17 mars 2015

LA DÉSINDUSTRIALISATION N’EST NI NOUVELLE, NI LOCALE

Marché du travail : la grande fracture (2)
Deuxième volet de l’étude de l’Institut Montaigne, son analyse sur la polarisation du marché du travail, et la montée d’une société post-industrielle.
L’étude montre clairement que le phénomène de désindustrialisation auquel fait face la France n’est ni spécifique – tous les pays développés y sont confrontés –, ni récent – tout a commencé dès les années 70.
Il est ainsi frappant de voir les évolutions parallèles de la part de l’industrie dans le PIB : de partout elle a baissé de près de vingt points, et les écarts se sont maintenus. Les pays les plus industriels en 1970 le restent en 2010.
Simplement, si les évolutions en valeur absolue sont identiques, en valeur relative, la baisse est évidemment plus rapide : en 1970, la part de l’industrie en Allemagne était d’environ 48 %, contre 35 % en France, soit un peu plus d’un tiers de plus ; en 2010, elle est de 28% versus 19%, soit 50% de plus !
Ce sont donc au sein des pays où la part de l’industrie est historiquement la plus faible – la France, les États-Unis, le Royaume-Uni – que ce phénomène de désindustrialisation est le plus sensible. L’industrie y devient de plus en plus marginale, avec la sensation d’une quasi-disparition.
Dans ce contexte, que se passe-t-il sur le marché de l’emploi ? Y a-t-il une disparition des emplois peu qualifiés ? 
Pour répondre à cette question, l’étude nous propose de faire un détour par les États-Unis qui présentent une structure proche de la France.
(à suivre)

16 mars 2015

LE CHÔMAGE TOUCHE D’ABORD LES MOINS QUALIFIÉS

Marché du travail : la grande fracture (1)
L’Institut Montaigne vient de publier une nouvelle étude, « Marché du travail : la grande fracture ».
Cette étude montre d’abord le lien entre le taux de chômage et le niveau de formation : dans tous les pays, le taux de chômage est nettement plus élevé chez les peu qualifiés. Et la France se situe dans la queue du peloton des pays développés : seuls les pays d’Europe du Sud – Portugal, Grèce, Espagne, Italie – font pire que nous.
Jusque là rien de bien nouveau. Ce lien entre les deux et le retard de la France ont été établis depuis longtemps.
Plus intéressant, l’analyse faite par tranche d’âge qui montre que le handicap se situe dans la tranche des 55-64 ans : le retard de la France est un héritage du passé. Pour la tranche des 25-34 ans, on ne constate plus de retard en France.

Si tel est le cas, pourquoi alors avoir un plus fort taux de chômage des jeunes ? N’y a-t-il pas une contradiction avec le lien entre ce taux et le niveau de formation ? Car, si la formation des jeunes est meilleure que celle de leurs aînés, on devrait donc avoir moins de chômage dans cette sous-population.
Non, car il y a un biais dans le calcul par la non-prise en compte de tous les jeunes étudiants qui ne sont pas comptabilisés comme faisant partie de la population active : si la taux de chômage apparaît comme plus élevé chez les jeunes, ce n’est pas parce qu’il y a plus de chômeurs – effet de numérateur –, mais parce que l’on sous-estime la taille de la population – effet de dénominateur.
D’ailleurs, sur les trois millions de chômeurs en 2013, 70% ont plus de trente ans, et un tiers plus de quarante ans.
Ceci dit, il n’en reste pas moins donc que l’employabilité des personnes non qualifiées est un sujet majeur : peut-on casser ce lien entre chômage et niveau de qualification ? Ou formulé autrement, les non qualifiés sont-ils condamnés à vivre le chômage de masse ?
(à suivre)

13 mars 2015

RENCONTRE INSOLITE

Dans le nord de la Thaïlande
Depuis quelques heures, je m’étais laissé perdre dans les méandres des routes. D’une pente à l’autre, les paysages étaient mangés ou surgissaient.
Une pancarte esquissée sur la droite, un chemin de terre qui s’amorce, et un escalier qui attire mes pas.
Quelques minutes plus tard, un temple perdu dans un cœur de bambous, abandonné tout en étant en chantier.
Dans un océan de bâches plastiques noires, dans une architecture de tubulures rouillées, un bouddha impassible trône.
Rien ne peut perturber sa méditation. Rien ne peut lui faire lever les yeux. Rien ne peut ternir l’or qui le ceint.
Silencieusement, je m’accroupis. Insensible à l’humidité du lieu, aveugle à ce qu’il n’est pas, je plonge dans son vide.
Longtemps, longtemps, longtemps après, en glissant, je m’éloigne pour rejoindre le monde que j’avais quitté.
(Photo prise en août 2007 à Phra That dans la région de Doi Tung, située dans le Nord de la Thaïlande)

