Histoire de caverne (Saison 3 – Épisode 4)
Thomas nous a convaincu de lui donner les pleins pouvoirs : fort de son méta-tableur, il a vu le futur et sait ce qu'il faut faire pour retrouver notre suprématie en quatre mois
Quatre mois à ne rien faire et à nous prélasser au bord d'un lac. En fait seulement trois mois, car il avait fallu bien deux semaines pour rejoindre ces cavernes paradisiaques. Un lieu de rêve : des cavernes charmantes creusées dans une falaise donnant directement sur le lac, chacune construite comme une suite avec salon, chambre et balcon privé. Plusieurs restaurants au bord de l'eau, des excursions possibles à dos de mammouths, des promenades en barque avec ou sans pêche. Nous avions l'esprit tranquille, confiant que nous étions dans Thomas et sa capacité à redresser nos affaires.
Mais les meilleures choses avaient une fin : nous devions rentrer. Le retour fut sans histoire, du moins la première semaine. Un premier signal survint à l'issue de celle-ci. Alors que nous venions de quitter les marécages et de rejoindre la grande plaine aux antilopes, nous avons aperçu au bord de la plaine herbeuse un drôle de cube en bois.
Comment arriver à décrire ce que nous avions devant nous ? Il y avait d'abord des séries de troncs enfoncés dans le sol, serrés les uns contre les autres. Ils étaient tellement serrés que cela faisait comme un mur. Sur le dessus, d'autres morceaux de bois étaient posés, mais, cette fois, horizontalement. Le tout était recouvert de grandes feuilles. L'ensemble faisait un peu comme une petite caverne.
Nous en étions là de nos réflexions quand une femme sortir du cube. Nous ne la connaissions pas.
« Hello, la compagnie, dit-elle. Vous avez l'air d'être tombés sous le charme de ma cabane. Voulez-vous entrer ? Peut-être avez-vous faim aussi ? Je fais auberge, si cela vous intéresse. »
Quel est ce charabia ? Cabane ? Auberge ? Mais que s'était-il passé pendant notre absence ? Et d'où venait cette femme ?
« Oui, bien sûr, lui répondit Paulo en pénétrant dans le cube.
- Excusez le caractère direct de ma question, lui demandai-je, mais vous avez parlé de cabane et d'auberge. Qu'est-ce que cela veut dire ?
- Désolé, j'oublie toujours que, chez vous, cela n'existait pas encore il y a trois mois. Une cabane, c'est cette maison en bois dans laquelle vous vous trouvez. Une auberge est une cabane dans laquelle on peut s'arrêter un moment pour se reposer, boire un verre ou manger.
- Pourquoi ne pas s'asseoir un moment, dit Jojo ? Voilà une semaine que nous marchons sans cesse, nous avons bien mérité un peu de repos. Et puis, continua-t-il en abaissant la voix, cela nous permettra d'en apprendre un peu plus sur ce qui s'est passé depuis que l'on est parti. »
Nous entrâmes donc tous les quatre. La cabane était juste assez grande pour nous, ainsi que la table logée dans un coin.
« Alors, repris-je, dites-nous, cela fait longtemps que vous êtes ici ?
- Non, je suis arrivée avec tous les miens, il y a juste trois mois.
- Tous les vôtres ? Que voulez-vous dire ?
- Oui, mes sœurs et frères, mes parents, mes cousins, cousines. En tout, nous sommes une cinquantaine. Sans parler de tous ceux qui travaillent pour nous. Au total, je crois que l'on doit être environ deux cents. Vous auriez vu la tête des gens des cavernes quand ils ont vu arriver cette nuée de chariots. Celui qui était le plus drôle, c'était celui qui s'appelle Thomas. Il criait après nous : « Vous ne pouvez pas exister, vous ne pouvez pas exister ». Et quand on lui a demandé pourquoi on ne pouvait pas exister, il nous a répondu : « Parce que vous ne faites pas partie de mes prévisions. Vous n'êtes pas dans mon méta-tableur ». Irrésistible. Encore aujourd'hui, rien que d'y repenser, j'en suis mort de rire. Nous ne pourrions pas exister parce que nous ne serions pas dans son méta-tableur. Trop drôle. »
Trop drôle en effet. Nous nous sommes regardés. Il était plus que temps que nous rentrions chez nous.
(à suivre)
29 oct. 2009
28 oct. 2009
LE FUTUR EST CONNU DE FAÇON CERTAINE, LE SUCCÈS L’EST DONC AUSSI
Histoire de caverne (Saison 3 – Épisode 3)
Bingo ! Thomas venait d'inventer le méta-tableur, un nouveau système de prévision capable d'intégrer même ce que l'on ne pouvait pas prévoir. L'avenir était redevenu certain, notre suprématie aussi.
« Peux-tu donc m'en dire un peu plus sur ton méta-tableur, demandai-je à mon fils.
- Bien sûr, mais je ne suis pas certain que tu pourras me suivre jusqu'au bout, car cela devient vite technique. Enfin, je vais essayer. Partons d'abord du tableur classique pour en expliciter les limites. Comme tu le sais, le tableur inventé par Paulo part du passé et de la situation actuelle pour prévoir le futur. Il suppose donc implicitement que le futur sera le prolongement du passé, ou qu'à tout le moins, on trouve dans le passé, les éléments explicatifs des lois de l'évolution future. Tu me suis ?
- Jusque là, oui, pas de problèmes.
- Bien. Mais souvent le futur n'est pas en ligne avec le passé. Prenons l'exemple récent de l'arrivée du nouveau chariot. Le passé pouvait nous permettre de prévoir qu'un nouveau chariot allait arriver et quand. Mais en aucun cas que ce chariot allait contenir trois innovations majeures qui allaient accroître la pénétration des produits des femmes. De plus, comment prévoir que la distribution des produits allait se faire au travers de ces ventes directes dans les cavernes. Voilà pourquoi le tableur ne marche plus : des événements en rupture avec le passé et ayant un impact majeur se sont produits.
- Oui, merci, mais cela, je l'avais déjà compris. Je vois bien le problème, mais je ne vois toujours pas la solution.
- La voilà. Je viens de passer les quinze derniers jours à analyser tous les événements non prévus qui se sont produits depuis cinq ans. Et j'ai fait une découverte extraordinaire : ces événements n'arrivent pas au hasard, ils suivent une loi précise qui permet de prévoir quand il arrive et l'importance de leurs conséquences. La seule chose que je ne peux pas prévoir, c'est ce qu'ils seront. Par contre, toutes leurs conséquences sont modélisables. Ainsi ces événements imprévisibles restent imprévisibles, mais le futur redevient modélisable.
- Vraiment ?
- Oui, j'ai repris tout le passé en appliquant cette logique du méta-tableur et tout rentre dans l'ordre. Je ne me suis pas contenté de cela. J'ai élaboré un plan d'actions précis qui permet de façon certaine de reprendre le contrôle de la situation. En l'espace de six mois, si nous suivons ce plan à la lettre, notre succès est certain.
- Mon fils, je suis fier de toi. De quoi as-tu besoin pour mettre en œuvre ce plan ?
- Des pleins pouvoirs et de ta confiance absolue. En effet les trois premiers mois vont être terribles et notre situation va empirer. Mais dès le quatrième mois, cela se redressera. Donc il y a un fort risque de démobilisation initiale.
- Tu as ma confiance et je te donne les pleins pouvoirs.
