cette conséquence. Une discussion récente avec un ami dirigeant me conforte dans cette analyse.
Comme de plus, la tactique des restaurateurs est faire baisser en priorité ce qui est spectaculaire, à savoir le café au bar et un plat du jour, cela concerne moins les notes de frais.
Finalement, ce sont les entreprises qui vont financer une bonne partie de la baisse de la TVA. Et pas seulement l'État. Est-ce volontaire et connu côté État ? Je ne sais pas…
14 sept. 2009
UN DIMANCHE AVEC LEMONDE.FR
Au moment où Marie-Georges Buffet propose un immense débat d'idées, le PS est ouvert à tous vents
Voilà donc une affaire qui s'amorce bien : le PS, probablement prévenu de l'initiative fédératrice de la n°1 communiste, a déjà ouvert ses fenêtres pour faciliter le débat d'idées.
Pour preuve le « parlement du PS » (au fait, c'est quoi ce parlement ? Les députés socialistes ? Un palais bourbon bis et clandestin ? …) en appelle à une révolution, reprenant une terminologie qui va plaire aux oreilles des communistes.
Renault, toujours aussi opportuniste, a déjà adopté une communication en phase avec ces initiatives : c'est là-aussi les portes ouvertes. Est-ce à dire que les portes ouvertes de Renault sont celles qui se tiennent au PS ? Où est-ce la CGT très présente chez Renault qui les avertit de l'initiative de Marie-Georges Buffet ? Il faut que j'enquête un peu plus là-dessus…
Besson enterre des tests quand Estanguet est sacré champion du slalom
Tout d'abord, je ne comprends pas comment on peut prétendre décerner à Tony Estanguet le titre de champion du slalom. Il est vrai qu'il s'agit de canoë et qu'Éric Besson n'avait pas concouru. On aurait quand même pu remettre à cet artiste du slalom un prix exceptionnel pour sa performance, ces dernières années. Ou a minima, ne pas juxtaposer les deux informations. A moins qu'il ne s'agisse d'une perfidie du maquettiste du Monde, qui sait ?
Ceci écrit, donc Besson enterre des tests ADN. Pourquoi ? Quelques hypothèses :
- Pour qu'ils grandissent et se reproduisent : il pense que l'ADN est le nom d'une espèce végétale
- Par superstition : une cartomancienne rencontrée récemment lui aurait dit que cela porte bonheur.
- Par distraction : il était parti pour enterrer une vie de garçon et à force de faire des zigzags dans tous les sens, il ne sait plus bien ce qu'il fait.
- Pour rien : simplement il s'ennuie et cela passe le temps
Des sites misent sur le poker quand la fille de Berlusconi vante les qualités de son père
Il doit donc s'agir des qualités de Silvio Berlusconi comme joueur de poker. Je ne suis pas moi-même un spécialiste, mais je connais les bases de ce jeu. J'ai compris que bien maîtriser le bluff était important. Or je me demande si Silvio Berlusconi ne flambe pas un peu trop quand il se qualifie de « meilleur président du conseil ».
Je suppose que sa fille sait ce qu'elle dit, à moins que, comme dans les parties truquées, elle ne soit le complice qui assure les relances au bon moment.
Comme je vois que c'est en France que doivent se multiplier les sites de poker, Silvio Berlusconi va pouvoir nous faire profiter de son talent.
Clairvaux à la fois prison et prière
Voilà enfin une bonne nouvelle pour les prisons, et tous ceux qui, comme moi, ont honte des conditions dans lesquelles nous mettons les prisonniers : le gouvernement a trouvé un moyen de financer la remise en état des prisons. Il va faire appel aux ressources des religions, en commençant par la religion catholique.
L'idée d'associer prison et lieu de culte est en effet intelligente, innovante et moderne.
Intelligente, car elle va à la fois dans le sens du salut moral des prisonniers et de la relance de la pénétration du catholicisme qui en a bien besoin.
Innovante, car, vraiment, personne n'avait eu cette idée jusqu'à présent : enfin des responsables politiques qui ne reproduisent pas les erreurs du passé et savent trouver des idées neuves !
