6 déc. 2011

PRÉVISIONS ET CYGNES NOIRS

Comment s’engager à cinq ans quand c’est indispensable ?
« Vous affirmez qu’il est illusoire, voire dangereux, de se fixer des prévisions chiffrées au-delà de l’année qui vient. Je comprend votre propos, mais, excusez-moi d’être direct, il ne me semble pas très réaliste. En effet, comme notre président se doit de répondre aux demandes des analystes financiers, on vient à l’inverse de nous demander de fournir des prévisions non plus à trois ans, mais à cinq ans. Et bien sûr, pas question de donner des chiffres en l’air, et d’imaginer que l’on n’en sera pas comptable ensuite. »
Voilà ce que me disait dernièrement un dirigeant d’un grand groupe.
« Très bien, dont acte, lui répondis-je. Si vous devez pour des raisons externes, fournir des prévisions à cinq ans, et que vous n’avez pas le choix, faites-le. Principe de réalité. Simplement, il me semble essentiel qu’en parallèle, vous renforciez votre connexion au réel. 
- C’est-à-dire ?
- Je m’explique. Cette prévision à cinq ans, puisqu’elle va vous engager tant en interne que vis à vis de vos partenaires externes, vous allez la construire le plus sérieusement possible, ce à partir de la vision actuelle du futur à venir. Elle va reposer sur une série d’hypothèses. Ce sont ces hypothèses que, en même temps que vous élaborer votre prévision, il faut expliciter.
- Certes, mais comment ne pas se perdre dans le détail et les faire émerger.
- En appliquant la logique des « cygnes noirs », c’est-à-dire en se posant la question suivante : que pourrait-il m’arriver de pire ? Qu’est-ce qui peut me faire complètement sortir de l’épure prévisionnelle ? Par exemple, prenez le pays où votre situation est la plus fragile, et dites-vous : « Que se passera-t-il, si cela se généralise ? ». Ou, prenez votre produit phare, et dites-vous : « Que se passera-t-il s’il s’effondre ? ». Surtout ne pensez pas : « Cela n’a aucune chance d’arriver », car, dans le monde de l’incertitude qui est le nôtre, on ne peut plus probabiliser le futur.
Pour chacun de ces cygnes noirs potentiels, essayez d’imaginer comment réagir, et quelles pourraient être les conséquences. Comme pour un tsunami, pouvez-vous à l’avance déplacer des maisons, construire des digues et construire des chemins d’évacuation ? Pour tous les cygnes noirs que vous ne pouvez pas contrecarrer, demandez-vous alors quels seraient les signes avant-coureurs : comment savoir qu’il est en train d’advenir.
Une fois tout ce travail fait, vous aurez d’une part renforcé la fiabilité de votre prévision et de vos plans d’actions, et surtout vous saurez quels sont ses points de vulnérabilités. Ce sont ces points qu’il faudra mettre sous surveillance. C’est ainsi que vous resterez connecté au réel, et que vous pourrez le cas échéant, revenir sur ce que vous aviez prévu, car vous vous serez engagé sous conditions…
- Je comprends. Plus nous voulons nous projeter dans le futur, plus nous devons mettre de l’énergie à suivre ce qui se passe réellement, et surtout ce qui pourrait rendre nos prévisions obsolètes.
- Très exactement. C’est un travail lourd et difficile. Et il ne s’agit pas de le laisser uniquement entre les mains des patrons de pays. En effet, sinon chacun aura beau jeu de vous expliquer qu’il n’est plus tenu par les prévisions faites, car elles sont caduques. C’est à vous de mener avec eux ce travail, et de piloter le suivi des cygnes noirs. »

