10 févr. 2015

AU PAYS DES TROUS MAGIQUES

La gueule de bois de la dépense publique ou la nécessité de sortir d’une addiction française (3)
Alors asseyez-vous un moment, Madame la France, et écoutez-moi. Je vais vous raconter une histoire dans laquelle vous allez peut-être vous reconnaître. Du moins, je l’espère. Car voyez-vous, Madame la France, cette histoire, c’est la vôtre. La nôtre, puisque moi aussi je suis Français.
Laissez moi commencer par vous parler du miracle des trous. Il était une fois un pays qui avait un très grave problème de chômage. Pourquoi ? Parce qu’il n’y avait plus assez d’activité. Alors le Président de ce pays qui était un homme très sage et très puissant, eut une idée : il créa deux entreprises, l’une qui creusait des trous, l’autre qui les bouchait. Il mit à la tête de chacune un homme de confiance. Et le miracle advint : plus la première se développait, plus la seconde avait du travail. Et réciproquement. En un rien de temps, le chômage fut résorbé. Partout on creusait, partout on bouchait.
Oui, à votre regard, je vois bien que vous trouvez mon histoire stupide, et que vous pensez que je me moque de vous. Tout le monde sait bien que l’économie réelle ne se développe pas ainsi. Pour que le chômage baisse durablement, l’activité des entreprises d’un pays doit créer une valeur réelle. Or creuser des trous pour les reboucher, cela n’en crée pas. Vrai. Mais laissez-moi maintenant vous parler de quelques exemples issus de ce qui se passe dans votre pays.
(à suivre)

9 févr. 2015

LA GUEULE DE BOIS DE LA FRANCE

La gueule de bois de la dépense publique ou la nécessité de sortir d’une addiction française (2)
Depuis tant de matins, la France se lève avec une solide gueule de bois. Depuis tellement d’années qu’elle fait la fête grâce à la dépense publique. Quand elle a un problème, c’est sa recette miracle. Trop de chômeurs ? Qu’à cela ne tienne, on va augmenter les allocations. Pas assez de logements ? Qu’à cela ne tienne, on va inventer une aide fiscale de plus. Trop de pauvreté ? Qu’à cela ne tienne, on va augmenter les allocations. Combien de verres de dépense publique avons-nous bus ? Impossible de les compter. Tout est flou.
Et la France sait appliquer le diction populaire : elle soigne le mal par le mal. Si elle a la gueule de bois, s’il n’y a plus assez d’emplois, si tous les déficits explosent, si la dette est abyssale, c’est parce que la dépense publique est insuffisante. Un peu plus de dépense publique, et vous verrez, mon bon Monsieur, la croissance va repartir et nos problèmes avec. Allez encore un petit verre, et Madame la France, vous vous sentirez mieux !
Oui, mais, Madame la France, voilà déjà longtemps que vous avez dépassé la dose admissible. La dépense publique, c’est votre drogue, votre héroïne, votre shoot. Vous êtes groggy, et vous errez dans les avenues de la mondialisation. Vous êtes dépendante, vous ne savez plus diminuer la dose. Et pourtant il va falloir. Non, vous ne croyez pas ? C’est vrai que votre addiction est telle que vous ne percevez même plus les dégâts.
(à suivre)

6 févr. 2015

DÉSERT

Solitude indienne
Chaud, si chaud. Sec, si sec.
L’air n’est même plus brûlant, juste manquant.
Les pas se font glissements, les voix se sont éteintes.
Chaud, si chaud. Sec, si sec.
Juste du sable, juste des pierres.
Pas de vie, ou si peu. Pas d’arbres ou si peu.
Je suis seul, perdu comme en enfer.
Juste du sable, juste des pierres.
Rien ne bouge, rien ne murmure.
De part et d’autre, jetés à plat,
Les rocs se font lits, les rocs se font murs.
Rien ne bouge, rien ne murmure.
Personne ne me voit, personne ne me suit.
Devant comme derrière, collés par ma sueur,
Mes instants se font vie, mes instants se font temps.
Personne ne me voit, personne ne me suit.
(Photos prises en août 2008 en Inde, à Jaisalmer)

