16 juin 2009

JE SUIS TOUT-PUISSANT : JE CONTRÔLE LE FUTUR

Histoire de caverne (Episode 3)

Comment aider le fils d'Hector ? C'était vraiment un bon chasseur et, quand je construisais encore moi-même des cavernes, son père était un de mes meilleurs clients.

Je ne pouvais pas le laisser sans solution.

« Si tu veux, je t'achète à l'avance tes peaux d'ours. Mais comme je prends un risque – imagine qu'il t'arrive quelque chose pendant la chasse –, je te les paie 75 pierres, soit donc un total de 375 pierres pour les 5 peaux. A prendre ou à laisser.
- Ok, je prends ! Merci beaucoup, tu me sauves »

Rapidement notre accord fut connu par tout le monde et je fus bientôt assailli de demandes. L'un voulait me vendre des gazelles qu'ils n'avaient pas chassées, un autre des poules encore à l'état de poussins. Un troisième alla encore un cran plus loin :

« Je réalise en ce moment des travaux pour le compte de Jacques, tu sais, celui qui a la caverne avec vue sur le lac (voir Histoire de caverne 2). Il doit me payer à la fin des travaux la somme de 500 pierres. Or, je dois acheter pour faire les peintures murales de la terre ocre spéciale. Elle coûte 20 pierres et je n'en ai plus une d'avance. Tu ne peux pas faire quelque chose pour moi ?
- Si. Je peux te donner tout de suite 20 pierres, mais tu m'en rendras 30 quand Jacques te paiera.
- Tu exagères un peu, mais je n'ai pas d'autres solutions. »

Mon business de pierres explosa. Je me mis à acheter des biens qui n'existaient pas, prêter des pierres pour des travaux qui n'étaient pas encore réalisés.

C’était génial, grâce à moi et à mes pierres, le temps ne comptait plus. L’homme venait de faire un grand pas en avant. Finalement, ces pierres devenaient un peu comme des dieux qui mettaient le futur au présent.

Je me sentais tout puissant, Dieu n'avait qu'à bien se tenir : je contrôlais le futur.

Je pouvais enfin me reposer, les pierres coulaient à flot, je ne craignais plus rien …

(à suivre)

15 juin 2009

POUR 100 PIERRES, J’AI UNE PEAU D’OURS

Histoire de caverne (Episode 2)
Comment allais-je sortir de mon impasse actuelle ? Comment sortir de cette explosion du troc ?

Je ne voyais aucune solution. Je repensais à Jojo qui était en train de prospérer en tant que devin. Il devait avoir le même problème que moi. Et comme il était vraiment malin, il aurait peut-être une idée de solution.

« Il va falloir que tu songes à agrandir ta caverne, lui dis-je en arrivant. Tu as les moyens maintenant. Pourquoi ne pas avoir des pièces dédiées à tes activités de devin ? L'idéal serait de pouvoir réunir tout le monde en même temps.

- Pas bête, ton idée, me répondit-il ! Mais le développement, ce n'est pas mon objectif. Regarde derrière moi le tas de peaux d'ours, de zèbres et autres animaux. Sans parler de la basse-cour qui est pleine. Je ne sais plus quoi en faire. Ma femme me dit que c'est la rançon du succès.

- Justement, c'est de cela dont je voulais te parler. Moi aussi, je ne peux plus continuer comme cela. Surtout que j'ai des sous-traitants à payer.

- Moi, c'est pareil, car je veux ouvrir des franchises qui vont reprendre mon kit de devin. »

Rapidement, nous fîmes le tour du problème. Il nous fallait trouver une solution qui réponde aux caractéristiques suivantes :
- Permettre de payer tout le monde, tant nous que nos sous-traitants ou licenciés,
- Pouvoir quand on le veut, l'échanger contre de la nourriture ou tout autre bien,
- Se stocker facilement, c'est-à-dire avoir un petit volume et ne pas poser de problème de conservation.

Vraiment, Jojo et moi séchions. Aucune idée…

« T'es malade ou quoi, criais-je à un enfant qui partait en courant ! » Je venais de recevoir une pierre sur la tête. Encore un de ces maudis gamins qui s'amusaient… Sans réfléchir, je ramassais la pierre et commençais à jouer avec. Je la posais par terre, à côté de ses petites sœurs – il y avait plein de pierres de cette taille tout autour –.