5 déc. 2011

NOUS VOULONS SUPPRIMER LE TEMPS, COMME NOUS AVONS SUPPRIMÉ LES DISTANCES

Tu es quand ?
Extrait des Mers de l’incertitude
J’en arrive à penser qu’après avoir comprimé l’espace, nous n’acceptons pas de ne pas réussir à comprimer le temps. Depuis deux siècles, les distances physiques ont été progressivement presque supprimées. Avec la découverte de l’énergie et du moteur à explosion, l’espace physique s’est progressivement contracté. Il n’y a pas si longtemps, quitter son village était le début de l’exil, et on mourrait à une encablure de là où on était né. Tout voyage était une aventure, changer de continent, une exception. Aujourd’hui le transport aérien, les trains à grande vitesse et les infrastructures routières ont tout bouleversé. On ne parle plus en kilomètres, mais en temps : Lyon n’est plus à 450 km de Paris, mais à deux heures. Ambivalence entre espace et temps…
Depuis vingt ans, et surtout depuis dix ans, les technologies de l’information sont venues dynamiter l’espace : les kilomètres n’existent plus et je peux parler à mon voisin numérique sans même savoir où il est. D’ailleurs, la première question posée au téléphone est maintenant : « Tu es où ? ». L’espace physique c’est comme effondré sur lui-même, comme si nous n’occupions tous plus qu’un seul point, un seul lieu. « D’où êtes-vous ? (…) Sans ici, plus de moi, voilà de quoi les grognons prennent peur : de ne plus exister, les pauvres, pour ne plus savoir où ils mettent les pieds. Comme si je devais plonger dans un espace, comme s’il appartenait à un sous-ensemble qu’il n’avait pas choisi. (…) Tu n’es que là d’où tu viens. Non, je suis qui je suis, voilà tout. (…) L’espace sans distance implique un sans espace. (…) Nous n’avons plus mal à l’espace ; D’où êtes-vous ? De n’importe où ? (…) Je navigue. Qui êtes-vous ? Je fluctue, percole et ne suis pas. Comme tous, j’habite le monde et son temps. »1.
Par contre, inutile de demander à son correspondant : « Tu es quand ? », car tout se passe en direct. Avant, sur une lettre, il fallait spécifier la date à laquelle elle avait été écrite. Aujourd’hui l’écrit voyage à la vitesse de la lumière. Non seulement, l’espace n’existe plus, mais nous sommes tous synchrones.
A cet effondrement de la distance, à cette synchronicité de la communication, répond en écho une demande de voir le temps s’accélérer : nous supportons de moins en moins d’attendre. Nous acceptons de moins en moins que ce qui est immédiatement accessible virtuellement ne le soit pas physiquement, et nous confondons agitation et mouvement réel. Régis Debray a expliqué en quoi l’accélération des échanges n’accélérait pas la transmission des savoirs : « Peut-on jouer à la fois de l’espace et du temps ? Société de transmission ou de société de communication ? (…) Le temps de formation ne peut pas être comprimé. Je peux connaître instantanément ce qui se passe à Moscou, mais je ne sais pas apprendre le russe ni comprendre à partir du point de vue russe plus vite qu’avant. Il y a de l’incompressible dont on aimerait se débarrasser. On fait des digests, on voudrait avoir des « pilules » pour apprendre le russe. (…) Poser la question « d’où viens-tu » serait déplacé. 2000, c’est l’an zéro. On zappe, on coupe tout ce qui dure. L’économie de marché est un happening. Le sport est une flamboyance sans restes une religion sans mémoire, spasme participatif, une intensité sans souvenir et sans perspective. »2
(1) Michel Serres, Hominescence
(2) Régis Debray, Conférence "Communiquer moins, transmettre plus" prononcée le 4 décembre 2000 à la Bibliothèque Nationale de France

2 déc. 2011

VA-T-IL FALLOIR CHOISIR ENTRE ÊTRE CONNECTÉ ET AVOIR DES ENFANTS ?