Moderne, car cette quête de sens est terriblement contemporaine : heureusement on ne se contente pas de moderniser douches et cellules, de multiplier les places, de fournir un accompagnement psychologique et thérapeutique. Non, on sait que c'est le sens de la vie qui compte, de cette 3ème vie. Dieu saura pourvoir au reste.
13 sept. 2009
ÇA M’ÉNERVE !
A chacun, ses sujets d'énervements ! Même si les miens ne sont pas vraiment ceux de cette chanson, elle est plutôt drôle et le clip aussi...
Et, à défaut de lâcher-prise, voilà une façon amusante de passer ses nerfs !
11 sept. 2009
LES CONSÉQUENCES DE L’APPARITION DE L’ÉCRITURE ÉTAIENT ÉVIDENTES DÈS LE DÉPART
Comme à son habitude, Jojo était assis au fonds de la caverne. Son père le regardait dessiner d'abord sur le sol, puis sur la paroi.
« Il n'y a pas à dire, Jojo, question dessin, c'est vraiment le plus fort, dit-il en se tournant vers sa compagne. Dommage qu'il ne puisse pas parler. »
Jojo leva la tête et regarda à son tour son père.
« Je suis sûr qu'il pense que je ne fais que des dessins, pensait-il. Comment lui faire comprendre que ce ne sont pas seulement des traits, mais des idées. »
Jojo allait bientôt avoir 15 ans. 15 ans sans pouvoir s'exprimer vraiment. Pour faire comprendre qu'il avait faim ou soif, pas de problème. Mais pas moyen de participer à une conversation ou à la vie de la caverne. Muet de naissance, il était muré dans son silence. Du coup, tout le monde – sa famille y compris – pensait qu'il ne comprenait pas quand on lui parlait.
Et ce n'était pas le cas. Jojo comprenait tout ce que l'on disait. Il avait progressivement fait le lien entre les sons et ce qu'il voyait. Comme il ne pouvait pas parler, comme les sons étaient pour lui moins immédiats que les dessins, ils voyaient les gens parler : à chacun des sons, il avait associé un signe. Aussi quand quelqu'un parlait, il dessinait dans sa tête, et parfois aussi sur le sol. Comme en ce moment. Quand Jojo dessinait, c'étaient les paroles de son père qu'il reproduisait.
Là où Jojo enrageait, c'est que personne ne comprenait ce qu'il était en train de faire. Grâce à ses dessins, Jojo pouvait retrouver plusieurs jours après ce que son père avait dit. Lui-même, il pouvait noter ce qu'il aurait dit, faire des commentaires sur les propos des autres.
Rapidement, Jojo avait vu que ces dessins sur le sol étaient trop volatiles : un membre de la famille passait dessus et plus rien n'était compréhensible. Aussi il préférait faire des dessins sur les murs. Plus sûr. Ou alors sur des pierres plates qu'il rangeait ensuite.
Jojo avait une vue très claire de ce qui allait se passer : les signes qu'il avait inventés allaient révolutionner la communication. Avec eux, le stockage devenait possible ; on pouvait se parler à distance, car il suffisait de transporter les pierres. Il entrevoyait l'émergence de nouveaux métiers : ceux qui allaient écrire pour les autres, ceux qui allaient fabriquer ces pierres plates sur lesquelles on pouvait graver facilement et ensuite les transporter.
Il imaginait même que plutôt qu'échanger toute de suite de la viande mammouth contre des peaux d'ours, on pourrait noter sur une pierre que l'on devait pour la viande. Dans ses rêves les plus fous, Jojo imaginait que l'on pourrait donner des pierres gravées en échange du mammouth. Ensuite contre ces pierres, on pourrait obtenir autre chose quand on le voudrait.
Penser à tout cela mettait Jojo dans un état d'excitation maximum : il voyait le futur. Il se sentait devenir devin. Et son père qui croyait qu'il ne faisait que s'amuser à faire des dessins. Comment lui faire comprendre que ces dessins, c'étaient des paroles ?
