10 oct. 2008

NEUROCRISE VERS UN NEUROMONDE

Le système financier s’est déjà trompé dans ses anticipations dans le passé, nous avons déjà eu à financer des guerres, la hausse des matières premières n’est pas une nouveauté ... et les scandales liés à des dirigeants sont légion dans le passé.
A lors pourquoi cette crise est-elle majeure ?

Les cours de bourse jouent au yoyo, comme des bouchons flottant sur la mer en furie. Les discours des hommes politiques se succèdent essayant de juguler des processus qui semblent leur échapper. Les économistes envahissent les plateaux de télévision comme des « généraux » d’une guerre économique…
Et des entreprises réelles – bancaires mais pas seulement – sont mises à mal. Des emplois sont menacés…
C’est tout un système qui semble vaciller sur ses pieds…
Dans mon dernier article «
Les Trous noirs de la crise actuelle », j’avais mis en avant trois origines simultanées et cumulatives : le trou noir des anticipations tant des acteurs financiers et que des emprunteurs, celui de la guerre, et celui du capitalisme lié à la croissance des liquidités de la Chine, de la Russie et du Moyen-Orient. Enfin ceci était aggravé par la crise de la légitimité des dirigeants, quatrième trou noir.
Mais finalement, tout ceci n’est pas vraiment nouveau : les anticipations ont toujours été hasardeuses, les guerres existent depuis longtemps, les flux de liquidités vont et viennent … et quant à la légitimité, l’histoire est peuplée de scandales divers et variés…
Alors pourquoi vivons-nous une crise de cette ampleur ? Pourquoi avons-nous l’impression collective de changer de monde ? Qu’est-ce qui est fondamentalement nouveau et différent ?
Je crois – et je ne suis pas le seul ! – que le fait majeur est dans l’effondrement des barrières géographiques et dans l’émergence réelle d’un monde global. Simplement la portée de cette globalisation est parfois mal analysée et ses conséquences mal évaluées.
Je vois pour ma part un effondrement de ces barrières à trois niveaux : celle des individus – cela commence depuis peu –, celles des entreprises non financières – c’est déjà largement le cas –, celles de la finance – c’est fait –. En face, les structures politiques n’ont quasiment pas évoluée et sont restées pour l’essentiel enfermées dans leurs géographies.
Revenons sur chacun des points.

1. Les individus :
Sans vouloir rentrer trop dans le détail – ce n’est pas le thème central de cet article -, via Internet, nous sommes en train d’ « accéder au monde ».
L’écriture nous avait permis de stocker et échanger de l’information, l’imprimerie avait accru les capacités de diffusion : nous avions pu commencer à avoir des têtes bien faites, et non plus bien pleines… Les technologies de l'information viennent d’apporter une nouvelle dimension en facilitant stockage et transmission, mais surtout elles créent une rupture majeure : appareillé de cette technologie, notre cerveau n’est plus limité par le corps et peut expérimenter à distance.
Nous partons dans le neuromonde, nous devenons des neurocitoyens :
- Grâce à des avatars et des sites comme « Second Life », nous pouvons expérimenter des situations réelles sans les vivre physiquement.
- Grâce aux moteurs de recherche et aux liens RSS, nous nous trouvons dotés d’une sorte d’ « inconscient élargi » qui va chercher pour nous et automatiquement des informations.
- Grâce à tous les systèmes basés sur l’affinité, nous pouvons trouver nos proches même lointains.
Bien sûr un tel changement ne peut qu’être très progressif et ne touche pour l’instant qu’un nombre limité d’entre nous. Mais il est en route : nous sommes en train de devenir des neurocitoyens.


2. Les entreprises non financières :
Les technologies de l'information sont déjà déployées au sein des entreprises : le téléphone, les systèmes d'information centraux, le réseau informatique interne, le réseau informatique élargi. Ceci a créé progressivement une structure qui est venu innerver l'intérieur en profondeur et la relier à ses clients. Quand les clients étaient eux-mêmes des entreprises, les deux réseaux se sont interconnectés et ont interagi.
Ces réseaux ne font pas que mettre en relation : ils sont eux-mêmes dotés d’une intelligence répartie et sont capables d’optimiser des processus – gestion dynamique d’une chaîne de montage automobile, optimisation des trajets d’une flotte logistique, « yield management » pour le transport aérien,... –.
L'ensemble est aujourd’hui un système réellement articulé. L'entreprise peut de plus en plus agir effectivement globalement.

