11 mars 2016

TOURNER POUR TROUVER UNE ISSUE

Dans ma tête un rond-point
Un arrêt sur image au cœur d’un abattoir à Alger, une caméra paresseuse qui se pose face à des regards, des gestes et des paroles.
Face à nous, presque nés là et peut-être destinés à y mourir, des hommes y vivent, dorment, travaillent, rêvent. 
Face à nous, nés ailleurs et certainement destinés à y mourir, des bœufs s’y débattent, sont pendus, se résignent, saignent.
La foule n’est jamais présente, elle est avant ou après, nous ne sommes que dans l’entre-deux, quand les paroles se délient, quand les corps se reposent, quand les esprits vagabondent.
Chacun dans sa tête, eux comme nous, tourne autour d’un rond-point sans savoir quelle route prendre, il y en a tant…
Si vous cherchez de l’action ou une histoire, si vous avez envie d’échapper à vous-mêmes, si c’est un divertissement qu’il vous faut, n’allez surtout pas tourner avec eux dans leurs têtes.
Si une rêverie vous tente, si prendre pour un temps les chemins de traverses du vide vous attire, si la beauté d’images et de quelques mots vous stimule, si plonger dans le miroir d’un moment suspendu vous enchante, alors venez vous perdre dans leurs têtes, et avec un peu de chance, vous y trouverez la vôtre.

9 mars 2016

LES ORGANISATIONS CLASSIQUES

L’entreprise vivante – Frédéric Laloux (2)
B. LES ORGANISATIONS ÉTABLIES
3. LES GANGS
Il y a environ 10 000 ans, naît l’individu – c’est-à-dire la perception de soi en tant qu’une partie distincte du tout, qui peut souffrir et mourir. –  et son pendant, l’autre, rival et ennemi potentiel. Les rapports entre humains ne sont que des rapports de force, et seules les récompenses et les punitions sont comprises.
Comme l’individu est né, le division du travail devient possible : apparaissent les chefs, les soldats, les esclaves. Les tribus peuvent s’organiser et se structurer en royaumes et empires qui fédèrent plus dizaines de milliers de personnes. L’organisation est née.
C’est la relation interpersonnelle qui la cimente, et son chef en est un loup dominant. Le point fort de ces organisations : leur capacité à faire face à des milieux hostiles. Leurs points faibles : leur incapacité à élaborer des stratégies, à se développer dans des univers complexes. Dès que l’on est loin du chef, comme il n’existe plus, l’organisation non plus.
Dans ce système, tout n’est vécu qu’au présent. Pas de passé, pas de futur : je mange ce que je trouve, je combats celui que je rencontre, je suis soumis à celui qui est plus fort que moi. Tout est immédiat. C’est le temps de l’impulsion.
4. LES CASTES OU LA LOI BUREAUCRATIQUE
Deux capacités nouvelles vont tout changer :
Se projeter dans le futur : chacun commence à intégrer les conséquences de ses actes. C’est le début de l’agriculture et des semences : jeter des graines dans le sol, parce que l’on sait que, dans quelques mois, on en récoltera davantage.
Penser à travers le regard de l’autre : comprendre que l’on est non seulement différent des autres, mais que les autres voient le monde différemment de soi. Du coup, des règles morales deviennent possibles, car en comprenant qu’un point de vue n’est pas unique, l’on peut accepter de les respecter.
Émergent ainsi des règles stables qui induisent trois changements : la relation interindividuelle n’est plus régie par le rapport de force direct et immédiat, mais des lois et des règlements ; l’autorité vient de la position que l’on occupe ; on fait ceci plutôt que cela, par application d’une réglementation.
Ceci permet la formalisation des structures, le partage des tâches, et l’élaboration d’organigrammes hiérarchiques de plus en plus sophistiqués. Il devient possible de planifier à moyen et long terme, et créer des structures stables et de grande taille. C’est le temps des pyramides, de la grande muraille de Chine ou des cathédrales.
Ceci se fait au préjudice de la liberté individuelle, puisque chacun est contraint par les murs de la boîte dans laquelle il se trouve. Mais par rapport aux temps de gangs, c’est un progrès : celui qui respecte les règles n’a rien à craindre. L’humanité quitte la loi de la jungle. 
Simplement cette protection ne s’exerce qu’au sein de l’organisation à laquelle j’appartiens, le dehors est le dehors. Pas de sentiment, ni d’appartenance collectifs.
5. LA LOI  DU MARCHÉ
Et si je faisais ceci plutôt que cela qu’adviendrait-il ? Si jamais je ne respectais plus les règles immuables depuis toujours, est-ce que j’aboutirais à une meilleure solution ? Voilà ce qui conduit à une nouvelle mue : l’individu a le droit de remettre en cause les normes… à condition bien sûr de montrer qu’il aboutit ainsi à un meilleur système. 
Se poser des questions, c’est risquer d’ébranler le bel édifice des pyramides sociales, mais c’est aussi ouvrir la porte au progrès et à l’innovation. 
C’est aussi un monde matérialiste qui ne connaît que ce qui est vu ou touché : ce qui est sérieux est mathématisable, le reste n’est que baliverne, scorie du passé. C’est le temps du marché.
Arrivent en reine les grandes entreprises mondiales qui apportent une triple rupture : innovation parce que poser des questions et remettre en cause sont possibles ; responsabilité parce que des objectifs sont fixés avec des récompenses à la clé ; méritocratie parce que l’on n’est plus bloqué par la caste à laquelle on appartient. 
(à suivre)