Le Wi-Fi tuerait les spermatozoïdes
Selon un article paru hier, le 1er décembre dans le Monde.fr, le Wi-Fi serait susceptible de tuer des spermatozoïdes. Cet article citait le docteur Conrado Avendano qui disait que  "nos données suggèrent que l'utilisation d'un ordinateur portable connecté à l'Internet sans fil et positionné près des organes reproducteurs masculins peut réduire la qualité du sperme humain".
Ciel, quelle nouvelle !
Que va devenir l’humanité, prise entre son besoin de se reproduire, et son désir sans cesse renouvelé d’être constamment connectée ?
Certes, nous pourrions revenir aux bons vieux câbles qui reliaient nos ordinateurs au réseau. Mais qui en a envie, et qui se sent capable d’une telle régression ?
Restent évidemment les téléphones portables qui, depuis qu’ils se sont smartphonisés et iPhonisés, nous permettent de surfer confortablement. Mais alors, ce sont les antennes et leurs rayonnements qui nous guettent…
J’en étais là de mon plongeon dans ce désespoir numérique, quand la lecture de la fin de l’article vint m’apporter une lueur d’espoir, ou du moins une rémission avant l’enfer de la déconnexion.
En effet, pour l’instant, les tests ont été faits non pas sur « de vrais hommes et des ordinateurs posés sur leurs vrais genoux », mais sur des spermatozoïdes placés sous un ordinateur connecté au Wi-Fi.
Tous les espoirs restent donc permis, car, après tout, comment être sûr que les spermatozoïdes ont été tués de l’exposition au Wi-Fi ? Peut-être étaient-ils simplement nostalgiques de ces organes génitaux perdus et ont-ils procédé à un suicide collectif ?
A suivre de près en tout cas.
Je ne manquerai pas de vous tenir au courant si je trouve de nouvelles informations, et vous remercie de faire de même. Restons solidaires, tant que nous sommes encore connectés…

1 déc. 2011

UNE ENTREPRISE ÉMERGE ET RÉUSSIT GRÂCE À SES LANGAGES

Bien diriger c’est savoir faire les bons jeux de mots
Finalement la réussite d’une entreprise est largement affaire de langages :
  • Disposer d’un langage propre qui va la cimenter, élaborer progressivement sa culture et la faire perdurer en tant qu’entité qui transcende tout ce qui la compose, et qui ne fait qu’entrer et sortir,
  • Capacité à élaborer une vision du cours des choses,  pertinente et perpétuellement réactualisée, de ce qu’elle fait et de comment cela s’insère dans les systèmes dans lesquels elle s’insère,
  • Permettre des collaborations provisoires et limitées qui accélèrent les projets, autorisent et soutiennent des essors individuels, et apportent de la vie au travers de processus de vies et de morts locaux
Diriger une entreprise, surtout si sa taille est grande, son histoire longue et sa présence mondiale, c’est donc d’abord agir sur les langages pour assurer l’émergence d’un tout vivant, réactif et pérenne :
-        Ajouter de nouveaux mots pour faciliter la prise en compte de nouveaux concepts,
-        Changer la grammaire pour développer de nouvelles collaborations,
-        Élaborer et diffuser de nouveaux langages pour entreprendre des transformations profondes
Diriger, c’est donc jouer sur et avec les mots.
Qui est conscient qu’un bon manager est celui qui sait faire les bons jeux de mots ?

30 nov. 2011

NOTRE MONDE ÉMERGE GRÂCE À NOS LANGAGES

La vie est largement un jeu de mots
Comme je l’ai indiqué dans mes deux derniers articles1, les langages ne sont pas des véhicules neutres de communication, ce sont au travers de quoi tout se construit, à la fois l’individuel et le collectif :
  • Pour chaque individu : sans langage, pas de pensée personnelle, pas de capacité à réunir des informations dans un tout cohérent, pas d’élaborations de scénarios d’action, pas de projections dans le futur… et donc pas d’individu, mais juste une juxtaposition et une succession d’actes incohérents.
  • Pour chaque collectivité : sans langage, pas d’échanges entre ses composantes, pas de scenario pour le futur, pas de processus de décision, pas d’actions cohérentes… et donc pas de collectivité, mais juste une collection d’individus.
Ainsi les langages ont joué un rôle clé dans les processus d’émergence qui ont fait naître notre individualité à partir des éléments qui nous composent. C’est aussi par eux que les collectivités auxquelles nous participons, nous dépassent et développent des propriétés propres.
Enlevez tout langage aux fourmis ou aux abeilles, et vous n’aurez ni fourmilière, ni ruche2.
Les langages sont les ciments indispensables à l’émergence de chacun de nous et du monde que nous créons et nous habitons.
Jouer sur les mots, est donc au cœur du vivant, et l’on peut donc se dire que la vie est d’abord un jeu de mots !
Ce n’est d’ailleurs pas pour rien que l’on associe Dieu au Verbe et à la parole…

