30 sept. 2008

SARKOZY EST SINCÈRE, INTELLIGENT ET EFFICACE… MAIS IL NE PEUT PAS RÉSOUDRE A LUI SEUL TOUS LES PROBLÈMES !

Sincère. Oui, je crois que Nicolas Sarkozy pense sincèrement servir les intérêts de la France et du monde dans son action. Il pense ce qu’il dit et fait. Il manque parfois de stabilité dans sa vision et ses croyances.
Intelligent. Oui, je crois que Nicolas Sarkozy est réellement intelligent, c’est-à-dire capable d’analyser des situations complexes et nouvelles, et de trouver l’origine d’un problème. On voit dans son action politique sa capacité à trouver de nouveaux axes, quand il a le temps de réunir suffisamment de données sur la situation.
Efficace. Oui je crois que Nicolas Sarkozy est réellement efficace, c’est-à-dire capable de mettre en œuvre les moyens nécessaires à l’action. Il a montré qu’il savait transformer sa pensée en actes, ce qui est rare. Vraie qualité. Mais il faut que sa pensée soit juste – ce qui ramène au point précédent – et qu’il ait le temps suffisant pour déployer son efficacité.
Alors d’où vient le problème ?
Avant de répondre, je voudrais revenir sur mes propos de mon article « Sans inconscient, pas d’entreprise efficace »
(http://robertbranche.blogspot.com/2008/09/sans-inconscient-pas-dentreprise.html ).
Les travaux récents des neurosciences ont montré qu’un individu efficace est un individu qui a compris que l’essentiel de son fonctionnement était inconscient, largement piloté par des émotions et construit sur des interprétations :
- Il concentre son système conscient sur les situations nouvelles et laisse les systèmes inconscients piloter au maximum les processus acquis et assurer la veille et l’alerte ;
- Il sait que son moteur émotionnel programmé dans ses gènes et enrichi par son expérience
- Il s’assure que le réel vient bien nourrir dynamiquement toutes ses interprétations conscientes
Pour vous en convaincre, la prochaine fois que vous irez courir, essayez simplement de constamment piloter consciemment votre course (c’est-à-dire le mouvement de vous jambes, le choc du pied sur la chaussée, le rebond …) et vous verrez que vous allez tomber à la rencontre du 1er obstacle : votre conscience étant mobilisée par la gestion de la course, elle ne saura plus traiter la gestion d’un obstacle. Alors imaginez si vous vouliez tout gérer consciemment : rythme cardiaque, respiration, transpiration…
Il en est de même pour le management : un manager efficace est un manager qui a compris que l’essentiel du fonctionnement de l’entreprise lui était inconscient, et que donc il ne pouvait pas à lui seul tout résoudre. Être un manager efficace, c’est tirer parti des processus « inconscients » – c’est-à-dire ne nécessitant pas d’intervention directe et personnelle du manager –. Si ces processus sont en contradiction avec les objectifs, alors il est nécessaire de les reconfigurer. Mais cette reconfiguration est longue et difficile : « reprogrammer » en profondeur ne peut pas se faire à coups de zapping managérial.
Et c’est aussi vrai au niveau d’un État… et encore plus.
Le fonctionnement d’un pays est un système trop complexe pour être piloté directement et « consciemment » par un seul individu, fusse-t-il sincère, intelligent et efficace… Plus cet individu – qu’il s’appelle Nicolas Sarkozy ou pas … – voudra intervenir directement, plus il sera « dangereux ».
A certains moments, cette intervention directe peut être nécessaire – la crise actuelle en est un bon exemple –, mais attention à ne pas en faire un mode de management permanent, car alors la France risque de mourir d’apoplexie !