- Et Johnny, Paulo et Jojo ?
- J'en fais mon affaire. »
Je tins parole. Ce ne fut pas difficile de convaincre tout le monde : comment ne pas adhérer à un plan qui s'appuyait sur la connaissance du futur. De plus, cela allait nous permettre à tous les quatre de prendre quelques vacances. Confier les clés du pouvoir à Thomas n'avait pas que des inconvénients. Certains de nos collaborateurs tempêtèrent bien qu'à 23 ans, Thomas était un peu jeune, mais nous tînmes bon.
Une semaine après ma discussion avec Thomas, nous partîmes tous les quatre dans les nouvelles cavernes de Jacques (Jacques est spécialisé dans la construction, l'aménagement et la location de cavernes, notamment pour le tourisme. Voir les saisons précédentes pour plus d'information sur ses activités). Pour être sûr d'être tranquilles, nous partîmes sans dire à qui que ce soit où nous étions. Retour prévu dans quatre mois quand tout commencerait à aller mieux.
(à suivre)
Bingo ! Thomas venait d'inventer le méta-tableur, un nouveau système de prévision capable d'intégrer même ce que l'on ne pouvait pas prévoir. L'avenir était redevenu certain, notre suprématie aussi.
« Peux-tu donc m'en dire un peu plus sur ton méta-tableur, demandai-je à mon fils.
- Bien sûr, mais je ne suis pas certain que tu pourras me suivre jusqu'au bout, car cela devient vite technique. Enfin, je vais essayer. Partons d'abord du tableur classique pour en expliciter les limites. Comme tu le sais, le tableur inventé par Paulo part du passé et de la situation actuelle pour prévoir le futur. Il suppose donc implicitement que le futur sera le prolongement du passé, ou qu'à tout le moins, on trouve dans le passé, les éléments explicatifs des lois de l'évolution future. Tu me suis ?
- Jusque là, oui, pas de problèmes.
- Bien. Mais souvent le futur n'est pas en ligne avec le passé. Prenons l'exemple récent de l'arrivée du nouveau chariot. Le passé pouvait nous permettre de prévoir qu'un nouveau chariot allait arriver et quand. Mais en aucun cas que ce chariot allait contenir trois innovations majeures qui allaient accroître la pénétration des produits des femmes. De plus, comment prévoir que la distribution des produits allait se faire au travers de ces ventes directes dans les cavernes. Voilà pourquoi le tableur ne marche plus : des événements en rupture avec le passé et ayant un impact majeur se sont produits.
- Oui, merci, mais cela, je l'avais déjà compris. Je vois bien le problème, mais je ne vois toujours pas la solution.
- La voilà. Je viens de passer les quinze derniers jours à analyser tous les événements non prévus qui se sont produits depuis cinq ans. Et j'ai fait une découverte extraordinaire : ces événements n'arrivent pas au hasard, ils suivent une loi précise qui permet de prévoir quand il arrive et l'importance de leurs conséquences. La seule chose que je ne peux pas prévoir, c'est ce qu'ils seront. Par contre, toutes leurs conséquences sont modélisables. Ainsi ces événements imprévisibles restent imprévisibles, mais le futur redevient modélisable.
- Vraiment ?
- Oui, j'ai repris tout le passé en appliquant cette logique du méta-tableur et tout rentre dans l'ordre. Je ne me suis pas contenté de cela. J'ai élaboré un plan d'actions précis qui permet de façon certaine de reprendre le contrôle de la situation. En l'espace de six mois, si nous suivons ce plan à la lettre, notre succès est certain.
- Mon fils, je suis fier de toi. De quoi as-tu besoin pour mettre en œuvre ce plan ?
- Des pleins pouvoirs et de ta confiance absolue. En effet les trois premiers mois vont être terribles et notre situation va empirer. Mais dès le quatrième mois, cela se redressera. Donc il y a un fort risque de démobilisation initiale.
- Tu as ma confiance et je te donne les pleins pouvoirs.
- Et Johnny, Paulo et Jojo ?
- J'en fais mon affaire. »
Je tins parole. Ce ne fut pas difficile de convaincre tout le monde : comment ne pas adhérer à un plan qui s'appuyait sur la connaissance du futur. De plus, cela allait nous permettre à tous les quatre de prendre quelques vacances. Confier les clés du pouvoir à Thomas n'avait pas que des inconvénients. Certains de nos collaborateurs tempêtèrent bien qu'à 23 ans, Thomas était un peu jeune, mais nous tînmes bon.
Une semaine après ma discussion avec Thomas, nous partîmes tous les quatre dans les nouvelles cavernes de Jacques (Jacques est spécialisé dans la construction, l'aménagement et la location de cavernes, notamment pour le tourisme. Voir les saisons précédentes pour plus d'information sur ses activités). Pour être sûr d'être tranquilles, nous partîmes sans dire à qui que ce soit où nous étions. Retour prévu dans quatre mois quand tout commencerait à aller mieux.
(à suivre)
27 oct. 2009
VIVE LE MÉTA-TABLEUR, LE SYSTÈME DE PRÉVISION QUI INTÈGRE CE QUE L’ON NE PEUT PAS PRÉVOIR
Histoire de caverne (Saison 3 – Épisode 2)
Grâce à Paulo, nous avions su que dans six mois, tous nos problèmes seraient résolus. Nous étions rassurés.
Trois mois s'étaient écoulés depuis et la situation ne s'arrangeait pas, loin de là.
A notre grande surprise, le mois dernier, un nouveau chariot était arrivé rempli de produits dont certains venaient vraiment simplifier la vie des femmes dans les cavernes : un liquide qui semblait brûler sans fin et apportait de la lumière dans les recoins cachés, des silex si tranchants que l'on pouvait découper des tranches incroyablement fines (en prime avec un silex, on avait même une recette originale appelée carpaccio de mammouth), des mini-chariots pour les enfants.
Ce dernier produit avait d'abord déclenché une vaste polémique, car, enfin, les enfants étaient là pour travailler, et non pas pour perdre leur temps à pousser des mini-chariots. Alors, Jordana et Isabella – avec le nouveau chariot, Isabella est venue rejoindre Jordana – s'étaient lancées dans une grande campagne d'explication sur l'importance du jeu et de l'éducation. Elles avaient réussi à réunir les quelques femmes influentes – même la femme de Jojo était venue… – et à les convaincre que les enfants n'étaient pas des bêtes de somme, mais le capital humain pour le futur.
Johnny avait vu rouge, vexé de voir sa suprématie d'inventeur en chef, ainsi bafoué. Il s'était enfermé dans son atelier avec toute son équipe (il avait maintenant une caverne dédiée à l'innovation avec quatre assistants). Quinze jours plus tard, il en était sorti le sourire aux lèvres :
« Leur liquide magique est démodé, j'ai trouvé mieux : voilà des bâtonnets qui peuvent brûler des heures, solution plus simple et moins chère. Leurs silex, certes, ils coupent bien la viande, mais les mains aussi : je lance le silex monté sur un morceau de bois. Meilleure prise en main et aucun risque de se couper. Pour les enfants, voilà un jeu complet qui utilise mes billes et les associe à une planche en bois : il faut viser pour mettre les billes dans les trous. »
Il avait fallu ensuite mettre en place la production en série de ces inventions, ce qui avait été plus compliqué que prévu.