29 nov. 2011

JE PENSE AU TRAVERS DE MES LANGAGES

Grâce à nos langages, nous interprétons le monde dans lequel nous vivons
Extrait des Mers de l’incertitude
Le premier langage est celui de notre langue et de ses mots. Mais ce n'est pas le seul qui peuple notre cerveau : les mathématiques ou le jeu d'échecs sont aussi des langages. Là où le profane ne voit que des assemblages de lettres, de chiffres et de symboles, le mathématicien lit le problème et architecture des solutions ; là où le débutant ne voit que des pièces juxtaposées sur un échiquier, le joueur averti voit des configurations avec lesquels il va construire des stratégies.
Si l’on présente à un joueur d’échec averti des pièces correspondant à une partie réellement jouée, il lit la configuration, la mémorise très rapidement, et pourra la reproduire sans se tromper. Si les pièces sont posées au hasard, il ne verra plus de configuration et aura autant de difficulté qu’un débutant à se souvenir de la localisation des pièces. De même un Chinois, face à un texte écrit en mandarin, lit les caractères, là où je ne vois que des traits que je suis incapable de reproduire. Si ces caractères étaient des traits faits au hasard, il se retrouverait dans la même situation que moi.

Ainsi, avec nos langages, nous lisons la situation présente et l'enrichissons de notre expérience tirée de notre passé. De tout ceci, naissent nos interprétations, mélanges du passé recomposé, du présent perçu et du futur imaginé, toutes intimement liées à chaque individu car elles reposent d'abord sur l'histoire personnelle (tant dans sa partie réellement vécue que dans tout l'imaginaire associé), sur les déformations de la mémoire et sur l'analyse de la situation présente, sans parler de la perception que chacun peut avoir du futur. On n'est donc pas près de pouvoir modéliser et prévoir des interprétations individuelles !
Qu'en est-il de la communication entre individus ? Pour faire court, communiquer est un objectif impossible ! Vous êtes surpris par ma formulation, vous pensez que j'exagère… Je ne crois vraiment pas. Quand vous voulez exprimer quelque chose, quoi que ce soit, vous employez des mots qui correspondent, pour vous, au sens que vous voulez donner. Pour cela, vous vous référez à votre mémoire et à la compréhension que vous avez de ce que vous voulez dire. Celui qui reçoit votre message, l'interprète, lui, à partir de son histoire, son expérience et l'ensemble de ses ressorts émotionnels propres. Les deux sont, sauf en cas d'histoire commune longue et dense, structurellement différents.
Comment arrivons-nous alors à communiquer ? Par l'existence d'usages et de règles collectives qui ont construit progressivement des sens communs. Par des ajustements progressifs et aussi beaucoup grâce à la communication non verbale : celle-ci ne passe plus par les mots, mais sollicite essentiellement les neurones miroirs qui nous permettent de « lire l'autre »
L’entreprise, elle aussi, se nourrit d’interprétations. Comme pour un individu, elles reposent sur la mémoire et des langages. Les langages sont essentiellement ceux des mots, mais pas seulement : chaque population technique a son propre langage qui est un de ses vecteurs d’efficacité. Les mots eux-mêmes dans une grande entreprise relèvent des langues multiples : même s’il existe toujours une langue dominante qui sert de support à la communication collective, cela suppose pour bon nombre un double effort de traduction.
On a ainsi des langages multiples et donc autant de traductions qui sont des risques d’incompréhension et d’erreurs. Pour faire court, et m’exprimer en langage populaire : « Ce n’est pas gagné ! »...
Comment franchir ces obstacles en entreprise ? Un des leviers est la construction d’une culture commune, c’est-à-dire d’un langage commun. Ce langage va reposer sur un ensemble de signes verbaux et non verbaux qui seront des raccourcis permettant à chacun d’échanger et de construire une compréhension commune face à une situation donnée. Établir une telle culture ne se fait pas en un jour, la comprendre et la parler ne s’apprend ni dans les manuels de management, ni dans les tableurs Excel.