3. La finance :
Le système financier a pu aller un cran plus loin dans la globalisation, car son produit lui-même était dématérialisable et « transmissible » numériquement.
Aussi, le système financier fonctionne-t-il de plus en plus comme un tout : les bourses réagissent quasiment comme un système unique où les décalages horaires rythment les propagations ; le nombre des monnaies d’échange se réduit ; les systèmes d’assurance et de refinancement mondiaux sont la règle…
L’ensemble s’apparente de plus en plus à un « réseau financier neuronal global ».
De plus, dopé par sa puissance interne, il est devenu aujourd’hui le « cerveau » de toute l’économie car tout lui est connecté :
- Aucune grande entreprise ne peut agir indépendamment du système financier. Même avec sa puissance financière propre, Microsoft ne peut pas être indépendant de l’évolution de son cours de bourse : la guerre entre Google et Microsoft est d’abord une guerre de valorisation boursière.
- Il est interconnecté avec les Directions des grandes entreprises non financières : les revenus des dirigeants des entreprises cotées sont déterminés de façon croissante par l’évolution du cours de bourse, et non de la performance réelle de leur entreprise.


4. Les Politiques :
Construites à partir de la relation privilégiée existante entre les hommes et les territoires qu’ils occupent, les structures politiques tirent leurs légitimités de la géographie. Elles s'inscrivent par construction dans un territoire : elles cherchent, d'une façon ou d'une autre, à en représenter les occupants, à tirer le meilleur parti des ressources en place et à le défendre vis-à-vis des autres territoires.
Depuis leurs créations, elles ont peu évolué et leur logique reste géographique et finalement locale :
- Elles utilisent les technologies de l’information non pas comme un levier pour repenser leur action, mais simplement comme un moyen d’optimiser les processus existants : numérisation des relations avec les administrés, productivité des services,...
- Il n'y a pas eu de réflexion sur la remise en cause des structures elles-mêmes, ni vraiment sur le rôle du politique et de sa relation à la géographie...
- Les organisations non géographiques se développent lentement et n’ont qu’un pouvoir très limité, le plus souvent soumis à celui des structures politiques géographiques.


______________________________

Ainsi, je crois que nous sommes en train de sortir d’une nouvelle caverne : la portée des changements en cours est considérable car ils portent non seulement sur nos modes d’organisations collectives – structures politiques et économiques –, mais aussi sur notre relation individuelle au monde. Chacun de nous va en fait « renaître » différent. Un tel processus est nécessairement long et douloureux.
La crise que nous vivons actuellement est comme une de ces premières contractions qui annoncent le rapprochement de l’accouchement : elle est douloureuse, et malheureusement la délivrance n’est pas encore pour tout de suite.
Nous devons collectivement comprendre progressivement la portée des transformations en cours, et commencer à repenser nos organisations politiques collectives…
_________________

VOIR AUSSI "LES TROUS NOIRS DE LA CRISE ACTUELLE"

7 oct. 2008

LA BONNE SOLUTION N'EST JAMAIS DE DEMANDER A LA DIRECTION GENERALE TIRER A PILE OU FACE !

Dans cette entreprise de produits grand public, un nouveau produit apportant un bénéfice spécifique est en cours de développement.
Une étude a montré que les clients associaient ce bénéfice à un avantage intermédiaire. Pour être crédible vis-à-vis d’eux, le marketing doit donc affirmer que non seulement le bénéfice final est atteint, mais aussi l’intermédiaire.
Or le laboratoire de recherche est formel : si la formule permet bien d’atteindre le bénéfice final, il est impossible de soutenir qu’elle permet d’atteindre l’intermédiaire, les deux n’étant en fait pas liés. En conséquence, le laboratoire interdit au marketing de promettre quoi que ce soit sur ce dernier point.
À ce stade, les deux positions sont donc incompatibles. Que faire ?
Si le dossier est remonté en arbitrage au niveau supérieur, que va faire la Direction ? Lancer une pièce en l'air pour savoir que choisir ? Renoncer au projet ? Lancer le projet sans promettre l’obtention du bénéfice intermédiaire et venir entamer la crédibilité de la promesse produit ?
Aucune solution positive ne peut se trouver à son niveau : il est indispensable que le problème soit traité directement entre le marketing et la recherche. C'est ce qui a été fait.
À l'occasion d'une réunion de travail, ils ont pu échanger leurs analyses et expliciter leurs points de vue.
« Je ne comprends vraiment pas, dit le chef de produit. Notre concurrent principal affirme bien sur son produit que les deux bénéfices sont atteints.
– Peut-être, mais si ce produit était chez nous, nous l’interdirions, lui répondit le responsable du laboratoire. Et puis pour ton bénéfice intermédiaire, tu te frictionnerais avec de l’eau que le résultat serait le même.
– Quoi ? Que veux-tu dire ?
– Oui l’important, c’est la friction.
– Donc, si nous appliquons notre produit par friction, nous obtenons le bénéfice intermédiaire ?
– Oui, bien sûr.
– Merci j’ai la solution : nous allons faire figurer ce mode applicatif sur le packaging. »
C'est ce qui fut fait. Comment une telle solution aurait-elle pu être trouvée au niveau d'une Direction Générale ?
___________________