5 févr. 2015

GUEULE DE BOIS

La gueule de bois de la dépense publique ou la nécessité de sortir d’une addiction française (1)
Certains matins, je me lève, probablement comme vous, avec une solide gueule de bois. Trop fait la fête la veille au soir, trop de mauvaises habitudes aussi probablement. Alors je me traine lamentablement. Envie de rien, même sortir du lit est un cauchemar, se faire un café un chemin de croix. Souvenir de la veille, des rires et des chants, de l’alcool qui a coulé à flot, de cette cigarette acceptée, puis d’une autre. Combien ? Tout est flou.
Selon le dicton populaire, il faut soigner le mal par le mal. Devrais-je ouvrir une bouteille ? Pas raisonnable. Finalement, je m’extrais petit à petit de ce brouillard. L’énergie revient lentement, le mouvement renaît, et la cafetière cesse d’être un obstacle…
Jusqu’à la prochaine soirée où je replongerai. Pourquoi se priver de ces moments de convivialité ? À cause des gueules de bois du lendemain ? Pas de raison, du moins tant que je ne dérape pas, tant que je ne cours pas après une escalade des doses. Sinon, bienvenue au pays des addictions dangereuses, sur la pente savonneuse de la descente aux enfers où la gueule de bois ne cesse plus et devient un état permanent. Jusqu’à la dose finale, la dernière. Un verre de trop…
(à suivre)

4 févr. 2015

OSER UN VRAI CHANGEMENT

Dépense publique et refondation de la France (5)
Une autre priorité pour refonder la France, est de sortir le paritarisme car cela fige toute évolution structurelle. Et un brin de synthèse pour finir cette série d’extraits ne fait pas de mal !
Sortir le paritarisme de la gestion
On ne pourra refonder la France qu'en sortant le paritarisme de la gestion.


Les Piliers pour une refondation
En synthèse, quels sont les piliers pour une refondation de la France

3 févr. 2015

SAVOIR TOUT REMETTRE EN CAUSE… OU PRESQUE

Dépense publique et refondation de la France (4)
Refonder la France ne peut se faire par étape, ceci suppose une action simultanée sur la plupart des plans. Et s’attaquer à une refonte de nos organisations territoriales est une priorité.
Pour une approche systémique
On ne pourra refonder la France qu'en s'attaquant à tous les sujets à la fois.


Pour une organisation territoriale simplifiée
Passer à de grandes régions et de grandes communes pour pouvoir réellement décentraliser, faire des départements des échelons déconcentrés des régions

2 févr. 2015

LES VERTUS DU « LED »

Dépense publique et refondation de la France (3)
On peut produire de la « lumière » en consommant moins d’énergie… à condition de se fixer les bons niveaux d’objectifs. 
Vers une France LED
Une lampe LED produit une meilleure lumière en consommant moins d'énergie. De même, il nous faut passer à une France LED, de meilleurs services publics à moindre coût.


Se fixer le bon objectif
Savoir se fixer le vrai niveau d'objectif pour déclencher la refondation nécessaire.

30 janv. 2015

FIN DE PARTIE

Mon tombeau
Qui suis-je à le regarder ? Rien qu’un voyeur de passage.
Lui aérien, lunaire, ne marche pas, il flotte.
Même le Taj Mahal ne se fait que silhouette, arrière-plan,
Un décor pour celui qui est le roi des lieux, un enfant Dieu.
Le sablier est figé, rien ne va plus, les jeux sont faits,
À la roulette de ma vie, je sais que j’ai tout perdu.
Il est l'enfant venu me cueillir, rien n’y fera,
Inutile de tenter l’escapade ou la fuite. Aucune issue.
Le ciel est bleu, le marbre blanc, le vent calme,
Tout passant ne sentirait rien à la tension qui n’est que mienne.
Bientôt l’elfe s’arrêtera, se tournera vers moi et d’un regard,
Mettra fin à ce temps qui, jusqu'à présent, coulait en moi.
Qui étais-je à le regarder ? Rien qu’un mortel de passage.
Lui aérien, lunaire, s’est arrêté et me sourit.
Même le Taj Mahal se fait petit, évitant d’être témoin
Du cri qui m’échappe, au moment où je m’effondre.