26 sept. 2008

LES TROUS NOIRS DE LA CRISE ACTUELLE

Sensation que la crise actuelle est provoquée par un triple trou noir :
- Le trou noir des anticipations :
Le système financier repose sur une double dynamique d’anticipation. D’abord celles des acteurs économiques qui pensent que la croissance de leurs revenus futurs sera supérieure au coût de leur endettement. Ensuite celles des acteurs financiers qui anticipent que les emprunteurs seront effectivement capables de faire face à leurs engagements, ou que la rentabilité des investissements financiers sera supérieure au coût de la ressource.
Tout semble montrer aujourd’hui que nous avons une double défaillance : un nombre significatif d’acteurs économiques ne peuvent pas faire face à leurs engagements (cas de subprimes par exemple), des acteurs financiers sont emportés dans la vague de leurs spéculations.
Une quantité croissante des liquidités financières se trouvent happées par ce premier trou noir qui s’élargit de plus en plus.
- Le trou noir de la guerre :
Les guerres en Afghanistan et en Irak ont absorbées et absorbent encore des sommes considérables. Ceci vient majoritairement des dépenses supportées par les forces d’intervention essentiellement américaines, et secondairement par la course aux armements qu’elles déclenchent en ricochet.
Tout ceci réoriente des flux importants au profit des industries de l’armement, asséchant d’autant le reste des économies mondiales. De plus ceci creuse le déficit américain et constitue ainsi un deuxième type d’anticipation sans contrepartie claire à long terme.
- Le trou noir du capitalisme :
La raréfaction progressive du pétrole et l’organisation des ressources en gaz conduisent mécaniquement à une croissance rapide des liquidités des pays du Moyen Orient et de la Russie. Parallèlement, le développement des exportations chinoises fait « exploser » l’excédent chinois.
Ainsi l’application des règles de jeu du capitalisme aboutit aujourd’hui paradoxalement à affaiblir les États-Unis et l’Europe et à renforcer des pays qui ne reconnaissaient pas la pertinence du capitalisme.
Cette crise déstabilise en profondeur les économies occidentales et ce à un moment où il y a en plus un
trou noir de la légitimité des dirigeants :
- En effet ces dix dernières années ont vu se développer une relation directe entre le niveau de rémunération des dirigeants et les profits dégagés par leurs entreprises. Celles-ci ont alors atteint des niveaux jamais connus : même si la part de profit allouée aux dirigeants reste modeste, elle est très élevée en valeur absolue.
- Pour les salariés, l’écart croissant est perçu comme de moins en moins légitime. De plus, dans des cas récents, par la mise en application de contrats « bien négociés », il y a eu une déconnexion entre ce niveau de rémunération et la performance de l’entreprise.
- Ce décalage croissant entre dirigeants et salariés ne vient pas siphonner les ressources financières, mais la légitimité des dirigeants.

Personne ne voit vraiment la sortie de la crise… et peut-on imaginer que les pays dit « développés » vont accepter de voir leurs entreprises et leurs économies rachetées par la Chine, la Russie ou le Moyen Orient alors que l’essentiel du pouvoir militaire est encore entre leurs mains ...


VOIR AUSSI :
- QUAND LA NEUROFINANCE S'EMBALLE
- ESSAYONS D'EVITER LA CASE NEUROJUNGLE





25 sept. 2008

LE TEMPS EST LA SEULE CHOSE QUE L’ON NE PEUT PAS PERDRE

« Perdre son temps », cette expression est sur toutes les lèvres : « il ne faut pas que je perde mon temps », « tu me fais perdre mon temps », « quelle perte de temps », « je reviens de cette réunion et j’y ai perdu mon temps » … Au best seller des lieux communs, elle est probablement dans le peloton de tête.
Or s’il y a une chose de sûr, c’est que le temps est une des rares choses que l’on ne peut pas perdre : vous pouvez perdre votre stylo, votre sac, l’idée que vous avez eu tout à l’heure ou même votre vie, mais votre temps non ! Pas besoin d’écrire là où on l’a rangé pour le retrouver, inutile de le mettre dans un coffre fort pour que l’on ne vous le dérobe pas, pas de crainte à avoir en cas de cambriolage : il sera toujours là !
La bonne question n’est pas celle-là, mais est : « Qu’est ce que j’ai fait de mon temps ? » ou encore « A quoi et selon quelle logique, j’ai affecté mon temps ».
Quand je réponds, suite à une sollicitation : « Désolé, non je n’ai pas de temps à perdre », en fait je réponds « Désolé, faire ceci n’entre pas dans mes priorités et je vais allouer mon temps à autre chose ». Ou encore quand je dis, « Je viens de perdre mon temps », je devrais dire : « Je regrette de ne pas avoir fait autre chose »…
Le reproche principal que je fais à cette « mode de la perte de temps », c’est qu’elle masque ce qui, pour moi, devrait être le vrai débat : Comment j’optimise mon temps ou comment je choisis mes activités.
Elle est laisse dans l’inconscient collectif le vrai débat…
(VOIR AUSSI ACTION OU TRANSFORMATION)

19 sept. 2008

Attention aux indicateurs qui ne correspondent pas au réel...