5 oct. 2008

RADAR OU JEU : ET SI LA REPONSE DEPENDAIT DE L’OBSERVATEUR…

Voilà un objet simple et sans discussion possible : ce qui se trouve sur la photo à gauche est un radar qui cherche à dissuader les voitures de dépasser la vitesse limite.
Oui bien sûr…
Et pourtant…
Hier soir, je marchais au même endroit, un petite route dans un commune de banlieue. Il était environ 22 heures et quasiment aucune voiture ne passait.
D’un seul coup, j’aperçus sur ma gauche un groupe d’adoslescents.
L’un se détacha du groupe et se mit à courir sur la route sous les encouragements de ses camarades. 24 afficha le radar. Applaudissements. Un autre se mit à courir : 25 cette fois. Cris de joie.
Le radar n’était plus un objet pour les voitures mais un jeu qui mesurait leurs vitesses respectives et leur permettait d’essayer de se surpasser !
Comme quoi une interaction entre l’objet et l’observateur est toujours possible…
Comme quoi le réel n'existe pas a priori, mais peut émerger de l’interaction avec nous…
Je venais de retrouver là incidemment, au détour de cette route de banlieue, face à cette situation banale, le cœur de la réflexion de Francisco Varela (*) sur la relation entre observé et observateur : il est faux de penser que nous pouvons nous représenter un monde indépendant de nous ; nous le faisons émerger – nous l’enactons selon sa terminologie – au moment même de notre observation.
Pour la voiture, l’objet est un radar de surveillance. Pour les enfants, c’est un jeu…

(*) Voir notamment "L’Inscription Corporelle de l’esprit" de Francisco Varela, Evan Thompson et Eleanor Rosch (Seuil 1993)

3 oct. 2008

L’INCONSCIENT SE CACHE SOUVENT DERRIÈRE DES TÉLÉSCOPAGES…

Étrange non ce montage de 3 photos ? Apparemment aucun lien entre elles : trois enfants en uniforme qui dansent, une femme « au long cou » avec ses colliers ancestraux et une église chrétienne baptiste perdue dans la campagne.
Et pourtant le lien est direct : ces 3 photos ont été prises au même endroit, le même jour.
Je voyageais l’année dernière dans le Nord de la Thaïlande et visitais un village isolé à proximité de la Birmanie. L’un de ces enfants était peut-être celui de cette femme, cette église était celle de leur école.
Pour moi, comme j’ai vécu cette situation, le lien est évident : il est en moi, ancré dans mes souvenirs et mes émotions…
Pour vous, spontanément, il n’y en a pas. Il faut que vous arriviez à vous arrêter et à lire mes explications pour que progressivement le lien se construise aussi pour vous.

Quand je circule dans une entreprise, c’est la même chose. Au début, je ne vois que des faits hétérogènes, des situations apparemment décorrélées, des évènements sans significations.
Alors je m’arrête, demande à ce que l’on me raconte le passé et l’histoire de cette entreprise, cherche à trouver les raisons de ces cohabitations.
Car j’ai appris que c’est précisément quand des faits ne semblaient logiques entre eux qu’il fallait s’arrêter.
Car, derrière des télescopages étonnants, se cachent souvent un de ces processus inconscients qui structurent les actions dans les entreprises.
Car quand on ne comprend pas, on doit simplement comprendre que l’on ne comprend pas, … et donc s’arrêter pour chercher à comprendre…

1 oct. 2008

C'est quand tout le monde est spontanément d'accord qu'il faut s'inquiéter !