(photo prise à Agra en août 2008)

29 janv. 2015

SORTIR DE NOS MAUVAISES HABITUDES

Dépense publique et refondation de la France (2)
Pour centrer la Dépense publique sur une réelle création de valeur, il faut sortir de l’opposition entre public et privé, et ne plus accepter que la France soit « ingouvernable ». 
Le Dilemme du Prisonnier : Privé et Public doivent réapprendre à se faire confiance
Il ne sert à rien de dénoncer l'autre le premier. Le mieux est de lui faire confiance.


Le tas de spaghettis
La France actuelle n'est pas un millefeuille, mais un tas de spaghettis. Pour refonder la France, il ne faut donc pas partir de l'existant, mais d'une vision.

28 janv. 2015

POURQUOI LA DÉPENSE PUBLIQUE PEUT DÉTRUIRE DE LA VALEUR

Dépense publique et refondation de la France (1)
Le 5 janvier dernier, j’ai fait une conférence à Nantes sur le thème « La réduction de la dépense comme moteur de croissance et d’emploi ». 
Elle a été filmée avec un smartphone, donc pas mal de bruit de fond et une qualité d’image improbable, mais une intervention qui fait le point sur un sujet clé aujourd’hui. J’en ai tiré quelques extraits que je vais diffuser sur ce blog dans les jours qui viennent.
Tout d’abord deux vidéos sur la Dépense publique et pourquoi elle peut détruire de la valeur
La Dépense publique : crée-t-on de la valeur en creusant des trous ? 
La dépense publique ne sert à rien quand elle construit des jardins inaccessibles au milieu des ronds-points, dépensent des milliards dans la Formation professionnelle ou le logement pour n'avoir ni l'un, ni l'autre...


La Dépense publique : Pourquoi la centralisation pose problème
Dans un monde incertain, seule la décentralisation apporte de l'efficacité et de la performance. Or tout accroissement de la dépense publique augmente de fait la centralisation. Halte aussi aux hommes miracles !

27 janv. 2015

TENIR SA TÊTE À BOUT DE BRAS

La technique est l’externalisation progressive du corps
Michel Serres, à nouveau dans ses œuvres, avec une vidéo lumineuse, où, partant de l’image de Saint Denis tenant sa tête à bout de bras, il explique comment le développement technique serait l’externalisation des fonctions du corps.
En effet, le marteau n’est jamais que l’externalisation du bras et du poing – la force physique relayée par un objet plutôt que d’endommager son poing –, l’écriture et l’imprimerie de la mémoire – ce qui permet à Montaigne de dire qu’il vaut mieux une tête bien faite qu’une tête bien pleine –, et enfin l’ordinateur de nos fonctions cognitives.

