En route vers un monde d’échanges et de relations, et non plus de conflits ?
Patchwork tiré du livre de Jeremy Rifkin, Une nouvelle conscience pour un monde en crise
La vie tue la vie
« La quantité d’énergie disponible nécessaire pour maintenir en vie chaque espèce plus complexe est ahurissante. Miller fait le calcul : Il faut 300 truites pour nourrir un homme pendant un an. Ces truites doivent consommer 90 000 grenouilles, qui doivent manger 27 millions de criquets, auxquels il faut 1000 tonnes d’herbes. Donc, plus une forme de vie se situe vers le haut de l’échelle de l’évolution, plus elle crée de désordre (de dissipation d’énergie) dans l’environnement global pour se maintenir dans un état ordonné (en déséquilibre). »
Écriture et introspection
« Dans les cultures orales, communautaires, tout le monde est toujours ensemble. (…) L’écriture introduit l’idée de vie privée. Quand on compose une phrase, on est seul avec ses pensées. »
« L’acte même de lire est une expérience privée. On se retire de la conversation communautaire et on lit la pensée d’ d’un autre à distance. »
« L’écriture rend possibles les grandes traditions religieuses introspectives comme le bouddhisme, le judaïsme, le christianisme et l’islam. Toutes ont des textes sacrés. »
« Moïse l’a emporté. Son peuple serait pour toujours le peuple du Livre. Le nouveau Dieu universel communiquait par écrit à travers ses scribes sur terre, les prêtres et les prophètes. (…) Les Hébreux, qui étaient à l’origine un peuple nomade d’éleveurs, emmenaient leur dieu avec eux. Ce n’était pas un dieu local mais universel. »
La découverte de la conscience de soi et du moi séparé
« La vie privée, concept qui n’avait guère de sens ontologique au Moyen Âge, est devenue un objet de désir au XVIe siècle, avant d’apparaître à la bourgeoisie urbaine du XVIIIe siècle comme un droit naturel. »
« La mode des séries de chaises identiques a commencé en France à l’apogée de la Renaissance : elle reflétait la nouvelle dignité de l’individu. L’idée de la chaise était vraiment révolutionnaire. (…) Avec l’introduction massive de la chaise en Europe, l’individu autonome moderne faisait son entrée. »
L’émergence des États-nations
« Selon la conception courante, l’État-nation est une création organique enracinée dans une culture, une langue et des coutumes communes, qui a évolué au fil du temps pour devenir un État moderne. Il y a certes une parcelle de vérité dans cette idée, mais l’État-nation est plutôt, en réalité, une « communauté imaginée » - un concept artificiel, en grande partie créé par des élites politiques et économiques pour établir de vastes marchés nationaux et s’assurer des colonies outremer. »
« Tous les États-nations de l’ère moderne ont créé un mythe des origines avec ses héros, ses grands moments d’épreuves et de tribulations passés, souvent commémorés à travers des rituels élaborés. »
« On croit souvent que la communauté de la langue était un prérequis indispensable pour pouvoir rassembler des populations sous l’égide d’un État-nation. Mais ce n’est pas ce qui s’est généralement passé. Prenons la France en 1789, à la veille de la Révolution française : moins de 50% de ses habitants parlaient le français, et seuls 12 à 13% le parlait correctement. »
Vers un monde 2.0 où ressources et pouvoirs seront distribués ?
« Le modèle distribué part du postulat diamétralement opposé sur la nature humaine : quand on lui en donne l’occasion, l’être humain est naturellement disposé à collaborer avec les autres, souvent gratuitement, par pure joie de contribuer à l’intérêt. (…) L’activité économique n’est plus une lutte antagonique entre deux camps retranchés, les vendeurs et les acheteurs ; c’est une entreprise de coopération entre des acteurs qui pensent de la même façon. À la logique économique classique, où le gain de l’un est la perte de l’autre, se substitue une tout autre vision des choses : en améliorant le bien-être des autres, on accroît le sien. Le jeu gagnant-perdant cède la place au scénario gagnant-gagnant. »
« Des droits de propriété aux droits d’accès : L’économie de marché est beaucoup trop lente pour profiter pleinement de la vitesse et du potentiel productif rendus possibles parles révolutions du logiciel et des communications. (…) Dans les réseaux purs, la propriété existe encore, mais elle reste entre les mains du producteur, et l’usager y a accès dans certains segments temporels. (…) De la vente d’un produit physique à un acheteur, elle est passée à l’octroi à un usager d’un accès à un service pour un certain temps. »
« La capacité de rassembler le savoir de millions (si ce n’est des milliards) d’utilisateurs sur un mode auto-organisationnel est en train de faire du web 2.0 un cerveau à l’échelle de la planète, ou quelque chose d’approchant. (…) Des connexions centralisées, verticales et d’un seul vers tous, on est passé aux connexions en source ouverte, horizontales et de tous vers tous, ce qui a permis aux membres de la nouvelle génération d’être les acteurs de leurs scénarios personnels et de partager une scène planétaire avec deux milliards d’autres comédiens comme eux : tous jouent pour et avec les autres. »