Je songeais à mon troc parti de la peau d'ours (voir Histoire de caverne 1). Première étape, j'avais dû trouver qui avait une peau de zèbre : après trois échanges via des signaux de fumée, je localisais un offreur et apprenais qu'il était prêt à l'échanger contre un séjour de 2 semaines dans la caverne de 3 pièces avec vue imprenable sur le lac. J'ai trouvé cela bizarre comme idée, mais cela ne servait à rien de discuter. Le propriétaire de la susdite caverne demandait lui 4 sacs de graines – un nouveau produit qui venait d'apparaître sur le marché local et qui permettait de confectionner des galettes –, un seau en bois – eh non, pas d'anachronisme et pas de seau en aluminium… – et 2 quartiers de sangliers séchés. Comme il n'y avait qu'un seul fournisseur de graines, je lui ai échangé ma peau d'ours contre 20 sacs de graine. Ensuite ce fut un jeu d'enfants ou presque d'échanger 10 sacs contre 2 quartiers de sangliers et 5 contre un seau en bois. Enfin, au bout d'une semaine de négociation et environ 50 km parcourus, j'avais ma peau de zèbre et en prime un sac de graines.

Finalement, les sacs de graine avaient été comme une monnaie d'échange puisque tout le monde en voulait. Si j'avais chez moi une réserve de sacs, je pourrais ensuite me procurer ce que je veux. Mais il n'y a pas assez de sacs, et les graines risquaient de s'abîmer à la longue.

Je regardais à nouveau les pierres. Et si, par convention, on disait qu'avec 5 pierres, j'avais un sac de graines. Avec 25 pierres, j'aurais eu un quartier de sanglier ou un seau. Avec 95 pierres, les 2 semaines dans la caverne ou la peau de zèbre. Avec 100 pierres, la peau d'ours. Donc si je me faisais payer en pierres… Au passage, je venais de commencer à inventer le calcul arithmétique, mais je ne m'en rendis pas compte.

J'expliquais mon idée à Jojo qui me répondit :

« Génial ! Simplement, il faut que l'on authentifie les pierres, sinon tout le monde va en fabriquer et elles ne vaudront rien.

- Facile, je vais monter un atelier dans lequel on polira les pierres et on mettra une marque spéciale dessus. »

Je venais de créer la première banque centrale.

Rapidement, mon commerce explosa, les pierres se multiplièrent… et mon activité principale devint la fabrication des pierres.

Un matin, le fils d'Hector vint me voir et me dit : « Je vais partir à la chasse à l'ours. Je suis sûr de ramener au moins 5 peaux d'ours. Cela va valoir 500 pierres. Mais j'ai besoin d'argent tout de suite, car je me marie demain. Je suis désespéré. »

Il fallait trouver une solution…

(à suivre)

12 juin 2009

PAS FACILE DE DÉVELOPPER SON ENTREPRISE AU TEMPS DU TROC

Histoire de caverne (Episode 1)

Hector fit le tour de sa caverne et revint vers moi :

« Vraiment, je suis très content de ton travail : cette nouvelle pièce dans ma caverne est exactement ce que je voulais. Et les peintures rupestres sont vraiment bien. C'est le petit qui va être heureux, depuis le temps qu'il me réclamait une bande dessinée. Combien je te dois encore ?

- On avait convenu, lui répondis-je, que tu me paierais 2 peaux d'ours, 1 gazelle dépecée et chassée dans la semaine, et 3 poulets vivants. Comme tu m'as donné les peaux d'ours en acompte, restent la gazelle et les poulets »

Hector était un homme de parole. Quelques minutes plus tard, j'étais de retour chez moi avec la gazelle et les poulets.

« Bon, maintenant, pensai-je, il va falloir que je trouve une peau de zèbre pour payer Marcel qui m'a fait les peintures rupestres. Cela ne va pas être facile. Je n'aurais jamais dû accepter, mais Marcel a vraiment un coup de pinceau exceptionnel. »

J'embrassais donc rapidement ma femme en lui confiant le paiement de mon travail, pris une peau d'ours et partis à la recherche de la peau de zèbre.