26 janv. 2015

SAISIR UNE OPPORTUNITÉ HISTORIQUE POUR ENCLENCHER LA REFONDATION DE LA FRANCE

Au Président
Monsieur le Président,
Il y a bientôt quatre ans, des circonstances tout à fait imprévues, et dont vous n’étiez en rien la cause, on fait de vous rapidement, le favori des prétendants socialistes pour l’élection présidentielle de 2012.
Et intelligemment, vous avez su transformer cette opportunité imprévue en un succès personnel, puisqu’un an plus tard, vous deveniez le vingt-quatrième Président de la République Française.
Depuis lors, vous vous êtes englués dans une majorité hétéroclite, et dans des projets qui n’apportaient pas réellement des réponses aux problèmes de la France.
Et surtout, vous vous êtes longtemps trompé sur la nature de la situation de la France, croyant qu’elle ne faisait face qu’à une crise passagère.
Il y a plus de deux semaines, de nouvelles circonstances tout aussi imprévues, mais cette fois sanglantes, et dont bien sûr vous n’étiez en rien là non plus la cause, viennent de vous remettre en selle.
Certes vous avez su faire face avec intelligence, cœur et tact à la situation exceptionnelle. Certes les discours que vous avez tenus, ainsi que ceux de votre Premier Ministre, de votre Ministre de l’Intérieur et de votre Ministre de l’Éducation, ont été à la hauteur du drame.
Mais Monsieur le Président, ce ne sont encore que des discours…
Et plus grave, rien ne sera possible en France, si l’on ne libère à la fois nos institutions politiques et nos forces économiques, tout en redonnant du pouvoir aux citoyens. Ce qui suppose une refondation de la France.
Or pour l’instant, je ne vois rien venir…
Monsieur le Président, vous avez devant vous une chance historique, celle d’enclencher sans attendre cette refondation.
Monsieur le Président, ce qui fait un grand Président, ce n’est pas de savoir faire face à l’exceptionnel, mais c’est le transformer en une opportunité pour l’action et le changement.

23 janv. 2015

VIDE

En vain
Mon Dieu, mon Dieu, que t’ai-je donc fait ?
J’ai beau marcher, beau prier, beau pleurer,
Rien, rien, rien n’y fait. Le monde reste vide.
Vide à mes cris, vide à mes prières.
Sur combien de plages, mes pas ont erré ?
Dans combien de flots, mes bras se sont plongés ?
Sur combien de joues, mes larmes se sont arrêtées ?
En vain, toujours en vain. Le monde reste vide.
Mon Dieu, mon Dieu, que t’ai-je donc fait ?
N’es-tu qu’une immense mystification, l’ultime ?
Comment savoir, si tu ne réponds pas ?
A qui demander, puisque toi seul le peux ?
Alors je vais errer encore et encore.
Alors je vais nager encore et encore.
Alors je vais pleurer encore et encore.
En vain, toujours en vain, puisque le monde reste vide.

(Photos prises en juillet et août 2010 en Inde, à Bénarès pour celle du haut et à Puri pour celle du bas)

22 janv. 2015

UNE PRÉSIDENCE MODERNE AVEC UN PROJET CONCRET POUR REFONDER LA FRANCE

Le Pouvoir (4)
Qu’est-ce que je retire de ce voyage dans le palais de la République aux temps de François Hollande.
D’abord que quitter ce palais est très probablement une bonne idée !
Pourquoi en effet le prochain Président n’aurait-il pas le courage d’exercer sa fonction dans un cadre « normal », non pas pour y exercer une « Présidence normale », car c’est une tâche par construction « anormale », mais simplement pour l’exercer efficacement, c’est-à-dire en ne vivant pas dans un musée, mais dans le réel. Comme tout dirigeant, être dans un cadre moderne, fonctionnel et correspondant au monde actuel. Et sans huissier qui ouvre chaque porte avant lui – le cas échéant, on peut mettre ici ou là des portes à ouverture automatique ! –, et qui annonce à chacun son arrivée.
Au passage, on fera aussi quelques économies sur le budget de dépenses de l’État. Même si ce n’est pas pour moi l’objectif essentiel, c’est toujours bon à prendre !
Faudrait-il se séparer du Palais de l’Élysée ? Peut-être. Mais on pourrait le garder pour les réceptions officielles de chefs d’État étrangers. Et l’ouvrir aux visiteurs le reste du temps. Un Versailles plus central et plus commode en quelque sorte.
Ne plus avoir de Palais dans lequel gouverner, et … arriver au pouvoir non pas seulement avec un programme seulement construit pour gagner des élections, mais un plan d’actions concret : quel projet pour la France ? 
Et singulièrement que faire la première semaine, le premier trimestre, la première année. Évidemment, ce plan d’actions doit être très précis au début, puis progressivement être plus un guide pour choisir et décider. 
C’est ainsi que travaille Nous Citoyens : nous sommes en train, en mobilisant une partie importante du réseau des adhérents, de construire ce plan d’actions. Le processus est en cours. Via Internet, nous associerons plus largement tous les Français qui voudront contribuer à cette construction essentielle.
Il est indispensable en 2017 d’avoir un Président et une équipe qui arriveront au pouvoir, non pas seulement en ayant réussi à le conquérir, mais avec un projet réaliste et ambitieux pour refonder la France.