7 mars 2016

AVANT L’ORGANISATION

L’entreprise vivante – Frédéric Laloux (1)
Frédéric Laloux, dans Reinventing organizations, apporte un rare neuf sur les modes de management, et une mise en perspective historique. J’avais, fin 2014 dès sa sortie en anglais, consacré une longue série de billets sur ce blog.
Il est maintenant paru en français et j’en profite pour une nouvelle parution synthétique de ce que j’en retire. Le voici en billets successifs. Je conseille évidemment fortement la lecture de ce livre pour en savoir davantage.
Il y identifie sept paradigmes successifs, le dernier étant celui qui est en émergence aujourd’hui. A chacun correspond un type d’organisation.
A. LES PROTO-ORGANISATIONS
1. LA RÉACTION
A l’aube de l’humanité, le « je » n’est pas encore né : l’homme fait corps avec son environnement, et ne se sent pas vraiment distinct de ce ce qui l’entoure, les siens y compris.
L’humanité est clairsemée et vit en petits groupes d’une douzaine de personnes. Comme aucune individualité n’existe, il ne peut être question de partage du travail, et la notion d’organisation n’existe pas vraiment. La seule distinction est le sexe, et l’allaitement qui va avec. Pas de chef, pas d’ancien, juste une bande.
En psychologie, cette étape correspond au stade initial du nouveau-né qui ne se perçoit pas distinct ni de sa mère, ni de son environnement. A ce stade, l’action n’est ni pensée, ni voulue, mais provoquée par l’environnement : c’est le temps de la réaction.
2. LA MAGIE
Il y a environ 15 000 ans, l’homme a commencé à se percevoir distinct de son environnement et de ses congénères.
A cette étape, on ne peut pas encore parler d’organisation. La seule différentiation possible est celle des aînés qui ont un statut spécial et ont plus d’autorité. Les bandes se sont agrandies, et sont devenues des tribus de quelques centaines d’individus.
Chez l’enfant, ce sont les deux premières années où la différentiation commence : « Quand je mords mon doigt, ce n’est pas pareil que quand je mords la couverture » et « Je ne suis pas ma mère, même si, en sa présence, je me sens magiquement en sécurité. »
Les causes et les effets sont confondus, et l’univers est plein d’esprits : « Les nuages bougent pour me suivre ; le mauvais temps, c’est une punition des esprits pour mes mauvaises actions ». C’est le temps de la magie.
(à suivre)

4 mars 2016

LES GARDIENS DES TOURS

Une veille inutile












Leurs regards interpellent les passants,
Leurs tailles dissuadent toute agression.
Avec eux, les tours n’ont rien à craindre.
Qui irait prendre le risque de les affronter ?
Mais la faille est dans leur dos,
Mais le pire va advenir.
Trop confiants, ils ne regardent que devant,
Trop arrogants, ils n’imaginent rien.
Or le sol se dérobe,
Or plus rien ne sera comme avant.
Déjà une tour penche, 
Bientôt elle tombera.
Leur force n’y pourra rien,
Leur fierté les empêchera.
Demain, ils seront balayés,
Demain, il n’y aura plus rien.
(montage de photos prises dans le parc Rizal à Manille en août 2013)

2 mars 2016

POUR UNE FRANCE, FER DE LANCE DE L’UBÉRISATION MONDIALE !

