Comment évaluer en figeant ce qui est en mouvement ?
Résumons comment on procède classiquement pour évaluer la performance d’une
entreprise ou la solidité d’un projet : en parallèle ou non d’une évaluation de
la pertinence des prévisions, on cherche à savoir si l’entreprise fait juste :
quelle est la qualité du marketing (études, communication, suivi concurrence…),
celle de la recherche-développement (temps de développement, nombre de
produits, chiffre d’affaires fait par les produits lancés depuis trois ans,…),
celle du commercial (connaissance des clients, qualité de la relation, niveau
de pénétration,…)... On passe ainsi en revue toutes les fonctions et on examine
aussi la qualité des relations en interne.
Ce type d’approche pose une première question, celle de la fiabilité de
la mesure qui permet de dire si c’est juste, oui ou non. Il faut être sûr de la
pertinence du mètre étalon. Or, compte-tenu de la multiplicité des paramètres
et des interactions, il n’est pas évident que l’on puisse étalonner
objectivement une performance. Ceci suppose a minima que celui qui porte ce jugement
a le bon niveau de professionnalisme de la pertinence et que l’observation a
été suffisamment longue.
En admettant que tout a été fait selon les règles et que le mètre étalon idéal
a été employé à bon escient, reste la deuxième question : si l’audit conclut à
une bonne performance de l’entreprise, comment savoir si cette performance est
le résultat d’un hasard, quelle sera la capacité de l’entreprise à faire face à
un aléa majeur, quelle est sa réactivité,… ?
L’univers est mouvant, incertain et ouvert. Évaluer via des photographies
est incomplet. N’évaluer que par des photographies est dangereux : le plus
important, ce sont les dynamiques et non pas les positions statiques. La
photographie n’a de sens que comme un élément parmi d’autres, et non pas comme
le juge de paix. Plus l’horizon de flou est rapproché, plus il est dangereux
d’évaluer au travers de photographies instantanées.