L'année suivante, Jojo eu un petit frère. Il sut alors qu'il tenait sa solution : son petit frère allait lui servir de traducteur et expliquer à tous le sens de ces dessins. Jojo, rasséréné enfin, se remit à penser au futur : il était plus que temps d'acheter des carrières de pierre avant que le prix n'explose suite à la demande en tablettes…
10 sept. 2009
VERS LE RETOUR DES RAQUETTES MÉTALLIQUES ?
Il est près de minuit et je regarde un nième débat sur la taxe carbone. Les experts de tous bords s'opposent. Chacun a une idée claire de ce qu'il faut faire et des conséquences de la moindre décision. Je suis fasciné par leur prétention à anticiper les conséquences de ces décisions potentielles.
Progressivement, je décroche mentalement et finis par m'assoupir.
Voilà plusieurs mois que nous en étions revenus aux raquettes métalliques. De partout, fleurissaient à nouveau ces objets revenus des temps de Lacoste et rendus célèbre par Jimmy Connors. Finis, tous les cadres synthétiques et surdimensionnés. Le vrai jeu était de retour. La dernière augmentation de la taxe carbone avait été fatale…
Impossible de continuer à dessiner les slaloms comme les années précédentes : les skieurs ne pouvaient plus faire des reprises de carre explosives. Il est vrai qu'avec des skis en bois, plus rien n'était pareil. Il fallait en revenir au style coulé et élégant des années 60. Certains en appelaient même au retour des lanières en cuir, mais les fabricants de fixations automatiques tenaient bon. Pour combien de temps ? …
Le nouvel modèle d'avion était révolutionnaire, les ingénieurs venaient d'accomplir une prouesse : un avion complètement recyclable, plus un gramme de fibre de carbone ou d'une quelconque fibre synthétique. Enfin un avion qui allait toucher une contribution positive au titre de la taxe carbone. Il est vrai que cet avion allait peser environ le triple d'un avion classique et que ceci se paierait en consommation d'énergie. Mais, comme l'avait dit le président à la presse réunie : « On n'a rien sans rien. L'important, c'est le zéro carbone. Nous n'aurons qu'à mettre des panneaux solaires sur les ailes. » Problème, on ne sait pas encore faire des panneaux solaires recyclables…
Le bruit d'un jingle me tire de ma rêverie. Fin du journal. Dernières nouvelles du tournoi de l'US Open : les joueurs ont bien toujours leurs superbes raquettes à effet magique.
Ne vous trompez pas : je ne suis ni nostalgique d'un passé révolu, ni pensant que l'environnement n'est pas une priorité et qu'il ne faut surtout rien faire.
Je « m'amuse » simplement des certitudes de ces prévisionnistes qui ne peuvent faire mieux que tout présentateur de la météo : au-delà de quelques jours, impossible de savoir ce qui va se passer.
Et pourtant il faut bien anticiper. On ne peut pas tirer l'avenir aux cartes ou au loto. Comment faire ?
Je vais prochainement revenir là-dessus.
9 sept. 2009
SEULS LES PARANOÏAQUES Y ARRIVERONT…
Prendre en compte l'incertitude au moment de décider
Classiquement, lorsque l'on travaille sur l'élaboration d'une stratégie, on va construire des scénarios. Chaque scenario constitue un ensemble cohérent d'actions et est bâti pour permettre le choix final. Souvent on a un scenario ambitieux, un prudent et un médian. Ce peut peut-être aussi autour d'options plus fondamentalement différentes (par exemple : lancement ou non d'une distribution intégrée, externalisation ou non de telle fonction…).
On va ensuite chercher à tester la sensibilité de ces scénarios en déréglant les hypothèses faites lors de leur constitution : la croissance du marché, le coût des ressources financières, le nombre de concurrent, une date de lancement… Mon expérience m'a montré que ces tests se font en déréglant les hypothèses dans des proportions importantes, mais finalement limitées : +/- 10 %, parfois +/- 20 %.
