Histoire de jeux de mots (1)
Finalement, à y
bien réfléchir le management comme la vie, est d’abord une affaire de jeux de
mots.
Sans les mots, en
effet, impossible de penser, de dessiner des plans, d’échafauder des
hypothèses… bref de réfléchir. Sans ces jeux de lettres assemblées, sans les
images qu’ils projettent en nous dans le mystère de nos neurones, sans les
souvenirs qu’ils rappellent ou qu’ils expriment – Marcel Proust avait certes
d’abord besoin de la sensation de la madeleine, mais comment aurait-il pu
comprendre ce qu’elle évoquait en lui, sans la médiation des mots qui se
dessinèrent en lui, avant de s’écrire sur une feuille de papier ? –, nous
ne serions qu’un animal de plus, bien incapable de se démarquer de ses
congénères…
Sans les mots,
aussi, impossible de communiquer, d’exprimer auprès des autres ce qui s’est
construit en nous, d’obtenir un accord, un soutien ou un enrichissement,
d’apprendre ce que l’on n’a pas vu, pas lu, pas pensé… bref de collaborer. Sans
ces jeux de lettres assemblées, sans ces concepts projetés à l’extérieur de nos
neurones, sans ces expériences reçues du dehors, sans ces ponts lancés vers
ceux qui ne sont pas nous, nous n’aurions pas pu tisser la société humaine, et
surpasser ainsi largement la puissance des fourmilières ou des ruches :
l’émotion ressentie par Marcel Proust, de se retrouver, pour une madeleine
dégustée, pour un moment dans la maison de tante Léonie serait restée à tout
jamais une affaire privée et personne n’en aurait rien su…
Ainsi grandir, que
ce soit en tant que personnalité individuelle ou collectivité, c’est largement
apprendre à mieux se servir des mots. Bref, les mots, c’est du sérieux, et on
ne doit laisser aux seuls humoristes l’art de jouer avec.
Alors pourquoi vais-je,
pendant quelques jours, me servir de ce blog pour jouer sur les mots, puisque
ceci est tout, sauf une plaisanterie !
(à suivre)