12 mars 2015

LA CRÉATION DE LA PRIME D'ACTIVITÉ, UN CANDIDAT AU GUINNESS DES DÉCISIONS ABSURDES

La logique de la dérive des dépenses publiques
La presse unanime s’est félicitée le gouvernement de Manuel Valls pour la mise en place de la nouvelle prime d'activité. Comment en effet ne pas se féliciter d'une mesure qui s'affiche comme simplificatrice en passant de deux primes, la prime pour l'emploi (PPE) et le revenu social d'activité (RSA activité), à une seule ? Surtout que pour ses bénéficiaires - ceux dont les revenus sont compris entre 0,5 et 1,2 SMIC -, elle sera plus avantageuse.
Champagne donc ?
Pas vraiment... car il y a un vice profond et (volontairement ?) caché dans cette mesure.
Revenons au système actuel et aux raisons qui ont amené cette décision.
Nous avons pour l'instant deux systèmes, la PPE et le RSA activité:
La PPE, étant versée sur la forme d'un crédit d'impôt sur le revenu, est parfaitement automatisée, avec des coûts de gestion voisins de zéro, car elle ne nécessite aucun travail additionnel pour l'administration, ni aucune démarche pour le bénéficiaire.
Le RSA activité est coûteux à distribuer (formulaires, guichet,...) et suppose que chaque bénéficiaire dépose chaque trimestre une demande... ce que moins de 40% font. Sans parler des risques de fraude, et donc du besoin de contrôler.
Pourquoi donc fusionner le premier au sein du second ? Ne serait-il pas plus logique lorsque l'on prône la simplification, les économies de dépenses publiques et la justice sociale, de faire l'inverse ? Quelle est la raison de cette décision qui heurte le bon sens commun ?
Elle est liée à un défaut congénital de la PPE : elle n'est versée qu'en année N+1.
C'est la seule raison mise en avant pour justifier que le RSA activité n'ait pas été fusionné au sein de la PPE. Pourtant, on pouvait mettre en place un mécanisme d'ajustement en année N+1 sans remettre en cause la PPE. Mais, non !
Décidément la machine bureaucratique aime les guichets et le contrôle. Et d'aucuns s'étonnent que la dépense publique continue de croître.
En espérant que cette solution n'a pas été choisie pour faire plaisir aux corporations qui cherchent à justifier leurs emplois ou, pire encore, en espérant cyniquement qu'une partie des sommes dues ne sera pas distribuée...
Enfin autre aberration de cette nouvelle mesure, la création d'un effet de seuil à 1,2 SMIC. Avec la nouvelle prime d'activité, pour un euro de plus, un salarié deviendra inéligible et verra donc son revenu net décroître.
Décidément, dès sa mise en œuvre planifiée pour janvier 2016, cette prime deviendra un candidat sérieux au Guinness des décisions absurdes. Il y a fort à parier que le prochain Président s'empressera alors de la supprimer, pouvant prouver, à bon compte, son efficacité en matière de gestion des deniers publics !

11 mars 2015

L’ABSENCE DURABLE DE CROISSANCE NOUS CONDAMNE À NOUS REMETTRE EN CAUSE

N’attendons pas qu’un miracle nous tombe du ciel et nous sauve ! (3)
Je ne sais pas lire l’avenir dans une boule de cristal, mais à la lecture de ces scénarios, il me semble plus que raisonnable de nous préparer à être au mieux à une croissance entre 0 et 1%, c’est-à-dire bien peu. Conclusion n’attendons pas de miracle venant de ce côté-ci !
A l’appui de ce raisonnement, je peux témoigner d’une conversation récente avec un ami en charge, au sein d’une des plus grandes banques mondiales, d’une cellule spécialisée sur la conseil auprès des fonds de pension. Les scénarios sur lequel il travaille sont bien ceux-là.
Est-ce à dire que nous sommes face à une catastrophe dans nos pays occidentaux ?
Non, car nous avons un capital accumulé considérable, et qu’une bonne partie de la population – disons les 20 à 30% les plus aisés –, gaspille allégrement l’argent qu’elle gagne dans des objets inutiles.
Nous devons donc nous remettre en cause, et développer des solidarités réelles et fortes !
Et quant à la France, ceci rend encore plus indispensable le fait d’avoir un système public ramassé et efficace. Le temps des vaches grasses est terminé, et nous devons durablement apprendre à concentrer nos dépenses publiques sur le nécessaire si nous voulons préserver le cœur de notre système social et éducatif, ainsi que maintenir les dépenses régaliennes que sont la justice, la sécurité ou la défense. Nous devons aussi recréer du lien et réapprendre à vivre ensemble.

Le miracle ne va pas nous tomber du ciel, et ce ne sont les incantations miraculeuses de notre Président actuel qui vont suffire !