La France a tout pour être un champion mondial à condition que chacun de nous se réveille et que tous les « faizeux » soient libérés et soutenus 
Prise dans la puissance du tsunami numérique qui arrive, la France est-elle condamnée à être « ubérisée », c’est-à-dire à voler en éclats ? 
A entendre les chantres du déclinisme ou les nostalgiques d’un village gaulois perdu, la réponse serait oui. Je crois à l’inverse que la France est en capacité d’être une championne au temps de la connexion globale, et ce pour des raisons à la fois physiques, économiques et culturelles. 
D’abord elle est exceptionnellement bien située : elle est la proue occidentale de l’Europe, à la jonction entre les pays du Nord et du Sud. Avec l’importance de ses façades maritimes, elle a tout pour être un grand hub mondial. 
Elle dispose aussi de territoires disponibles et d’un climat tempéré. Nous ne connaissons ni les tempêtes de neige, ni les déluges de la mousson. Il suffit de voyager pour voir combien la France est favorisée par son climat. Et les dérèglements en cours ne devraient que renforcer cet avantage. 
Autre atout important : la relative jeunesse de sa population et le maintien d’une démographie positive. À condition bien sûr de ne pas laisser cette jeunesse sans qualification et de lui donner la parole : les anciens sont rarement les mieux placés pour comprendre les ruptures et en tirer parti. 
Passons à l’économie : la France est-elle pauvre et déconnectée des flux mondiaux ? Non pas du tout. Nous avons un capital accumulé très important et disposons de très grandes entreprises. La présence de quartiers généraux et de centres de recherche mondiaux en témoigne. Une alerte rouge : notre déficit en entreprises moyennes et notre difficulté à renouveler notre tissu industriel. 
Un point très positif : le poids de la France dans le domaine des start-ups technologiques. Le succès de la « FrenchTech » lors des shows récents à New York et San Francisco en témoigne. Facebook vient d’ailleurs de choisir Paris comme centre mondial sur l’intelligence artificielle. 
Dernier pied du triptyque : la dimension culturelle. La France s’est construite comme une terre d’échanges, d’accueil et de brassage. Pourquoi donc se mettre à avoir peur aujourd’hui de la globalisation du monde ?
Autre force : notre talent dans les mathématiques. Avec quatorze médailles Fields, la France est n°1 mondial de la discipline à égalité avec les États-Unis, largement devant la Russie (9 médailles) et la Grande-Bretagne (6). Au moment où les technologies de l’information sont de plus en plus critiques, c’est un avantage clé. En liaison avec les mathématiques, nous sommes aussi un des acteurs majeurs dans le domaine des neurosciences. Une autre brique majeure du monde de demain. 
Enfin, n’oublions pas la puissance de notre patrimoine : notre territoire est peuplé de monuments que le monde nous envie, et notre pays a contribué significativement dans tous les arts, alliant littérature, philosophie, peinture, sculpture ou musique. 
Donc oui, la France a tout pour être un champion : elle peut devenir un des concentrateurs des échanges mondiaux en étant un des hubs situés en Europe.
Mais être en situation de l’être n’est pas une assurance, juste une capacité.
Pour réussir, nous devons comprendre que la France n’est pas une abstraction, mais une construction collective : à chacun de nous de se lever pour agir et changer ce qui doit l’être. Soyons une nation de « faizeux » pour reprendre le terme cher à Alexandre Jardin !
Cessons de pleurer à cause de la mondialisation et de regarder le futur avec un rétroviseur. Remettons en cause nos mauvaises habitudes et les chaînes qui entravent nos mouvements. Comprenons que la France sera forte de ce qu’inventeront non pas seulement ceux qui depuis longtemps l’habitent, mais tous qui l’ont rejointe récemment et la rejoindront demain. 
Sinon, nous nous réveillerons avec le même déclin qu’a connu l’Inde quand elle a manqué la révolution industrielle du dix-neuvième siècle. Faisons attention que nos schémas de pensée ne soient pas nos castes mentales. La France n’est pas menacée par un péril extérieur, mais d’abord par son mal-être actuel : la dépression qui l’habite chaque jour davantage, nourrit nos peurs et nos regrets, et se nourrit d’eux. 
Il est encore temps, mais c’est maintenant urgent. La France a tout pour réussir dans un monde tissé de connexions globales, mais malheureusement nous sommes un champion qui s’est endormi : nous sommes comme ses personnes âgées qui, percluses de rhumatismes, incapables de bouger, raides dans leurs certitudes, expliquent à leurs enfants et petits-enfants ce qu’il faudrait faire. 
Levons-nous, quittons le fauteuil dans lequel nous sommes lovés, et partons faire de l’exercice ! Refondons nos institutions politiques et sociales pour libérer les énergies et faire de la France un des cœurs du réseau européen, et donc mondial. 
Alors, loin d’être ubérisée, la France sera un des fers de lance de l’ubérisation du monde !

