31 mars 2009

ON PEUT AUSSI S’AMUSER EN LISANT LE POINT !

Poursuite de ma promenade aléatoire dans la presse française : arrêt du jour sur le Point du 30 mars

« François Fillon décrète la fin des comportements irresponsables » : Me voila rassuré. Notre Premier Ministre s'attèle à une tâche essentielle. Telle fut ma réaction immédiate. Puis rapidement, j'ai repensé à la réponse célèbre de de Gaulle qui, suite au cri de « Mort aux cons », avait répondu « Vaste programme ! ».

Il y a un peu de cela dans les propos de Fillon. Est-ce bien raisonnable de vouloir s'attaquer à la « fin des comportements irresponsables », surtout sans mettre aucune limite ou définition ?

Une question parmi d'autres : est-ce que les hommes politiques sont visés ? Si oui, comment compte-t-il définir l'irresponsabilité en politique ? Est-ce ne pas être aux responsabilités, c'est-à-dire dans l'opposition ? Je ne pense pas, car alors Fillon voudrait nous voir basculer dans un régime autoritaire, sans opposition. Non, cela doit être autre chose. Peut-être pense-t-il aux hommes politiques qui ont fait des promesses et ne les ont pas tenus ? Mais là c'est son propre parti qui va se trouver aussi visé, et même son président !

Décidément, vaste programme !


« Jean-François Copié » : Selon cette confidence – comme j'aime le concept des confidences dans la presse …–, les enfants de Sarkozy appelleraient Jean-François Copé, Jean-François Copié, car il emploierait la même stratégie vis-à-vis de leur père que celui-ci avec Chirac.

Tout d'abord bravo pour l'humour. Je ne dis pas que Nicolas Canteloup, Laurent Baffie ou le regretté Pierre Desproges risquent quoique ce soit. Mais quand même, je n'imaginais la famille Sarkozy se permettre des blagues sur un sujet pareil.

Ensuite, n'y a-t-il pas un autre message subliminal ? Dans la famille Sarkozy, la trahison est une valeur que l'on apprend dès l'enfance et que l'on a pris l'habitude de détecter et d'en comprendre toutes les subtilités et toutes les variantes. Belle précocité donc.


« Le chiffre de Jacques Marseille » : Où l'on apprend que 31 932 emplois (dont 21092 dabs l'industrie) ont été créés en 2008 par des entreprises étrangères, pour 541 projets d'investissements. J'aime la précision quasi mystique de ces chiffres, le sens de la précision à l'unité près. Le goût du vrai et de l'authentique.

Manque de chances, il y a un peu plus de 20 ans, je me trouvais alors à la Délégation à l'Aménagement du Territoire et à l'Action Régionale (la DATAR) et ai eu à fournir ces mêmes données aux « Jacques Marseille » d'alors. Je sais le côté « fantaisiste » des calculs (de quelle période parle-t-on ? Emplois nouveaux ou reconvertis ? Annoncés ? Réalisés ? …), sans parler des erreurs possibles d'addition (tous ces calculs sont faits au coin d'un bureau et j'ai moi-même le souvenir d'une des mes erreurs de calcul qui avait in fine permis de « créer » 100 emplois de plus !).

Monsieur Jacques Marseille ferait mieux de se méfier un peu plus des chiffres qu'il relaie…

Il est vrai qu'avec la crise, il n'est plus à une erreur près…


« Le thé brulant favorise les cancers de l'œsophage » : Comme la communication est souvent le résultat visible de la guerre des lobbies, je me demande si, derrière cet article, on ne trouverait pas les associations viticoles.

En effet, fatiguées de se voir attaquées de toutes parts – on ne parle plus du vin que comme une source de problèmes –, elles chercheraient à déplacer le tir en direction des anglais et de leur cher « tea time ». En effet, comment imaginer un tea time avec un thé tiède ! Donc subrepticement, c'est toute l'identité culturelle anglaise qui est prise à partie.

Bravo au vin français si il est l'origine de ce combat !

30 mars 2009

SANS DÉSORDRE, AUCUNE DÉMOCRATIE NE PEUT SURVIVRE

Une trop grande primauté accordée à l'ordre conduit à déstabiliser en profondeur l'équilibre d'un système

Dans son livre « Introduction à la pensée complexe », Edgar Morin aborde notamment la question du fonctionnement des organisations et leur capacité à « vivre et traiter avec le désordre » :

« Le facteur « Jeu » est un facteur de désordre mais aussi de souplesse : la volonté d'imposer à l'intérieur d'une entreprise un ordre implacable est non efficiente…

Autrement dit, l'économie de l'URSS a fonctionné grâce à cette réponse de l'anarchie spontanée de chacun aux ordres anonymes d'en haut et, bien entendu, il faut qu'il y ait des éléments de coercition pour que cela marche. Mais ça ne marche pas seulement parce qu'il y a la police, etc. ça marche aussi parce qu'il y a une tolérance de fait à ce qui se passe à la base et cette tolérance de fait assure à la marche d'une machine absurde qui, autrement, ne pourrait pas fonctionner…

C'est la résistance à l'intérieur de la machine qui a fait marcher la machine…

On peut dire grossièrement que plus une organisation est complexe, plus elle tolère le désordre…

A la limite, une organisation qui n'aurait que des libertés, et très peu d'ordre, se désintégrerait à moins qu'il y ait en complément de cette liberté une solidarité profonde entre ses membres. La solidarité vécue est la seule chose qui permette l'accroissement de complexité. »

Ce texte vient pour moi comme en résonance avec le fonctionnement actuel de notre démocratie et de pas mal de débats d'aujourd'hui.

Par exemple, c'est un des thèmes abordés par le film Welcome et les discussions qui en ont suivi : Est-ce que l'application brutale et sans faille de la loi ne conduit pas à une attitude inhumaine face à la détresse des sans-papiers en transit à Calais ? Est-ce que l'humanité ne vient de ce facteur de désordre local où des individus vont décider d'enfreindre la loi pour apporter assistance ? Est-ce que, si l'on refuse d'accepter ce « désordre » local, on ne va pas aboutir à un rejet complet de la loi et donc à l'éclatement de tout le système ?

Plus généralement, la volonté de Sarkozy de contrôler au maximum la mise en œuvre et de viser à une stricte application revient à ramener au minimum tout désordre. Or, pour reprendre l'expression d'Edgar Morin, le désordre est le « facteur jeu » qui apporte la souplesse nécessaire. Du coup, Sarkozy déstabilise en profondeur tout le fonctionnement de notre démocratie : ne pouvant plus « jouer » dans le système, bon nombre d'acteurs sont poussés à s'y opposer globalement. Les tensions montent, au fur et à mesure que se réduisent les marges de manœuvre.

Est-ce parce que Sarkozy pense que la solidarité entre français – quelle que soient leurs origines et leurs positions – n'est pas assez profonde pour une organisation avec beaucoup de libertés, qu'il développe une organisation fondée sur l'ordre ? Je ne suis pas sûr que ce soit le fruit d'une réflexion consciente, mais c'est une réalité.

On voit que la question de l'accroissement des solidarités est au centre de toute réflexion sur la mise en place d'une nouvelle politique plus ouverte et plus désordonnée…

29 mars 2009

À LA PRÉADOLESCENCE ON N'EST PAS FORCÉMENT CONDAMNÉ À LA STAR AC !