10 mars 2015

CROISSANCE MONDIALE ET CROISSANCE DANS LES PAYS DÉVELOPPÉS

N’attendons pas qu’un miracle nous tombe du ciel et nous sauve ! (2)
Est-ce à dire que nous allons voir repartir la croissance mondiale ? Oui, mais nous avons la limite de l’accès aux ressources physiques rares et à l’accroissement de la consommation énergétique.
Aussi, si je vois effectivement, contrairement à ce que semble prévoir Patrick Arthus, la croissance mondiale repartir de l’avant, elle restera très probablement contrainte par ces ressources.
Quelle conséquence maintenant pour nos pays occidentaux, et singulièrement la France ? Peut-on raisonnablement parier sur un retour proche d’une croissance importante et durable, c’est-à-dire en moyenne supérieure à 2%, et proche de 3% ?
Non, car il faut prendre en compte un autre phénomène mondial, qui est celui du rattrapage des pays comme la Chine, le Brésil, l’Inde, et demain le reste de l’Asie, de l’Amérique du Sud et de l’Afrique.
Il est en effet plus que raisonnable de prendre comme hypothèse que, sous la conséquence de la poursuite de la mondialisation des entreprises et des flux économiques, les écarts entre pays vont inexorablement et tendanciellement continuer à se réduire. Un peu comme quand vous ouvrez les vannes entre des bassins et que vous voyez les niveaux d’eau converger.
Actuellement l’Europe de l’Ouest, le Japon et l’Amérique du Nord représentent de l’ordre de 45 % du PIB mondial, et ont un PIB par habitant supérieur  à 30000 €. Tous les autres pays représentent donc 55% du PIB mondial, et ont eux un PIB par habitant de l’ordre de 6000 € (1), soit 5 fois moins.
Une simulation très simple à réaliser montre que si la croissance mondiale est de 3%, et que celle des pays en retard est de 5%, la croissance dans nos pays sera mécaniquement autour de 0,5%. Si la croissance mondiale reste à 3% et que celle des pays en retard est de 6%, alors nous sommes en récession de près de 1%.
Pour que nous puissions atteindre une croissance supérieure à 2%, il faudrait une croissance mondiale de 5% et une croissance des pays en retard de seulement 7%. 
Peu probable non ?

(1) Avec des écarts très importants entre pays puisqu’il va de plus de 15000 € en Russie à autour de 2000 € en Afrique subsaharienne.

(à suivre)

9 mars 2015

CROISSANCE ZÉRO ?

N’attendons pas qu’un miracle nous tombe du ciel et nous sauve ! (1)
Dans son livre publié en janvier dernier, « Croissance Zéro », Patrick Arthus expose pourquoi la France serait condamnée à faire face durablement à une croissance nulle. Pour lui, tout viendrait d’une érosion de la croissance mondiale, liée à un ralentissement de l’accroissement de la productivité.
Pourquoi ? Parce que le développement d’internet et du numérique ne s’accompagnerait pas des gains de productivité attendus. Toujours selon lui, ceci pourrait être dû à 3 raisons possibles :
- Il est encore trop tôt pour les constater : ce n’est qu’au bout de 40 ans, que le moteur électrique a donné tous ses effets,
- La population mondiale n’a pas assez été formée, et nous ne savons pas comment tirer parti des ces nouvelles technologies,
- Internet n’est pas une réelle révolution, et n’est qu’une amélioration marginale.
Je ne crois pas personnellement que la troisième hypothèse soit la bonne, mais je remarque que les deux premières ne sont que les deux faces d’une même hypothèse : il était trop tôt pour en voir les effets.
Je suis persuadé que ce n’est que maintenant que les choses commencent :
- Une nouvelle génération, la fameuse génération Y, arrive dans les entreprises et a grandi avec Internet. Elle sait intuitivement comment en tirer parti.
- Chaque homme ou femme, ou presque, est aujourd’hui connecté à haut débit, et dispose dans sa poche ou dans sa main d’un terminal avec un écran à haute définition.
- Le développement du Big Data ouvre des horizons inconnus en matière de personnalisation, d’organisation du travail et de désintermédiation.
Pour compléter le tableau, je citerais aussi la multiplication et la sophistication croissante des imprimantes 3D. Sans parler des liens prometteurs avec la biologie.
Bref tout commence !
(à suivre)

6 mars 2015

TÉLESCOPAGES D'IMAGES...

Puzzles… (billet paru le 9 mars 2012)
Quand les photos remplacent les mots...

Du bois, des pierres et un veilleur ...

Des pierres, du bleu et une ombre ...

Trois verticales ...

Quand les éclairs viennent du sol ...

4 mars 2015

QUE LA FORCE SOIT AVEC VOUS !

Les faces cachées de Darth Vader (Avec l'arrivée en fin d'année du nouvel épisode de la Saga Star Wars, je me devais de rediffuser ce billet paru le 11 février 2011)

Nous avons tous une vision finalement très partielle de Darth Vader, nous n'en connaissons que ce que Georges Lucas a bien voulu nous montrer. Mais comment pourrions-nous connaître la part cachée de Darth Vader ?
DARTH VADER ENFANT :
Grâce à Volkswagen, nous avons une proposition pour un Darth Vader enfant, dont les talents sont encore bien embryonnaires.



DARTH VADER AMOUREUX : 
Grâce à ces épisodes restés peu connus, nous comprenons que Darth Vader peut, comme chacun de nous, tomber amoureux, et que ce n'est pas facile alors...