Pendant ce temps, le commerce de J&I – tout le monde les appelait comme cela maintenant – s'était développé. Elle avait mis en place une série de relais, en utilisant un réseau de femmes qui organisait des ventes dans les cavernes. Ce système était très efficace et beaucoup moins onéreux que le nôtre : pour promouvoir nos produits, nous avions certes le réseau d'affichage et le journal « Ici la caverne », mais cela coutait très cher de graver toutes les pierres, sans parler de leur acheminement. De plus, la vente dans les cavernes apportait un crédit de confiance supplémentaire.
Aussi quand nous avons pu lancer nos nouveaux produits, nous avons dû faire une campagne massive de communication et baisser les prix. Résultat : oui, nous avions retrouvé les volumes, mais nous perdions de l'argent sur ces innovations. Ceci était compensé par la marge faite sur les anciens produits, mais pour combien de temps ? En effet, la part de ce fonds de catalogue baissait régulièrement, et nous étions obligés de baisser leur prix pour enrayer la baisse. Cercle vicieux infernal.
Bref, cela ne s'arrangeait pas. Or Paulo nous avait promis que tout s'arrangerait en six mois, et les six mois étaient maintenant écoulés
Il était plus que temps de réagir. Je me décidais à aller voir Paulo.
« Bravo pour tes prévisions : tout était merveilleux sur tes pierres, mais en réalité, non.
- D'abord ce ne sont pas des pierres, mais des tableurs, nuance.
- Des quoi ?
- Des tableurs : c'est ton fils Thomas qui a eu l'idée de les appeler ainsi. Il trouve que cela ressemble à des petites tables et que le fait de les appeler ainsi fait plus professionnel. Donc ce sont des tableurs, et plus des pierres.
- Peut-être mais cela ne change rien au fait que tu nous as tous trompés : les six mois se sont écoulés et rien ne s'est arrangé.
- Ce n'est pas de ma faute. Mes calculs étaient justes, mais il s'est passé quelque chose qui n'était pas prévu : je ne pouvais pas savoir qu'un nouveau chariot avec ces produits innovants allaient arriver. En plus, le chariot leur a aussi permis de mieux fournir le marché en augmentant leur stock. Enfin, elles ont créé ce réseau de ventes directes en caverne. Vraiment, je n'y suis pour rien. Mes prévisions étaient justes.
- Comment peux-tu affirmer qu'elles étaient justes, alors que ce qui s'est passé n'est pas ce que tu avais prévu ?
- Mais tu fais exprès de ne pas comprendre, je viens de t'expliquer que ce ne sont pas mes prévisions qui étaient fausses, mais ce sont ces maudites femmes qui se sont permis de faire autre chose. Je ne pouvais quand même pas deviner qu'elles seraient déloyales à ce point ! »
Je le regardais interloqué. Quel aplomb ! Inutile de continuer à discuter avec lui, cela ne servait à rien. Il valait mieux que je parle avec mon fils Thomas qui travaillait à temps plein avec lui.
« Alors, Thomas, qu'est-ce que c'est que ces tableurs ? Je crois qu'il vaudrait mieux dire que toi et Paulo vous êtes incapable de prévoir le futur, ce serait plus honnête, non ?
- Comme tu veux, papa. Mais ce serait dommage juste au moment où je viens de trouver pourquoi nous avions fait une erreur et où je m'apprêtais à t'expliquer comment tu allais pouvoir réussir. Voilà devant toi la nouvelle génération de tableur : le méta-tableur qui intègre tout ce que l'on ne peut pas prévoir. Révolutionnaire. »
Je le regardais, à la fois fier et rassuré…
(à suivre)
Grâce à Paulo, nous avions su que dans six mois, tous nos problèmes seraient résolus. Nous étions rassurés.
Trois mois s'étaient écoulés depuis et la situation ne s'arrangeait pas, loin de là.
A notre grande surprise, le mois dernier, un nouveau chariot était arrivé rempli de produits dont certains venaient vraiment simplifier la vie des femmes dans les cavernes : un liquide qui semblait brûler sans fin et apportait de la lumière dans les recoins cachés, des silex si tranchants que l'on pouvait découper des tranches incroyablement fines (en prime avec un silex, on avait même une recette originale appelée carpaccio de mammouth), des mini-chariots pour les enfants.
Ce dernier produit avait d'abord déclenché une vaste polémique, car, enfin, les enfants étaient là pour travailler, et non pas pour perdre leur temps à pousser des mini-chariots. Alors, Jordana et Isabella – avec le nouveau chariot, Isabella est venue rejoindre Jordana – s'étaient lancées dans une grande campagne d'explication sur l'importance du jeu et de l'éducation. Elles avaient réussi à réunir les quelques femmes influentes – même la femme de Jojo était venue… – et à les convaincre que les enfants n'étaient pas des bêtes de somme, mais le capital humain pour le futur.
Johnny avait vu rouge, vexé de voir sa suprématie d'inventeur en chef, ainsi bafoué. Il s'était enfermé dans son atelier avec toute son équipe (il avait maintenant une caverne dédiée à l'innovation avec quatre assistants). Quinze jours plus tard, il en était sorti le sourire aux lèvres :
« Leur liquide magique est démodé, j'ai trouvé mieux : voilà des bâtonnets qui peuvent brûler des heures, solution plus simple et moins chère. Leurs silex, certes, ils coupent bien la viande, mais les mains aussi : je lance le silex monté sur un morceau de bois. Meilleure prise en main et aucun risque de se couper. Pour les enfants, voilà un jeu complet qui utilise mes billes et les associe à une planche en bois : il faut viser pour mettre les billes dans les trous. »
Il avait fallu ensuite mettre en place la production en série de ces inventions, ce qui avait été plus compliqué que prévu.
Pendant ce temps, le commerce de J&I – tout le monde les appelait comme cela maintenant – s'était développé. Elle avait mis en place une série de relais, en utilisant un réseau de femmes qui organisait des ventes dans les cavernes. Ce système était très efficace et beaucoup moins onéreux que le nôtre : pour promouvoir nos produits, nous avions certes le réseau d'affichage et le journal « Ici la caverne », mais cela coutait très cher de graver toutes les pierres, sans parler de leur acheminement. De plus, la vente dans les cavernes apportait un crédit de confiance supplémentaire.
Aussi quand nous avons pu lancer nos nouveaux produits, nous avons dû faire une campagne massive de communication et baisser les prix. Résultat : oui, nous avions retrouvé les volumes, mais nous perdions de l'argent sur ces innovations. Ceci était compensé par la marge faite sur les anciens produits, mais pour combien de temps ? En effet, la part de ce fonds de catalogue baissait régulièrement, et nous étions obligés de baisser leur prix pour enrayer la baisse. Cercle vicieux infernal.
Bref, cela ne s'arrangeait pas. Or Paulo nous avait promis que tout s'arrangerait en six mois, et les six mois étaient maintenant écoulés
Il était plus que temps de réagir. Je me décidais à aller voir Paulo.
« Bravo pour tes prévisions : tout était merveilleux sur tes pierres, mais en réalité, non.
- D'abord ce ne sont pas des pierres, mais des tableurs, nuance.
- Des quoi ?
- Des tableurs : c'est ton fils Thomas qui a eu l'idée de les appeler ainsi. Il trouve que cela ressemble à des petites tables et que le fait de les appeler ainsi fait plus professionnel. Donc ce sont des tableurs, et plus des pierres.
- Peut-être mais cela ne change rien au fait que tu nous as tous trompés : les six mois se sont écoulés et rien ne s'est arrangé.