21 janv. 2015

AU PAYS DE L’IMPROVISATION

Le Pouvoir (3)
Au milieu des ors de la monarchie républicaine, le bateau présidentiel n’a aucun cap, aucun projet.
Ceci est flagrant tout au long du film. Et c’est d’autant plus net que ce n’est pas intentionnel : on sent bien que Patrick Rotman ne se veut ni juge, ni accusateur, il se contente de filmer ce qu’il voit, et de nous faire entendre ce qui est dit.
Et voilà un Président qui dit : « Je ne pensais pas que la situation de la France était si grave ». 
Mais sur quelle planète vivait-il ces dernières années ? Est-ce que la rue de Solferino l’avait à ce point isolé de la réalité de son propre pays ? N’avait-il donc rencontré aucun Français pendant sa campagne, aucun dirigeant d’entreprise, aucun économiste ? Mais il est vrai que son ennemi était la finance…
Un peu plus loin, son Secrétaire Général, Pierre-René Lemas, indique qu’il va falloir faire des économies dans la dépense publique, mais que cela ne va pas être facile. Sic ! Et François Hollande d’ajouter : « Et cela comprend aussi les dépenses des collectivités locales et les dépenses sociales ». Merci pour les précisions. Se croît-il à un oral d’entrée à l’ENA ?
Si c’était le cas, il aurait eu une bonne note, puisque sa précision est exacte, mais il est Président et sensé avoir un projet… Mais cette discussion montre que ni l’un, ni l’autre n’y avaient réfléchi avant. 
Résumons : donc aucun des deux premiers dirigeants du pays – car dans le fonctionnement de la cinquième république, le Secrétaire général de l’Élysée a de fait plus de pouvoirs que le Premier ministre –, n’avait réfléchi à l’avance sur les dépenses publiques. Fallait-il oui ou non les réduire, et comment ? 
Bizarre, non ? Car on pourrait penser que leur première responsabilité est précisément de piloter ces dépenses. 
Si l’on voulait avoir une preuve du niveau d’impréparation de François Hollande à l’exercice du pouvoir, avec ce film, on a l’embarras du choix.
Je pourrais multiplier les exemples, mais je vous laisse les découvrir ! 
Juste une dernière pour le plaisir : je ne résiste pas à l'envie de relayer l’anecdote relative au G8 et aux négociations internationales. A ce propos, François Hollande dit d’abord qu’il n’en avait pas l’expérience, ce qui, comme il le mentionne à juste titre, est normal quand on n’a pas été Président. Puis rapidement, il enchaîne que, après une réunion, il maîtrise le sujet. Cela saute aux yeux effectivement !
(à suivre)