Ce grand groupe chimique allait de la chimie de base à la chimie de spécialités, chaque ligne de produit étant centralement pilotée par une structure ad-hoc. En France, les organisations commerciales étaient dédiées à ces lignes de produits, mais, partout ailleurs, existait un responsable pays qui exerçait une supervision de toutes les activités locales.
Aussi « logiquement », ce responsable calculait la part de marché du groupe dans le pays : cette part de marché était l'agglomération des parts de marché de chaque produit, et faisait une moyenne entre des produits n'ayant aucun rapport entre eux. Quel sens pouvait avoir de mélanger des produits aussi dissemblables que les dérivés chlorés ou sulfurés avec des silicones, voire même des terres rares ? La part de marché résultante n'avait donc aucun sens métier : ce n'était que le résultat d'un calcul et rien de plus.
Or comme le responsable pays avait un rôle historique important dans le groupe, elle était suivie au niveau de la Direction Générale et toute évolution de cette part de marché déclenchait analyse et questions. Le système central construisait ses interprétations sur une donnée qui n’avait aucun sens réel et n’avait aucun lien avec les logiques de développement des activités dans les pays.

VOIR AUSSI :
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17 sept. 2008

Et si le taux d'inflation ne voulait rien dire...

Sans m’arrêter sur les incertitudes qui portent sur son mode de calcul (au mieux, c’est une approximation dont on ne devrait pas analyser les faibles variations), c’est surtout un taux qui ne correspond à aucune situation réelle : il est calculé à partir d’un panier moyen dans lequel quasiment aucun ménage ne se retrouve.
Si l’on voulait approcher le réel, il faudrait suivre plusieurs taux correspondant à un échantillon de situations significatives. Pour construire cet échantillon, plusieurs variables devraient être croisées : le lieu d’habitation, la taille du foyer, le niveau de revenu. Même en étant très simplificateur, on aboutirait à un minimum d’une dizaine de situations et, donc, à autant de paniers et de taux.
Le résultat serait à l’évidence plus compliqué à suivre, mais il correspondrait au réel.
Notre volonté de ne calculer qu’un seul taux est apparemment plus simple, mais elle a l’inconvénient majeur de ne rien vouloir dire en fait. Pour preuve, les débats récurrents en France sur le décalage entre le taux d’inflation affiché et la réalité perçue par les habitants.

Inconscient de structure de ce magnifique jardin à la française du taux d’inflation : nous en admirons les perspectives, nous bâtissons des interprétations à partir de ses ondulations, nous en tirons des conclusions … toutes déconnectés du réel, et donc structurellement fausses.
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15 sept. 2008

Quand la Neurofinance s'emballe...

Imaginez un paysan qui rencontre un financier et lui explique que la poule qu'il vient d'acheter va lui permettre dans quelques années de produire plusieurs milliers d'œufs. En effet, grâce à cette poule, il va pouvoir construire tout un élevage et, après quelques générations, se retrouver à la tête d'une vaste batterie de poules.
Sérieux et crédible, il présente un business plan détaillé : au départ, plus il va avoir de poules, plus il va falloir investir, donc le déficit initial est croissant ; puis un jour pas très bien défini, mais un jour qui va arriver, il se trouvera avec une montagne d'œufs qui vont faire de lui le leader incontestable du marché. Alors le profit sera largement supérieur à toutes les pertes cumulées.
A votre avis, va-t-il trouver un banquier qui va acheter aujourd'hui ces œufs hypothétiques ? Oui ? Non ? Sûrement non, naturellement...
Repensons à Internet. Là, le modèle financier s'est emballé, les anticipations ont tourné au maximum, et les projets d'achat d'une poule ont été valorisés sur la base de la valeur des milliers d'œufs futurs et hypothétiques. Dans certains cas extrêmes, on a même payé pour des projets où il n'y avait même pas encore de poule achetée, mais où on expliquait comment on allait trouver la première poule…
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14 sept. 2008