- Ce n'est pas de ma faute. Mes calculs étaient justes, mais il s'est passé quelque chose qui n'était pas prévu : je ne pouvais pas savoir qu'un nouveau chariot avec ces produits innovants allaient arriver. En plus, le chariot leur a aussi permis de mieux fournir le marché en augmentant leur stock. Enfin, elles ont créé ce réseau de ventes directes en caverne. Vraiment, je n'y suis pour rien. Mes prévisions étaient justes.
- Comment peux-tu affirmer qu'elles étaient justes, alors que ce qui s'est passé n'est pas ce que tu avais prévu ?
- Mais tu fais exprès de ne pas comprendre, je viens de t'expliquer que ce ne sont pas mes prévisions qui étaient fausses, mais ce sont ces maudites femmes qui se sont permis de faire autre chose. Je ne pouvais quand même pas deviner qu'elles seraient déloyales à ce point ! »
Je le regardais interloqué. Quel aplomb ! Inutile de continuer à discuter avec lui, cela ne servait à rien. Il valait mieux que je parle avec mon fils Thomas qui travaillait à temps plein avec lui.
« Alors, Thomas, qu'est-ce que c'est que ces tableurs ? Je crois qu'il vaudrait mieux dire que toi et Paulo vous êtes incapable de prévoir le futur, ce serait plus honnête, non ?
- Comme tu veux, papa. Mais ce serait dommage juste au moment où je viens de trouver pourquoi nous avions fait une erreur et où je m'apprêtais à t'expliquer comment tu allais pouvoir réussir. Voilà devant toi la nouvelle génération de tableur : le méta-tableur qui intègre tout ce que l'on ne peut pas prévoir. Révolutionnaire. »
Je le regardais, à la fois fier et rassuré…
(à suivre)
26 oct. 2009
PAULO INVENTE LA MODÉLISATION
Voilà arrivé le temps des vacances de la Toussaint, temps des enfants. Occasion pour moi d'aller me perdre un temps dans mes arbres en Provence, et ce avec mes deux petits-fils. Tous les trois seuls, nous allons nous lancer dans le début de la taille hivernale.
Il m'a donc semblé logique – et aussi commode ! –, de faire une parenthèse sur ce blog en poursuivant mon histoire de caverne commencée en juin, puis en août. Un résumé permettra de resituer où nous en sommes. Si jamais vous trouvez comme une résonance entre cette histoire et ce que je développe sur ce blog, c'est probablement parce que c'est moi qui l'ai écrite aussi…
Histoire de caverne (Saison 3 – Épisode 1)
Rappel (rapide) des saisons 1 et 2 : Nous sommes à l'époque lointaine des cavernes. Après pas mal de démêlés et de luttes fratricides, je viens d'enterrer la hache de guerre avec Johnny, mon grand rival : je me suis concentré sur mon domaine de prédilection, la finance, banque et assurance, lui sur l'innovation technique et l'industrie. De plus nous possédons ensemble un réseau de panneaux d'affichage qui servent de support à notre journal « Ici la Caverne ». Jojo le devin et Paulo le magicien sont eux associés dans P&S, « Prévoir et savoir », société spécialisée dans la prévision et les notes de conjoncture ; ils sont aussi actionnaires minoritaires du réseau d'affichage. Tout allait parfaitement pour nous, mais l'impossible venait de se produire : une femme était venue depuis au-delà du bout du monde et commençait à nous inonder de ses produits. Le temps de la mondialisation venait de sonner (pour plus de détails vous pouvez lire la saison 1 et la saison 2 de mon histoire de caverne).
« Je viens de faire le calcul, commençai-je : nos ventes ont baissé de 5% et surtout les prix ont baissé de 30%. Si cela continue comme cela, nous allons à la catastrophe. »
Autour de moi, ils étaient tous là : Johnny, Jojo et Paulo.
« Mais non pas du tout, répondit Paulo en se levant et en sortant une série de pierres plates couvertes de signes. Je viens de modéliser la situation du marché actuel et son évolution future, nous ne risquons rien.
- Tu viens de quoi ? De madériser le marché ?
- Mais, non, dit-il en éclatant de rire. De le modéliser. Je viens d'inventer ce mot en même temps que cette technique. Il s'agit d'une nouvelle approche de la prévision, beaucoup plus précise et sérieuse. Laissez-moi vous expliquer. Voilà sur cette grande pierre, tous les signes que vous voyez, décrive notre position actuelle. Les lignes sont les produits que Johnny a développé, je les ai regroupé par famille – les roues, les graines, les jeux, …–, pour rendre la lecture plus facile.
- Tu parles, comme c'est plus facile. Je ne comprends même pas ce que veut dire un seul de tes traits.
- Toi, peut-être, mais moi, je comprends. Et ton fils, Thomas aussi. Il va finir magicien celui-là, si cela continue. Donc voilà pour les lignes. Les colonnes, ce sont les mois ou les années. A gauche, le passé, à droite, le futur.
- Le quoi encore ? C'est quoi c'est histoire de passé et futur.
- Le passé, c'est ce qui a eu lieu. Le futur, c'est ce qui n'a pas encore eu lieu. Le passé de demain, si tu veux
- Mais quel est l'intérêt d'un tel charabia : ce qui est déjà arrivé, je n'y peux plus rien. Et ton futur, comme il n'a pas eu lieu, il n'a pas d'intérêt, non plus. Tu nous fais vraiment perdre notre temps.
- Attends. A partir du passé, je peux savoir ce qui va arriver demain. Car j'ai aussi tenu compte des produits de Jordana. Je sais ce que sera le futur. Il y a une incertitude liée aux aléas du calcul, mais j'ai pu aussi l'évaluer et elle est négligeable. Eh bien, je peux vous affirmer, en tenant de la progression de la demande, de l'élasticité au prix, de l'impact de la nouvelle politique de communication que vous venez de lancer, sans oublier l'arrivée d'une nouvelle lune, dans six mois, plus personne ne voudra acheter les produits de Jordana.
- Tu en es sûr. Et toi, Jojo, tu en penses quoi ?
- Paulo m'avait montré tout cela avant. Je suis allé faire quelques prières, j'ai égorgé deux poulets, tout concorde : Paulo a raison.
- Donc nous n'avons qu'à attendre six mois, c'est cela ?
- Oui, affirma Paulo. Dans six mois, Jordana et ses maudits produits auront disparu.
- Très bien, c'est ce que nous allons faire alors. »
(à suivre)
Il m'a donc semblé logique – et aussi commode ! –, de faire une parenthèse sur ce blog en poursuivant mon histoire de caverne commencée en juin, puis en août. Un résumé permettra de resituer où nous en sommes. Si jamais vous trouvez comme une résonance entre cette histoire et ce que je développe sur ce blog, c'est probablement parce que c'est moi qui l'ai écrite aussi…
Histoire de caverne (Saison 3 – Épisode 1)
Rappel (rapide) des saisons 1 et 2 : Nous sommes à l'époque lointaine des cavernes. Après pas mal de démêlés et de luttes fratricides, je viens d'enterrer la hache de guerre avec Johnny, mon grand rival : je me suis concentré sur mon domaine de prédilection, la finance, banque et assurance, lui sur l'innovation technique et l'industrie. De plus nous possédons ensemble un réseau de panneaux d'affichage qui servent de support à notre journal « Ici la Caverne ». Jojo le devin et Paulo le magicien sont eux associés dans P&S, « Prévoir et savoir », société spécialisée dans la prévision et les notes de conjoncture ; ils sont aussi actionnaires minoritaires du réseau d'affichage. Tout allait parfaitement pour nous, mais l'impossible venait de se produire : une femme était venue depuis au-delà du bout du monde et commençait à nous inonder de ses produits. Le temps de la mondialisation venait de sonner (pour plus de détails vous pouvez lire la saison 1 et la saison 2 de mon histoire de caverne).