Une semaine plus tard, j'étais de retour avec une peau de zèbre et un sac d'un produit bizarre qui pouvait cuire dans un feu. Cela n'avait été facile, car celui qui avait une peau de zèbre ne voulait pas de ma peau d'ours qui, de toute façon, valait plus qu'une peau de zèbre. Il m'avait fallu procéder à 4 trocs successifs pour enfin avoir la peau voulue. Au passage, j'avais récupéré ce sac avec ces graines à cuire ; j'avais goûté le résultat une fois cuit, c'était plutôt bon.

Cela ne pouvait vraiment plus durer. Au fur et à mesure que mon affaire se développait, je passais de plus en plus de temps à faire du troc. C'était bien joli de prendre des chantiers de construction de cavernes clé en main – c'est-à-dire décorées et meublées –, mais, comme je devais faire appel à des sous-traitants, le paiement était devenu un des aspects les plus complexes.

D'autant plus que les gazelles dépecées, je ne savais plus quoi en faire. On avait beau en manger un maximum et saler le reste, il y avait toujours un stock important. Comme les voisins le savaient, la valeur de troc de la gazelle venait de s'effondrer : le mois dernier, impossible d'avoir en échange la paire de mocassin que voulait ma femme…

Il fallait trouver une solution…

(à suivre)

11 juin 2009

LE TEMPS EST-IL UNE DIMENSION QU’IL FAUT FINIR DE DÉTRUIRE ?

Je veux tout, tout de suite
Depuis Einstein, nous avons appris que la séparation entre l'espace et le temps n'était pas si nette : L'un « communique » avec l'autre ; l'espace-temps se courbe ; plus je me rapproche de la vitesse de lumière, plus le temps ralentit ; pour un photon, le temps est arrêté (voir « A quoi pense un photon du big-bang qui voyage hors du temps ? ») …

Avec la théorie des cordes, tout est devenu encore plus compliqué : il y aurait 7 dimensions cachées (voir « Les sept dimensions cachées de notre univers ») ; au moment du big-bang, les 4 dimensions de notre univers – les 3 spatiales et la temporelle – se seraient déroulées ; rien ne dit que nos 4 dimensions ne soient pas enroulées avec un rayon de courbure immense…

Troublant et perturbant à penser au quotidien, non ?

Apparemment, aucun lien avec notre vie quotidienne et avec le management des entreprises.

Oui, bien sûr. Quoique…

Depuis la découverte de l'énergie et du moteur à explosion, l'espace physique s'est progressivement comme contracté. Il n'y a pas si longtemps, quitter son village était le début de l'exil, et on mourrait à une encablure de là où on était né. Tout voyage était une aventure ; changer de continent, une exception. Aujourd'hui les développements du transport aérien, des trains à grande vitesse et des infrastructures routières ont tout bouleversé. On ne parle plus en kilomètres mais en temps : Lyon n'est plus à 450 km de Paris, mais à deux heures (voir la carte ci-jointe). Tiens, on retrouve cette ambivalence entre espace et temps…

Depuis 20 ans, et surtout depuis 10 ans, les technologies de l'information sont venues dynamiter l'espace et supprimer les distances : les kilomètres n'existent plus ; je peux parler à mon « voisin numérique » sans même savoir où il est – d'ailleurs la première question posée au téléphone est maintenant : « Tu es où ? » –. L'espace physique s'est comme effondré sur lui-même, comme si nous n'occupions tous plus qu'un seul point, un seul lieu. Nous sommes tous synchrones. Inutile de demander à son correspondant : « Tu es quand ? », car tout se passe en direct. Avant, sur une lettre, il fallait spécifier la date à laquelle elle avait été écrite.

A cet effondrement de la distance, à cette synchronicité de la communication, répond en écho une demande de voir le temps s'accélérer : nous supportons de moins en moins d'attendre ; nous acceptons de moins en moins que ce qui est immédiatement accessible virtuellement ne le soit pas physiquement ; nous confondons agitation et mouvement réel.

Cette évolution, je la constate tous les jours dans les entreprises. Plus elles deviennent globales – c'est-à-dire plus l'espace physique s'effondre et tend à devenir un point –, plus elles ont un rapport « maladif » au temps: tout est urgent ; toute personne qui ne court pas et n'est pas débordée est suspecte (voir « Si agitation rimait avec efficacité, toutes les entreprises seraient performantes ») ; même en réunion, on doit lire ses mails et y répondre ; seul le présent et le court terme comptent…

C'est bien simple, alors que, jusqu'à ces dernières années, une grande partie de mon métier de consultant était de chercher à accélérer les processus et les changements, il est maintenant de chercher à les ralentir et à faire prendre conscience de l'inutilité de cette agitation (voir « Courir en rond sur un stade ne fait pas vraiment avancer un sujet ! ») !