2 mars 2015

ON NE CHOISIT PAS D’ÉCRIRE

Saigner sa vie - Extrait de mon roman Double J (billet paru le 20 avril 2012)
Non, cette histoire devait rester en moi, rester la confidence d’un soir, un secret partagé avec Jacques, et seulement lui. S’il voulait la réentendre, je n’aurais qu’à la lui raconter à nouveau. Écrire, c’était perdre le contrôle, ne plus savoir ce qu’elle allait devenir. Écrire, c’était mourir. 
J’en étais là de mes réflexions, quand ma main avait été captée par le stylo. Je n’avais pas pu l’empêcher de s’en saisir, et d’en faire sortir un peu du sang qui l’habitait. La vision de cette encre rouge qui avait commencé à maculer la page blanche, la douceur du contact du stylo – mais était-ce le stylo ou le corps de Jacques que je tenais ? –, m’avaient fait perdre pied. Je n’avais pas voulu écrire mon histoire, mais elle et le stylo en avaient décidé autrement. L’encre avait commencé à se répandre, et à épancher les mots qui me hantaient. La tête m’avait tourné et tout était devenu double : le stylo et Jacques, les mots et l’amant, l’encre et le sang. Comme quand je parlais à Jacques dans le noir de la nuit, l’histoire s’était mise à sortir doucement, tranquillement, un flot inextinguible, une douce hémorragie. 
Pourtant, je ne m’étais pas vidé de mon énergie, et ce sang n’était pas mon sang. Au contraire, plus j’avais avancé dans l’écriture, plus les pages s’étaient accumulées, et plus je m’étais senti renforcé. Pouvoir lire ce que j’avais pensé, m’avait apporté calme et sérénité. Je m’étais trouvé enfin. C’était comme si toutes les tensions accumulées en moi depuis mon enfance s’étaient trouvées résolues, la pression de mon imaginaire enfermé se dissipant sur le papier. 
Alors, le stylo ne m’avait plus quitté. Sans cesse, j’avais couvert des pages et des pages de lettres de sang qui dessinaient ma pensée. J’avais aimé ce papier qui se colorait de mes mots, j’avais aimé le mouvement sensuel de la plume glissant sur les feuilles, le crissement engendré, le rouge qui se répandait, j’avais aimé caresser le corps du stylo en pensant à celui de Jacques. Impossible de taper sur un clavier, mon écriture en serait devenue mécanique, vide d’émotion, vide d’énergie. 
Petit à petit, j’avais pris goût à la violence du rouge de mes écrits. Cette couleur était à la fois celle de mon sentiment pour Jacques et celle de l’hémorragie de l’écriture. J’écrivais avec ce stylo qu’il m’avait donné, avec l’encre qu’il avait choisie. Je sentais le sang de Jacques nourrir le sang de mes pensées, et voyais déjà un lecteur futur venir le boire et s’en repaître. J’aimais cette vision d’un lecteur vampire venant sucer nos sangs mêlés. C’était comme s’il s’était insinué dans notre lit et, pendant notre sommeil, était venu s’abreuver, d’une morsure, à la force de notre union. 
Le stylo avait été le talisman rendant inévitable cette écriture. Jacques avait eu raison : j’aimais écrire et ce livre était en moi. Je n’avais pas eu besoin de réfléchir, pas d’effort à faire, juste à le laisser sortir. Le stylo avait été l’accoucheur de ma pensée, tout se faisant naturellement, le livre sortant comme le flot d’une artère rompue. Qu’allait-il advenir ensuite ? Je verrais bien, je n’avais plus peur. 

27 févr. 2015

L’OUBLI EST NÉCESSAIRE POUR AVANCER

Devons-nous brûler tous les protestants ? (billet paru le 31 mars 2011)
Il devient ou redevient « à la mode » en France de se replonger dans l’histoire et dans nos racines pour se définir. Certes l’idée est louable et apparemment sympathique. Mais que va-t-on y trouver ? N’est-ce pas le même risque que celui couru par Jeanne dans Incendies ? Les apôtres de la mémoire et des racines ne vont-ils pas mettre le feu à ce pays ? Ne vont-ils pas allumer l’incendie qui va rendre impossible tout vivre ensemble, tout vivre au futur ?
Suivons-les pour un temps et plongeons dans notre passé :
  • Faut-il, au nom des guerres de 14-18 et 39-44, rompre toute relation avec l’Allemagne ? 
  • Ou alors c’est la Grande Bretagne qui est l’ennemie ? La guerre de Cent ans n’est pas si loin, car pourquoi ne pas remonter jusque là ? Y a-t-il une limite au devoir de mémoire ?
  • Côté religion, faut-il se méfier des protestants ? Ils ne sont quand même pas de catholiques. Aurions-nous fait la guerre de religion pour rien ? Pourquoi aller faire une croisade en Lybie alors que l’on peut la faire chez nous ?
  • Inutile de parler des juifs, nous les avons maltraités à de multiples moments, aucune raison d’arrêter.
  • Et pourquoi ne pas non plus réhabiliter l’inquisition ?
  • Et les italiens ne sont-ils pas les héritiers de ces romains qui ont ridiculisé les Gaulois ?
  • Et pourquoi aider les Grecs alors qu’ils ont dominé le monde ? 
  • Et les Égyptiens, où sont donc leurs pharaons ?
Certes, j’exagère. Mais qui a commencé ? 
Qui nous parle de la France en nous parlant de son passé ? Qui a peur de ceux qui la rejoignent ? Qui croit que c’est dans son passé que la France trouvera et construira son avenir ? Qui prône le devoir de mémoire ?
Tout individu se construit sur une part d’oubli qui est la seule façon d’avancer, de pardonner et de penser au futur. Il en est de même avec les nations et les pays : la France ne sera généreuse et porteuse d’avenir que si elle ne se pense pas au passé  et ne cherche pas dans le futur le prolongement de ses origines. 
Méfions-nous des incendiaires qui pourraient réveiller des démons du passé…