Parfois le goût du journalisme politique et du blog citoyen commence jeune.
Dans le cas d'Alex Joubert, on peut vraiment parler de précocité, car il n'a que 13 ans...

28 mars 2009

27 mars 2009

CE N’EST PAS PARCE QUE L’ON COURT VITE QUE L’ON AVANCE VRAIMENT

Ou beaucoup de bruit pour rien !

Souvenir d'une anecdote qui m'est arrivée, il y a quelques années. J'étais alors l'un de ces cadres dirigeants vibrionnaires et habitués à sauter d'un train à un avion, et à vivre toujours entre deux localisations. A ce moment-là, ma maison en Provence, je ne faisais qu'y passer.

Un week-end, j'ai réussi à m'extirper de la capitale pour m'y rendre : 3h de TGV, une voiture de location à l'arrivée du train et 30 mn plus tard, j'étais arrivé. Ce samedi après-midi, j'avais prévu une partie de tennis avec un ami qui, lui, habitait sur place. Je suis arrivé sur le court, tout content d'être enfin là, et naïvement, je lui ai dit : « Finalement, c'est facile de venir jouer au tennis ici : grâce au TGV et à une location de voiture, cela ne m'a pris que 3h 30 en tout et me voici sur le court avec toi. »

Il m'a regardé avec un sourire amusé : « Tu sais, il y a plus simple. Il suffit d'habiter ici comme moi ! ».

Eh oui, j'étais une victime de ce que j'ai coutume d'appeler « le syndrome de la course en rond ». Comme la plupart des dirigeants, j'avais confondu vitesse de déplacement avec efficacité. Certes, dans la plupart des entreprises, tout le monde court – et singulièrement l'encadrement–. Mais est-ce réellement pour créer de la valeur ? Quel est le résultat concret de cette agitation ? Et ce surtout, si on laisse un peu de temps passé et la poussière retomber.

Souvent finalement, on constate avec un peu de recul, que nous sommes comme des coureurs sur un stade : nous courons en rond en repassant régulièrement au même endroit…

26 mars 2009

APPRENONS À VIVRE SANS DIEU(X)

A-t-on besoin de "sous-traiter" la morale et la responsabilité à un Dieu ?

Le nombre des commentaires suscités par mes articles « Ciel, Dieu me parle ! » et « Ciel, je suis né par hasard et pour rien » m'incite à prolonger encore un peu mon propos.

Tout d'abord je vais vous demander de retourner pour un moment dans le corps de ce jeune devin que vous aviez abandonné au milieu du deuxième article. Que mes lectrices m'excusent par avance de leur demander de façon aussi peu cavalière de rejoindre la peau d'un homme – l'une d'elles, à juste titre, m'en a fait le reproche dans un commentaire –, mais qu'elles le prennent comme une expérience provisoire, et finalement toujours enrichissante. Je leur promets que, à l'occasion d'un prochain article, j'inciterai tous mes lecteurs à se mettre dans la peau d'une femme.

Nous voilà donc redevenu ce jeune devin. Rappel rapide (pour ceux qui ont perdu le fil, le plus simple serait d'aller relire l'article précédent) : nous sommes au temps des hommes préhistoriques, et, suite à la réception d'images mentales, tout le monde est persuadé que Dieu existe. Comme vous êtes plus malin que les autres, vous avez rapidement compris qu'il y avait une opportunité pour vous : vous vous êtes installé devin, c'est-à-dire comme le grand interprète de toutes ces images mentales.

Rapidement vous êtes débordé : l'ensemble de la tribu n'arrête pas de défiler devant vous, pour oui ou pour un non, ou plutôt pour la moindre image mentale qui surgit. Vous comprenez qu'il faut émettre des règles, des codes, un système prêt à l'emploi : une sorte de « do it yourself » qui va faire un pré-tri et ne vous laisser que les cas hors normes. Vous édictez donc ce vadémécum de l'image mentale, une sorte de pré-bible, un avant-avant testament. Pas question de perdre le revenu de votre expertise : vous « vendez » ce vadémécum au prix d'un sanglier, prix jugé astronomique, mais comme vous parlez au nom de Dieu, personne n'ose trop rien dire.

Pourtant vos efforts pour rationnaliser votre rôle de devin sont insuffisants : votre réputation se propage et de nouveaux « clients » viennent de tous les villages voisins. Vous voilà obligé de former des disciples qui vont vous représenter tout autour…

Bon j'arrête là, au moins pour aujourd'hui. Laissons donc ce devin à la mise en place de cette religion qui n'a pas encore de nom…

Retour à nous et à vous. Nous qui sommes nés par hasard et pour rien.

Tout d'abord un double commentaire sur le sens des mots « hasard » et « pour rien ».

J'emploie le mot hasard pour dire que notre existence – la vôtre, la mienne – n'est pas le résultat d'une volonté, ni d'un dessein. Nous existons simplement parce que nous étions une des évolutions possibles du vivant, et que c'est celle-là qui est advenue. Ni plus, ni moins. Donc oui, bien sûr, a posteriori, on peut reconstruire la chaîne de causalité qui nous a amené à exister. Mais a priori, on n'aurait pas pu la dessiner, ou plutôt dire que c'était celle-là qui allait se produire. Ce n'était qu'une parmi une quasi-infinité d'autres possibles.

J'ai vu à la lecture des commentaires suscités par mes articles précédents que vous êtes nombreux à ne pas accepter cette existence due au hasard. Comment un monde aussi sophistiqué pourrait-il exister sans un architecte, sans un plan ? Mais justement c'est parce qu'il est si compliqué qu'aucun architecte – même un dieu ou plusieurs dieux – n'auraient a priori pu le définir. Par contre, grâce aux nouvelles approches de l'auto-organisation et du chaos, nous pouvons imaginer comment il a pu émerger… de lui-même et par hasard…

Pour rien, maintenant. Cette fois, c'est le couplet de l'irresponsabilité qui ressort des commentaires. Comment, si nous sommes là pour rien, si personne n'attend rien de nous, pourrions-nous nous intéresser à notre prochain ? Si nous sommes nés par hasard et pour rien, alors c'est la loi du chacun pour soi, la loi de la jungle ?

Permettez-moi de retourner ce propos. Avez-vous besoin d'un Dieu qui vous dit ce qui est bien et mal ? Avez-vous besoin d'une loi du talion qui va venir punir celui qui s'écarte du bon chemin ? Avez-vous besoin ainsi de sous-traiter la morale à une autorité externe et immanente ?

Finalement, selon vous, heureusement qu'il y a ces devins avec leurs vadémécum qui nous disent ce que nous devons faire !

Non, mille fois non ! Je ne peux pas adhérer à cette morale de l'irresponsabilité. L'engagement au profit de mon voisin, au profit de celui qui est différent de moi, au profit de la vie, ne doit pas être un choix imposé ou prescrit, mais un choix gratuit et voulu.

A nouveau, le fait d'être né pour rien et pour personne n'est pas un fardeau, mais l'occasion d'un choix libre.

Maintenant sur l'existence de Dieu(x), je voudrais leur poser une simple question : qu'est ce que c'est que ce ou ces Dieux capables de concevoir un monde aussi compliqué que le nôtre et laisser se faire autant de meurtres, de massacres – parfois en leur(s) nom(s) –, d'épidémies ? Ces dieux ne m'intéressent pas. Ou ils sont tout puissants et ils sont incompétents. Ou ils ne le sont pas, et alors sont-ce des dieux ? Dans les deux cas, je n'ai qu'une recommandation, laissons-les tranquilles et vivons notre vie d'humains … sans eux…

Que chacun de nous soit simplement conscient qu'il est là parce que la vie lui a permis d'exister, et qu'il est une forme de maillon dans ce relais sans fin et sans but. Nous avons reçu la vie. A nous de la transmettre dans les meilleures conditions.