20 janv. 2015

DANS LE PALAIS DE LA MONARCHIE RÉPUBLICAINE

Le Pouvoir (2)
Arrêtons-nous d’abord sur les ors de la République.
Fascinant de voir la Présidence de la République vivre dans un palais. Un petit Versailles en plein centre de Paris.
Impossible d’ouvrir une porte. A chaque fois, un huissier est là pour vous empêcher. 
En regardant ces images, j’ai repensé à mes débuts à l’École Polytechnique, et aux semaines passées au camp du Larzac. Impossible d’aller chercher moi-même un pot de café. Non, un régiment entier n’était là que pour nous servir. Fallait-il nous inculquer que nous étions d’une race supérieure, celle qui doit être servie ? 
Est-ce de même à l’Élysée ? Le Président, une fois élu, cesse-t-il d’être un Français pour devenir un monarque qui doit être servi à chaque instant ? Comment François Hollande qui se voulait un « Président normal » a-t-il pu accepter cette comédie royale ?
Et à chaque fois qu’il pénètre dans une pièce, un huissier le précède pour annoncer à tous les présents : « Le Président de la République ». Aurait-on peur qu’il ne soit pas reconnu ? Comedia del arte. Louis XVI doit se retourner dans sa tombe, en voyant qu’il s’est fait couper la tête pour rien !
Autre aberration : comment diriger un État moderne dans un cadre qui relève d’un musée ? J’imagine un instant le siège d’une quelconque entreprise, plongé dans un tel formol. Assurément, les décisions prises seront faussées, en retard, décalées.
Et François Hollande s’étonne d’être, petit à petit, comme ses prédécesseurs, coupé de la réalité du monde, mais comment ne pas l’être quand on travaille un musée Grévin de la politique !
(à suivre)

19 janv. 2015

MISE EN VERTIGE D’UN POUVOIR SANS PROJET

Le Pouvoir (1)
Je viens de voir le film documentaire de Patrick Rotman, « Le Pouvoir ». Sorti en mai 2013, c’est une plongée dans le quotidien de l’Élysée, aux temps de François Hollande. Tout commence à la passation de pouvoir le 15 mai 2012, et se termine le 25 janvier 2013.
Une plongée brute sans commentaires. Bien sûr, la caméra n’est pas neutre, chaque angle est un point de vue, chaque séquence est choisie, chaque enchaînement est la conséquence d’un montage voulu. 
Mais j’ai regardé ce film en essayant de faire abstraction de cette intention, en cherchant à recevoir de façon la plus neutre possible les images qui se déroulaient.
Deux choses m’ont frappé : la puissance des ors de la République – ou devrais-je dire de la monarchie républicaine – et l’impréparation évidente de cette équipe. Une mise en vertige, l’un mettant chaque seconde davantage en relief l’autre : plus le cérémonial se déroulait, plus l’improvisation ressortait.
Et le commentaire en voix off de François Hollande ne faisait que souligner ce vertige, tellement les images contredisaient ce qui était dit. Les mots se voulaient posés, le raisonnement démonstrateur, mais ce qui était vu était disloqué, quasiment chaotique. Comme un pièce dont les acteurs ne connaitraient pas le script…

(à suivre)

16 janv. 2015

ENVOÛTEMENT

Off Bombay
Debout, son regard perdu dans un futur impossible, 
Il guette l’arrivée de celle qui ne viendra pas.
Va-t-il plonger dans l’eau qui murmure à ses pieds ?

Allongé, son coeur arrêté depuis bien longtemps,
Il sait que rien ne sert d’attendre.
Va-t-il se lever pour s’extraire du sol qui le boit ?

Derrière, juste derrière, palpite la folie de Bombay.
Comment le savoir à regarder l’un ou l’autre ?
Rien ne prévient jamais de la violence ambiante.

L’un et l’autre ont réussi à s’en abstraire.
L’un en verticale, mimant les tours de la baie,
L’autre en horizontale, se fondant dans la chaussée.
Par la force de leurs volontés, l’Inde a été gommée.
Ne reste qu’un temps immobile, une fiction urbaine,
Une parenthèse qui, comme eux, m’absorbe.