Et ce n'est pas prêt de s'améliorer quand je vois se développer tous les produits financiers qui visent à tout anticiper et à contracter encore davantage l'espace-temps : du prêt simple aux produits d'arbitrage ; des bourses d'actions aux marchés de « futures »… Nous voulons tout, tout de suite.

Finalement le déroulement réel du temps se doit d'être tel qu'il a été prévu et vendu à de multiples reprises : sinon, c'est le crash !

La crise actuelle est un peu comme un trou noir de notre espace-temps économique, comme une déchirure par laquelle s'enfuient nos espérances.

Nous rêvons d'un temps construit à l'avance et qui ne serait que le déroulé de nos anticipations. Nous avons bien réussi à remodeler l'espace physique à coup d'autoroutes, d'aéroports et de fibre optique. Alors pourquoi pas le temps ?

Finalement, Einstein et tous les théoriciens des cordes avaient encore plus raison qu'ils ne l'imaginaient : le temps est une dimension qu'il faut finir de détruire !

Mais est-ce le meilleur des mondes ?


10 juin 2009

SI AGITATION RIMAIT AVEC EFFICACITÉ, TOUTES LES ENTREPRISES SERAIENT PERFORMANTES

Apprendre à développer l'attention

Cette entreprise est une vraie ruche : partout, on sent une activité trépidante. Pas un bureau vide, pas une tête songeuse, personne ne traine devant la machine à café. Dès que l'on marche dans un couloir, on est bousculé par des gens qui courent en tous sens, les bras chargés de dossiers. Dès 8 heures le matin, l'effervescence commence et elle va durer jusqu'à 20 heures.

Et pourtant, elle n'est pas si performante que cela : Elle est moins réactive que ses concurrents, a une compréhension superficielle de sa performance, a des ratios financiers très moyens… Encore une entreprise qui confond activité avec performance, agitation avec progression…

Classique « maladie » que j'ai souvent rencontrée dans mes pérégrinations de consultant, mais qui a tendance à s'aggraver dans cette période de crise et de stress. La peur de mal faire et d'être distancé déclenchent des réflexes issus de nos « cerveaux reptiliens » : la crainte pour la survie n'est pas toujours bonne conseillère.

L'analogie avec le cerveau humain peut là encore être éclairante. Comme cette ruche, notre cerveau saute d'une pensée à l'autre, et s'épuise souvent dans une ébullition inefficace. Comme l'écrit Yongey Mingyour Rinpotché dans le Bonheur de la méditation :

« Au début, vous serez sans doute étonné par la quantité et la diversité des pensées qui traversent votre conscience avec autant de force que l'eau qui tombe d'une falaise à pic. Cette sensation n'est pas un signe d'échec. Au contraire, elle montre que vous avez commencé à reconnaître le nombre de pensées qui traversent normalement votre esprit sans même que vous vous en aperceviez… L'esprit est, par bien des aspects, comparable à l'océan. Sa « couleur » change de jour en jour, d'instant en instant, à mesure qu'il reflète les pensées, les émotions et tout ce qui passe dans son ciel, pour ainsi dire. Mais, à l'instar de l'océan, l'esprit en lui-même ne change jamais. Quelles que soient les pensées qui s'y reflètent, il est toujours pur et clairSi vous vous contentez d'observer ce qui se passe en vous, sans essayer d'arrêter quoi que ce soit, vous finirez par éprouver une sensation extraordinaire de détente et d'espace dans votre esprit : c'est votre esprit naturel, l'arrière-plan naturellement non troublé sur lequel vos pensées vont et viennent.»

Ainsi pour une entreprise, je crois que, de même, il faut d'abord faire prendre conscience de cette effervescence, mais sans jugement, sans a priori : apprendre ou réapprendre à se regarder individuellement et collectivement agir. Puis ensuite comme pour la méditation, chercher quel est l'arrière-plan stable sur lequel va et vient cette agitation permanente. A partir de là, on va pouvoir « se calmer » et trier un peu dans ce que l'on fait.