25 févr. 2015

INCENDIES MET LE FEU AU DEVOIR DE LA MÉMOIRE

Comment vivre quand on sait que l’on est né d’un crime ? (billet paru le 30 mars 2011)
Un frère et une sœur, jeunes adultes à l’aube de leur vie, font face au notaire, employeur et ami de leur mère. Celle-ci vient de mourir, et ils écoutent la lecture du testament. Double choc : celui de la demande de leur mère de retrouver leur père, celle de la nouvelle de l’existence d’un frère qu’elle leur demande aussi de retrouver.
Leur père est un inconnu, lointain, quelque part dans ce Liban quitté par leur mère au moment de leur naissance. Ils le croyaient mort. Pourquoi aller à sa rencontre ? Pourquoi remettre en  cause l’équilibre de leur vie, ici ? Pourquoi quitter le Québec ?
Et puis ce frère, qu’est-ce que cela veut dire ? Pourquoi leur mère ne leur en a jamais parlé ? Quelle drôle d’idée, d’un seul coup, dans un testament, de lâcher la bombe de son existence !
Réaction symétrique et opposée entre le frère et la sœur. 
Simon, le frère est d’avis qu’il faut continuer comme avant. Surtout ne pas savoir, surtout ne rien changer. Il est bien là après tout. Rien n’est parfait, mais aucun drame apparent. Probablement des non-dits, des problèmes de-ci de-là, mais rien d’apparemment dramatique. Oui, sa mère avait son jardin secret. Oui, ils ont peut-être, et même certainement, un père quelque part au sud Liban, et un frère aussi. Et alors ? Simon ressent le danger de ce passé enfoui. C’est vrai que ce n’est pas très courageux. N’a-t-il pas tort de vouloir laisser inconnu ses origines ?
Jeanne, la sœur, n’a pas peur de ce passé. Elle, elle veut partir, va partir à sa recherche. Elle n’imagine de rester là comment avant. Maintenant qu’elle sait que ce passé inconnu existe, elle doit partir. Pourquoi ? Est-elle plus courageuse ? Est-elle plus insatisfaite de sa vie ici ? Allez savoir… La voilà sur le chemin de ses racines, de leurs racines, mettant ses pas dans ceux de sa mère. Elle découvre l’horreur de la guerre du Sud Liban et comment ses origines en dépendent. Elle va convaincre son frère de la rejoindre.
Je ne vais pas vous raconter le film et le chemin d’horreur de ses découvertes successives. A vous de les découvrir si vous ne l’avez pas vu.
Au terme de ce voyage, quelques questions se poseront : qui avait raison, celui qui voulait continuer comme si de rien n’était ou celle qui voulait savoir ? Comment vont-ils pouvoir vivre avec ce qu’ils ont appris ? Peut-on survivre quand on sait que l’on est né d’un crime ?
Incendies n’apporte pas de réponses. Denis Villeneuve l’a tourné comme un documentaire, pas de commentaires, pas d’explications, pas de jugements. Juste le choc de la succession des images, juste l’empilement des faits, lente plongée… sans fonds.
Il montre simplement que la remontée à la surface de certains faits venant du passé n’est pas toujours souhaitable. Comment vivre en effet sans oubli ? 
Ce qui est vrai pour un individu l’est aussi des sociétés : est-il toujours pertinent de vouloir se souvenir de tout ? Le devoir de mémoire n’est-il pas parfois à pondérer par la nécessité de l’oubli ? Que penser de la volonté de penser la France en la plongeant dans son passé ?