29 févr. 2016

2017, LE RÉVEIL CITOYEN POUR ENFIN LIBÉRER TOUS LES FAIZEUX

Si la France n’amorce pas rapidement une transformation profonde, elle sera emportée par les tsunamis en cours : « ubérisée » par les ruptures qui se propagent, comme le chêne de la fable, elle cassera.
Ah, si le monde fonctionnait selon les principes d’une recette de cuisine, comme tout serait simple ! Un monde bien prévisible, où il suffirait de choisir les bons ingrédients et de suivre les indications fournies pour obtenir à chaque fois le même plat, celui qui correspond à la photographie dans le livre. 
Quand j’écoute les hommes politiques, je vois que c’est à cela qu’ils rêvent tous : une pincée de TVA en plus ou en moins, le mélange savamment dosé de trois taxes précédemment autonomes, la nième refonte de l’apprentissage de la lecture... et le miracle devrait surgir ! Comme dans un tour de magie, les lapins de la croissance et de la chute du chômage vont surgir du chapeau du Maître Queux. 
Car, caractéristique bien française, chacun de nos politiques se sent l’âme d’un grand chef : non seulement, ils s’imaginent capables de maîtriser l’incertitude, mais ils se voient en un Paul Bocuse de la politique, un sauveur, un homme ou une femme miracle. Même Marine Le Pen prend des élans gaulliens, quand elle ne s’incarne pas en une Jeanne d’Arc mâtinée d’une Astérix en jupons partie à la reconquête du monde. Tous des sauveurs quoi ! 
Mais comment croire que, dans notre monde hypercomplexe, la solution pourrait venir d’en haut, fût-il le plus compétent ? La France s’est certes construite grâce à la centralisation et une conception jacobine du pouvoir, mais ne serait-il pas temps de comprendre qu’il faut changer de paradigme ? N’est-il pas temps de redonner la parole à nos territoires et de bâtir notre avenir collectif sur un logique ascendante ? 
Car nous vivons dans un monde tissé de connexions fines et multiples, où l’incertitude est irréductible, où les limites se fondent et s’effacent, où la proximité n’est plus tant spatiale que sémantique et intellectuelle : mon proche n’est plus seulement mon voisin physique mais souvent celui avec qui je vibre à distance. Drôle de toile dans laquelle les gestes et les mouvements des politiques s’emmêlent, comme des insectes pris au piège d’un monde qui les dépasse. 
Autre caractéristique de nos Maîtres Queux politiques, ils ne s’intéressent pas au comment et détestent dire à l’avance ce qu’ils vont faire. Pour eux, l’ordre est clair : d’abord l’élection, ensuite l’action. « Construisons un programme pour être élu, pour le reste on verra après », se murmurent- ils au quotidien. Comme si l’intendance suivait toujours... 
Imaginez un candidat à la reprise d’une entreprise qui serait incapable de présenter un quelconque plan d’action : « Faites-moi confiance : en trois ans, je doublerai le chiffre d’affaires, diviserai par deux les coûts tout en relançant l’emploi et l’innovation, et atteindrai une marge opérationnelle de plus de 40 %. Comment, me demandez-vous ? On verra bien ! » Voilà nos hommes politiques : ils nous demandent un chèque en blanc. 
Pour justifier leur attitude, ils s’abritent derrière une affirmation : « La seule façon d’être élu est de dire aux électeurs ce qu’ils sont prêts à entendre, et non pas ce qu’il faut faire. ». Seulement, ceux-ci sont de moins en moins dupes et de plus en plus désengagés vis-à-vis des politiques. 
À contre-courant, voilà un objectif pour moi essentiel : s’intéresser non pas à comment être élu, mais à ce qu’il conviendrait de faire si jamais on l’était. Avec l’idée absurde que c’est ainsi qu’il faut raisonner, et que c’est peut-être aussi la meilleure façon d’être élu ! 
Et ne nous trompons pas, il y a urgence : la révolution numérique déferle, et, pour reprendre une expression devenue à la mode, « l’ubérisation » est à nos portes. Si la France n’amorce pas rapidement une transformation profonde, si elle reste lestée d’une dette qui ne fait que s’accroître, si elle continue à dépenser inefficacement l’argent public, si elle conserve des organisations rigides et pyramidales, elle sera emportée par le tsunami qui s’annonce. N’attendons pas comme le chêne de la célèbre fable de La Fontaine de nous retrouver déracinés par l’orage qui arrive.
Retrouvons de la souplesse pour profiter de la force du vent et de notre position exceptionnelle. Réveillons-nous quand il en est encore temps : nous avons tout pour réussir, car, pour reprendre l’expression de Denis Payre, « La France est un champion qui s’ignore ». Mais être champion dans un monde en compétition ne se fait ni sans effort, ni en regardant le futur dans un rétroviseur. 
Ayons le courage de nous remettre en cause et de repenser notre projet collectif, le courage de sortir du tas de spaghettis entremêlés de nos organisations collectives, le courage de comprendre que rien ne nous est dû, le courage enfin d’abandonner notre tendance à l’autosatisfaction. 
La France est en situation pour être un des carrefours européens, et donc mondiaux, mais les peurs s’y développent et elle se recroqueville, rêvant d’un retour au village gaulois d’Astérix. Or ce ne serait pas un rêve mais un cauchemar : à vouloir trop se protéger, la France s’exclura. Comprenons que la vie est dans l’échange, et la mort le rendez-vous certain de la fermeture.
Les évènements tragiques de 2015 montrent la nécessité d’accroître notre capacité à agir et de stopper la désintégration en cours : 
- Refuser de laisser le chômage gangréner notre société et l’éducation ne plus être le ciment du vivre ensemble, 
- Refondez nos institutions pour ne plus laisser les coûts déraper, et notre souveraineté et notre marge de manœuvre être entamées,
- Converger vers nos voisins européens pour construire avec eux des politiques communes car nous ne pourrons pas faire face seuls aux enjeux et risques mondiaux,
- Associer la jeunesse et les citoyens pour cesser d’avoir des politiques coupés de la société réelle et incapables de changer ce qui devrait l’être.
Il est plus que temps d’agir. 
Mon nouveau livre, "2017 : Le réveil citoyen", est tout à la fois un invitation à cette prise de conscience, une amorce de diagnostic et une proposition de chemin pour agir. 
Alexandre Jardin avec son mouvement Bleu Blanc Zèbre en appelle à voir se multiplier les faizeux. Avec "2017 : Le réveil citoyen", j’en appelle à une transformation réelle et profonde de nos institutions collectives pour libérer tous les faizeux, et multiplier la puissance et l’efficacité de chacun d’eux.
Chiche ?