Et si jamais on a du mal à trouver un arrière-plan stable, alors on est face à un problème plus grave…

9 juin 2009

AU SECOURS ! L’AVENIR DE LA TERRE A PESÉ DANS LE RÉSULTAT DES ÉLECTIONS EUROPÉENNES

Vive les manipulateurs de génie

La discussion autour du film « Home » de Yann Arthus-Bertrand (cliquer pour voir le film) est pour le moins paradoxale … ou hypocrite : a-t-il pesé sur le résultat des élections européennes ? Et si oui, est-ce intentionnel ?

A la première question, en l'absence d'études ad-hoc, il est difficile de répondre de façon certaine. Mais il est probable, vu l'impact du film (audience de la diffusion sur France 2) et la qualité des images, que oui. Mais qui peut s'en plaindre ? Est-ce un problème si nous prenons conscience de notre responsabilité collective ? Le film « Home » ne propose pas de solutions manichéennes ni toutes faites. Il en appelle simplement à l'action. Son message final est « A nous d'écrire la suite de notre histoire… ensemble ».

Deuxième question maintenant : est-ce intentionnel ? J'aime bien la réponse de Yann Arthus-Bertrand, faite lundi matin sur Europe 1 : « Oui, bien sûr ! » Quelle drôle de question en effet ! Comment pourrait-on imaginer que l'on ait fait un tel film juste pour le plaisir des images. Ou, si je comprends l'idée, on aurait des gens qui pensent que notre planète est en danger et qui ne veulent pas que cela change. C'est cela la question ? Stupide…

Mais ce qui est derrière est plutôt la question de la manipulation : un complot collectif pour favoriser la liste Europe-Écologie ? Si jamais, c'est le cas, il faut absolument promouvoir celui ou ceux qui sont à l'origine de ce complot. En effet, la sortie de ce film est d'abord le fruit d'un travail de plusieurs années. Ensuite le choix de la date a été pris parce que c'était celle de la journée mondiale de l'environnement. Enfin les compositions des listes et l'élaboration des campagnes de chacun ne sont intervenues que dernièrement. Quel talent d'anticipation pour le manipulateur alors !

Allez, arrêtons ces débats stériles et essayons plutôt d'écrire ensemble la moins mauvaise suite à notre histoire collective…


8 juin 2009

NON, JE NE MARCHERAI JAMAIS : C’EST BEAUCOUP TROP DANGEREUX !

Ne rien faire est souvent dangereux… à terme 

Imaginez-vous un instant redevenu un bébé de 9 mois. Dans votre landau, vous êtes là confortablement allongé : pour vous la vie est belle. Vous pleurez et on vient s'occuper de vous. Vous avez faim et on vient vous donner à manger. Vous vous sentez un peu fatigué et vous dormez… Le rêve, quoi ! Parfois, on vous installe par terre. Vous maitrisez très bien le déplacement sur les fesses, même si vous ne voyez pas bien la nécessité de ce mouvement. Mais, bon, cela a l'air de faire tellement plaisir à votre entourage…

Vous voyez bien que l'on attend quelque chose de vous : vous mettre debout et marcher. Vous avez parfaitement réalisé que ceci était tout sauf une décision anodine. Aussi vous êtes-vous lancé dans une étude approfondie du sujet.

Voilà le résumé de vos conclusions :

1. Durant une phase initiale qui va durer de longues semaines, vous n'allez pas maîtriser votre équilibre et tomber sans arrêt. Or tomber fait mal. Vous le savez, car la seule fois où vous vous êtes risqué à quitter le sol, vous en avez encore un souvenir douloureux.

2. A l'issue de cette phase, vous allez avoir à affronter des interdits multiples venant de vos parents. A quoi cela sert-il de marcher si l'on ne peut pas en profiter pour, par exemple, reconfigurer toute l'installation informatique de Papa ou se lancer dans la confection personnelle d'un gâteau ?

3. Une fois épuisés tous les charmes des interdits domestiques, arrivera la sortie dans le monde extérieur : un monde hostile où il fait froid ou chaud, où traverser une rue est un challenge, où des écoles vous attendent…

Vraiment, votre choix est fait : vous allez rester dans ce landau, ne jamais marcher, et même abandonner ce début de déplacement sur les fesses. Heureux, face à ce boulevard de plaisirs sans fin, le ventre plein et la couche vide, vous sombrez dans les délices d'un sommeil réparateur…

Drôle de choix, non ?