Comme Clint Eastwood dans Gran Torino (voir « le Tao de la force du creux »), faisons chacun la découverte que la force et la solidarité sont dans l'acceptation de notre faiblesse et non pas dans une arme quelconque … divine ou pas. Acceptons de vivre sans Dieu(x). Apprenons à vivre de ce manque de ce sens.

Nous serons alors forts parce que vulnérables.

Nous serons alors libres parce qu'inutiles.

Nous deviendrons alors vraiment solidaires parce que chacun se sentira simplement partie prenante de la vie.

25 mars 2009

PAS FACILE NON PLUS DE LIRE LA UNE DU « GRAND QUOTIDIEN » DU SOIR

Un survol partiel et partial de la une internet du Monde le 24 mars

« Sarkozy fait le bilan de la relance et esquisse de nouvelles pistes » : Voilà un titre très prometteur. Mais au fait comment peut-il faire le bilan de la relance ? Elle est où la relance ? Je croyais que l'on était toujours en récession et que cela allait durer un temps incertain mais réel. Même que tout le monde – Premier ministre, ministre de l'économie, économistes, experts, chefs d'États étrangers, …- le dit et l'écrit. Et voilà que non, la relance est déjà là. Et non seulement, elle est là, mais depuis un bon moment, puisque Sarkozy peut en faire le bilan. Quel scoop ! Quel Président ! Quelle chance pour nous tous !

Et ce n'est pas fini. On a donc d'une part la relance dont on va nous faire le bilan, et en plus, Monsieur, Madame, nous avons pour vous des esquisses de nouvelles pistes. Analysons bien le propos. Premièrement, il y a déjà des pistes, sinon il ne nous parlerait pas de nouvelles. Ces pistes où sont-elles ? Je ne sais pas. Et des pistes de quoi, au fait ? Pas de la relance, puisqu'il sait parfaitement où elle est, il en fait le bilan. Il faudrait lire l'article pour avoir la réponse à cette double interrogation angoissante. Deuxièmement, une esquisse. Bon, là, c'est vague, Monsieur le Président. Déjà une nouvelle piste, ce n'est pas très clair, voire pas très engageant. Mais une esquisse de nouvelle piste, c'est trop flou. Surtout en face d'un vrai bilan de la croissance.

Arrêtons-nous un instant sur les petites lignes du début de l'article (désolé, la photo est petite pour vous, mais faites-moi confiance, je ne triche pas !) : il y est écrit « le chef de l'État a laissé la porte ouverte à de nouvelles mesures ». Est-ce que ce serait cette porte qui conduirait aux nouvelles pistes ? Est-ce que ces nouvelles mesures sont celles de ces nouvelles pistes ? En km ? En mètres ?

Décidément je ne comprendrai jamais rien au discours politique

« Le parachute doré du PDG de Valeo fait l'unanimité contre lui » : Sans m'arrêter sur le caractère paradoxal de l'expression « parachute doré » - car enfin, pourquoi voulez-vous dorer quelque chose qui a pour but de ralentir votre chute ? -, je pose une seule question : si tout le monde est contre ce parachute doré, comment l'a-t-il obtenu ? Cela m'échappe. Ce parachute a dû naître spontanément. Une nouvelle forme d'apparition…

« Le recyclage fragilisé par la crise » : Mais non, il n'y a pas de crise. Sarkozy, juste quelques lignes plus haut, fait le bilan de la relance. Qu'est ce que cette incohérence ? Où est la proverbiale intelligence du Monde et la clarté de sa ligne éditoriale ?

« Et aussi : A Austin, les acteurs du WEB imaginent l'Internet de demain » : Tiens maintenant Hollywood vient au secours du WEB. Bon, pas la peine de se fatiguer à lire cet article. Je me connecterai demain et j'aurai ainsi en direct la réponse…

« Et aussi : le PS songe à des primaires pour la présidentielle. » : Avec les primaires, c'est le succès assuré d'un socialiste. On retrouve là un concept bien mis au point dans le sport. Prenez par exemple le football. Une des intérêts essentiels du championnat de France est que vous êtes sûr d'avoir alors une équipe française qui va le gagner. Alors que, dès que la compétition est européenne, c'est beaucoup plus aléatoire, et pour tout dire improbable. Pour le PS, c'est pareil. Comme pour les prochaines présidentielles, ce n'est vraiment gagné, ils se sont peut-être dits qu'avec un primaire avant, il aurait au moins une victoire assurée…

« Et aussi : Début de consensus sur un encadrement accru de la finance » : Pour ceux qui, naïfs, croyaient que le système financier avait été mis sous contrôle, c'est la douche froide. Pour tous les autres, rien de bien nouveau. Quand on parle de début de consensus, c'est qu'en général, personne n'est d'accord…

« 21.06 : Le groupe Total mis en examen pour une pollution de la Loire » : Est-ce une dépêche sur les suites de la diminution d'emplois maladroitement annoncée par Total – quasiment naïvement – ? Non, je ne peux pas croire que les emplois supprimés sont jetés dans la Loire. Cela doit parler d'autre chose…

« 20.34 : Nicolas Sarkozy appelle à l'unité du pays face à la crise » : Cette fois, je suis carrément perdu. Juste à gauche, en grand, avec la photo à l'appui, il annonce que l'on est en pleine relance. Et là en petit, la crise est de retour. D'un seul coup, je comprends : la dépêche vient de l'agence Reuters. C'est encore un coup du grand capitalisme étranger qui vient saper la relance française. Mais vraiment le Monde devrait faire un peu plus attention. D'autant plus, que cette information est reprise en bas à droite avec une photo qui ressemble à l'autre : on ne recule devant rien pour jeter le trouble…

« Obama et le G20 : L'Amérique est prête à assumer son leadership » : Ouf ! Obama est bien le Président des États-Unis. A un moment, j'ai vraiment cru qu'il était sincèrement préoccupé de la situation mondiale et qu'il était prêt à parler sur un plan d'égalité. Il y a déjà assez de pagaille comme cela…


24 mars 2009

CIEL, JE SUIS NÉ PAR HASARD ET POUR RIEN

Accepter que l'on est né par hasard et pour rien est le vrai chemin pour la liberté et la responsabilité

Mon article d'hier « Ciel, Dieu me parle ! » qui reprenait des extraits de « A tort et à raison » de Henri Atlan a été mis en ligne sur Agoravox et a déclenché à ma grande surprise de très nombreux commentaires. Je ne pensais pas qu'un tel sujet intéresserait autant. Rassurant, je trouve !

Tout ceci m'amène à repréciser mon propos.

Imaginez-vous comme un homme d'il y a très très longtemps. Je sais, ce n'est pas facile, mais essayez !

Votre cerveau ne sait que réagir aux informations transmises par vos cinq sens. Vous avez en plus des réflexes issus de vos gènes, complétés par votre expérience personnelle. Avec cela, vous avez l'habitude de vous débrouiller. Manger et boire quand il le faut, même si trouver de la nourriture n'est pas toujours si aisé ; éviter les dangers qui peuvent menacer votre survie ; vous reproduire pour prolonger votre espèce. Tout va bien quoi.