23 févr. 2015

AU PAYS DES CHÊNES, DES TRUFFES ET DES PIERRES

Grandir caché - extrait de mon roman Double J (billet paru le 11 mai 2012) 
Au pied des chênes qui peuplaient le terrain, poussaient des truffes, ces étonnants et capricieux tubercules qui grandissaient mystérieusement sous terre. La truffe m’était apparue comme une étonnante métaphore de moi-même. Comme moi, elle grandissait cachée, dans l’obscurité, rebelle à toute domestication, toute culture. On pouvait passer à côté d’elle, à quelques centimètres, sans s’en rendre compte. Elle ne faisait aucun bruit, ne se manifestait que discrètement par le brûlé au pied de l’arbre et une odeur subtile que seul un animal pouvait déceler. Chercher des truffes, c’était participer à un spectacle de prestidigitation. Au départ, il n'y avait rien, juste des chênes, de la terre et quelques plantes éparses. Et puis, quelques secondes après, grâce à l'odorat du chien et au talent de son maître, la truffe était là, comme un lapin sorti du chapeau. Elle ne se révélait que par eux, le chien et son maître. Avant, elle n’existait pas, restait virtuelle.
A quoi pensait la truffe dans son refuge souterrain ? Avait-elle peur d’être trouvée, ou à l’inverse, vivait-elle dans l’attente d’être découverte et d’accéder au monde ? Est-ce que vivre pour elle, c’était grandir cachée et protégée ? Savait-elle qu’elle serait mangée dès qu’elle serait trouvée ? Était-ce pour cela qu’elle mûrissait le plus doucement possible et que, le moment venu, quand elle était prête, émettait une odeur presque imperceptible ? Essayait-elle d’échapper au monde du dehors, ce monde qui allait la dévorer ?
Je ne pouvais pas ne pas faire le lien entre ma vie et les truffes. Comme elles, j’avais besoin de me cacher, de me protéger. Je n’avais pas grandi au soleil, mais dans l’ombre et l’obscurité. Jacques m’avait-il trouvé parce que j’étais mûr pour émerger au grand jour ? Allait-il me manger ?
A l’opposé des truffes, il y avait les pierres. Autant les truffes étaient vivantes et cachées, autant les pierres étaient mortes et apparentes. Posées les unes sur les autres, sans ciment, sans aucun liant, elles dessinaient des lignes aléatoires. Les murs en pierres sèches étaient la structure et l’ossature du paysage, ils le découpaient et l’architecturaient. Ces murs, je les avais d’abord regardés, sans bruit, respectueusement. Puis, j’avais appris à les compléter, les réparer et, de temps en temps, les prolonger, voire les créer. J’avais, à ma façon discrète et progressive, commencé à écrire avec des pierres dans un jardin. Cette écriture minérale était lente, physique et paradoxale : je n’étais content de mon travail, que si personne ne se rendait compte que le mur avait été fait ou refait. Il devait se fondre dans le paysage et s’intégrer comme s’il avait toujours été là. Ce devait être une œuvre intemporelle, une œuvre semblant exister depuis l’origine des temps.
C’était dans cette niche que j’avais voulu poursuivre l’écriture de mon histoire. Elle était l’endroit logique pour soutenir son émergence.

20 févr. 2015

SUR LE TOIT DU MONDE

Prisonnier
Clos, calme, caché, calfeutré, cotonneux, condamné,
Sur le toit du monde que la brume me masque,
À l’abri d’un bar anglais d’un hôtel hérité des colonies,
J’écris un roman que personne ne lira… peut-être.
L’horizon n’est plus, l’Himalaya a été gommé.
Les autres ne sont plus, leurs vies ont été éradiquées.
Mon passé n’est plus, je suis vierge de mémoire.
Mon futur n’est plus, je ne suis que présent.
Ancré dans l’instant, habité de mon imaginaire,
Abreuvé des herbes cueillies dans des champs voisins,
Saoulé par le silence, ivre de la vacuité du monde,
J’invente une histoire qui aurait pu être la mienne.
Clos, calme, caché, calfeutré, cotonneux, condamné,
J’apprends à ne plus vivre qu’enfermé sur le toit du monde.
À l’abri de la prison d’un hôtel hérité des colonies,
J’apprends à ne plus vivre que reclus et sans espoir.
(Photo prise en août 2010 à Darjeeling en Inde)
(Pour les deux semaines à venir, petit break du live avec la rediffusion de quelques billets précédents)

19 févr. 2015

ARRÊTONS DE DÉMÉNAGER LE TERRITOIRE !

Pour un nouvelle Délégation à l’Aménagement du Territoire
Lors de son retour au pouvoir, une des décisions majeures du Général de Gaulle a été de lancer une politique ambitieuse d’Aménagement du Territoire. Confiée initialement à une personnalité politique de premier plan, Monsieur Olivier Guichard, la Délégation à l’Aménagement du Territoire et à l’Action Régionale a défini et porté cette politique.
Malheureusement l’élan initial s’est progressivement éteint, et la politique d’aménagement du territoire s’est petit à petit éteinte. En effet, imaginée dans la logique des Trente glorieuses où il s’agissait d’orienter la croissance économique et mieux répartir les emplois, elle n’a jamais su se repenser dans le contexte d’un monde globalisée et d’une croissance faible, voire nulle. Conçue aussi aux temps d’un État central et tout puissant, elle n’a su que maladroitement se mettre au goût du jour d’une France décentralisée.
Et ce n’est pas la fusion récente de la Datar au sein du Commissariat Général à l’Égalité des Territoires qui sera de nature à la relancer. L’intitulé « Commissariat » est en soi déjà l’annonce d’une logique de gestion, ou pire de contrôle. Et quant à croire que le développement des Territoires passera par leur égalité…
Pourtant il y a urgence !
Le livre récent de Christophe Guilluy, La France périphérique, montre en effet que la cohésion territoriale a volé en éclats. Ce n’est plus comme dans les années 60, Paris et le désert français, mais les villes moyennes abandonnées.
Relancer une politique d’aménagement du territoire est une priorité si nous voulons à nouveau tous refaire société ensemble, et tirer parti des avantages offerts par la diversité de notre territoire.
Cela passe par deux conditions :
- De grandes régions qui, centrées autour de villes métropoles, utilisent l’énergie de leur connexion à l’économie mondiale pour irriguer tout leur territoire. Car le nouvel Aménagement du Territoire ne sera un succès que s’il part des forces locales,
- Un État recentré qui remaille le territoire avec de grandes infrastructures reliant les villes entre elles et la France au monde. Ceci suppose d’articuler les ports avec leur hinterland et de mailler les différents modes de transport entre eux.
Pour cela, pourquoi ne pas revenir aux sources en réinventant une Délégation à l’Aménagement du Territoire ? Une structure légère et politique pour incarner, animer et conduire une stratégie de long terme en matière d’infrastructures. Une structure qui laisserait aux Régions le soin de la mettre en œuvre et de l’enrichir, d’où l’abandon de « l’Action Régionale » dans son intitulé.
Car enfin, n’est-ce pas une des premières responsabilités d’une politique nationale que de penser et dessiner le territoire afin que chacun puisse s’y développer mieux et de façon harmonieuse !