« Je viens de faire le calcul, commençai-je : nos ventes ont baissé de 5% et surtout les prix ont baissé de 30%. Si cela continue comme cela, nous allons à la catastrophe. »
Autour de moi, ils étaient tous là : Johnny, Jojo et Paulo.
« Mais non pas du tout, répondit Paulo en se levant et en sortant une série de pierres plates couvertes de signes. Je viens de modéliser la situation du marché actuel et son évolution future, nous ne risquons rien.
- Tu viens de quoi ? De madériser le marché ?
- Mais, non, dit-il en éclatant de rire. De le modéliser. Je viens d'inventer ce mot en même temps que cette technique. Il s'agit d'une nouvelle approche de la prévision, beaucoup plus précise et sérieuse. Laissez-moi vous expliquer. Voilà sur cette grande pierre, tous les signes que vous voyez, décrive notre position actuelle. Les lignes sont les produits que Johnny a développé, je les ai regroupé par famille – les roues, les graines, les jeux, …–, pour rendre la lecture plus facile.
- Tu parles, comme c'est plus facile. Je ne comprends même pas ce que veut dire un seul de tes traits.
- Toi, peut-être, mais moi, je comprends. Et ton fils, Thomas aussi. Il va finir magicien celui-là, si cela continue. Donc voilà pour les lignes. Les colonnes, ce sont les mois ou les années. A gauche, le passé, à droite, le futur.
- Le quoi encore ? C'est quoi c'est histoire de passé et futur.
- Le passé, c'est ce qui a eu lieu. Le futur, c'est ce qui n'a pas encore eu lieu. Le passé de demain, si tu veux
- Mais quel est l'intérêt d'un tel charabia : ce qui est déjà arrivé, je n'y peux plus rien. Et ton futur, comme il n'a pas eu lieu, il n'a pas d'intérêt, non plus. Tu nous fais vraiment perdre notre temps.
- Attends. A partir du passé, je peux savoir ce qui va arriver demain. Car j'ai aussi tenu compte des produits de Jordana. Je sais ce que sera le futur. Il y a une incertitude liée aux aléas du calcul, mais j'ai pu aussi l'évaluer et elle est négligeable. Eh bien, je peux vous affirmer, en tenant de la progression de la demande, de l'élasticité au prix, de l'impact de la nouvelle politique de communication que vous venez de lancer, sans oublier l'arrivée d'une nouvelle lune, dans six mois, plus personne ne voudra acheter les produits de Jordana.
- Tu en es sûr. Et toi, Jojo, tu en penses quoi ?
- Paulo m'avait montré tout cela avant. Je suis allé faire quelques prières, j'ai égorgé deux poulets, tout concorde : Paulo a raison.
- Donc nous n'avons qu'à attendre six mois, c'est cela ?
- Oui, affirma Paulo. Dans six mois, Jordana et ses maudits produits auront disparu.
- Très bien, c'est ce que nous allons faire alors. »
(à suivre)
23 oct. 2009
LA GUERRE ENFIN À DOMICILE OU LE RÊVE À PORTÉE DE MAIN
Quand le couloir du métro résonne étrangement avec les quais de la Seine
Il était près de 20 heures et je rentrais d'un déplacement dans le Nord. Sortie du TGV, métro. Je ne pensais à rien de précis, moment de flottement, décompression. Mon regard flottait sur les murs et les affiches. Brutalement une image m'a saisi, interpellé et, pour tout dire, horrifié : la publicité pour un nouveau jeu vidéo affirmait « La guerre comme si vous y étiez ».
Je regardais autour de moi. Personne n'avait l'air choqué. Quoi, rien de normal, non ? Un jeu qui nous proposait une bonne vraie guerre : plus besoin d'aller en Irak, Afghanistan ou au Soudan. La guerre à domicile, le rêve. Et si jamais cela vous démangeait vraiment trop, vous pourrez partir après vous être entrainé.
Rentré chez moi, je suis allé sur internet me renseigner un peu plus sur ce jeu. La pêche fut fructueuse. Ainsi sur www.jeuxvideo : « Dragon Rising plonge les joueurs au cœur de la guerre… Les joueurs goûteront à l'intensité, à la diversité et à la claustrophobie d'un conflit moderne depuis la perspective unique d'une unité de la marine, d'un pilote d'hélicoptère, d'un officier des Forces Spéciales ou d'un conducteur de char. (…) Dragon Rising souffre de défauts en matière de réalisme et il risque de frustrer nombre d'entre-nous, mais il provoque aussi de jolies montées d'adrénaline, propose de vrais défis et on a envie d'aller plus loin, d'essayer d'autres techniques. ».
Donc si je comprends bien ce que l'on reproche à ce jeu est de ne pas être encore assez réaliste. Afin d'aider les développeurs de jeu, je vais me permettre de faire quelques suggestions :
- Développer des séquences de recueil d'informations avec torture des prisonniers. Ne pas oublier de fournir un casque qui pourra non seulement accroître le réalisme des bruitages, mais surtout provoquer quelques décharges électriques qui rendront beaucoup plus intéressantes les séances de torture,
- Proposer une personnalisation des caractères en autorisant le téléchargement de photos. Ainsi on pourra encore mieux se sentir partie prenante puisque l'on pourra tuer, blesser ou torturer son voisin, le commerçant récalcitrant, ses parents ou son professeur d'anglais,
- Lancer un grand concours qui permettra aux gagnants de participer à la guerre de leur choix. Ceci pourrait aussi alors être repris dans une série de télé-réalité. Le titre pourrait être : « Gagner le droit d'aller tuer en vrai »
Si vous pensez que j'exagère, aller jeter un coup d'œil sur les vidéos présentant ce jeu (présentation du jeu, extrait du jeu).
Avec un peu de « chance », ces guerriers virtuels pourront donc passer aux actes et seront les bourreaux demain de nouvelles femmes des ghettos d'Afrique, Amérique ou Asie. Et nous pourrons à nouveau faire une exposition sur les quais de Seine et prolonger la magie actuelle de ces poses lascives.
Je vois en effet comme une résonance entre ces deux images : celle de ce guerrier que l'on nous suggère de devenir, celle de cette femme qui s'endort à la musique de nos balles.
Décidément nous vivons un drôle de monde…
Il était près de 20 heures et je rentrais d'un déplacement dans le Nord. Sortie du TGV, métro. Je ne pensais à rien de précis, moment de flottement, décompression. Mon regard flottait sur les murs et les affiches. Brutalement une image m'a saisi, interpellé et, pour tout dire, horrifié : la publicité pour un nouveau jeu vidéo affirmait « La guerre comme si vous y étiez ».
Je regardais autour de moi. Personne n'avait l'air choqué. Quoi, rien de normal, non ? Un jeu qui nous proposait une bonne vraie guerre : plus besoin d'aller en Irak, Afghanistan ou au Soudan. La guerre à domicile, le rêve. Et si jamais cela vous démangeait vraiment trop, vous pourrez partir après vous être entrainé.