Un matin, vous êtes assis, tranquille, dans votre caverne, repu, quand arrive un truc improbable et impossible. Alors que rien ne se passe de nouveau autour de vous – vos yeux n'ont rien vu de spécial, vos oreilles rien entendu, votre odorat rien senti -, il vous vient une « image mentale », une pensée quoi. Oh, rien de bien structuré, rien de bien concret, mais, pour sûr, vous avez eu un flash. Bon, rapidement, vous revenez à votre activité normale, manger, courir, vous reproduire, vivre en un mot. Mais voilà que cela recommence. Et de plus en plus… Bizarre quand même. Un sixième sens ? Pratique en plus, car vous venez de vous rendre compte que ces « pensées » informes ne le sont pas tant que cela, mais peuvent vous aider à survivre, à construire des nouvelles approches, à innover. Incroyable. Vous voilà, grâce à ces pensées, de plus en plus performant.

Et pour vos congénères, c'est pareil. Dingue, comme ce « sixième sens » peut être utile. Mais d'où cela peut-il bien venir cette « voix intérieure » ? Qui vous souffle des idées, qui vous guide face au danger ? Cela doit bien venir de quelqu'un ou quelque chose. Quand vous voyez, c'est bien que quelque chose ou quelqu'un est devant vous. Idem pour l'ouïe : si vous entendez un bruit, il existe vraiment… Donc là aussi, il doit exister quelque chose qui vous « parle », qui est capable de venir entrer en vous. Une chose pour la chasse, une pour la reproduction, une pour votre voisin… Des choses toutes puissantes, qui savent tout, qui peuvent tout.

Comme vous êtes un malin, vous comprenez avant les autres qu'il y a là un moyen d'éviter d'aller chercher vous-mêmes de la nourriture. Vous vous installez devin, c'est-à-dire comme un spécialiste dans l'interprétation du discours de ces choses. Comment faites-vous ? Un peu de baratin bien tourné, quelques herbes qui ; bien mâchouillées ; viennent renforcer la sensation d'entendre des voix, et c'est parti.

Vous connaissez la suite de l'histoire…

Bon, c'est vrai, tout ceci ne parait pas très scientifique, mais j'ai comme dans l'idée que, d'une certaine façon, cela a pu se passer ainsi…

Maintenant, je vais vous demander un nouvel effort. Ne dites pas non, s'il vous plaît. Il n'y en a vraiment pas pour longtemps. Merci.

Donc cette fois, vous êtes vous-mêmes, aujourd'hui. Ne changez rien. Posez-vous simplement une question : pourquoi suis-je là ?

La première réponse est simple : parce que mes parents m'ont procréé et, comme vous êtes chanceux, parce qu'ils l'ont voulu. Certes. Mais si l'on prolonge un peu plus le raisonnement, la suite logique dans le passé, avez-vous vraiment l'impression que vous existez parce que cela a été décidé, voulu ? Vraiment ? Vous croyez qu'un méga Gosplan, génial et parfait, a tout organisé, tout prévu ? Vous vous rendez compte que garantir que vous allez exister est extrêmement difficile : pensez à tous les risques que, pour une raison ou une autre, un des paramètres nécessaires à votre existence ne soit pas satisfait. Et en plus vous pensez que ceci est vrai pour chacun de nous ? Sérieux ? Vous ne plaisantez pas ? Non ?

Et si nous étions tous là par hasard, simplement parce que nous sommes le résultat non prévu de l'évolution du monde. Pénible pour votre ego de vous imaginer le fruit du hasard, plus que d'une volonté ?

Je vous sens sur le point d'accepter cette existence née du hasard, mais vous restez persuadé que vous êtes né pour quelque chose, pour une mission secrète, pour mettre en œuvre une volonté immanente. Votre existence doit bien avoir un sens, quand même !

Je ne crois pas. Nous sommes nés pour rien. Nous sommes juste là, comme cela, un maillon possible et provisoire du vivant.

Est-ce désespérant ? Non je ne trouve pas. Je me sens plus léger, sans fardeau préalable sur mes épaules. Personne n'attend rien de moi.

Suis-je du coup irresponsable ? Non, je me sens porteur du vivant et de sa prolongation. Et je ne dresse pas de limites a priori à l'intérieur du vivant. C'est un tout.

Suis sans liberté, le jouet de l'évolution ? Non, je suis né par hasard, mais je peux agir. Plus je comprendrai dans quelle logiques, dans quels courants s'inscrivent ma vie et ma possibilité d'action, plus je serai libre…

23 mars 2009

CIEL, DIEU ME PARLE !


Et si Dieu était né au moment de l'émergence des premières pensées…

Voici un florilège commenté de « A tort et à raison » de Henri Atlan
« On voit mal comment des interactions neuronales pourraient être considérées comme responsables d'un crime ou d'un bienfait, apprécié comme tel et jugé par d'autres interactions neuronales. À l'autre extrême, si un observateur extérieur observe le comportement d'un réseau d'automates probabilistes avec auto-organisation fonctionnelle sans en connaître la structure, il sera tenté de lui attribuer une intentionnalité… Et pourtant nous n'attribuons pas une intention à ce comportement finalisé... Entre ces comportements de cellules isolées et ceux du chien, nous mettons une barrière quelque part qui nous interdit de parler en termes d'intention pour les cellules et pas pour le chien… Les raisons qui nous font placer la barrière de l'intention et de la signification – sans lesquels la créativité et la responsabilité n'existent pas – ici ou là ne peuvent pas être des raisons objectives… L'intentionnalité au même titre que d'autres phénomènes psychiques serait traitée comme une propriété émergente. Celle-ci serait le propre d'un niveau d'organisation où un tel comportement intentionnel ne pourrait pas ne pas être décrit sans que ce niveau ne perde sa spécificité... Il s'agit là d'un postulat encore plus fort que celui d'une intelligibilité rationnelle de la nature, celui d'une rationalité intentionnelle dans la nature. »
Je ne sais pas pour vous, mais moi, je ressens comme un vertige à la lecture de ces quelques lignes : si l'on réfléchit effectivement à l'emboîtement qui sous-tend tout être humain, où commence la responsabilité, et où finit la seule signification ? Revisiter ce qui fait la conscience de soi et l'identité individuelle…
« Une pensée inhabituelle mais intelligente et profonde sera souvent vue comme irrationnelle ; tandis qu'une pensée banale, dogmatique et appauvrissante voire fausse, mais rassurante par son caractère habituel et familier, sera parfois vue comme rationnelle. »
Prenez un journal au hasard ou un discours d'un expert à une quelconque émission, repensez à cette phrase, et… No comment !
« Comment réagissaient la plupart des individus à qui il arrivait de recevoir, impromptu, des décharges d'électricité statique avant que l'électricité ait été découverte ? Sans aucun doute, en invoquant l'action des démons… Prouver l'impossibilité d'un phénomène lui dénie à la fois une existence logique et une existence réelle. Mais prouver la possibilité d'un phénomène ne lui accorde pas pour autant et du même coup qu'il soit réel : c'est seulement prouver que la possibilité de son existence existe logiquement. »
Comment faire exister les démons ? Facile, leur attribuer le pouvoir d'être l'origine de tout ce que nous ne comprenons pas. Tiens, et la crise actuelle ? N'y-a-t-il pas derrière un grand méchant démon qui nous veut du mal ?
« La fonction du langage, tout comme celle du système nerveux, du système digestif, du système cardio-vasculaire, etc., dans les organismes humains, est de contribuer à l'auto-organisation d'un organisme doué de ses facultés de digestion, de traitement d'information, de circulation et de respiration,… et aussi de parler et écrire… Le langage acquis de l'enfant limite son pouvoir de création. Il est limité par le champ des possibles à l'intérieur du langage lui-même. En effet, tout n'y est plus possible, car n'importe quoi n'y a pas (ou n'y a plus), a priori, un sens. »
Et dire qu'il semble que bon nombre de jeunes français sortent du système scolaire sans maîtriser le français. Et si précisément c'était une des causes de la dégradation du fonctionnement de notre société, par perte de sa capacité auto-organisatrice…
« Avant, il y avait une absence de conscience de soi capable de dialoguer intérieurement avec soi-même... L'intériorisation de ces voix, donnant la possibilité d'une conscience de soi susceptible de discours intérieur et de dialogue avec soi-même ne serait survenue que progressivement à une date relativement récente qui signe la fin de l'époque mythologique... Dans cette société, les individus de plus en plus rares continuant à vivre de plain-pied dans la réalité hallucinatoire antérieure recevaient le statut particulier de devins et de prophètes. »
Selon cette hypothèse, Dieu serait né au moment où l'homme se serait mis à penser. Comme il ne comprenait pas d'où lui venaient ses idées, comme il n'avait pas réalisé que c'était son propre cerveau qui en était à l'origine, il est allé inventer un Être tout puissant, lui insufflant cette vie interne. Comme depuis nous avons compris que nous étions capables de penser par nous-mêmes, et quand on voit les dégâts multiples faits par les différents Dieux et leurs représentants, il serait peut-être temps de reprendre notre liberté, non ?