Si vous êtes en train de me lire, c'est que vous n'avez pas fait ce choix-là.

Faisons attention dans nos vies d'adultes, tant dans les entreprises qu'à titre personnel, de ne pas nous tromper dans l'évaluation des risques et de « refuser à sortir du landau ». N'oublions pas les risques liés aux courants en place et ne surestimons pas ceux liés à la découverte du monde !

7 juin 2009

« ILS TENTENT D’ÉTOUFFER NOTRE ART… »


A l'ombre du show-business
Quand Charles Aznavour qui n'a plus rien à prouver, ni de promotion à rechercher, vient chanter sur une chanson de Kery James, on a droit à un vrai moment d'émotion et de reconnaissance.
Plutôt que de donner des leçons, si nous prenions le temps d'aller écouter vraiment ceux qui vivent dans les banlieues…

6 juin 2009

« FAIS-MOI MAL, JOHNNY »

Ne fais pas ce que je dis !

Ce matin, une interview de Magalie Noël sur Europe 1 m'a rappelé son interprétation de la chanson de Boris Vian « Fais, moi mal, Johnny».



Comme dans cette chanson, nous avons tous tendance à demander des choses que nous ne sommes pas prêts à assumer si elles se réalisaient : nous nous élevons contre les 4x4, mais nous achetons de cafetières Nespresso ; nous tombons dans une transe émotionnelle collective pour la catastrophe aérienne du Rio-Paris, mais nous nous laissons mourir quotidiennement des enfants en Afrique.

Finalement nous restons largement le jouet de nos émotions instantanées.

Concernant la disparition du vol Rio-Paris, un journaliste disait ce matin : « Nous, les journalistes, on a l'habitude de prendre l'avion. On a été rattrapé par l'émotion. ». On ne peut pas mieux dire !

5 juin 2009

LE TGV NE CRÉE PAS UN FUTUR ÉCRIT À L’AVANCE

Les technologies sont souvent plus « neutres » qu'on ne le pense



Faisons ensemble un petit retour en arrière imaginaire. Nous sommes quelques semaines avant le lancement de la ligne TGV entre Paris et Lyon.
Ce jour-là, pour mieux comprendre les conséquences économiques de la mise en service de cette infrastructure majeure, deux réunions ont lieu, chacune regroupant un ensemble de responsables lyonnais.
Dans l'une, le premier intervenant, un homme respecté et connu de tous, s'exprime ainsi : « C'est clair, avec Paris bientôt à 2 heures de Lyon, nous devons nous faire aucune illusion : tout va être recentralisé à Paris. En effet, c'est déjà la tendance naturelle en France, alors vous pensez bien que cela va être encore pire : ils vont pouvoir faire l'aller-retour dans la demi-journée ! ». Du coup, suite à cette intervention, tout le groupe part sur cette hypothèse et conclut sur un affaiblissement de Lyon à cause du TGV.
Dans l'autre groupe, tout commence bien différemment. « Quelle chance pour nous que ce TGV, dit celui qui ouvre les débats. Avec Paris à 2 heures de Lyon, pourquoi continuer à habiter Paris ? Nous allons enfin pouvoir avoir facilement à Lyon des sièges nationaux. En effet, je ne fais que rencontrer des parisiens fatigués de leur ville, alors vous pensez bien qu'ils vont sauter sur cette opportunité : ils vont pouvoir faire l'aller-retour dans la demi-journée ! ». Du coup, tout le groupe, comme un seul homme, suit cette position et conclut à un renforcement de Lyon à cause du TGV.
Qui avait tort ? Qui avait raison ? Les deux…. Tout allait dépendre de ce que l'on faisait du TGV…
Je pense qu'il en est ainsi des technologies nouvelles : la plupart d'entre elles n'induisent pas nécessairement le sens de l'évolution future. Elles ouvrent de nouvelles opportunités, déforment la situation initiale, mais ne créent que rarement un futur prédéfini.

Je suis frappé à ce titre par les conséquences de la mise en œuvre des technologies de l'information dans les entreprises : dans certains cas, elles sont l'occasion du renforcement de la centralisation et du pouvoir du siège. Dans d'autres, elles permettent la mise en place d'une réelle décentralisation…