Bientôt, en horizontale ou en verticale,
En guetteur ou en ventouse,
Je serai à mon tour figé, sur Marine Drive.
(photos prises à Bombay sur Marine Drive en juillet 2012)

15 janv. 2015

UN NOUVEAU MOTEUR

La France Réconciliée (4)
Pour une réduction de la dépense publique
« Nous devons ouvrir deux chantiers en parallèle : L’un vise à réduire nos dépenses et à mettre notre organisation publique en situation de retrouver un équilibre budgétaire durable. (…) L’autre chantier, que nous devons traiter concomitamment, vise à redonner du souffle à nos entreprises. »
« Concernant les coups de rabot, pour reprendre la métaphore du moteur, c’est un peu comme si l’on allégeait une à une à coups de lime les pièces du moteur, pour que la voiture pèse moins lourd sur les amortisseurs défaillants. Le moteur, autant détérioré, deviendrait extrêmement fragile et la voiture perdrait son équilibre d’origine. »
« Plusieurs chiffes témoignent de ce handicap, celui de la dette, qui atteint 1 986 milliards d’euros, et celui du poids de la dépense publique dans notre PIB, qui représente aujourd’hui 57,1 %. Sans compter nos engagements « hors bilan » comme les retraites ou ceux pris au titre des partenariats publics/ privés qui augmentent de plus de 2 000 milliards la dette réelle de notre pays. (…) La part de la dépense publique des pays de la zone euro est de 47 % du PIB. »
« Le premier concerne le statut de la fonction publique. Rien ne justifie aujourd’hui, à part les services de défense et de sécurité, que nous maintenions un statut dérogatoire pour près de six millions de fonctionnaires – ce qui représente plus de 20 % des emplois en France. (…) Un autre levier à réformer est celui de l’État providence. Il représente une contribution financière annuelle de plus de 650 milliards d’euros. Même si la protection de l’individu, de l’enfant jusqu’à la personne âgée, est inscrite dans notre Constitution, nous devons revisiter en profondeur les contours et les conditions de l’intervention de l’État providence. (…) Le troisième levier d’économie de nos dépenses concerne les services publics. L’écart entre le niveau de satisfaction des Français pour leurs services publics, conforme à la moyenne des autres pays, et celui de nos dépenses publiques, plus élevé que la moyenne des autres pays, doit nous amener à nous interroger sur leur efficience autant que sur leur coût. (…) Enfin, le dernier levier est celui de l’organisation territoriale. (…) Une nouvelle définition des échelles de gouvernance , une bonne répartition des compétences, une politique intelligente de contractualisation avec l’État et une réforme des institutions nationales permettraient d’engager plus de 50 milliards d’économie en rythme annuel. 
Pour davantage de compétivité
 « Cette réduction de l’IS pourrait être financée par une remise à plat de tout ou partie des aides aux entreprises, dont certaines relèvent davantage de l’effet d’aubaine que d’un véritable dispositif d’incitation. »
« C’est d’abord sur le droit du travail, et son fameux code de plus de deux mille pages, que nous devons agir courageusement. En réformant le code du travail et en simplifiant le contrat à durée indéterminée. En effet, la rigidité de ce contrat dissuade actuellement En réformant le code du travail et en simplifiant le contrat à durée indéterminée. En effet, la rigidité de ce contrat dissuade actuellement. »
« L’État et les collectivités locales doivent impulser un vaste programme d’investissement d’avenir : La priorité concerne la modernisation des infrastructures de transport. (…) La deuxième orientation de ces investissements d’avenir doit s’appliquer à la modernisation de l’ensemble des politiques d’enseignement et de recherche. (…) Un autre domaine sur lequel devraient porter nos investissements d’avenir est celui de la culture. (…) Le soutien aux entreprises innovantes est également un des axes fondamentaux d’une politique de qualification des générations futures. »