26 févr. 2016

UN DÉSESPOIR SANS FOND

Un plongeon dans une douleur infinie, un puits sans fond dans lequel on descend mot à mot, des pelures d'émotion que l'on arrache avec lui.
On aimerait être là pour le consoler, le prendre dans nos bras, le rassurer. Mais à quoi bon. Il est évident que ce serait vain et sans résultat.
Ses phrases s'enchaînent et nous emportent dans le tourbillon de sa dépression. Une langue brute, râpeuse, à fleur de peau. 
Pour son deuxième livre, Édouard Louis réussit la prouesse de dépasser encore la justesse du premier. Dans "Histoire de la violence", le désespoir est tel que "En finir avec Eddy Bellegueule" prend presqu'une allure de bluette. C'est tout dire.
Une chose de sûr, nous avons bien un nouveau grand écrivain français. 
Après avoir fermé ce livre, sans que je puisse expliquer pourquoi une citation me hante : "Est-ce qu'on suit une procédure parce qu'elle est une procédure ou est-ce qu'une procédure ne sert pas à faire en sorte que tout se passe au mieux."
Lui, Édouard, pour son malheur, ce n'est pas une procédure qu'il a suivi mais Reda. Longtemps après il le regrettera. Comment vivre après un viol ? Comment émerger après une telle peur ? Pour sûr, avec Reda, rien ne s'est passé au mieux...

24 févr. 2016

LIBÉRONS LES FAIZEUX !

Décentraliser pour libérer – 2017 : Le réveil citoyen
Alexandre Jardin avec son mouvement Bleu Blanc Zèbre en appelle à voir se multiplier les faizeux. 
Avec "2017", j’en appelle à une transformation réelle et profonde de nos institutions collectives pour libérer tous les faizeux, et multiplier la puissance et l’efficacité de chacun d’eux.


22 févr. 2016

LES 4 URGENCES

Pourquoi une refondation est-elle nécessaire ? – 2017 : Le réveil citoyen
Les évènements tragiques de 2015 montrent la nécessité de stopper la désintégration en cours et d’accroître notre capacité à agir : 
1. Refuser de laisser le chômage gangréner notre société et l’éducation ne plus être le ciment du vivre ensemble,
2. Refonder nos institutions pour ne plus laisser les coûts déraper, et notre souveraineté être entamée,
3. Converger vers nos voisins européens pour construire avec eux des politiques communes car impossible de faire face seuls aux enjeux et risques mondiaux,
4. Associer la jeunesse et les citoyens pour cesser d’avoir des politiques coupés de la société réelle et incapables de changer ce qui devrait l’être.

19 févr. 2016

ATTENTE

Le désert des Tartares à Bombay
L’un regarde, l’autre non,
L’un debout, l’autre avachi.
Les deux attendent.
Quel but pour ce temps suspendu, 
Quête ou contemplation ?
Allez savoir.
Des verticales scandent l’horizon,
La mer est calme.
Que pourrait-il advenir là ?
Pourquoi imaginer un lien,
Entre ce qui n’en a pas ?
Simple juxtaposition aléatoire.
L’un regarde, l’autre non,
L’un debout, l’autre avachi,
Les deux attendent.
(photos prises à Bombay sur Marine Drive en juillet 2012)

17 févr. 2016

CRÉER EN 2017 LES CONDITIONS POUR ENCLENCHER LA TRANSFORMATION

2017 : Le Réveil citoyen – Introduction (5)
A contre-courant, voilà donc un deuxième objectif de ce livre : s’intéresser non pas à comment être élu, mais à ce qu’il conviendrait de faire si jamais on l’était. Avec l’idée absurde que c’est ainsi qu’il faut raisonner, et que c’est peut-être aussi la meilleure façon d’être élu ! Cet essai propose non pas un plan d’actions détaillé, car celui-ci doit être co-construit avec les citoyens, mais un cocktail de raisons d’agir, de principes et méthodes à suivre, et finalement une proposition de socle. Il s’intéresse autant au comment qu’au quoi ou au pourquoi. 
Je me suis focalisé sur les thèmes essentiels pour enclencher cette transformation : les conditions pour donner naissance à une République citoyenne, la modification de nos organisations collectives, les modalités d’une nouvelle politique économique, comment faire de l’insertion par le travail une priorité et mettre fin à la fragmentation de notre société, ainsi que la méthode pour rendre cette transformation effective (1).  
Les évènements tragiques du vendredi 13 novembre 2015 montrent la nécessité d’accroître notre capacité à agir et de retisser des solidarités positives entre nous tous pour stopper la désintégration en cours :
- A force de laisser le chômage gangréner notre société et l’éducation ne plus être le ciment du vivre ensemble, notre société est malade d’un double cancer. Y mettre fin doit être une priorité majeure, car l’intégration est la seule réponse pertinente et durable aux crises actuelles.
- A force de ne pas avoir entrepris une réelle refondation de nos institutions, nous en avons laissé déraper les coûts, entamant lourdement notre souveraineté et notre marge de manœuvre présentes et surtout futures. Résultat : nous avons de moins en moins de moyens pour les missions régaliennes de l’État, et donc pour notre sécurité.
- A force de diverger vis-à-vis de nos voisins, la construction de politiques communes est de plus en plus difficile. Or compte-tenu des enjeux et des risques mondiaux, il est illusoire de croire que nous pourrons y faire face seuls.
Il est temps, plus que temps d’agir : 2017 doit sonner le réveil citoyen. 
Ce livre est tout à la fois un appel à cette prise de conscience, une amorce de diagnostic et une proposition de chemin pour agir. Comme tout ne pourra pas être changé en cinq ans, comme dix ans seront a minima nécessaires pour transformer en profondeur notre pays, il faut engager les réformes structurelles le plus tôt possible, c’est-à-dire dès le début du prochain quinquennat.
(1) Ces développements s’inscrivent dans la droite ligne des réflexions de Nous Citoyens dont j’ai assuré la coordination, et notamment ceux intitulés Efficacité de la dépense publique et 6 propositions pour diviser le chômage par deux. Cet essai n’est pas exhaustif et ne sont notamment pas abordés des sujets importants comme l’environnement, l’énergie, la culture ou encore la défense nationale et la politique étrangère. Ces manques devront être comblés dans le cadre de l’élaboration de tout projet pour 2017.