18 févr. 2015

SORTIR DU DILEMME DU PRISONNIER

La gueule de bois de la dépense publique ou la nécessité de sortir d’une addiction française (8)
Madame la France, non seulement vous êtes droguée à la dépense publique, non seulement vous êtes la reine des trous, non seulement vous êtes la championne de la centralisation inefficace, mais vous jouez bien maladroitement au dilemme du prisonnier.
De quoi s’agit-il ? De l’histoire classique des deux malfrats qui viennent d’être arrêtés, car suspectés d’un cambriolage. Le commissaire de police est convaincu qu’ils ont fait le coup, mais il ne dispose d’aucune preuve. Aussi fait-il pression sur chacun des deux pour qu’il se dénonce, ce avec une carotte à l’appui : le premier qui parle aura sa peine divisée par deux. Si les deux se taisent, ils repartiront libres. Oui, mais si l’un parle, mieux vaut être le premier… Alors parler ou ne rien dire ? Le choix va dépendre de la confiance que chacun a en l’autre. 
Madame la France, quand je regarde la relation chez vous entre systèmes public et privé, j’ai l’impression que l’on y joue à ce jeu-là, et sans faire confiance à l’autre : Les chefs d’entreprises et les cadres du privé se plaignent du secteur public, et les dénoncent volontiers ; les responsables publics critiquent sans cesse le privé, et inventent chaque jour de nouvelles règles et lois pour le contraindre. 
Et si on changeait la règle du jeu, et si l’on pariait sur la confiance ?
Car voyez-vous, Madame la France, il n’y a ni gentils, ni méchants. Les fonctionnaires, les ouvriers, les cadres supérieurs ou les chefs d’entreprises ne sont pas des hommes et des femmes à abattre. Tous les politiques ne sont pas pourris. 
Tous ensemble ils vous construisent, Madame la France. C’est avec eux, tous ensemble réunis, que vous réussirez ou échouerez.
Sortez vite par le haut du dilemme du prisonnier, et apprenez à chacun à faire confiance à l’autre. Pour cela, une urgence : recréer du lien entre eux… et sortez de votre addiction à la dépense publique et à la centralisation.
Il est plus que temps. 

17 févr. 2015

LES MÉFAITS DE LA CENTRALISATION

La gueule de bois de la dépense publique ou la nécessité de sortir d’une addiction française (7)
Simplement dans notre mode hyperconnecté, où les incertitudes ne sont plus locales mais se propagent d’un bout à l’autre de la planète en une fraction de seconde, où les entreprises fonctionnent de plus en plus en réseau, où démêler les fils des interdépendances est un leurre, comment un seul homme pourrait-il faire les bons choix ?
L’idée d’être sauvée en remontant des barrières et des protections autour de vous, ne marche que dans le village gaulois d’Astérix. Les connexions sont trop profondes, fines et entrelacées pour qu’un tel isolement soit réaliste. Et n’oubliez pas qu’en plus, Astérix dispose d’une arme que vous n’avez pas : la potion magique !
Non, Madame la France, comprenez que c’est dans la décentralisation que se trouve la réponse à vos maux les plus profonds. D’ailleurs cet homme miracle, que vous rêvez de voir revenir, le Général de Gaulle, il l’avait lui-même compris. Car en 1969, c’est ce qu’il voulait entreprendre. Mais vous ne l’avez pas laissé faire, et l’avez remercié. Si seulement vous lui aviez fait confiance, peut-être aurait-il construit cet État recentré, fort et ramassé qui vous est nécessaire. Et aujourd’hui paradoxalement, c’est à lui que vous aimeriez confier les clés, mais non pas pour mettre en œuvre cette décentralisation, mais pour vous sauver comme il l’a fait en 40, 45 ou 58…
(à suivre)