14 janv. 2015

POUR UNE RÉELLE SUBSIDIARITÉ

La France Réconciliée (3)
Pour une nouvelle organisation qui part des territoires
« Quelques principes de base pourraient nous permettre d’y arriver. Le premier consiste à bâtir une organisation qui parte des territoires pour privilégier la proximité et exploiter tous les avantages économiques et sociaux. (…) Le deuxième vise à rendre cette organisation la plus simple et la plus lisible possible. (…) Le troisième principe vise à reconfigurer les échelons territoriaux de manière à être le plus efficace possible pour gérer des politiques sociales et de développement. »
« Pour autant, je suis convaincu que la France, ainsi divisée en trois à quatre cents districts répondrait beaucoup mieux aux attentes des Français que le font actuellement les conseils départementaux dont les chefs-lieux sont parfois très éloignés de certaines parties du territoire départemental. (…) Les districts qui structureraient alors le territoire français seraient gérés par des « conseils intercommunaux de district » qui assureraient l’ensemble des compétences pertinentes à cette échelle ; comme les politiques sociales, les politiques de santé, la coordination des politiques d’éducation, la voirie, l’urbanisme, mais aussi celles des politiques économiques qui correspondent à cette échelle de proximité. (…) Les communes actuelles deviendraient progressivement des composantes du district ; elles assureraient le point d’entrée pour les populations afin de maintenir au plus près d’elles les guichets d’informations et de services qui leur sont nécessaires. Il appartiendrait néanmoins au district d’organiser la distribution des services sur le territoire de façon homogène et cohérente. »
« La question n’est donc pas de savoir si la France doit compter huit, dix, douze ou quinze régions comme nous en avons débattu lors du débat parlementaire de juillet 2014, à la suite de la volonté du président de la République de réduire le nombre de régions. Elle consiste plutôt à énumérer nos métropoles pivots, puis à les relier à chacune de nos villes moyennes en veillant à ce qu’aucune d’entre elles ne soit à plus de deux heures de distance. (…) Sur une base nationale d’une dizaine de métropoles-régions et d’environ trois cent cinquante districts, chaque région serait alors composée d’une trentaine de districts avec lesquels elle organiserait l’ensemble du projet de développement. »
« Ces métropoles-régions pourraient être dotées d’un pouvoir réglementaire fort afin d’être en mesure d’adapter certaines politiques publiques aux spécificités régionales. De nombreuses questions relevant du développement économique ou de l’aménagement du territoire gagneraient à être traitées dans ces nouvelles assemblées régionales plutôt que dans l’enceinte de l’Assemblée nationale et du Sénat. (…) La gouvernance de ces métropoles-régions serait organisée au sein des nouveaux conseils régionaux. Ils seraient composés des représentants de la métropole et de ceux élus au sein des conseils de district. Ces conseils régionaux seraient ainsi l’expression directe des territoires. (…) Cette construction ascendante par laquelle les élus régionaux seraient directement issus des communes garantirait une gouvernance responsable au plus près des attentes des citoyens. »
… Et se poursuit jusqu’au niveau de la nation
 « D’un côté, la nouvelle organisation des collectivités, moins nombreuses et plus fortes, dotées d’un nouveau pouvoir réglementaire et normatif, justifierait le fait que les élus en charge de ces exécutifs territoriaux soient présents au sein d’une Assemblée des territoires. Cette nouvelle Assemblée, emblématique du principe de subsidiarité, remplacerait à la fois le Sénat et le Conseil économique, social et environnemental. (…) La réforme de l’Assemblée nationale s’inscrirait, quant à elle, dans une meilleure représentation des expressions politiques. Sa mission serait à la fois législative et de contrôle de l’État. Les députés seraient appelés en première lecture sur les textes qui touchent les grandes politiques régaliennes : sécurité, justice, éducation ou affaires internationales. Le nombre de députés serait fortement réduit, le non-cumul des mandats confirmé, et une dose de proportionnelle régionale intégrée au mode de scrutin. »
« Pour résumer, dans cette nouvelle organisation, la France de proximité serait structurée autour de trois cent cinquante districts, celle du développement autour d’une dizaine de métropoles-régions, la coordination des politiques territoriales serait arrêtée au sein d’une Assemblée des territoires, et l’Assemblée nationale, dans une version fortement optimisée, assurerait sa mission législative. »
(à suivre)