16 févr. 2016

QUAND ON PARLE DE « 2017 : LE RÉVEIL CITOYEN »

Premiers commentaires sur mon livre
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Louis Allard 9 février, 14:44
Le livre que toute personne qui veut agir pour la France devrait lire. Robert Branche

Thibaut Guilluy 31 janvier, 21:14 ·
Je viens de terminer 2017 de robert branche. Un régal... Ultra bien documenté, écriture ciselée et limpide, une complexité de concepts rendue accessible par la clarté des explications et des métaphores, et une démarche de transformation systémique du pays inspirée des travaux de Nous Citoyens qu'a coordonné son auteur qui n'a rien à voir avec la liste de propositions à la Prévert des partis traditionnels. Un vrai projet pour la France.
Chapeau Robert et merci pour cette lecture aussi utile qu'agréable... Je recommande chaudement!

Sur Amazon
Par Guy Ferré le 29 janvier 2016
Robert Branche dans cet essai qui tient compte des derniers événements, commence par poser un diagnostic sans concession, puis nous propose quelques voies de réforme parfois imprévues ou peu à la mode. Mais surtout, il explique l'importance de préparer la transformation de manière professionnelle, comme on le fait dans les grandes entreprise, exercice peu fréquent chez les politiques. Son expérience de conduite du changement apprise avec la socio-dynamique chez Bossard Consultants n'est certainement pas étrangère à cette approche efficace.

Par Dominique MARTIN-PREVEL le 31 janvier 2016
Excellent ouvrage, très documenté, très bien construit, pédagogique sur la situation de notre pays dans l'environnement mondial. Les pistes du redressement national sont là ainsi que le modus operandi.
Reste l'homme à même de porter ce projet (l'homme crédible). Pour moi, il a un nom: François Fillon.
Robert Branche est notre Jeremy Rifkin.
Par Client d'Amazon le 14 février 2016
S'il est des ouvrages pour sensibiliser les enfants au sens "civique", je verrais bien celui de Robert Branche, support d'un éveil citoyen pour tous les "grands", à l'aube de leur vie d'adulte.
En effet, il me semble nécessaire qu'une société qui se veut mature montre leur environnement sans filtre et leur indique les attendus d'une vie collective réussie. Il en va de "leur" cité, celle qu'ils vont construire ensemble.
Et que dire des adultes ? je le conseille fortement à tous, comme une incitation à devenir - sans attendre - ACTEURS de leur vie citoyenne... pour le meilleur.
Ouvrage d'autant plus important dans une période de mutation telle qu'aucune civilisation n'a probablement vécue.
Eric HENRY