21 mars 2009

PAUSE MUSICALE...

Juste pour le plaisir (au moins le mien... en espérant que ce sera le vôtre aussi !), un retour dans les 70'S avec "Smoke in the water" de Deep Purple

20 mars 2009

EN CHINE, NOTRE CULTURE NOUS TROMPE

Se confronter pour rester connecté au réel

« Un mardi 17 heures à Pékin, j'étais dans un taxi avec mon ami chinois Hai. Pour une fois, la circulation était plutôt fluide et le taxi se déplaçait rapidement sur l'avenue. Brutalement il tourna à droite, et le vélo qui se trouvait à côté manqua de nous percuter.

– Il est fou, ce chauffeur de taxi, m'exclamais-je ! Il pourrait regarder avant de tourner : il a failli renverser le vélo.

– Mais non, il n'est pas fou, me répondit Hai. Pourquoi dis-tu cela ? »

Je le regardais interloqué, ne comprenant pas pourquoi il n'était pas scandalisé comme moi par la brutalité de la conduite du taxi.

– Le vélo n'a qu'à faire attention, prolongea-t-il. Il sait bien que c'est lui le plus faible, et qu'en cas d'accident, c'est le taxi qui gagnera. »

Choc culturel : pour nous, occidentaux, c'est au fort de faire attention ; dans la culture chinoise, c'est au faible, et, s'il lui arrive quelque chose, c'est d'abord un « mauvais faible », c'est-à-dire quelqu'un qui n'est suffisamment conscient de sa situation réelle. Cela n'empêchera pas de l'aider ensuite s'il en a besoin…

Qui a raison, qui a tort ? Personne. Ce n'est pas une question de raison ou de tort, c'est simplement une différence culturelle : la Chine est un continent qui s'est construit et a vécu des millénaires quasiment sans interactions avec le dehors. Elle a donc une histoire propre, une culture propre, des références propres. Le fait qu'elles soient différentes ne les rend pas moins respectables… comme les nôtres : ni plus, ni moins. Il n'y a pas de raisons morales à privilégier a priori un point de vue ou l'autre : en Chine, le faible ne se sent pas plus opprimé ou moins respecté que chez nous.

Si l'on ne connaît pas cette différence culturelle, on ne pourra pas comprendre correctement ce qui se passe en Chine : toutes nos interprétations seront fausses. Symétriquement, si les Chinois n'intègrent pas de leur côté cette différence, ils ne peuvent pas nous comprendre.

Un peu plus tard, toujours à Pékin, je suis assis devant la télévision et essaie de suivre au travers des images ce qui est raconté. La quasi-totalité des émissions sont sous-titrées en idéogrammes chinois et je ne vois pas pourquoi : quel est l'intérêt de sous-titrer, ce d'autant qu'il y a beaucoup plus qu'une centaine de langues en Chine ? Je pose donc la question à Hai.

« Oui, nous avons bien plus d'une centaine de langues. Mais si à l'oral elles sont toutes différentes, elles s'écrivent presque toutes de la même façon, me dit-il. »

Quelle information ! Imaginez un instant l'Europe si nous parlions toujours des langues différentes mais si elles étaient identiques à l'écrit. D'un coup, je comprends mieux comment la Chine a pu mettre en place un système centralisé et hiérarchique couvrant l'ensemble du pays. Je perçois aussi immédiatement pourquoi l'écriture y occupe à ce point un rôle majeur : la calligraphie s'est développée comme un art, parce que c'était d'abord une nécessité. Chez nous, l'écrit est d'abord le moyen d'archiver et de sécuriser une information ; chez eux, c'est d'abord le moyen de communiquer tous ensemble.

La méconnaissance de cette donnée avait faussé mes raisonnements jusqu'à présent : je ne pouvais pas bâtir des interprétations exactes, car je n'étais pas suffisamment connecté au réel, une donnée essentielle me manquant. D'une certaine façon, j'étais un « malade mental » : mon cerveau me trompait…

L'entreprise, elle aussi, agit à partir des interprétations qu'elle construit, interprétations qui doivent être constamment reliées au réel, c'est-à-dire à ce qui se passe à l'intérieur et autour d'elle. Dans le cas contraire, elles vont dériver et une « maladie mentale » va s'installer : comme le patient héminégligent, l'entreprise va nier que cette main soit la sienne et construire un homme à trois bras et trois mains.

Plus l'entreprise est grande, puissante et bureaucratique, plus ce risque de déconnexion du réel est important. Or le réel est bien là, dans et autour de l'entreprise. À un moment ou un autre, il se rappellera aux bons soins de ceux qui l'ont oublié.

Si une telle déconnexion se produit, c'est souvent parce que, par peur du conflit ou par arrogance, l'évitement domine : peur de dire à son supérieur hiérarchique que les objectifs fixés ne seront pas atteints, incapacité à voir les signaux montrant le retournement d'un marché, difficulté à accepter un point de vue divergent, déficit de communication entre les activités opérationnelles et le siège…

Rester connecté au réel, c'est savoir se confronter à l'intérieur de l'entreprise et avec le dehors. »

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(EXTRAIT DU LIVRE NEUROMANAGEMENT)

19 mars 2009

PAS TOUJOURS FACILE DE LIRE LA PRESSE ÉCONOMIQUE…

Une relecture partielle et partiale des Échos du 18 mars avec quelques commentaires

P.1 : « Parisot a quinze jours pour interdire les bonus aux dirigeants qui licencient » : A la lecture des quelques lignes qui suivent, je comprends que ceci fait partie des « propositions opérationnelles » sur les bonus des patrons demandées par les ministres de l'Économie et du Travail, relayant un oukase d'origine élyséenne. Je ne vais pas me prononcer sur le fonds de cette demande, mais j'aime assez son côté si « opérationnel ». En effet, comment la présidente du MEDEF peut-elle interdire quoique ce soit à des patrons indépendants ? Quels sont ses moyens d'actions ? Les exclure du MEDEF ? Leur dire que vraiment ce n'est pas bien et les emmener de force sur la place publique ? Admettons que je me trompe et qu'elle trouve un moyen d'agir. Comment alors sur le plan « opérationnel » procéder ? Les bonus étant liés normalement à l'exercice passé, ce devrait donc être des licenciements passés dont on parle. Ceux de l'année 2009 devraient interdire un bonus versé en 2010. Je ne sais pas pourquoi, mais j'ai comme l'impression que ce n'est pas ce que le gouvernement a en tête. Rendez-vous donc à fin mars pour voir ce qui se passe. Nous voilà face à une des règles de base d'un bon feuilleton : entretenir le suspense.