Rentré chez moi, je suis allé sur internet me renseigner un peu plus sur ce jeu. La pêche fut fructueuse. Ainsi sur www.jeuxvideo : « Dragon Rising plonge les joueurs au cœur de la guerre… Les joueurs goûteront à l'intensité, à la diversité et à la claustrophobie d'un conflit moderne depuis la perspective unique d'une unité de la marine, d'un pilote d'hélicoptère, d'un officier des Forces Spéciales ou d'un conducteur de char. (…) Dragon Rising souffre de défauts en matière de réalisme et il risque de frustrer nombre d'entre-nous, mais il provoque aussi de jolies montées d'adrénaline, propose de vrais défis et on a envie d'aller plus loin, d'essayer d'autres techniques. ».
Donc si je comprends bien ce que l'on reproche à ce jeu est de ne pas être encore assez réaliste. Afin d'aider les développeurs de jeu, je vais me permettre de faire quelques suggestions :
- Développer des séquences de recueil d'informations avec torture des prisonniers. Ne pas oublier de fournir un casque qui pourra non seulement accroître le réalisme des bruitages, mais surtout provoquer quelques décharges électriques qui rendront beaucoup plus intéressantes les séances de torture,
- Proposer une personnalisation des caractères en autorisant le téléchargement de photos. Ainsi on pourra encore mieux se sentir partie prenante puisque l'on pourra tuer, blesser ou torturer son voisin, le commerçant récalcitrant, ses parents ou son professeur d'anglais,
- Lancer un grand concours qui permettra aux gagnants de participer à la guerre de leur choix. Ceci pourrait aussi alors être repris dans une série de télé-réalité. Le titre pourrait être : « Gagner le droit d'aller tuer en vrai »
Si vous pensez que j'exagère, aller jeter un coup d'œil sur les vidéos présentant ce jeu (présentation du jeu, extrait du jeu).
Avec un peu de « chance », ces guerriers virtuels pourront donc passer aux actes et seront les bourreaux demain de nouvelles femmes des ghettos d'Afrique, Amérique ou Asie. Et nous pourrons à nouveau faire une exposition sur les quais de Seine et prolonger la magie actuelle de ces poses lascives.
Je vois en effet comme une résonance entre ces deux images : celle de ce guerrier que l'on nous suggère de devenir, celle de cette femme qui s'endort à la musique de nos balles.
Décidément nous vivons un drôle de monde…
22 oct. 2009
L’ENTREPRISE DÉCIDE AUSSI POUR SURVIVRE
Décider pour survivre (3)
On retrouve la même articulation entre survie et décision pour une entreprise :
- La survie de l'entreprise est d'abord liée au respect d'équilibres de base qui la sous-tendent et régulent son biorythme : flux de trésorerie, flux de produits, systèmes de paiement multiples, système d'information et de communication… Ceux-ci fonctionnent sans l'intervention directe de la Direction Générale : ils sont pris en charge par des systèmes locaux, et souvent en partie automatisés. Que l'un d'eux se bloque, tout s'arrête et il devient urgent de rétablir le bon fonctionnement, et ce parfois avec mobilisation jusqu'à la Direction générale. Imaginez par exemple un blocage de la plateforme logistique d'une entreprise de distribution…
- Elle peut aussi se trouver mise en péril par des événements externes : défaillance d'un client majeur, lancement d'un nouveau produit concurrent, modification du cadre réglementaire,… Quelques questions à se poser : comment l'entreprise sait-elle que sa survie est menacée ? À l'instar de nos cinq sens et des prétraitements des processus inconscients, a-t-elle mise en place un système d'alerte ? Quel est ensuite la connexion entre ce système et les processus de décision ?
- Enfin, elle peut aussi être impactée par des menaces qui ne portent pas directement sur elle, mais sur ses proches, sa tribu, son espèce en quelque sorte. Ce sont ses fournisseurs, ses clients, ses partenaires, ce qui correspond à sa famille. Plus largement, on va trouver les entreprises qui appartiennent à la même activité, notamment celles soumises au même droit social. L'entreprise peut-elle se désintéresser de ce qui se passe dans son secteur et qui pourrait à terme modifier les conditions d'exercice de son métier (droit social, législation sur l'environnement,…) ?
Ainsi à la question « Pourquoi décide-t-on ? », la réponse est souvent parce que l'on est contraint, parce qu'il faut survivre.
On retrouve la même articulation entre survie et décision pour une entreprise :
- La survie de l'entreprise est d'abord liée au respect d'équilibres de base qui la sous-tendent et régulent son biorythme : flux de trésorerie, flux de produits, systèmes de paiement multiples, système d'information et de communication… Ceux-ci fonctionnent sans l'intervention directe de la Direction Générale : ils sont pris en charge par des systèmes locaux, et souvent en partie automatisés. Que l'un d'eux se bloque, tout s'arrête et il devient urgent de rétablir le bon fonctionnement, et ce parfois avec mobilisation jusqu'à la Direction générale. Imaginez par exemple un blocage de la plateforme logistique d'une entreprise de distribution…
- Elle peut aussi se trouver mise en péril par des événements externes : défaillance d'un client majeur, lancement d'un nouveau produit concurrent, modification du cadre réglementaire,… Quelques questions à se poser : comment l'entreprise sait-elle que sa survie est menacée ? À l'instar de nos cinq sens et des prétraitements des processus inconscients, a-t-elle mise en place un système d'alerte ? Quel est ensuite la connexion entre ce système et les processus de décision ?
- Enfin, elle peut aussi être impactée par des menaces qui ne portent pas directement sur elle, mais sur ses proches, sa tribu, son espèce en quelque sorte. Ce sont ses fournisseurs, ses clients, ses partenaires, ce qui correspond à sa famille. Plus largement, on va trouver les entreprises qui appartiennent à la même activité, notamment celles soumises au même droit social. L'entreprise peut-elle se désintéresser de ce qui se passe dans son secteur et qui pourrait à terme modifier les conditions d'exercice de son métier (droit social, législation sur l'environnement,…) ?
Ainsi à la question « Pourquoi décide-t-on ? », la réponse est souvent parce que l'on est contraint, parce qu'il faut survivre.
21 oct. 2009
SURVIE ET DÉCISION INDIVIDUELLES SONT INDISSOCIABLES
Décider pour survivre (2)
Pour nous, c'est la même chose… en moins simple : nous avons bien des « lois », mais elles ne sont pas aussi claires, leur emboîtement moins parfait, et les risques de blocage mental sont multiples.
Premier cas de figure : pour une raison ou une autre, votre corps dysfonctionne et votre survie personnelle est menacée. Par exemple : vous avez du mal à respirer, ou vous êtes dans une pièce dont la température est trop élevée, ou encore vous n'avez pas bu depuis une journée ou plus. Quelle que soit la situation, une chose est sûre : vous ne pourrez plus penser à quoi que ce soit d'autre à part trouver une solution à ce problème. Plus la situation se dégradera, plus votre attention sera focalisée pour trouver une solution. Vous ne pourrez pas ne pas décider de vous en occuper. Première loi de la robotique.
