7 avr. 2015

BROUILLARD DE LA GUERRE ET DANGER DE LA CENTRALISATION

Pour une ergonomie des actions émergentes
Les chefs militaires ont depuis longtemps été confrontés à la nécessité de mener des actions en milieu incertain, aussi est-il intéressant de donner la parole aux théoriciens de l’art militaire.
Clausewitz disait en 1832 : « Il n’existe pas d’autre activité humaine qui soit si continuellement et si universellement contrainte par le hasard et que, en raison de ce dernier, la conjecture et la chance y jouent un rôle essentiel. »
Il illustrait ceci au travers d’une expression : le brouillard de la guerre. Napoléon, lui-même, avait dit : « La guerre n’est faite que d’événements fortuits ; un général devrait toujours conserver l’élément qui lui permettra d’en tirer parti. » Dans ce monde incertain, dans le brouillard généré par la multiplication des aléas, seule, une action décentralisée peut être efficace : seul, celui qui est au combat, face à la réalité des situations peut savoir quelle décision il faut prendre. C’est d’ailleurs l’attitude inverse du commandement français lors de la guerre de 1870, qui, selon le maréchal Foch, serait à l’origine de la défaite : « Un trait caractéristique notable, chez tous les chefs français était leur complète passivité qui attendait constamment l’impulsion du dehors. Les généraux français ne marchaient qu’en vertu d’ordres fermes venus d’en haut ; chacun s’attachait, pour l’exécution de ces ordres, à la lettre, et se trouvait complètement déconcerté quand survenait tout à coup une situation imprévue. »
Certains vont penser qu’il est dangereux de laisser le commandement local choisir ce qui lui apparaît le plus efficace. Mais c’est l’inverse qui est encore plus dangereux : dans le monde de l’incertitude, l’action centralisée est inefficace, car inadaptée et trop peu réactive. Ceci a été clairement résumé, dès 1883, par le maréchal allemand Von der Goltz : « L’initiative rencontre assez d’ennemis puissants pour qu’on ne lui en suscite pas de nouveaux : la paresse d’esprit, le laisser-aller, la routine, la peur des responsabilités, l’instinct des moutons de Panurge, le besoin d’attendre que les événements nous poussent à agir au lieu de nous faire un devoir d’agir spontanément après nous être efforcés de voir clair dans la situation. Toutes ces influences déprimantes paralysent du reste facilement notre action. Si par-dessus le marché on les favorise en rognant l’initiative, en lui coupant les ailes, elles ne tarderont pas à étouffer tout germe de vie. »

3 avr. 2015

LA TERRE ET LE CIEL

Jeux de lignes
Notre monde urbain est fait de lignes qui structurent et rythment le paysage de nos villes.
Ceci est singulièrement vrai de Pékin où elles sont omniprésentes.

Elles y sont non seulement limites naturelles, mais symboliques. 
Elles relient entre eux les lieux et les monuments. Elles sont la traduction physique du spirituel. Elles sont jonctions entre le sol et le ciel.

Avec elles, la Chine immuable et impériale nous observe à tout jamais…

1 avr. 2015

HISTOIRE D’EAU

Manque et comblement
L’eau est flux, cascade,
Jamais immobile, jamais tranquille.
D’une pierre à l’autre, elle rebondit.
D’un arbre à l’autre, elle dégouline.

Elle est la main qui s’arrête,
Sculpte et caresse.
Elle est le fouet qui punit,
Redresse et corrige.

Elle est la sève qui nourrit,
Abreuve et corrompt.
Elle est la mère que je tête,
Admire et ai perdue.

Elle est celui que j’ai cherché,
Elle est celui qui m’a manqué,
Elle est celui que j’ai trouvé.

30 mars 2015

MISE EN CHANTIER D’UN NOUVEAU LIVRE

Pause
Je viens de mettre en chantier un nouveau livre, cette fois sur la politique. Sa sortie est prévue pour septembre prochain.
Dans la ligne directe de mon engagement au sein de Nous Citoyens, et du rôle que j’ai eu jusqu’à présent d’animation des commissions et de construction du programme, ce livre va faire la synthèse de ma vision sur la situation actuelle de la France et de ce que devraient être les bases pour une refondation.
S’inscrire dans la puissance de la dynamique du monde en la comprenant, se donner les moyens de la transformation pour faire de la France, un champion qui ne s’ignore plus. Voilà l’ambition que je vais proposer dans ce livre.
Problème, la nécessaire focalisation sur un livre est difficilement compatible avec la tenue régulière de mon blog.
Aussi comme lors du travail pour mes livres précédents, mon blog va changer de rythme : republication de quelques billets anciens deux à trois fois par semaine, et aussi de temps en temps quelques nouveaux écrits, et probablement quelques extraits issus de mon écriture en cours.
Retour au live très vite !