« Il y a quelque chose qui m’échappe : j’ai beau expliquer rationnellement à mes équipes, on ne se comprend pas et rien ne se passe », me disait dernièrement la responsable de la fabrication d’une usine.
La trentaine, c’était son premier poste de management après deux postes techniques en usine.
« Par rationnellement, vous entendez quoi, lui répondis-je ? »
Elle marqua un blanc et me dit : « Eh bien, que j’ai passé du temps à analyser à fond le problème, à envisager les différentes hypothèses et à construire la meilleure solution.
– Vous pensez vraiment que, pour un problème complexe, il n’y a qu’une solution possible ? Je comprends bien que 1+1 égale toujours 2, mais la vie est rarement aussi simple. Donc s’ils ne comprennent pas, c’est peut-être qu’ils ne font pas la même analyse. Moi, voyez-vous, c’est quand les gens sont spontanément d’accord avec moi que je suis inquiet : j’ai l’impression qu’on est en train de passer à côté de quelque chose. »
Je m’arrêtai un instant, puis poursuivis : « Donc, j’ai tendance à vous retourner votre question : comment pouvez-vous trouver normal qu’après une seule explication « rationnelle » vos équipes adhèrent à ce que vous leur demandez ? Pourquoi voulez-vous éviter une confrontation ? Pourquoi, au contraire, ne la recherchez-vous pas ? Doutez-vous de la solidité de votre raisonnement ? Craignez-vous qu’une confrontation débouche sur un conflit ? »
Rationalité, évitement, confrontation, conflit… J’aurais pu ajouter consensus… Nous pensons trop souvent que notre explication est rationnelle, logique, incontournable.
Alors nous cherchons à éviter la confrontation, nous voulons le consensus, l’obéissance, la mise en œuvre sans discuter…
__________________

30 sept. 2008

SARKOZY EST SINCÈRE, INTELLIGENT ET EFFICACE… MAIS IL NE PEUT PAS RÉSOUDRE A LUI SEUL TOUS LES PROBLÈMES !

Sincère. Oui, je crois que Nicolas Sarkozy pense sincèrement servir les intérêts de la France et du monde dans son action. Il pense ce qu’il dit et fait. Il manque parfois de stabilité dans sa vision et ses croyances.
Intelligent. Oui, je crois que Nicolas Sarkozy est réellement intelligent, c’est-à-dire capable d’analyser des situations complexes et nouvelles, et de trouver l’origine d’un problème. On voit dans son action politique sa capacité à trouver de nouveaux axes, quand il a le temps de réunir suffisamment de données sur la situation.
Efficace. Oui je crois que Nicolas Sarkozy est réellement efficace, c’est-à-dire capable de mettre en œuvre les moyens nécessaires à l’action. Il a montré qu’il savait transformer sa pensée en actes, ce qui est rare. Vraie qualité. Mais il faut que sa pensée soit juste – ce qui ramène au point précédent – et qu’il ait le temps suffisant pour déployer son efficacité.
Alors d’où vient le problème ?
Avant de répondre, je voudrais revenir sur mes propos de mon article « Sans inconscient, pas d’entreprise efficace »
(http://robertbranche.blogspot.com/2008/09/sans-inconscient-pas-dentreprise.html ).
Les travaux récents des neurosciences ont montré qu’un individu efficace est un individu qui a compris que l’essentiel de son fonctionnement était inconscient, largement piloté par des émotions et construit sur des interprétations :
- Il concentre son système conscient sur les situations nouvelles et laisse les systèmes inconscients piloter au maximum les processus acquis et assurer la veille et l’alerte ;
- Il sait que son moteur émotionnel programmé dans ses gènes et enrichi par son expérience
- Il s’assure que le réel vient bien nourrir dynamiquement toutes ses interprétations conscientes
Pour vous en convaincre, la prochaine fois que vous irez courir, essayez simplement de constamment piloter consciemment votre course (c’est-à-dire le mouvement de vous jambes, le choc du pied sur la chaussée, le rebond …) et vous verrez que vous allez tomber à la rencontre du 1er obstacle : votre conscience étant mobilisée par la gestion de la course, elle ne saura plus traiter la gestion d’un obstacle. Alors imaginez si vous vouliez tout gérer consciemment : rythme cardiaque, respiration, transpiration…
Il en est de même pour le management : un manager efficace est un manager qui a compris que l’essentiel du fonctionnement de l’entreprise lui était inconscient, et que donc il ne pouvait pas à lui seul tout résoudre. Être un manager efficace, c’est tirer parti des processus « inconscients » – c’est-à-dire ne nécessitant pas d’intervention directe et personnelle du manager –. Si ces processus sont en contradiction avec les objectifs, alors il est nécessaire de les reconfigurer. Mais cette reconfiguration est longue et difficile : « reprogrammer » en profondeur ne peut pas se faire à coups de zapping managérial.
Et c’est aussi vrai au niveau d’un État… et encore plus.
Le fonctionnement d’un pays est un système trop complexe pour être piloté directement et « consciemment » par un seul individu, fusse-t-il sincère, intelligent et efficace… Plus cet individu – qu’il s’appelle Nicolas Sarkozy ou pas … – voudra intervenir directement, plus il sera « dangereux ».
A certains moments, cette intervention directe peut être nécessaire – la crise actuelle en est un bon exemple –, mais attention à ne pas en faire un mode de management permanent, car alors la France risque de mourir d’apoplexie !