16 févr. 2015

LE MIRAGE DE L’HOMME MIRACLE

La gueule de bois de la dépense publique ou la nécessité de sortir d’une addiction française (6)
Je pourrais multiplier les exemples à l’infini. Chez vous, Madame la France, l’argent public, on a un peu tendance à le gaspiller. Un peu comme dans les lampes à incandescence, versus les lampes LED : elles chauffent et éclairent moins bien. Si seulement vous arriviez à passer à un service public LED : un meilleur service pour un moindre coût !
À part la dépense publique – et vous allez voir que cela va de pair –, vous avez une autre drogue : l’homme ou la femme miracle. Votre histoire en est jonchée, et vous ne pouvez pas ne pas en être nostalgique : Louis XIV, Napoléon, De Gaulle pour ne citer que les plus fameux. Vous oubliez très vite leurs mauvais côtés, pour ne plus vous rappeler que du meilleur. Qui vous en voudrait ? 
Seulement du coup, dès que vous rencontrez un problème – et en ce moment, vous êtes gâtée de ce côté-là ! –, vous en appelez à un homme ou une femme miracle. Un sauveur, un Zorro politique qui, de la pointe de son épée, va tout résoudre. C’est une deuxième drogue qui va de pair avec celle de la dépense publique. Car ce sauveur, vous l’imaginez tout puissant, décidant de tout, capable de savoir quels seront les investissements d’avenir, comment arrêter les gaspillages publics, quel devrait être le programme d’enseignement de la maternelle jusqu’aux études supérieures, sans oublier le travail manuel et la relance de la culture. Un magicien à qui, de bon cœur, vous allez confier encore un peu plus vos économies.
(à suivre)

13 févr. 2015

RESSOURCEMENT

Tapi
Lisse, si lisse.
Ne pas bouger, ne pas nager.
Surtout pas, me fondre dans le silence.
Lisse, si lisse.
Le ciel et l’eau ne sont que points de vue.
Les arbres regardent leurs reflets,
A moins que ce ne soit l’inverse.
Le ciel et l’eau ne sont que points de vue.
Les minutes se font heures.
Tel un crocodile qui, des jours durant,
Guette sa proie, j’attends.
Les minutes se font heures.
Je bois l’énergie de la vie qui m’entoure.
Perdu au cœur de la jungle thaïe,
Lové dans la couette de la chaleur de l’eau,
Je bois l’énergie de la vie qui m’entoure.
(Photos prises en août 2009 dans le Nord de la Thaïlande, à l’hôtel Phu Chusai)

12 févr. 2015

LES PUITS SANS FOND

La gueule de bois de la dépense publique ou la nécessité de sortir d’une addiction française (5)
Abandonnons les avec leurs œuvres d’art inutiles, et parlons de la formation professionnelle. Savez-vous Madame la France que vous dépensez vingt-cinq milliards d’euros de plus que des pays comparables pour ne pas avoir des salariés formés ? Vous trouvez cela normal. Le député Nicolas Perruchot, lui, a un avis catégorique : sa réponse est non. Et son avis est fondé, puisqu’il a rédigé un rapport parlementaire sur le sujet. Vous n’êtes pas au courant ? C’est vrai que ce rapport n’est jamais sorti. D’habitude, les rapports chez vous, on les enterre une fois qu’ils ont été publiés, celui-là était tellement un brulot que l’on a empêché sa parution. Heureusement que le journal Le Point a réussi à en avoir un exemplaire et l’a mis en ligne. Instructif. Bel exemple de gaspillage d’argent public… qui n’est pas perdu pour tout le monde. À ce cher, très cher, très très cher paritarisme. Les syndicats patronaux comme des salariés se nourrissent à sa sève juteuse. Une autre entreprise de trou, non ?
Et que dire du logement. Année après année, les aides fiscales viennent s’ajouter les unes aux autres. À chaque fois, plus intelligemment pensées et articulées. Normal avec autant d’experts ayant officié sur leurs fonds baptismaux. En plus, il y a des offices HLM, et des lois pour contraindre à la création de logements sociaux. Et je ne parle pas de la profusion des normes. Résultat : de moins en moins de logements, de plus en plus chers. Là encore vingt-cinq milliards d’euros au bas mot qui partent en fumée. Perdus dans les airs. Un autre trou…
Allez, je ne résiste pas à vous parler de la dernière perle publique : le musée des Confluences de Lyon. Avec son budget initial multiplié par cinq, il est un sérieux candidat pour le Guinness des records du plus grand dérapage de la dépense publique ! À l’arrivée, plus de trois cents millions d’euros d’investissement, soit le double du coût de musée Guggenheim de Bilbao, et un déficit de fonctionnement de quinze millions d’euros par an. Pas mal, non ? Reste à espérer des retombées exceptionnelles. Mais il est vrai que l’on ne pourra pas y aller en voiture, puisqu’il n’y a pas de places de parkings de prévues. Normal puisque des technocrates en chambre ont décidé que l’on n’y accèderait qu’en transport en commun. Pas mal pour un musée situé au bord d’une autoroute, non ? Quel beau trou !
(à suivre)