In fine, le vrai changement n'est plus apparent

J’aime construire des murs en pierres sèches, sorte de puzzle physique où on a le droit de retailler les pièces, dessin dans l’espace.
Quoi de plus simple en apparence : juste des pierres posées les unes sur les autres.
Et pourtant aucun mur ne ressemble à un autre (voir la photo ci-jointe où le mur au centre vient du Rajasthan en Inde et les 2 autres de ma maison en Provence)
Et pourtant comment faire en sorte pour qu’il puisse monter à plus de 2 mètres et durer ? Comment aligner son sommet alors qu’aucune pierre n’est de même taille ?...
Mais là n’est pas l’essentiel pour moi.
L’essentiel est que c’est une activité paradoxale : sa finalité est de se dissoudre dans le paysage, de sembler avoir toujours existé. L’effort doit être caché, la nouveauté interdite…
Seul son créateur sait qu’il n’était pas là avant.
Voilà le vrai changement : celui qui paraît ne pas avoir été fait, celui dont le résultat est naturel pour tous, celui dont les efforts entrepris restent inconnus…

12 sept. 2008

"Supportez" vous les uns les autres !

Prenez le mot « support ». Ce mot apparemment anodin est utilisé constamment dans les entreprises : on parle de direction support, de support logistique, de « supporter les efforts »... Ce mot est en fait un anglicisme et vient « to support ».
Or nos références linguistiques françaises donnent un tout autre sens au mot « supporter » : quand les parents disent « j'ai du mal à supporter le bruit que font les enfants » ou que symétriquement les enfants disent « je ne fais que supporter mes parents », le mot a un sens clairement péjoratif.
Aussi quand il est utilisé en entreprise, même si son sens est parfaitement compris rationnellement – à savoir dans le sens anglais de l'expression –, est-ce qu'il n'est pas interprété inconsciemment négativement par les individus ? Ou, à tout le moins, ne déclenche-il pas des effets secondaires non contrôlés ?
Lorsqu’une Direction Générale dit qu'elle va apporter du support aux usines, quand le siège envoie du support, est-ce que, de façon inconsciente, il n'envoie pas un message négatif aux usines : est-ce comme des parents qui supportent le bruit, que le siège supporte les usines ? A l'inverse ce mot « support » utilisé en milieu anglo-saxon, ne pourra pas générer d'interprétation négative.
Difficile monde de la globalisation. Et nous sommes condamnés à le supporter... dans les deux sens du terme.
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11 sept. 2008

En Chine, on écrit pour se comprendre

A Pékin, je suis assis devant la télévision et essaie de suivre au travers des images ce qui est raconté. La quasi-totalité des émissions sont sous-titrées en idéogrammes chinois et je ne vois pas pourquoi : quel est l’intérêt de sous-titrer, ce d’autant qu’il y a beaucoup plus qu’une centaine de langues en Chine ?
Je pose donc la question à mon ami, Hai.
« Oui, nous avons bien plus d’une centaine de langues. Mais si à l’oral elles sont toutes différentes, elles s’écrivent presque toutes de la même façon, me dit-il. »
Quelle information ! Imaginez un instant l’Europe si nous parlions toujours des langues différentes mais si elles étaient identiques à l’écrit.
D’un coup, je comprends mieux comment la Chine a pu mettre en place un système centralisé et hiérarchique couvrant l’ensemble du pays.
Je perçois aussi immédiatement pourquoi l’écriture y occupe à ce point un rôle majeur : la calligraphie s’est développée comme un art, parce que c’était d’abord une nécessité. Chez nous, l’écrit est d’abord le moyen d’archiver et de sécuriser une information ; chez eux, c’est d’abord le moyen de communiquer tous ensemble.
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(EXTRAIT DU LIVRE NEUROMANAGEMENT)

10 sept. 2008

Nier le réel !

Appartenant à un secteur à forte composante technologique, l’entreprise s’apprêtait à lancer un nouveau service et avait fait réaliser une étude marketing.
Elle avait ciblé ce service d'abord pour le marché professionnel et pensait que les ventes vers le grand public n'interviendraient que dans un deuxième temps.
L'étude avait montré qu'une part significative des ventes s’était faite dès le départ auprès du grand public.
Quand les résultats ont été présentés au chef de produit, il les a refusés en disant : « Je sais que le produit est acheté par les professionnels, donc vous avez dû faire une erreur dans votre étude. ».
Bel exemple de négation du réel où l’on n'est pas loin d'une maladie de type « héminégligence », (cas d’un individu qui, ne sachant pas qu’un partie de son corps lui appartient, va construire des interprétations erronées)...

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