28 nov. 2011

JE PARLE, DONC JE SUIS

Transformer, c’est modifier un langage
Extrait de Neuromanagement
Un établissement financier avait décidé de transformer son  organisation France. L’entreprise était classiquement structurée  en directions régionales regroupant les agences. Ces dernières  faisaient marginalement de l’accueil physique et majoritairement  du contact téléphonique, et étaient « propriétaires » d’un  portefeuille clients, ceux qui habitaient sur son territoire. Dans  la nouvelle organisation, elles ont été maintenues, mais aucun  portefeuille clients ne leur était plus rattaché : les appels téléphoniques  étaient gérés par un système central qui les routait  en fonction des disponibilités locales et de quelques critères de  priorité. C’était un changement extrêmement important non  seulement sur le plan technique, mais aussi sur le plan du management  puisque le rôle et le métier de chaque agent se trouvaient  modifiés en perdant sa dimension géographique. Dans un  changement de cette ampleur, le rôle de la Direction - et singulièrement  des Directeurs Régionaux - est essentiel pour indiquer  la cible et accompagner le mouvement. Or le métier même du  Directeur Régional était profondément changé, puisqu’il n’était  plus, lui aussi, responsable géographiquement des clients. Le  maintien du nom « Directeur Régional » a été un facteur de  confusion et n’a pas indiqué la portée du changement, puisque  le mot de « Régional » a été maintenu. Une appellation comme  « Directeur Délégué » aurait été préférable. On a constaté, au  bout d’un an, que la plupart des Directeurs Régionaux ne portaient  pas la nouvelle réforme et que l’organisation commerciale  avait du mal à se l’approprier. Le maintien du nom n’a pas été  à lui seul la cause de ses difficultés, mais il y a contribué : le langage interne était en contradiction avec l’objectif.
La culture dominante de ce groupe pétrolier était industrielle,  aussi la distribution avait été pensée jusqu’alors plus comme une  activité de logistique, dont le rôle principal était d’acheminer  efficacement le carburant jusqu’au client final, que comme le lieu  d’un service pour des clients. Le mot marketing ne faisait pas  du tout partie de la culture. Logiquement l’entreprise ne parlait  jamais de « part de marché » mais de « quota ». Comment était-il  possible de passer à une approche marketing, à une analyse  de la concurrence et à une orientation client réelle tant que l’on  voyait le monde via des « quotas » ? Une des actions entreprises  a donc été, en parallèle de la réorganisation, la modification  de ce point de vocabulaire. Ce changement n’a pas été facile,  car tout le monde en interne avait l’habitude d’utiliser le mot  quota. Cela a pris plusieurs années. Inertie des comportements  humains.
Au début des années 90, l’entreprise Treca, spécialiste de  matelas, s’est lancée avec retard dans le latex. Au-delà des raisons  « rationnelles », le nom même de l’entreprise avait été un  frein : Treca est un raccourci pour « Tréfileries câbleries ». Le  nom était lié à l’existence de ressorts à l’intérieur du matelas,  ressorts qui étaient faits à partir des câbles métalliques. Ainsi la  présence de ressorts faisait partie de l’identité d’origine de l’entreprise.  Passer au latex, c’était pour cette entreprise quasiment  « tuer le père ». Ce fut forcément difficile…
Pendant longtemps, L’Oréal a parlé de « déterminisme du  succès » en faisant référence au fait que tout succès réalisé en  un lieu quelconque n’avait pas de raison a priori de ne pas pouvoir  être généralisé à l’ensemble de l’entreprise. C’est un élément  essentiel et explicatif de la logique interne de l’entreprise. Cette  expression était décryptée en interne, mais n’était pas directement  compréhensible de l’extérieur. La répétition régulière de  l’expression amenait chacun à mettre en œuvre ce principe.
Enfin, quand Michel Bon a voulu redynamiser France  Telecom au milieu des années 90, il a résumé ceci à travers  une expression « le delta minutes » : il s’agissait d’indiquer à  tous qu’il y avait encore des réservoirs de croissance en France  en matière de consommation de téléphone. Cette expression  est devenue centrale dans toute l’entreprise et a fédéré les énergies  pour relancer alors effectivement le téléphone fixe. Elle a  fonctionné car, dans une culture fortement technique, le mot  « delta » était compris et relayé. Avec le développement des  offres au forfait, l’approche a depuis lors évolué.  