Autre cas de figure, votre survie personnelle est mise en jeu par un événement extérieur à votre corps : un lion vient de surgir et ferait bien de vous son prochain déjeuner, vous êtes tombé dans une rivière dont le débit est torrentiel ou un projectile non identifié se dirige directement vers vous. Prenons le cas du lion. Vous allez analyser le rapport de force et prendre la décision de combattre ou fuir, et fuir en l'occurrence s'il s'agit d'un lion. Ce type de décision est géré par ce que l'on appelle le cerveau reptilien qui est la forme la plus ancienne du cerveau et se retrouve chez les animaux (d'où l'expression de reptilien). Dans ce cas-là, il s'agit certes d'une décision, mais d'un mode extrêmement primaire, car elle se limite à la gestion de cette option simple « combattre ou fuir ». Le cerveau reptilien ne laisse aucune place à la subtilité, il ne sait pas négocier.
Mais comme vous n'habitez plus la jungle et que, le plus souvent, ce ne sont pas des lions à qui vous avez à faire face, ce type de réponse « combattre ou fuir » est inadapté, car de nombreuses autres options sont possibles : alliances, modifications du périmètre, … En mobilisant les parties plus sophistiqués de votre cerveau, vous allez inventer des nouvelles solutions.
Quelle que soit la solution trouvée, le mécanisme qui sous-tend la prise de décision est la survie : c'est parce que votre survie individuelle était en jeu que vous avez agi.
Compliquons la situation : votre survie personnelle n'est pas en jeu, mais celle d'autres humains oui, et cette menace immédiate vous est visible. Cela peut être des membres proches de votre famille, ou des amis, ou des inconnus. Plus ils vous seront proches, plus vous ressentirez le besoin irrépressible d'intervenir.
S'il s'agit de nos enfants, notre cerveau limbique, la deuxième couche, va nous pousser à leur procurer nourriture et protection. C'est lui aussi qui va nous pousser à défendre nos congénères, à assurer la survie de notre espèce.
Si ce ne sont pas des proches, mais des inconnus, plus vous pourrez vous projeter dans la situation, plus vous vous sentirez aussi poussé à agir. Par exemple, si ce que vous voyez sont les images du tsunami en Thaïlande, pays où vous avez passé vos dernières vacances, cela vous impliquera beaucoup plus que les ravages d'une guerre dans un pays d'Afrique Noire où vous n'êtes jamais allés, ainsi qu'aucun de vos amis. Résultat, un bel élan de mobilisation pour la Thaïlande – et heureusement ! – et une belle indifférence pour l'Afrique.
Injustice des neurones miroirs qui ont cette capacité à nous faire entrer en émotion synchrone. Vous pouvez constater leur puissance lors des effets de foule dans un stade : c'est un grand moment d'émotion synchrone pendant lequel tout le monde se lève et crie en même temps. Allez sur un stade et essayez de ne pas suivre les mouvements de foule : c'est possible, mais cela va vous demander de mobiliser puissamment votre énergie autonome personnelle.
Ainsi survie et décision sont intimement liées.
(à suivre)
Pour nous, c'est la même chose… en moins simple : nous avons bien des « lois », mais elles ne sont pas aussi claires, leur emboîtement moins parfait, et les risques de blocage mental sont multiples.
Premier cas de figure : pour une raison ou une autre, votre corps dysfonctionne et votre survie personnelle est menacée. Par exemple : vous avez du mal à respirer, ou vous êtes dans une pièce dont la température est trop élevée, ou encore vous n'avez pas bu depuis une journée ou plus. Quelle que soit la situation, une chose est sûre : vous ne pourrez plus penser à quoi que ce soit d'autre à part trouver une solution à ce problème. Plus la situation se dégradera, plus votre attention sera focalisée pour trouver une solution. Vous ne pourrez pas ne pas décider de vous en occuper. Première loi de la robotique.
Autre cas de figure, votre survie personnelle est mise en jeu par un événement extérieur à votre corps : un lion vient de surgir et ferait bien de vous son prochain déjeuner, vous êtes tombé dans une rivière dont le débit est torrentiel ou un projectile non identifié se dirige directement vers vous. Prenons le cas du lion. Vous allez analyser le rapport de force et prendre la décision de combattre ou fuir, et fuir en l'occurrence s'il s'agit d'un lion. Ce type de décision est géré par ce que l'on appelle le cerveau reptilien qui est la forme la plus ancienne du cerveau et se retrouve chez les animaux (d'où l'expression de reptilien). Dans ce cas-là, il s'agit certes d'une décision, mais d'un mode extrêmement primaire, car elle se limite à la gestion de cette option simple « combattre ou fuir ». Le cerveau reptilien ne laisse aucune place à la subtilité, il ne sait pas négocier.
Mais comme vous n'habitez plus la jungle et que, le plus souvent, ce ne sont pas des lions à qui vous avez à faire face, ce type de réponse « combattre ou fuir » est inadapté, car de nombreuses autres options sont possibles : alliances, modifications du périmètre, … En mobilisant les parties plus sophistiqués de votre cerveau, vous allez inventer des nouvelles solutions.
Quelle que soit la solution trouvée, le mécanisme qui sous-tend la prise de décision est la survie : c'est parce que votre survie individuelle était en jeu que vous avez agi.
Compliquons la situation : votre survie personnelle n'est pas en jeu, mais celle d'autres humains oui, et cette menace immédiate vous est visible. Cela peut être des membres proches de votre famille, ou des amis, ou des inconnus. Plus ils vous seront proches, plus vous ressentirez le besoin irrépressible d'intervenir.
S'il s'agit de nos enfants, notre cerveau limbique, la deuxième couche, va nous pousser à leur procurer nourriture et protection. C'est lui aussi qui va nous pousser à défendre nos congénères, à assurer la survie de notre espèce.
Si ce ne sont pas des proches, mais des inconnus, plus vous pourrez vous projeter dans la situation, plus vous vous sentirez aussi poussé à agir. Par exemple, si ce que vous voyez sont les images du tsunami en Thaïlande, pays où vous avez passé vos dernières vacances, cela vous impliquera beaucoup plus que les ravages d'une guerre dans un pays d'Afrique Noire où vous n'êtes jamais allés, ainsi qu'aucun de vos amis. Résultat, un bel élan de mobilisation pour la Thaïlande – et heureusement ! – et une belle indifférence pour l'Afrique.
Injustice des neurones miroirs qui ont cette capacité à nous faire entrer en émotion synchrone. Vous pouvez constater leur puissance lors des effets de foule dans un stade : c'est un grand moment d'émotion synchrone pendant lequel tout le monde se lève et crie en même temps. Allez sur un stade et essayez de ne pas suivre les mouvements de foule : c'est possible, mais cela va vous demander de mobiliser puissamment votre énergie autonome personnelle.
Ainsi survie et décision sont intimement liées.
(à suivre)
20 oct. 2009
LES TROIS LOIS DE LA ROBOTIQUE
Décider pour survivre (1)
J'ai toujours aimé les livres de science-fiction, et singulièrement ceux d'Isaac Asimov. Parmi la longue liste de ses écrits, figure toute une saga de la robotique construite autour des lois que doivent suivre les robots. Ces lois sont au nombre de trois :
- Première loi : Un robot ne peut porter atteinte à un être humain, ni, en restant passif, permettre qu'un être humain soit exposé au danger.
- Deuxième loi : Un robot doit obéir aux ordres que lui donne un être humain, sauf si de tels ordres entrent en conflit avec la première loi.
- Troisième loi : Un robot doit protéger son existence tant que cette protection n'entre pas en conflit avec la première ou la seconde loi.