15 févr. 2016

DIRE N’EST PAS SUFFISANT, SAVOIR TRANSFORMER EST ESSENTIEL

2017 : Le Réveil citoyen – Introduction (4)
Autre caractéristique de nos Maîtres Queux politiques, ils ne s’intéressent pas au comment et détestent dire à l’avance ce qu’ils vont faire. À quoi bon, tant que l’on n’est pas sûr d’être élu ? Pour eux, l’ordre est clair : d’abord l’élection, ensuite l’action. « Construisons un programme pour être élu, pour le reste on verra après », se murmurent-ils au quotidien. Comme si l’intendance suivait toujours… Avec une durée des mandats qui se raccourcit, la question de leur réélection se pose de plus en plus tôt. Encore un peu, et ils arriveront à une situation « idéale » où les programmes pour être élu s’enchaîneront continûment. Nirvana de la communication politique, le découplage parfait entre les politiques et le réel sera atteint.
Imaginez un candidat à la reprise d’une entreprise en difficulté qui serait incapable de présenter un quelconque plan d’actions : « Faites-moi confiance : en trois ans, je doublerai le chiffre d’affaires, diviserai par deux les coûts tout en relançant l’emploi et l’innovation, et atteindrai une marge opérationnelle de plus de 40 %. Comment, me demandez-vous ? On verra bien ! ». Voilà nos hommes politiques : ils nous demandent un chèque en blanc. 
Pour justifier leur attitude, ils s’abritent derrière une affirmation : « La seule façon d’être élu est de dire aux électeurs ce qu’ils sont prêts à entendre, et non pas ce qu’il faut faire. ». Seulement, ceux-ci sont de moins en moins dupes et de plus en plus désengagés vis à vis des politiques qu’ils qualifient de menteurs.
Mais, ces derniers, sont-ils vraiment des menteurs ? Non, je crois que la réalité est pire : ils n’ont, sauf de rares exceptions, aucune idée concrète et réelle de ce qu’ils feront s’ils sont élus. La démonstration la plus nette et la plus récente vient du documentaire de Patrick Rotman, le Pouvoir : tourné dans les ors du Palais de l’Élysée, lors des premiers mois de la présidence de François Hollande, c’est une mise en abyme de l’impréparation, l’improvisation et l’amateurisme des équipes élyséennes, du gouvernement et de leur Maître Queux. C’est flagrant tout au long du film, et d’autant plus que ce n’est pas intentionnel : on sent bien que Patrick Rotman ne se veut ni juge, ni accusateur. Il se contente de filmer ce qu’il voit, et nous faire entendre ce qui est dit.
Et voilà un Président qui avoue : « Je ne pensais pas que la situation de la France était si grave ». Mais sur quelle planète avait-t-il vécu ces dernières années ? Est-ce que la rue de Solferino l’avait à ce point isolé de la réalité de son propre pays ? N’avait-il donc rencontré aucun Français pendant sa campagne, aucun dirigeant d’entreprise, aucun économiste ? N’avait-il jamais quitté l’hexagone ? Shanghai, Singapour, Bangalore, ou Palo Alto n’étaient-elles pour lui que des points théoriques sur une mappemonde ?
Un peu plus loin, son Secrétaire Général, Pierre-René Lemas, lui indique qu’il va falloir faire des économies dans la dépense publique, mais que cela ne sera pas facile. Sic ! Et François Hollande de compléter : « Cela comprend aussi les dépenses des collectivités locales et les dépenses sociales, n’est-ce pas ? ». Oui, bravo, remarque pertinente et exacte. A l’oral de l’ENA que vous avez jadis brillamment intégrée, vous auriez la note maximale. Simplement, Monsieur François Hollande, vous n’êtes plus un étudiant mais le Président de la France. A ce titre, vous êtes sensé avoir un projet. Mais cet échange montre que ni lui, ni Lemas n’avaient réfléchi avant à ce qu’il faudrait faire. Probablement trop occupés à se faire élire pour cela.
Résumons : les deux premiers dirigeants du pays – car dans le fonctionnement de la cinquième république, le Secrétaire général de l’Élysée dispose de pouvoirs considérables –, découvrent la réalité en marchant, et improvisent au gré de leurs imaginations. Ainsi François Hollande n’a pas menti aux Français : il n’avait simplement aucune idée de ce qu’il ferait, si jamais il était élu. Son seul projet était de l’être. L’élection comme but, et non pas comme moyen… ainsi que ses prédécesseurs.
(à suivre)

14 févr. 2016

CELA SE PASSE COMME CELA CHEZ LES RÉPUBLICAINS !

Patchwork des interventions lors du congrés des Républicains des 13 et 14 février
Quelques vidéos issues du dernier congrès des Républicains. Cette diffusion sur mon blog ne signifie en rien une adhésion quelconque aux propos tenus.




12 févr. 2016

INDE 3.0

Ordres et désordres
L’Inde est au cœur de tensions entre ordres et désordres, télescopage entre ceux très nombreux qui vivent dans une extrême pauvreté et d’autres qui inventent le numérique de demain, entre la rigidité toujours présente des castes et l’horizontalité du 3.0.
Étonnante terre de contrastes que j’aime et qui me fascine, où je me suis laissé perdre à de multiples occasions et pendant de nombreuses semaines ces dernières années.
La photo ci-jointe a été prise fin août 2010 sur le pont qui enjambe la rivière Hooghly entre la gare d’Howrah et le centre de  Calcutta. 
Juxtaposition entre les lignes définies et précises de l’architecture de métal et le chaos du flux des voitures.
L’or du haut est l’écho du jaune des taxis, la lumière est le liant entre les deux mondes, métaphore de l’information et des échanges…