P.2 « Les syndicats pressent l'exécutif de forcer le patronat à protéger l'emploi » : Nous voilà donc face à un coup de billard compliqué et à bandes multiples. Si je comprends bien l'idée, tout d'abord les syndicats doivent agir sur le gouvernement (je suppose que c'est lui qui se cache derrière l'exécutif). Ceci doit être fait de telle sorte que ce dernier en vienne à son tour à agir sur le patronat et ce dans une direction bien précise. Enfin le patronat mis en mouvement par le gouvernement doit protéger l'emploi. Compliqué non ? Et comment réussir à garder la bonne trajectoire avec autant de rebonds ? Difficile même pour un professionnel du billard. Et là en plus les bandes ne sont pas inertes, mais vivantes… Pas gagné. J'ai dans l'idée que des moyens plus simples devraient exister. Mais il est vrai que je ne suis pas un professionnel…

P.5 « Lors de son discours à la tribune de l'Assemblée, Laurent Fabius, aussi à l'aise qu'à son habitude, a enfoncé le clou » : Ce texte est la légende d'une photo de Laurent Fabius qui s'exprimait sur le retour la France dans le commandement intégré de l'Otan. Sur la photo, il a le poing levé et s'apprête donc, selon la légende, à enfoncer clou que l'on ne voit pas, mais qui doit se trouver sur le pupitre que l'on imagine en dessous. Comme il va le faire à main nue, c'est courageux de sa part. S'il est à l'aise, c'est qu'il a sans doute l'habitude de procéder ainsi. J'ignorais ce talent « fakirien » de cet ancien premier ministre.

P.7 : « Malgré quelques signaux positifs sur le front de la construction, l'optimisme relatif de la Réserve fédérale tranche encore avec la prudence des économistes sur la sortie de la crise à la fin de l'année » : Procédons à une exégèse de cette phrase un peu hermétique à première lecture. Donc tout d'abord, il y a un front de la construction. De quoi s'agit-il ? Les constructions les plus visibles ? Les plus exposées, mais alors à quoi ? ou alors est-ce l'amorce d'une métaphore voulant doter la construction d'un corps complet ? Impossible à savoir. Donc il y a des signaux positifs sur ce front. Quels sont-ils ? La réponse est probablement dans le long article qui suit. Une forme de teaser, donc. Vient ensuite l'optimisme relatif. Voilà une prise de position courageuse. Avec une amorce pareille, on est sûr d'avoir raison quoiqu'il arrive ensuite, un engagement relatif quoi… Et alors arrive le choc : cet optimisme relatif tranche avec la prudence. Mais comment une expression aussi balancée et qui n'engage pas à grand-chose peut trancher avec quoique ce soit, et surtout une prudence ! J'arrête là, cet article n'est pas pour moi…

P.11 « Bien sûr, la haine des concurrents n'a jamais empêché Microsoft de prospérer… Google doit apprendre à cultiver son écosystème. C'est la clef des entreprises qui durent. » : Sans que je sache bien pourquoi, cet article sur Google et ses forces et faiblesses vient comme lancer un message aux politiques…

P.14 : « L'escalade des carottes fiscales » : J'aperçois alors une espèce végétale nouvelle – est-elle bio ? -, la carotte fiscale. C'est un légume extrêmement agressif et toujours tourné vers la compétition : le moindre obstacle est pour lui l'occasion d'une escalade. Alléché donc par ce titre prometteur, je me suis précipité sur la lecture de l'article. Déception, il ne faisait qu'analyser le nouvel avantage fiscal pour les résidences de service (voir plus loin)…

P.17 : « Le CAC 40 victime de prises de bénéfice » : C'est bizarre, j'avais cru comprendre que le CAC 40 était plus la victime des baisses récentes et de la crise financière. Mais, bon, cela doit être une affaire d'expert trop compliquée pour moi…

P.17 : « Les actionnaires individuels étrillent les patrons » : Selon le wiktionary, étriller quelqu'un veut dire « le battre, le maltraiter ». Ciel, donc nous allons vers une guerre civile lors des assemblées générales. Allons-nous voir les petits actionnaires rouer des coups les dirigeants ? En lisant l'article, j'ai été rassuré. J'y lis en effet que « Voilà qui devrait provoquer des froncements de sourcils parmi les équipes dirigeantes des sociétés cotées. » Ouf, donc visiblement rien de grave. Une sorte de petite jacquerie sans importance, donc ?

P.17 : « La FIA propose aux écuries de Formule 1 un plafonnement « optionnel » des budgets » : Voilà un concept nouveau, riche et porteur pour l'avenir. Je suggère qu'on le généralise immédiatement. Quelques suggestions : rendre toutes les peines de justice optionnelles, ce qui contribuerait à vider rapidement les prisons, réglant du coup à bon compte le problème de la surpopulation carcérale. Rendre le paiement de l'impôt optionnel, ce qui permettrait à Sarkozy de supprimer le bouclier fiscal, sans pénaliser quiconque.

P.25 : « Les députés pourraient renforcer les avantages fiscaux des résidences de service : … Pour compenser les effets pervers des récents textes législatifs, le Président de la Fédération des promoteurs et constructeurs, Jean-François Gabilla a négocié pied à pied des avantages fiscaux avec les députés et Bercy… Cette réduction s'accompagne de la récupération de la TVA et, grâce au régime des bénéfices industriels et commerciaux, de l'amortissement du bien hormis pour sa fraction ayant fait l'objet d'une réduction d'impôt… » : Bon, tout d'abord, tout ceci a l'air d'une telle simplicité que cela va contribuer à relancer l'emploi tant chez les contrôleurs des impôts que dans les cabinets comptables. Ensuite je vois avec plaisir que nous continuons à compliquer notre système fiscal, ce qui va permettre à la volonté affichée de tout simplifier d'avoir un nouveau terrain d'application. C'est bien de penser à préparer la simplification future. Et incidemment, ne serait-ce pas non plus une nouvelle niche fiscale ?


18 mars 2009

POURQUOI L’ENTREPRISE DOIT APPRENDRE À FAIRE LE VIDE

Nous ne voyons pas, nous interprétons ce que nous voyons… ce qui peut être source de déformations !

Nous croyons voir, mais en fait, c'est faux : nous ne percevons pas directement les informations transmises par le nerf optique ; elles n'arrivent à notre système conscient – le seul dont, par définition, nous sommes conscients ! – que traitées par notre cerveau, et ce sans que nous nous en rendions compte, c'est-à-dire inconsciemment.

De quoi se compose ce traitement ?