Ainsi la vie d'un robot est simple et ses décisions sont guidées par un emboitement mettant au sommet la survie des hommes, puis la sienne. Donc pas trop d'état d'âme au moment du choix.
A l'occasion d'un livre dans lequel un robot tuait un homme, Asimov est venu ajouter une loi 0 qui place ou tente de placer la sécurité de l'humanité avant celle d'un individu. Avec la loi 0, tout se complique, car elle ouvre le champ à l'interprétation : où commence la sécurité de l'humanité, et comment être sûr que la vie d'un humain précis va la mettre en péril ? Il n'y a pas de réponses simples à cette question, et, voilà nos robots se trouvant à faire face à la difficulté de la prise de décision. Ce type de choix est tellement peu clair qu'un robot ne va pas s'en remettre, et, face à l'incapacité à décider, se bloquer.
Pour nous, c'est la même chose… en moins simple : nous avons bien des « lois », mais elles ne sont pas aussi claires, leur emboîtement moins parfait, et les risques de blocage mental sont multiples.
(à suivre)
J'ai toujours aimé les livres de science-fiction, et singulièrement ceux d'Isaac Asimov. Parmi la longue liste de ses écrits, figure toute une saga de la robotique construite autour des lois que doivent suivre les robots. Ces lois sont au nombre de trois :
- Première loi : Un robot ne peut porter atteinte à un être humain, ni, en restant passif, permettre qu'un être humain soit exposé au danger.
- Deuxième loi : Un robot doit obéir aux ordres que lui donne un être humain, sauf si de tels ordres entrent en conflit avec la première loi.
- Troisième loi : Un robot doit protéger son existence tant que cette protection n'entre pas en conflit avec la première ou la seconde loi.
Ainsi la vie d'un robot est simple et ses décisions sont guidées par un emboitement mettant au sommet la survie des hommes, puis la sienne. Donc pas trop d'état d'âme au moment du choix.
A l'occasion d'un livre dans lequel un robot tuait un homme, Asimov est venu ajouter une loi 0 qui place ou tente de placer la sécurité de l'humanité avant celle d'un individu. Avec la loi 0, tout se complique, car elle ouvre le champ à l'interprétation : où commence la sécurité de l'humanité, et comment être sûr que la vie d'un humain précis va la mettre en péril ? Il n'y a pas de réponses simples à cette question, et, voilà nos robots se trouvant à faire face à la difficulté de la prise de décision. Ce type de choix est tellement peu clair qu'un robot ne va pas s'en remettre, et, face à l'incapacité à décider, se bloquer.
Pour nous, c'est la même chose… en moins simple : nous avons bien des « lois », mais elles ne sont pas aussi claires, leur emboîtement moins parfait, et les risques de blocage mental sont multiples.
(à suivre)
19 oct. 2009
(UN HOMME + UN HOMME)/2 = UN HOMME ?
L'efficience et la compréhension commune ne se construisent pas au travers d'équations
En prolongeant les propos tenus par le mathématicien Nicolas Bouleau sur les limites des mathématiques (voir « Une modélisation est toujours une interprétation ») et en les simplifiant, appliquer les mathématiques aux comportements humains pose plusieurs problèmes :
Pour ma part plutôt que de faire référence à la politique, je pense qu'il faut laisser la place à la réflexion et à l'intelligence, individuelle et collective. Il faut trouver et retrouver ce que François Jullien appelle efficience et commun (voir « Le grand général remporte des victoires faciles » et « Notre recherche de l'uniforme : vive l'heure de pointe ») :
- Savoir faire le vide et se voir de l'extérieur : comment autrement pourrions-nous faire le tri entre nos interprétations et trouver celles qui s'appuient sur de vrais courants de fonds ?
- Repérer les potentiels de situation : Derrière les apparences d'immobilités et de solidité, se cachent les mouvements de demain. Où sont ces barrages, ces retenues d'eau qui vont être les moteurs futurs ?
- S'intéresser à ce qui pousse : La vraie croissance n'est pas spectaculaire, mais lente et régulière, aussi le regard est-il attiré par le spectaculaire, et oublie ce qui grandit quotidiennement. Or, on ne peut pas faire pousser plus vite un arbre en lui tirant dessus, on peut simplement l'aider à grandir.
- Se confronter dehors et dedans pour construire du collectif : Le commun ne se décrète pas, ni s'impose. Il est le fruit d'une compréhension commune. Celle-ci part de nos différences, de ces écarts qui sont sources d'enrichissement. Cette construction d'une compréhension commune passe par la confrontation (voir mes articles relatifs à ce thème)
En prolongeant les propos tenus par le mathématicien Nicolas Bouleau sur les limites des mathématiques (voir « Une modélisation est toujours une interprétation ») et en les simplifiant, appliquer les mathématiques aux comportements humains pose plusieurs problèmes :
- Ceci présuppose qu'un comportement est « sommable » avec un autre, que « (1 homme + 1 homme) /2 = 1 homme », ce qui est faux : aucune situation n'est identique et on ne peut pas quantifier comment et de combien elle diffère.
- Le comportement humain est régi par le jeu des interprétations individuelles et collectives (voir mes articles relatifs à ce thème). Celles-ci ne sont pas fixes, mais fluctuantes. De plus elles sont influencées par les mesures prises. On ne peut pas s'extraire de cette boucle de rétroaction.
- Finalement la modélisation est d'abord l'expression de l'interprétation de celui ou de ceux qui la font.
Pour ma part plutôt que de faire référence à la politique, je pense qu'il faut laisser la place à la réflexion et à l'intelligence, individuelle et collective. Il faut trouver et retrouver ce que François Jullien appelle efficience et commun (voir « Le grand général remporte des victoires faciles » et « Notre recherche de l'uniforme : vive l'heure de pointe ») :
- Savoir faire le vide et se voir de l'extérieur : comment autrement pourrions-nous faire le tri entre nos interprétations et trouver celles qui s'appuient sur de vrais courants de fonds ?
- Repérer les potentiels de situation : Derrière les apparences d'immobilités et de solidité, se cachent les mouvements de demain. Où sont ces barrages, ces retenues d'eau qui vont être les moteurs futurs ?
- S'intéresser à ce qui pousse : La vraie croissance n'est pas spectaculaire, mais lente et régulière, aussi le regard est-il attiré par le spectaculaire, et oublie ce qui grandit quotidiennement. Or, on ne peut pas faire pousser plus vite un arbre en lui tirant dessus, on peut simplement l'aider à grandir.
- Se confronter dehors et dedans pour construire du collectif : Le commun ne se décrète pas, ni s'impose. Il est le fruit d'une compréhension commune. Celle-ci part de nos différences, de ces écarts qui sont sources d'enrichissement. Cette construction d'une compréhension commune passe par la confrontation (voir mes articles relatifs à ce thème)
17 oct. 2009
"LA MAMAN DES POISSONS, ELLE EST BIEN GENTILLE"
Quand Boby Lapointe joue sur les mots
Les mots ne structurent pas seulement notre communication, mais aussi toutes nos pensées et interprétations : nous pensons au travers de nos mots.
Du coup, jouer sur les mots est une gymnastique essentielle. Boby Lapointe est un excellent entraineur dans ce domaine !
Les mots ne structurent pas seulement notre communication, mais aussi toutes nos pensées et interprétations : nous pensons au travers de nos mots.
Du coup, jouer sur les mots est une gymnastique essentielle. Boby Lapointe est un excellent entraineur dans ce domaine !
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