25 nov. 2011

MARCHER EN MUSIQUE

Higelin, Goldman et Renaud... 
Petite séquence musicale du vendredi autour de ce bébé qui doit se mettre à marcher : d'abord l'alerter, puis lui apprendre à marcher seul, et enfin un peu d'ombre pour reprendre son souffle ! :-)


24 nov. 2011

NE LAISSONS PAS L’INSÉCURITÉ SE GLISSER DANS NOS BOÎTES AUX LETTRES !

On vole des magazines à la Croix Rousse
En paraphrasant un des sketches de Pierre Desproges qui commençait par « Les rues de Paris ne sont plus sûres », je viens d’apprendre que les boîtes aux lettres de la Croix Rousse ne sont plus sûres. En effet, comme il est indiqué sur cette note du syndic, les magazines disparaissent dans une boîte aux lettres (voir la photo de cette note ci-jointe).
Bien sûr, on pourrait s’amuser du style un peu enfantin de la rédaction et d’une expression comme « Le monsieur part », mais la gravité des faits relatés n’en reste pas moins certaine. Où va-t-on si l’insécurité va se glisser jusqu’à l’intérieur de nos immeubles, et dans l’intimité de nos boîtes aux lettres ?
Quelques informations pour les lecteurs qui ne connaissent pas la Croix Rousse : anciennement quartier ouvrier de Lyon (c’était le lieu d’habitation des canuts et de leurs métiers à tisser), il est devenu un quartier chic, surtout dans sa partie centrale. Or c’est bien là que cet immeuble est situé.
J’ai masqué l’adresse exacte, ainsi que celle du syndic par crainte de représailles. En effet, quelqu’un qui est capable de « se donner  beaucoup de mal pour voler des magazines », doit espionner le WEB, et je ne veux prendre aucun risque.
J’espère que ceci n’est qu’un acte isolé, mais peut-être pas. Si l’un de vous était témoin d’autres agissements dans des boîtes aux lettres, ou si l’en a simplement entendu parler, signalez-vous.
À mon tour, pour reprendre la formule du syndic, je demande à chacun d’entre vous d’être vigilant quant à ces vols dans les boîtes aux lettres. Il est temps de se liguer pour que cela cesse, car nous avons le droit à un minimum de sérénité !

23 nov. 2011

TROIS RÈGLES À NE PAS OUBLIER POUR AGIR DANS L’INCERTITUDE

Ne rien faire n'est pas une solution
Revenons sur notre enfant qui avait décidé de ne pas marcher1, et sur les trois raisons de sa décision : les débuts sont pénibles, tout n’est pas permis, et le monde est dangereux.
Ce sont souvent aussi ces trois raisons qui poussent une entreprise à ne pas bouger et à avoir peur de l’incertitude :
-        Quitter la situation actuelle est toujours difficile, et induit une perte initiale de confort : on est dans ses habitudes, chacun sait où sont les choses et ce qu’il peut attendre de l’autre, on a organisé son cocon, on ne voit plus ce qui entrave ou gène… Tout déplacement, même si l’on est convaincu d’une amélioration future, obligera à perdre tout ou partie de cela. A fortiori, si l’on n’est pas convaincu d’un mieux futur, et que l’on ne bouge que parce que l’on y est contraint…
-       L’action doit être réaliste : il ne sert à rien de se bercer d’illusions et de viser l’inaccessible ou l’interdit. Attention aussi à ne pas se disperser et à se laisser séduire par tout ce qui entoure. Comme dit le dicton populaire, l’herbe paraît toujours plus verte de l’extérieur… et marcher sur les pelouses est souvent interdit.
-        Oui, le monde est dangereux : l’environnement est incertain, il est illusoire de croire que l’on peut en prévoir les évolutions, et des cygnes noirs peuvent advenir. Mais, c’est vrai aussi en restant immobile, là où l’on est. Se mettre en mouvement, c’est s’ouvrir de nouveaux espaces, se créer de nouvelles opportunités, se préparer à l’inattendu.
Savoir que les débuts seront difficiles, ne viser que l’accessible, et savoir que le monde est dangereux, voilà trois règles à appliquer pour agir dans l’incertitude.
Attention aux dirigeants qui sous-estiment la pénibilité du départ, fixent des objectifs extrêmes ou imaginent qu’ils vont se protéger des risques… ou pire, ceux qui croient que le mieux est de ne rien faire…
(1) Voir Soyons des paranoïaques optimistes