Tout d'abord d'une recherche d'identification de l'objet ou de la situation observée. Nos processus inconscients vont analyser les informations fournies par nos yeux, les rapprocher de tout ce qui a été stocké dans notre mémoire – ce que nous avons vécu, ce que l'on nous a raconté, ce que nous avons lu, … – et en tirer un diagnostic sur le « sens » de ce qui est vu : s'agit-il d'une table, d'un enfant ou d'un match de football…

Ensuite, toujours à partir de notre expérience passée, des propositions d'action seront élaborées : si c'est un lion qui est train de s'approcher, une action de fuite est proposée spontanément ; si c'est un gâteau, l'envie de manger sera amorcée…

Enfin, en cas de menace immédiate, des mesures de survie seront déclenchées automatiquement, ce sans que nous ayons à prendre une décision consciente : si un objet se dirige rapidement vers notre tête – les baskets pour Georges Bush (voir « Quand le Président des États-Unis tire parti de ses processus inconscients ») –, un mouvement automatique d'évitement est fait.

Il en est de même en entreprise quand elle analyse son marché, sa concurrence et les attentes de ses clients. Elle est incapable d'avoir accès directement aux informations brutes : tout passe par le filtre de la connaissance et de l'histoire de l'entreprise et de ses membres.

Comme pour un individu, c'est une source d'enrichissement et d'efficacité : déclenchement automatique d'actions si nécessaire, mobilisation de l'expérience pour analyser la situation et proposer des actions…

Oui mais à la condition que toute l'expérience accumulée et l'expertise ne viennent pas déformer la vision et faire prendre les mauvaises décisions.

Notamment très souvent l'entreprise peut se tromper sur les attentes des clients (voir « Quand l'entreprise est trompée par sa trop grande expertise » et « Quand on se pose une question qui n'existe pas »)

Le bouddhisme recommande le « lâcher prise » pour vivre le réel tel qu'il est, pour lutter contre les constructions mentales, et se rapprocher de la sensation directe.

Finalement tout ceci revient pour une entreprise a d'abord apprendre à oublier son expérience pour « redécouvrir » une situation telle qu'elle est. L'entreprise aussi doit apprendre à « faire le vide » !

17 mars 2009

DIFFICILE D’ACCEPTER QUE MES DOIGTS « SAVENT MIEUX » QUE MOI OÙ SONT LES TOUCHES

La fluidité et l'efficacité passent par le « lâcher prise »

Si je veux taper « consciemment » un texte, c'est-à-dire en regardant mes doigts et en les dirigeant volontairement sur les bonnes touches, je vais beaucoup moins vite que si je laisse aller mes doigts.

Difficile à accepter cette perte de contrôle, accepter de m'abandonner, accepter de lâcher prise. « Faire confiance à mes doigts » n'est vraiment pas naturel.

Ce d'autant plus que cet apprentissage s'est passé sans que je m'en rende compte. C'est venu tout seul, à force de taper des textes.

Un jour, j'ai constaté que mes doigts savaient où étaient les touches. Bizarre, comme s'ils se mouvaient par eux-mêmes, indépendamment de ma volonté propre : il suffit que je pense à ce que je veux taper et mes doigts se déplacent au bon endroit.

Reste maintenant à l'accepter et abandonner mon contrôle. Difficile…

Même chose quand je skie : le plus efficace est de faire confiance à mes sensations, ne pas chercher à contrôler directement mes mouvements, laisser mes skis jouer d'eux-mêmes avec la piste. Souvent, j'ai l'impression que je me regarde skier, comme un contrôle de deuxième niveau qui vient prévenir en cas d'anomalie. Étrange…

Même chose pour les murs en pierres sèches (voir « La logique cachée des murs en pierres sèches »). Plus je progresse, moins je réfléchis et plus je « jette les pierres spontanément ». J'arrive même à monter le mur en pensant à autre chose…

Finalement, quand j'arrive à lâcher prise – face à mon clavier, sur une piste de ski ou en construisant un mur en pierres sèches –, je me sens comme « fluide », réelle sensation d'efficacité et de plaisir naturel.

Tout ceci est bien loin de toute la logique soi-disant « rationnelle » que l'on m'avait apprise au départ.

Mais, une fois de plus, être rationnel c'est accepter la réalité des processus inconscients et apprendre à en tirer parti.

16 mars 2009

29 – 11 = 6 !

Quand la distribution remet en cause une mission de redressement national

Je suis inquiet, et ce depuis un passage au BHV.

En effet, comme j'ai bien écouté toutes les informations données sur la situation de l'Éducation Nationale et de l'Enseignement Supérieur, je sais que leur redressement est une priorité nationale : nous devons tous nous mobiliser pour faire que la nouvelle génération soit la mieux armée possible.

En effet, c'est elle qui sera aux manettes dans les années à venir et qui sera responsable de :

  • payer nos retraites,
  • combler tous les déficits que nous sommes en train de leur transmettre,
  • panser les plaies que nous faisons à notre planète.

Vaste sujet, vrai défi.

Mais sentant le vent de cette mobilisation collective – la claire priorité mise en œuvre par le gouvernement, l'investissement sans faille de tout le corps éducatif, l'engagement des parents –, j'étais confiant.

Et j'en arrive au BHV et sa promotion actuelle : les 6 jours du 11 au 29 mars.

Voilà donc un grand magasin situé en plein centre de Paris, au bord de la Seine, presque face à Notre-Dame, à un jet de pierres de la Sorbonne, qui vient défier le bon sens mathématique et contribue à dérouter les esprits de nos jeunes français en écrivant : « 29-11 = 6 ».

Je n'ai pas vérifié, mais je suppose qu'il s'agit d'une campagne nationale et que ce slogan « scélérat » se répand face à toute notre jeunesse.

Il est temps de se lever et de réagir : affirmons tous ensemble que non, il n'y a pas 6 jours entre le 11 et le 29 mars, mais 18 !

Je ne demande pas à la distribution qu'elle se mobilise elle-aussi pour former notre jeunesse, mais qu'au moins, elle ne vienne pas saborder le travail des autres.

C'est une question de décence, de morale et de solidarité nationale.

Un français outragé…


15 mars 2009

« NOTRE IDENTITÉ EST DANS LES YEUX DE L’AUTRE COMME DANS UN MIROIR ON SE VOIT »

Paroles d'HLM Tango, une des chansons de Dante, le dernier disque d'Abd El Malik

« On est près voire plus de 60 millions mais on ne voit que soi. Alors que c'est dans le regard de l'autre finalement qu'on devient soi.

Je suis le gars de tess, le mec de banlieue qu'aurait pu finir shooté à l'héroïne. Perdu dans une cellule ou rempli de colère salissant la belle religion qu'est l'Islam en ne pensant qu'à détruire.

Mais les yeux de quelqu'un m'ont dit un jour que tout ça ce n'était pas moi. Et alors seulement à ce moment là j'ai pu devenir l'homme que tu vois.

Mais si tu dis sans cesse de nous qu'on est pas chez nous, qu'on est pas comme toi. Alors pourquoi tu t'étonnes quand certains agissent comme s'ils étaient pas chez eux, comme s'ils étaient pas comme toi.

Et ce Noir ou ce Rebeu que tu croises dans la rue, quel regard lui portes-tu?

Parce que c'est ce regard qui va déterminer chaque lendemain de son existence et de la tienne aussi. Parce qu'être français sur le papier ne suffit pas si dans tes attitudes il n'y a pas la même reconnaissance aussi.