27 mars 2015

ATTENDRE

Pourquoi ?
Figé, bloqué dans la direction d’un futur qui jamais n’arrive. 
J’ai beau scruter sans fin le ciel, rien n’advient. 
Mon chapeau nuit à ma sérénité, sans m’apporter aucune protection. 
Heureusement souvent le ciel bleu est au rendez-vous.
Dans mes moments de désespoir – et ils sont nombreux –,
Je suis officier gâchant ma vie, perdu  face au désert des Tartares. 
Vais-je apprendre que je n’ai vécu pour rien ?
Dans mes moments de joie – et ils sont rares pépites –, 
J'ai le courage des oiseaux qui chantent dans le vent glacé. 
Quoi de plus beau que d’être là, juste là, sans rien attendre, ni espérer ?
Figé, bloqué dans la direction d’un futur qui jamais n’arrive.

26 mars 2015

METTRE FIN AU CHÔMAGE DE MASSE, C'EST POSSIBLE

Marché du travail : la grande fracture (8)
Après la publication d’une analyse détaillée du dernier rapport de l’Institut Montaigne sur la marché du travail faite sur ces 7 derniers jours, voici un article de synthèse, tel que je l’ai publié sur le Huffington Post :
L'Institut Montaigne vient de publier une nouvelle étude sur le marché du travail, qui apporte des éclairages nouveaux sur une maladie française grave et devenue endémique, le chômage de masse.
Tout d'abord, une bonne nouvelle inattendue. Si la France souffre d'un handicap lié à une sous-qualification de sa population, comparé à tous les pays d'Europe du Nord et anglo-saxons, ce handicap se situe dans la tranche des 55-64 ans. Pour la tranche des 25-34 ans, aucun écart significatif. Donc notre handicap est un héritage du passé et va se résorber mécaniquement dans les années à venir.
Mais si notre problème vient d'abord des plus de 50 ans, pourquoi constate-t-on un plus fort taux de chômage des jeunes? Parce qu'il y a un biais dans le calcul de ce taux, car on ne tient pas compte des jeunes encore étudiants qui ne sont pas comptabilisés dans la population active. Ainsi, si ce taux est élevé, ce n'est pas parce qu'il y a plus de chômeurs, mais parce que l'on sous-estime la taille de la population. Effet de dénominateur...
Deuxième apport majeur de cette étude: la matérialisation de l'effet de polarisation du marché du travail dû aux effets de la société post-industrielle. Sous l'effet du développement des technologies de l'information et de l'automatisation, toutes les tâches de nature répétitive tendent à disparaître, tant dans les usines que dans les bureaux. Symétriquement, les emplois très qualifiés en tirent parti pour accroître leur niveau de revenus.
Enfin, si les emplois d'ouvriers non-qualifiés et de secrétariat disparaissent rapidement, il y a un essor d'autres tâches dans le domaine du service dans les secteurs du tourisme, de la santé ou de la proximité. Ainsi, les emplois non-qualifiés ne disparaissent pas, mais il y a un remplacement de ceux qui sont automatisables, par d'autres qui ne le sont pas.
Tel est le paysage actuel du marché du travail: un marché où les opportunités d'emploi n'ont pas disparu, mais où les inégalités salariales s'accroissent, celles-ci étant directement corrélées avec le niveau de qualification.
Face à cette polarisation, les gouvernements français ont cherché à combattre la croissance des inégalités au travers de deux leviers principaux: la hausse du Smic net pour éviter la baisse des bas salaires et le déplacement de la masse des cotisations sociales des bas vers les hauts salaires pour limiter l'impact de cette hausse du Smic.
Quel en est le résultat?
Succès du côté des inégalités salariales qui ont été contenues, mais au prix de l'émergence du chômage de masse. La vraie inégalité est de moins en moins à l'intérieur de ceux qui ont un travail, mais entre ceux qui en ont et ceux qui n'en ont plus!
Que s'est-il passé?
Malgré la diminution de 26% des charges sociales sur les bas salaires entre 1993 et 2009, le coût du travail non-qualifié a augmenté en France de 12%. Cet accroissement, à la différence par exemple des États-Unis, a entravé la création de nouveaux emplois non-qualifiés. En conséquence, aujourd'hui, le chômage se concentre sur les populations dont le salaire moyen est proche du Smic. Ce sont ces populations qui connaissent le plus fort taux de chômage et ont le moins de chance de retrouver un emploi.