Ce ne sera pas encore suffisant et la question à se poser est : « Que pourrait-il arriver de pire ? Y a-t-il un événement qui est susceptible à lui-seul de tout remettre en cause ? Y a-t-il un ou des cygnes noirs (*) potentiels ?
Repensez au titre d'Andy Grove : « Seuls les paranoïaques survivront » et traduisez-le en : « Seuls les paranoïaques y arriveront ». Soyez dans l'état d'esprit suivant : le futur est tellement imprévisible, tant de choses peuvent survenir, qu'il doit bien y avoir un moyen de m'empêcher d'atteindre mon objectif.
Ou formulé autrement : ce sera seulement au prix d'un effort continu, d'une attention extrême et de beaucoup d'imaginations que l'on pourra arriver au bord de la mer visée.
Face à ces risques, à ces événements improbables mais fortement disruptifs, inutile de bâtir à l'avance des plans d'actions détaillés, mais simplement se voir dans la situation d'avoir à faire face à lui : aurait-on le moyen de le voir venir ? Si oui, pourrait-on influer sur lui et le rendre moins dangereux ? S'il advient quand même, quelles sont les marges de manœuvre ?...
Ce mode de pensée est celui de la gestion des risques en milieu industriel : pour mieux maîtriser les risques en matière d'environnement, des scenarios de crise sont étudiés au cours desquels on va faire subir aux installations des crises majeures et voir comment elles peuvent résister. Ceci amène parfois à redimensionner des processus industriels et les rendre redondants pour assurer une continuité en cas de panne.
C'est la même chose qu'il faut faire pour la construction des scénarios stratégiques : trouver les risques majeurs et voir comment y faire face ; se poser la question d'avoir ou non une stratégie redondante, c'est-à-dire répartir ses moyens sur des axes distincts, mais visant la même cible. La productivité apparente peut se trouver dégradée, mais la résilience de la stratégie peut être nettement plus élevée, et donc la productivité réelle, c'est-à-dire en intégrant le coût des risques, meilleure.
Finalement le succès d'un projet global d'entreprise est plus complexe que celui d'une seule installation industrielle : n'est-il pas normal d'être encore plus exigeant en matière de gestion des risques ?
De ce point de vue, attention aux emballements trop rapides et aux consensus immédiats : si l'ensemble de l'équipe de direction est tout de suite convaincue et du même avis, il y a fort à parier que l'on ne va pas sérieusement étudier quels sont les risques et pourquoi on pourrait échouer. Un conseil donc : ne sauter jamais l'étape de la remise en cause et du « Destroy my strategy ». Si tout le monde est convaincu, allez chercher qui ne l'est pas et confier lui l'analyse des risques. Il vous apportera un peu de cette paranoïa qui risque autrement de manquer !
Par exemple, à titre personnel, je marche sans inquiétude dans les rues de Paris. Oui les météorites existent, mais ils sont très hautement improbables et leurs effets tellement dévastateurs que, si on les intègre dans son raisonnement, on ne sort jamais.
Les actionnaires privées ont de ce point de vue un comportement plus efficace que celui des établissements financiers.
Ces derniers ont tendance à vouloir prendre tellement de précautions que la sortie du landau est peu probable. Les actionnaires privés ont une vision meilleure des risques. Est-ce pour cette raison que les entreprises familiales créent plus de valeur et saisissent mieux les opportunités que les autres ? Peut-être…
Finalement en tant qu'individu, nous savons bien que le futur est incertain et pourtant nous agissons et prenons des risques. Avant de nous engager, ouvrons-nous notre ordinateur pour créer un tableur excel et modéliser ce qui va se passer ? Non, n'est-ce pas ? Alors pourquoi le faire dans les entreprises ?
Ayons le culot de penser à partir du futur et de rêver quelles seront les mers possibles, imaginons-nous y aller, peuplons le parcours de monstres de toutes sortes pour voir ce qui pourrait se passer et si, après tout cela, nous sentons une grande envie d'y aller, plongeons !
C'est alors que tout commence vraiment…
(*) Voir "Le Cygne noir" de Nassim Nicholas Taleb