Apprenons à faire confiance au processus massivement
parallèle de notre intuition
(Neurosciences 8)
Nous voilà donc
face à un paradoxe : plus la situation est complexe, et moins la décision
consciente est efficace, c’est-à-dire moins elle conduit au choix qui
correspond le mieux à nos préférences.
Comment Stanislas
Dehaene analyse-t-il ce résultat et comment arrive-t-il à envisager un moyen de
dénouer le paradoxe ?
En rappelant que
les processus inconscients sont mieux à même de mener un grand nombre
d’analyses en parallèle. La machine non consciente s’apparente en quelque sorte
à un gigantesque ordinateur massivement parallèle, un ordinateur qui ne serait
bon ni pour choisir le problème auquel il s’attelle, ni pour tirer ensuite des
conséquences à long terme et des stratégies à partir du résultat trouvé. Mais
un ordinateur qui sait, une fois que l’on a fixé pour lui la grille de choix,
même si cette grille comprend un très grand nombre d’attributs, être capable de
mener à bien rapidement le calcul et de dire qu’elle est la solution qui
satisfait le mieux à cette grille.
Donc une fois
l’objectif fixé, dès que le problème est complexe, nous aurions intérêt à faire
confiance à notre intuition, car celle-ci n’est que le résultat du calcul de
nos processus non conscients. Si nous refusons cette intuition, si nous voulons
faire consciemment le choix, nous seront incapables de prendre en compte tous
les critères… et nous allons consciemment nous tromper.
Ceci est lourd de
conséquences dans la façon de réfléchir et de décider, et n’est pas vraiment ce
qui est mis en œuvre tous les jours dans les entreprises… ni dans les écoles…
Voilà donc la fin
de ma promenade dans ce cours 2009 sur l’inconscient cognitif. La semaine
prochaine commencera celle dans le cours 2010, cours qui portait sur l’accès à
la conscience.
Pour bien préparer cette nouvelle étape, le plus simple est de reprendre directement le texte de conclusion de Stanislas Dehaene de son cours 2009 :
Pour bien préparer cette nouvelle étape, le plus simple est de reprendre directement le texte de conclusion de Stanislas Dehaene de son cours 2009 :
« Conclusion : Vers un
modèle de l’accès à la conscience :
- Le “flux” de la conscience semble formé d’une série d’étapes “métastables”, chacune consistant en la sélection d’un objet mental pertinent et son accès à un espace de travail global.
- L’un des rôles de l’espace de travail global serait d’accumuler l’information jusqu’à atteindre une précision arbitraire, de la stocker à court terme, et de la diffuser largement afin qu’elle puisse être exploitée pour contrôler le comportement.
- Le “flux” de la conscience semble formé d’une série d’étapes “métastables”, chacune consistant en la sélection d’un objet mental pertinent et son accès à un espace de travail global.
- L’un des rôles de l’espace de travail global serait d’accumuler l’information jusqu’à atteindre une précision arbitraire, de la stocker à court terme, et de la diffuser largement afin qu’elle puisse être exploitée pour contrôler le comportement.
« L’expérience accumulée sur les
ordinateurs montre que, si une machine doit entreprendre des tâches
arithmétiques aussi compliquées que ne le fait visiblement le système nerveux,
il lui faut des mécanismes de haute précision. La raison en est que ces calculs
seront probablement longs, et qu’au cours de calculs longs, non seulement les
erreurs s’additionnent, mais celles commises au début du calcul sont amplifiées
par la suite. (…) Quel qu’en soit le système, il ne peut que
s’écarter considérablement de ce que nous appelons, consciemment et
explicitement, des mathématiques. » John Von Neumann, The computer and the
brain
(à suivre)