Est-ce que le récent CICE résout ce problème?
Non car son effet n'étant pas concentré sur les bas revenus et à cause de la situation de quasi-plein emploi pour tous les emplois se situant au-delà de 1,5 Smic, tous ces salariés ont capté rapidement l'avantage à leur profit. La réduction de 2% accordée par l'État n'a ni conduit à une baisse durable du coût du travail, ni à de nouvelles embauches, mais a un accroissement des salaires. Un coup d'épée dans l'eau de plus!
Que faudrait-il donc faire?
Il faut donner la priorité à la lutte contre la vraie inégalité, celle qui sépare ceux qui ont un travail de ceux qui n'en ont pas. Bref, s'attaquer au chômage de masse avec un levier net et rapide: l'abaissement du coût du travail au niveau du Smic. Toutes les études sont claires: c'est la meilleure méthode de lutte contre le chômage non-qualifié. Une critique est souvent faite à ce type de politique. Elle reviendrait à piéger une partie de la population dans une "trappe à bas salaires". Il n'en est rien puisque les perspectives de mobilité y sont réelles, et du même ordre que le reste de la population. Simplement, pour que cette perspective existe, il faut que des opportunités de formation et d'évolution existent.
Comment donc abaisser le coût du travail au niveau du Smic sans paupériser davantage les travailleurs concernés?
Deux réponses sont possibles et cumulatives.
D'abord, supprimer toutes les charges sociales au niveau du Smic et progressivement jusqu'à 1,4 Smic. Comment le financer? Initialement par un accroissement de la TVA, puis par un allègement des dépenses publiques dans un deuxième temps. Ensuite, un autre levier: pourquoi avoir un Smic unique alors que le coût du logement varie dans des proportions de plus de un à trois selon les régions et représente le principal poste de dépenses des ménages? Moduler le Smic en fonction de la localisation, ce serait tenir compte des réalités du terrain pour l'abaisser sans créer des inégalités de pouvoir d'achat réel. Au contraire.
Grâce à ce double plan d'action abaissant le coût du Smic, on peut mettre fin au chômage de masse et permettre à la population non-qualifiée de retrouver le chemin de l'emploi.
Il restera à mener de concert la relance de l'apprentissage, la promotion d'une filière positive pour le travail manuel et la transformation de la formation professionnelle pour construire de vrais parcours qualifiants. Alors l'accès à l'emploi par des postes non-qualifiés sera le point d'entrée vers une progression sur d'autres fonctions de plus en plus rémunérées.
Tel est le sens des propositions de Nous Citoyens.

Mais pourquoi donc attendre les prochaines élections pour agir ?

25 mars 2015

LES PROPOSITIONS NOUS CITOYENS POUR EN FINIR AVEC LE CHÔMAGE DE MASSE

Marché du travail : la grande fracture (7)
Pour faire court, les propositions de Nous Citoyens sont 100 % en phase avec cette étude et s’en trouve même confortées.


La première proposition portait précisément sur l’abaissement du coût du travail au niveau du Smic, pour mettre fin au chômage de masse. 
Nous avions évalué l’impact de cette mesure à un million d’emploi. Au vu de l’étude de l’Institut Montaigne, l’impact pourrait être supérieur.
Bonne nouvelle apportée aussi la structure du retard français : comme c’est surtout dans la tranche d’âge 50-64 ans que nous sommes en retard, il va se résorber de lui-même. 
L’absence de trappe à bas salaire est aussi un point d’appui important : grâce à une formation professionnelle adaptée, on peut s’échapper des emplois non-qualifiés.
Reste à travailler sur nos problèmes de fond par nos autres propositions : 
- Revoir l’apprentissage, le travail manuel et la formation professionnelle pour bâtir une vraie filière qualifiante,
- Simplifier le code du travail avec un contrat de travail unifié et une indemnisation claire pour mettre fin au motif de licenciement,
- Construire un nouveau dialogue social reposant sur des syndicats forts financés par un chèque syndical attribué par les salariés,
- Avoir une politique économique et une fiscalité qui favorise réellement l’entreprenariat et l’innovation
Bref une nouvelle politique qui combine intelligemment lutte contre les inégalités et efficacité économique !