10 févr. 2016

LA FRANCE UN CHAMPION QUI S’IGNORE, MAIS EN GRANDE FRAGILITÉ

2017 : Le Réveil citoyen – Introduction (3)
Au sein de cette toile, la France est dans une situation paradoxale : alors qu’elle a dans ses mains tous les éléments pour tirer parti de la dynamique mondiale, elle agit trop souvent à contretemps. Des exemples : elle est choisie par Facebook pour son nouveau centre mondial sur l’intelligence artificielle, mais endure un chômage de masse sans cesse croissant ; elle est en situation pour être un des carrefours européens, et donc mondiaux, mais les peurs s’y développent et elle se recroqueville,  rêvant d’un retour au village gaulois d’Astérix. Or ce rêve n’en sera pas un, car il tournera au cauchemar : à vouloir trop se protéger, la France s’exclura. La vie est dans l’échange, et la mort le rendez-vous certain de la fermeture.
Réveillons-nous tant qu’il en est encore temps : nous avons tout pour réussir, car, pour reprendre l’expression de Denis Payre , « La France est un champion qui s’ignore ». Mais être champion dans un monde en compétition ne se fait ni sans effort, ni en regardant le futur dans un rétroviseur. Il nous faudra le courage de nous remettre en cause et de repenser notre projet collectif ; le courage de sortir du tas de spaghettis entremêlés que sont devenues nos organisations collectives ; le courage de comprendre que rien ne nous est dû ; le courage enfin d’abandonner notre tendance à l’autosatisfaction.
Attention, si nous ne nous réveillons pas rapidement, nous n’aurons plus aucune chance de redevenir un champion. En effet, il est dangereux de croire que le pire est derrière nous, et que grâce à un alignement miraculeux des planètes, la France s’en sortira facilement. Non, car la transformation numérique ne fait que commencer, et, pour reprendre une expression devenue à la mode, « l’ubérisation »  est à nos portes : si la France n’amorce pas rapidement une transformation profonde, si elle reste lestée d’une dette qui ne fait que s’accroître, si elle continue à dépenser inefficacement l’argent public, si elle conserve des organisations rigides et pyramidales, elle sera emportée par le tsunami qui s’annonce. 
Prenons conscience de l’urgence et de l’existence de solutions. N’attendons pas comme le chêne dans la célèbre fable de La Fontaine de nous retrouver déracinés par l’orage qui arrive. Retrouvons de la souplesse pour profiter de la force du vent et de notre position exceptionnelle.
(à suivre)

8 févr. 2016

PRENDRE LE TEMPS DE RÉFLÉCHIR ET METTRE EN PERSPECTIVES LES ÉVOLUTIONS EN COURS

2017 : Le Réveil citoyen – Introduction (2)
Seulement pour amorcer une telle révolution copernicienne, faudrait-il encore avoir pris le temps d’approfondir la compréhension des logiques et des forces qui sous-tendent l’évolution de notre monde : ne plus faire du zapping intellectuel ; ne plus s’appuyer sur une connaissance superficielle et acquise depuis des bureaux toujours situés à quelques hectomètres de la Seine ; se plonger dans le temps long, celui dans lequel baigne l’histoire de l’humanité, et secondairement celle de la France, pour avoir une chance de percevoir pourquoi aucune potion ne peut être magique.
Drôle de pari, me direz-vous, que de vouloir éclairer le temps nécessairement court des politiques par des temps longs : à quoi bon savoir où va un fleuve et d’où il vient, quand on ne va naviguer qu’entre deux ponts ? Du temps perdu ! Restons focalisé sur l’instantané, sur la distance par rapport à la rive, sur la présence ou non d’un récif, sachons éviter ce tourbillon menaçant et saisir ce courant porteur, et tout ira bien. Telle est la logique de la pensée politique : elle ne s’intéresse ni d’où nous venons, ni où nous allons, mais juste à la vague immédiate. Son expertise historique ne porte que sur comment gagner ou perdre une élection. Autocentrage des politiques.
Un des premiers objectifs de cet essai est de montrer que c’est une erreur, car c’est au contraire en comprenant d’où l’on vient et où l’on va, que l’on peut s’inscrire efficacement dans un courant ou s’y opposer. Sinon, tout action est vaine et on est ballotté par les évènements. Sans vision, l’agilité est dangereuse et contreproductive : elle n’est qu’agitation. L’hyperactivité de Nicolas Sarkozy a bien peu construit, la passivité optimiste de François Hollande non plus. Une troisième voie est possible et nécessaire.
Compréhension du passé, analyse dynamique de la situation et identification des futurs possibles sont indissociables : mettre en perspective le présent, se donner des clés de lecture, identifier les ruptures, actualiser sa compréhension, trouver des marges de manœuvre, s’engager, faire des choix responsables. Sans cela, les politiques jouent au loto l’avenir de l’humanité.
Une des clés que je vais vous proposer est l’acceptation de l’incertitude : non seulement elle est irréductible, mais son accroissement s’accélère. Autre clé, celle de l’émergence d’un monde tissé de connexions fines et multiples, où les limites se fondent et s’effacent, où la proximité n’est plus tant spatiale que sémantique et intellectuelle : mon proche n’est plus seulement mon voisin physique mais souvent celui avec qui je vibre à distance. Drôle de toile dans laquelle les gestes et les mouvements des politiques s’emmêlent, comme des insectes pris au piège d’un monde qui les dépasse.
(à suivre)