Le temps presse et c'est pas repeindre les murs qu'il faut mais mettre la lumière dans les êtres.

On est près voire plus de 60 millions mais on ne voit pas soi. Notre identité est dans les yeux de l'autre comme dans un miroir on se voit.

Sous le voile de cette musulmane peut se cacher un être libre transi d'amour et de respect pour la République. Mais que dit le regard sous l'emprise d'une forme de peur médiatique?

Sous sa kippa peut-être un être totalement épris de justice. Mais que dit le regard sous l'emprise d'une forme de mode médiatique?

Porter le changement comme un fardeau sur son propre chemin de croix. Et se dire que c'est pas possible parce que c'est ce que le regard de l'autre nous renvoit.

Alors on se réveille chaque lendemain de ce qu'est notre existence. En ayant la conviction toujours un peu plus profonde qu'on ne mérite pas de reconnaissance.

Comment veux-tu qu'on pense autrement si personne te calcule?

Le temps presse on est des êtres pas juste une addition, une soustraction ou une division dans un de leur calcul.

On est près voire plus 60 millions mais ils ne voient qu'eux.

C'est ce qu'on se dit jeune de cité quand en famille le soir on est devant la télé.

C'est ce qu'on se dit quand ce qu'on voit à l'écran ne reflète en rien la réalité qu'on connaît.

C'est dans le regard de l'autre qu'on devient soi, mais s'ils ne voient qu'eux?

Alors nos principes resteront inertes comme la pierre dans laquelle ils sont gravés. C'est contre cela qu'on doit se battre et quand tout ça sera terminé.

Je veux dire au terme de notre existence, avoir été debout jusqu'à la fin sera notre ultime fierté.

Au fond il n'y a que la Vérité qui ait d'yeux pour ma part. Et si je n'ai pas réussi à vous convaincre de cela. C'est moi qui n'ai pas été à la hauteur.

Au fond il n'y a qu'la Vérité qui est Dieu pour ma part. Et si je n'ai pas réussi à vous convaincre de cela. C'est moi seul qu'il faut blâmer pour ça.

Le temps presse faut qu'on bouge et pas juste attendre que les choses changent. »

14 mars 2009

MILK SHAKE OU LE CHOC D’UNE ÉNERGIE VITALE

Harvey Milk, un film que l'on peut regarder au passé ou comme une invitation à se lever…

Au moment où un souffle de pessimisme se répand un peu partout – et singulièrement en France -, il est bon de recevoir un peu d'air frais dans la figure.

C'est ce que j'ai ressenti en regardant Harvey Milk, le dernier film de Gus Van Sant.

Certes le film se termine par la mort du héros, ce politicien gay dont on suit le parcours depuis une rencontre fortuite dans le métro new-yorkais jusqu'à la quasi-prise de pouvoir dans la mairie de San Francisco.

Mais, même alors, c'est un nouveau souffle qui se lève, cristallisé dans une parade lumineuse au travers de San Francisco.

Et avant, quel énergie positive, quelle joie de vivre, quel sens de l'humain !

Nous voilà aux côtés pendant 180 mn d'hommes et de femmes – surtout des hommes ! –, qui ne s'avouent jamais vaincus, refusent la violence sans avoir peur du rapport de force, s'interdisent toute compromission.

C'est aussi un message de compassion, d'acceptation de l'autre et de ses différences, et de défense de toutes les minorités.

C'est enfin un film qui présente avec délicatesse, sensibilité et charme la vie d'un homosexuel, sans exhibition et sans masque.

Dire que Sean Penn est convaincant, émouvant et juste, est en-dessous de sa composition : il est Harvey Milk.

On peut sortir de ce film en ayant simplement passé un bon moment.

On peut aussi se sentir secoué par ce film : Milk shake en quelque sorte !

On peut aussi l'entendre comme une invitation, dans les temps troublés que nous vivons, à la mobilisation et à l'engagement. Bon nombre des attitudes et des propos tenus dans « Harvey Milk » pourrait utilement inspiré des discours contemporains.

J'ai entendu dernièrement Vincent Lindon dire à propos du film Welcome que, depuis, il n'envisageait plus sa vie pareille et qu'il se sentait tenu de poursuivre d'une façon ou d'une autre un engagement aux côtés de ces migrants. Cet excellent film est en effet un témoignage poignant des drames quotidiens vécus à Calais.

Et bien après des films comme Harvey Milk ou Welcome, c'est un peu la même chose : n'est-il pas temps que nous nous levions pour faire quelque chose ?


13 mars 2009

SITUATION ADRESSE OU TÉLÉPHONE ?

Pourquoi vouloir tout organiser suivant la même logique ?

Je marchais depuis un moment à la recherche de ce restaurant. D'après les indications sur le plan, j'aurais dû y être depuis plusieurs minutes. J'avais dû me tromper en route. J'aperçus une personne qui avait l'air du coin.

« La place Lénine, s'il vous plaît, lui demandai-je ? »

« Derrière vous, Monsieur, me répondit-elle. C'est juste là où vous voyez le parking. »

Deux minutes plus tard, j'étais face au restaurant. On m'y attendait depuis une dizaine de minutes. J'expliquais alors mon erreur en commentant : « J'étais parti trop loin, mais j'ai pu m'en rendre compte et revenir sur mes pas. Résultat, ce retard.

C'est ce qui est bien avec une adresse, c'est que, si l'on se trompe, on peut, par ajustements progressifs, trouver la solution.

Impossible de faire la même chose avec un numéro de téléphone : si vous vous trompez ne serait-ce que d'un chiffre, aucun moyen de le savoir. Là, vous êtes condamnés à l'exactitude du premier coup, pas moyen de procéder par ajustements ! »

En m'asseyant, je continuai : « C'est la même chose dans les entreprises : il faut savoir adapter le niveau de précision aux situations, savoir si l'on est face à un problème de type « téléphone » ou « adresse ».

Si c'est une situation « téléphone », il faut investir en amont, prendre son temps, mener des études approfondies, avant d'agir ; les organisations, les systèmes de pilotage doivent être construits en conséquence.

Par contre, si c'est une situation « adresse », inutile de surinvestir en amont : le mieux est de procéder par ajustements progressifs ; là, il faut des feed-back rapides, de la réactivité, de l'apprentissage. »

Cette conversation qui s'est réellement déroulée cette semaine, reprend une de mes recommandations essentielles en matière d'organisation : construire des jardins à l'anglaise et non pas à la française (voir « Nous aimons trop les jardins à la française ») : ne plus imposer a priori la même organisation à tout le monde et à tous les métiers, mais partir des réalités locales et penser l'organisation – c'est-à-dire les structures et les processus – ensuite.

On retrouve là aussi les réflexions sur les systèmes biologiques ou vivants versus des systèmes mécaniques, et le principe d'auto-organisation.

Il ne s'agit pas dans cette approche de tout laisser faire et d'avoir une entreprise déstructurée, mais de concevoir la structure à partir du réel et de la vie.

Je repense à cet exemple qu'on m'a donné dernièrement : Pour décider où il fallait faire passer un chemin piétonnier dans un espace existant, l'architecte a d'abord semé une pelouse. Il a ainsi pu voir directement où spontanément les gens passaient : en effet, la pelouse n'a pas poussé à cet endroit et le chemin s'était dessiné « tout seul ».

Finalement, il s'agit, une fois de plus, de lâcher-prise, de s'appuyer sur les énergies spontanées, et de simplement les orienter sans les contraindre.