24 mars 2015

UNE PRIORITÉ : ABAISSER LE COÛT DU TRAVAIL AU NIVEAU DU SMIC

Marché du travail : la grande fracture (6)
Quelles sont les recommandations de cette étude pour mettre fin au chômage de masse ?
Une réponse claire : abaisser le coût du travail au niveau du Smic en réduisant les charges sur les bas salaires. Toutes les études sont claires : c’est la meilleure méthode de lutte contre le chômage non-qualifié.
Où sont les réservoirs d’emploi à pourvoir ?
En comparant avec les États-Unis, on voit un déficit important d’emplois d’abord dans le commerce et l’hôtellerie-restauration – ils représentent la moitié de l’écart France-États-Unis –, puis les services aux entreprises, l’éducation, la santé et le social. Bref tout le monde du service !
Une critique souvent faite à ce type de politique : elle reviendrait à paupériser une partie de la population qui se trouverait piégée dans une « trappe à bas salaires ». Il n’en est rien puisque les perspectives de mobilité y sont réelles, et du même ordre que le reste de la population.
Parallèlement, à l’abaissement du coût du travail pour les bas salaires, l’étude recommande de renforcer l’attractivité de la France pour les jeunes talents : pourquoi ne pas prévoir une réduction temporaire (trois ans) pour les jeunes diplômés français et étrangers ? 
Que penser pour terminer au vu de cette étude des propositions faites par Nous Citoyens dans le domaine de l’emploi ? Sont-elles en ligne avec ces recommandations ?
(à suivre)

23 mars 2015

L’ÉCHEC PATENT DES POLITIQUES ACTUELLES

Marché du travail : la grande fracture (5)
Deuxième choix fait par les gouvernements français : l’augmentation des cotisations sociales sur les hauts salaires qui, pour les cadres dont les niveaux de rémunération sont supérieurs à deux Smic, se sont accrues de 5 %.
Est-ce que ceci s’est traduit par un renchérissement du coût du travail ou un abaissement symétrique de la rémunération nette des cadres ? La réponse est nette : quand la puissance publique prélève 1 € de plus, les salaires nets baissent d’autant.
Donc le transfert des charges sociales a effectivement réduit les inégalités de salaires nets. Cumulé avec la hausse du Smic, la France a atteint son objectif.
Seulement ceci s’est fait au prix de l’accroissement du chômage pour les salariés peu qualifiés, et d’un prélèvement massif sur les salaires supérieurs à 1,5 Smic. 
Manifestement cette politique ne peut être poursuivie plus longtemps, car elle a conduit au chômage de masse.
Le récent CICE est-il un pas dans la bonne direction ?
Oui à cause de son impact sur le coût du travail qui est évalué à 2 % par Eurostat. Non, car son effet n’a été que bref : comme sur ce segment, c’est le plein emploi, les salariés captent rapidement à leur profit cet avantage… et ni le coût du travail ne baisse, ni de nouveaux emplois sont crées. Les réductions de charges sur les salaires moyens sont inefficaces. Un coup d’épée dans l’eau donc !
Que faudrait-il donc faire ?
(à suivre)

20 mars 2015

MENSONGE

Se croire important
Ne pas bouger, ne pas vibrer, ne pas respirer,
Pas un souffle, pas un mouvement, pas un bruit.
Le futur est suspendu à mon immobilisme,
Tout est déjà tombé, détruit, tout autour de moi.
Depuis si longtemps, depuis si longtemps, 
Que je tiens le monde à bout de colonne.
Depuis si longtemps, depuis si longtemps, 
Que je glisse et dérape, petit à petit.
Sentir la fin venir, m’en croire responsable,
Sentir le poids des autres peser sur mes épaules.
Et croire que je pourrai lutter contre le flot du temps,
Et croire que le monde peut être sauvé.
Depuis si longtemps, depuis si longtemps, 
Que tout a déjà été détruit et consumé.
Depuis si longtemps, depuis si longtemps, 
Que je ne suis que l’usurpateur de vos vies. 
(Photo prise en juillet 2011 au temple Banteay Kdei, à Angkor – Cambodge)