26 sept. 2008

LES TROUS NOIRS DE LA CRISE ACTUELLE

Sensation que la crise actuelle est provoquée par un triple trou noir :
- Le trou noir des anticipations :
Le système financier repose sur une double dynamique d’anticipation. D’abord celles des acteurs économiques qui pensent que la croissance de leurs revenus futurs sera supérieure au coût de leur endettement. Ensuite celles des acteurs financiers qui anticipent que les emprunteurs seront effectivement capables de faire face à leurs engagements, ou que la rentabilité des investissements financiers sera supérieure au coût de la ressource.
Tout semble montrer aujourd’hui que nous avons une double défaillance : un nombre significatif d’acteurs économiques ne peuvent pas faire face à leurs engagements (cas de subprimes par exemple), des acteurs financiers sont emportés dans la vague de leurs spéculations.
Une quantité croissante des liquidités financières se trouvent happées par ce premier trou noir qui s’élargit de plus en plus.
- Le trou noir de la guerre :
Les guerres en Afghanistan et en Irak ont absorbées et absorbent encore des sommes considérables. Ceci vient majoritairement des dépenses supportées par les forces d’intervention essentiellement américaines, et secondairement par la course aux armements qu’elles déclenchent en ricochet.
Tout ceci réoriente des flux importants au profit des industries de l’armement, asséchant d’autant le reste des économies mondiales. De plus ceci creuse le déficit américain et constitue ainsi un deuxième type d’anticipation sans contrepartie claire à long terme.
- Le trou noir du capitalisme :
La raréfaction progressive du pétrole et l’organisation des ressources en gaz conduisent mécaniquement à une croissance rapide des liquidités des pays du Moyen Orient et de la Russie. Parallèlement, le développement des exportations chinoises fait « exploser » l’excédent chinois.
Ainsi l’application des règles de jeu du capitalisme aboutit aujourd’hui paradoxalement à affaiblir les États-Unis et l’Europe et à renforcer des pays qui ne reconnaissaient pas la pertinence du capitalisme.
Cette crise déstabilise en profondeur les économies occidentales et ce à un moment où il y a en plus un
trou noir de la légitimité des dirigeants :
- En effet ces dix dernières années ont vu se développer une relation directe entre le niveau de rémunération des dirigeants et les profits dégagés par leurs entreprises. Celles-ci ont alors atteint des niveaux jamais connus : même si la part de profit allouée aux dirigeants reste modeste, elle est très élevée en valeur absolue.
- Pour les salariés, l’écart croissant est perçu comme de moins en moins légitime. De plus, dans des cas récents, par la mise en application de contrats « bien négociés », il y a eu une déconnexion entre ce niveau de rémunération et la performance de l’entreprise.
- Ce décalage croissant entre dirigeants et salariés ne vient pas siphonner les ressources financières, mais la légitimité des dirigeants.

Personne ne voit vraiment la sortie de la crise… et peut-on imaginer que les pays dit « développés » vont accepter de voir leurs entreprises et leurs économies rachetées par la Chine, la Russie ou le Moyen Orient alors que l’essentiel du pouvoir militaire est encore entre leurs mains ...


VOIR AUSSI :
- QUAND LA NEUROFINANCE S'EMBALLE
- ESSAYONS D'EVITER LA CASE NEUROJUNGLE